Comment taxer Google ?

J’ai attrapée l’information au fil d’un tweet d’EchoDuNet, largement commentée ce matin entre autres par Numerama, elle fait suite aux nouvelles orientations sur le Numérique de la Présidence de la République que le député Tardy avait évoqué. Le Sénat est actuellement en train de discuter de la Loi de FInance 2011, l’occasion rêvée pour adopter la taxation des revenus publicitaires générés sur Internet. Le Sénat a aujourd’hui adopté cette disposition. En clair, les sénateurs mettent en place la fameuse Taxe Google… mais sans taxer Google.  Ainsi ce sont 1% des budgets publicitaires qui seront prélevés à la source, directement sur les budgets communication des annonceurs. Domicilié en Irlande, un pays à la fiscalité plus vivable, Google capte une grande partie des recettes publicitaires, on peut donc considérer qu’il est bien la cible de cette nouvelle taxe.  Notez au passage que Google et d’autres poids lourds du Net menacent de quitter l’Irlande si la situation du pays amenait les autorités à revoir leur régime fiscal. Au moins comme ça c’est fait, ils ne viendront pas en France. Il était également question de taxer le commerce B2B en ligne, cette idée n’a finalement pas été retenue est c’est plutôt une bonne nouvelle. Bref pas de quoi crier au scandal, mais pas de quoi non plus envoyer un signal fort invitant les grandes entreprises du Nasdaq à élire domicile (surtout fiscal) en France.

La contrepartie n’est pas inintéressante puisqu’elle met (ultra) partiellement fin à l’arlésienne de la TVA sur les produits culturels (non, non, non… je vous vois venir, un CD Universal Music n’est pas un produit culturel, donc c’est toujours plein pot sur la musique niveau TVA). Ce sont donc les livres numériques, qui comme les livres papiers seront taxés à hauteur de 5,5%, une TVA allégée qui profite donc au numérique. Je vous parlais d’arlésienne ? Effectivement, cette TVA light sur le disque, j’en entendais déjà parler à l’époque où Jack Lang, alors ministre de la culture l’avait promise.

L’autre actualité fiscale, c’est cet énorme ouf de soulagement que l’industrie du cinéma va pouvoir pousser. Comme vous le savez tous le cinéma est une industrie en très grand danger à cause de vous tous bande pirates. Elle est d’ailleurs tellement en danger que l’État ne ponctionnera que 20 millions d’euros (au lieu des 120 initialement prévus) sur les 174 millions d’euros que devaient percevoir le CNC, le fruit de bénéfices records pour cette industrie dont on voulait vous faire croire qu’elle était exsangue. Ne revenons pas sur les méfaits supposés du téléchargement pour l’industrie culturelle, mais au final, que reste t-il d’autre comme argument aux pros HADOPI que cette très hypothétique négation du droit d’auteur ?

Enfin, pour conclure sur une note optimiste, ces bénéfices records de l’industrie du cinéma ne font que confirmer un sentiment que je me traîne depuis plus de 10 ans, l’industrie du disque est vraiment une super bande de charlots qui ne pourra pas masquer son incompétence bien longtemps et tenir sous perfusion de brouzoufs aux frais du contribuable… ça va vraiment finir par se voir. Allez, je vous fiche mon billet que dans 5 ans tout au plus, l’État taxera les revenus du disque… et c’est Google qui passera à la caisse.

Mes deux nouveaux ministres

Un gouvernement qui tourne en rond

Le casting vient de tomber, j’ai deux nouveaux ministres, je suis super content ! Du coup je me suis dit que j’allais partager ça avec vous.

Au numérique, c’est le grand retour d’Eric Besson qui pensait s’en tirer en refilant la patate chaude et son plan Numérique 2012 à NKM, où sur le papier, la France était leader du monde des Internets avec du très très haut débit dedans. Ça aurait pu être bien pire, Internet conserve une représentation politique. Là vous vous dites « super, je vais pouvoir créer ma startup, j’ai un ministre »… ne t’enflamme pas jeune padawan, si tu veux créer ta startup, tu auras un autre ministre, et c’est Frédéric Lefèbvre qui récupère l’artisanat et les PME, en plus du tourisme (histoire de ne pas trop le dépayser). Ajoutons à ça un coup de rabot sur le statut des jeunes entreprises innovantes… ça te donne envie hein ? Moi aussi … de délocaliser.

Si le retour d’Eric Besson n’est pas le coup de théâtre du siècle, j’ai beaucoup de mal à m’expliquer la nomination de Frédéric Lefèbvre, peut être une manère pour la présidence de remercier un fidèle parmi les fidèles en quête de mandat.

… Ça va être long jusqu’en 2012.

Qu’est ce qu’Internet a à perdre du remaniement ministériel ?

remaniement ministériel
Remaniement ministériel in progress

Selon toute vraissemblance, nous devrions connaître dans les prochaines heures, ce dimanche, la composition du nouveau gouvernement. Le site officiel affiche d’ailleurs en ce moment une page de maintenance avec un message annonçant la démission du gouvernement.

Démission du Gouvernement

Le samedi 13 novembre 2010
En application de l’article 8 de la Constitution, M. François Fillon a présenté au président de la République la démission du gouvernement.
Le président de la République a accepté cette démission et a ainsi mis fin aux fonctions de M. François Fillon.
Source : communiqué de l’Elysée

Ce remaniement pourrait bien changer pas mal de choses pour notre « Internet français »… et pas qu’en bien. Il y a un sérieux risque que le Secrétariat d’État à l’Économie Numérique passe dans les mains de son ministère de tutelle, celui des finances et de l’industrie.

En passant sous la responsabilité directe du ministère des finances et de l’industrie, à cette période charnière où la transposition dans le droit français du paquet Télécom (par décret) pourrait bien sceller la petite mort de la neutralité du Net, on assiste à l’abandon d’un trésor culturel aux mains des lobbys industriels,  qui ont tous un intérêt à venir à bout des fondemmentaux qui ont permis à l’Internet de devenir ce qu’il est aujourd’hui.

Neutralité, ouverture et partage, 3 notions fondatrices, complètement antinomiques avec une gouvernance de Bercy. En clair, ça sent salement l’erreur de casting. Non pas que Christian Estrosi qui devrait être reconduit à son ministère soit incompétent en la matière mais j’ai un sérieux doute sur la capacité de Bercy à prendre l’Internet pour autre chose qu’un temple de la consommation qu’il faut impérativement réguler afin que les industriels le façonnent à l’image de ce qu’ils ont à vendre. Ce sentiment est évidemment renforcé par les conclusions de la consultation sur la neutralité où Bercy, tirant les ficelles, a accouché d’une copie conforme des positions d’Orange et SFR, deux fournisseurs d’accès qui réfutent jusqu’à la notion même de neutralité en plaidant pour un « Internet ouvert », et plsu discrètement, de l’une des entreprises qui a économiquent intérêt au filtrage du Net, Alcatel… un pléonasme s’inscrivant dans une stratégie d’enfumage qui masque mal que ces deux FAI sont avant tout des éditeurs de contenus. Ce mélange des genre a bien évidemment la bénédiction de Bercy, et là dessus croyez moi sur parole, le Net a tout à y perdre.

Abandonner Internet à des gens qui ont tout intérêt à le transformer en minitel, voilà ce que nous risquons.

Quand on connait le zèle de Christian Estrosi sur les questions sécuritaires et répressives tout ça est particulièrement préoccupant, rappellons que le ministre par ailleurs maire de Nice a récemment inventé la « vidéoprune », un usage détourné de la vidéo « protection » qui montre bien l’hypocrisie du terme et surtout la dangerosité de voir une justice automatisée se mettre en place. Vous n’avez surement pas manqué de noter que l’argument roi pour toute atteinte à la neutralité des réseaux (ou à la liberté en général), c’est la sécurité. Pas la sécurité comme je peux l’entendre moi ou vous les geeks qui lisez ces lignes, mais la sécurité autoritaire et répressive visant directement à amputer le Net de fonctions, de contenus, de services, de protocoles…

Autre sujet bouillant qui passerait sous la responsabilité de Bercy, la loi d’orientation et de programmation pour la sécurité intérieure (ou LOPPSI 2) qui semble avoir été mise en standby en attente de ce remaniement. Là encore, si Christian Estrosi est maintenu, nul doute qu’il s’appliquera à faire passer les mesures les plus contestables (celles que l’on trouve dans l’article 4 du projet de loi) relatives au filtrage.

Internet mérite mieux que Bercy, Internet mérite son propre ministère, c’est là la seule manière de lui assurer des perspectives d’évolutions cohérentes.

Monsieur le Ministre de la Culture, je vais vous aider à comprendre…

radeau de la méduseNumérama rapportait aujourd’hui, que dans une interview accordée à France 24, notre Ministre de la Culture qui ne comprend pas comment nous en sommes arrivés là avec HADOPI. C’est quelque chose que j’avais déjà tenté d’expliquer ici à propos de la négligence caractérisée. Frédéric Mitterrand semble surpris du bourbier qu’est HADOPI :

« Je peux comprendre, je n’ai aucune envie de diaboliser les adversaires. D’abord parce que ça n’est pas dans ma nature, et puis en plus quand il y a des adversaires très très résolus, c’est qu’ils ont une pratique, c’est qu’ils ont des habitudes, etc. Il faut essayer de comprendre pourquoi ils en sont arrivés là »

Je vais donc essayer monsieur le Ministre, de vous apporter quelques réponses, rien d’exhaustif, mais quelques points qui font que cette loi, en l’état, ne peut être acceptées des internautes.

Les odieuses tractations entre gens tous d’accord (ou presque)

Les accords Olivennes, qui sont aussi et surtout les accords de l’Elysée, ou plutôt les accords du Fouquet’s, ont commencé à éveiller notre attention. Tout ceci s’est joué de manière convenue entre personnes toutes d’accord entre elles à l’exception de Xavier Niel. De par sa fonction, le dirigeant de Free ne pouvait pas ne pas être convié. Il a donc fallu lui faire une forme de chantage (à coup de licence 3g) pour qu’il consente à aller à reculons signer une feuille blanche, chose qu’il confiera peu après à la presse. Comble du cynisme Monsieur le Ministre, votre prédécesseur, Madame Albanel a osé appeler cette mascarade un « consensus ». On voit bien aujourd’hui ce que donne ce consensus.

Ceci ne trompe aujourd’hui plus personne, il est maintenant de notoriété publique que ces pseudos accords étaient uniquement destinés à mettre en place l’inacceptable… et devinez quoi… 3 ans après c’est toujours aussi inacceptable et inaccepté. Internet a une mémoire monsieur le Ministre.

Je frappe d’abord et je discute après

L’intégralité des débats parlementaires sur HADOPI ont offert un triste spectacle aux internautes qui se sont passionnés pour ce texte qui entend modifier plus de 10 ans d’usage . Certes, vous êtes arrivés en cours de route, mais jetez au moins un oeil sur tout ce que vous avez raté, le médiakit de la Quadrature du Net, que votre prédécesseur qualifiait de 5 gus dans un garage, pourrait vous être utile. Tout y est passé : listes blanches, filtrage, sur-référencement de l’offre légale (atteinte manifeste à la libre concurrence), présomption de la culpabilité, atteinte à la liberté d’expression,double et triple peine… et hop une censure au Conseil Constitutionnel. Puis HADOPI 2, passage en force, contournement juridique de l’avis du Conseil des Sages grâce subterfuge de l’ordonnance pénale… bien joué, mais ça ne sera pas suffisant.

Malgré ces signaux, le gouvernement a jugé opportun, de passer en force manifestant un profond mépris de notre démocratie, un mépris de l’opposition, même quand cette opposition était dans son propre camp et prodiguant des conseils souvent très avisée.

Bilan, aujourd’hui nous avons :

  • toujours pas d’offre légale (elle est si pitoyable que c’est le contribuable qui en est de sa poche pour essayer d’en faire la promotion… et je ne parle même pas de la risible mise en place) ;
  • toujours pas de moyen de sécurisation ;
  • des mafias s’enrichissent grâce à HADOPI.

… au moins il y a une certaine constance dans la méthode : on frappe d’abord, on discute après. On stigmatise un problème (la rémunération des auteurs) sans y apporter de solution. Et quand on se trouve dans ce genre de situation, il ne fait pas l’ombre d’un doute que l’on fait partie intégrante du problème. Donc non HADOPI n’est pas une solution, elle est le problème. Vous pouvez croiser tous les doigts que vous voulez Monsieur le Ministre, HADOPI ne peut fonctionner, et ne fonctionnera pas. Sur Internet on ne peut pas envoyer de CRS pour disperser les manifestants, votre gouvernement a voulu le conflit, il a maintenant une guerilla sur un champ de bataille qu’il ne connait pas et pour lequel il n’a pas d’arme adaptée. Les internautes ne lancent plus de pavés, mais des octets. Il va vous falloir faire face au mieux à un cyber 68, au pire un superbe bourbier qui pourrait très bien dégénérer.

Multiples manifestations d’incompétence

Un bon lien valant mieux qu’un long discours, je vous invite à lire et visionner ceci. Je ne sais pas pour vous, mais personnellement je ne peux me résigner à accorder le moindre crédit à ce texte quand je vois le sérieux avec lequel il a été voté. HADOPI est une blague, depuis le début, et si la HADOPI espère faire peur avec ça, et bien c’est pas gagné ! Au mieux ce texte fait rire, au pire il agace, mais faire peur… bon allez, si ça vous le fait abroger, pas de problème je suis prêt à déclarer publiquement que je suis mort de trouille et on en parle plus et tout le monde est content.

HADOPI défend les intérêts des copains du Fouquet’s

Le cynisme d’HADOPI ne s’arrête pas là. Êtes-vous en mesure, monsieur le Ministre, de me citer un seul nom d’artiste qui a gagné ne serait-ce qu’un seul centime grâce à ce texte ? Moi, d’ici, ce que je vois, c’est que le contribuable injecte 50 millions d’euros sur deux ans en période de crise dans une odieuse carte musique jeune, en plus de tous les cadeaux qui ont été faits aux industriels de la culture. Mais les artistes sont bien les grands oubliés… que faites vous pour eux avec ce texte monsieur le ministre ? Les artistes que je connais sont dans leur grande majorité dans une précarité assez extrême, et vous distribuez des millions à tour de bras à une industrie qui se porte parfaitement bien ! C’est indécent. Faisons un peu l’addition pour le contribuable d’ailleurs …

Et non, ce n’est pas gratuit !

  • Débats parlementaires : environ 180 millions d’euros (nombres de Parlementaires multiplié par le salaire en jours, multiplié par le nombre de jours de débats + commissions parlementaires… allez je suis sympa, je ne compte même pas les salaires ministériels, ni ceux des attachés parlementaires et ministériels… avec ça on pourrait facilement doubler le coût de la mascarade)
  • Un site de propagande, jaimelesartiste.fr : 80 000 euros pour 3 semaines d’uptime.
  • Carte musique Jeune : 50 millions d’euros sur 2 ans
  • Budget de la HADOPI : 12 millions par an, on va lui donner une espérance de vie de 2 ans, jusqu’en 2012 et partir sur une enveloppe globale (surement sous estimée) de 22 millions d’euros
  • Identification des internautes : quelques patates « indolores » aux dires de Christine Albanel soit 8,5 euros, multipliés par 50 000 adresses IP par jour, multiplié par 365 jour dans l’année : 155 125 000 euros ! Comme je ne crois pas un instant au chiffre annoncé de 50 000 saisines par jour, on va être gentil et tabler sur 5 000 par jour, ce qui nous fait une enveloppe déjà confortable de 15,5 millions d’euros, auquel on ajoutera la remise spéciale faux cul de FAI (ce gens qui font de la pub pour du téléchargement illimité) concédée par Orange, Numéricable et SFR, il faudra peut-être un jour dédommager Free, tablons sur un timide 4 millions d’euros.
  • … je m’arrête là parce que je suis en train de perdre mon calme, mais il faudra ajouter à ça encore une tournée de débats parlementaires pour faire sortir ce texte de notre corpus législatif, les frais de dédommagement en justice des « erreurs » de l’HADOPI… la facture totale en 2012 pourrait s’élever assez facilement à un demi milliard d’euros si on veut vraiment appliquer ce texte ! Et à côté de ça on rabote sur les jeunes entreprises innovantes qui sont l’avenir de nos emplois et l’un des moteurs de notre croissance pour économiser 50 millions d’euros !

… tout ça pour un texte inapplicable qui sera abrogé et dont nos enfants se moqueront pendant des dizaines de générations. Dans un siècle, HADOPI sera étudiée dans les classes d’histoire comme un épisode tragicomique du 21e siècle…

Et après ça, Monsieur le Ministre, vous vous étonnez que l’opposition à ce texte soit si importante ? Moi pas… je trouve même parfaitement logique que la pilule de la réforme des retraites passe mieux que celle d’HADOPI.

Les parlementaires de la honte

homer internetEn faisant ma petite review du reveil, je suis tombé sur le billet de Korben qui s’interroge sur l’entêtement aveugle de l’HADOPI sur cette histoire de logiciel de sécurisation, intimement liée au délit de négligence caractérisée. Je suis globalement tout à fait d’accord avec lui mais je préciserai simplement deux ou trois points.

On ne peut pas vraiment parler d’entêtement de la Haute Autorité, le mal est plus profond : il est inscrit dans la loi. Toutes les idioties les plus énormes qui font que la Haute Autorité est actuellement embourbée dans ce Vietnam est uniquement du à l’entêtement du législateur, et pour être précis, à son manque de courage face à la volonté de l’Elysée. Il y a tout d’abord les sénateurs, qui de droite comme de gauche, on voté un texte auquel ils ne comprennent strictement rien, et il y a ensuite, chose plus grave, une partie des parlementaires qui savaient très bien que cette loi était mauvaise et dangereuse, qu’elle allait contre l’intérêt commun… mais qu’importe, en bons godillots et par pur calcul de leurs propres intérêts, ils l’ont quand même voté… ce n’est pas là la conception que je me fais de notre République et je vais aller encore plus loin.

Pour l’immense majorité des parlementaires, on ne me fera pas croire que les quelques élus qui ont daigné être présents pour lever le bras au moment du vote (alors qu’ils étaient absents pendant les débats) ont compris plus 30% des enjeux du texte qu’ils ont votés.

Hadopi : Le pire du pire de l’assemblée

Vous n’allez pas non plus me dire qu’une personne comme le sénateur Masson a capté un broc de ce qu’il a voté :

Comme moi hier, Numerama s’interrogeait sur la capacité des parlementaires à voter un texte qu’ils ne comprennent pas, en service commandé, parce que Nicolas a décidé que… même si c’est une monumentale idiotie et que tout le monde le sent bien dans son fort intérieur.

Guillaume évoque cet effrayant billet de Streetpress dans lequel le sénateur Hérisson qui préside le groupe du Sénat chargé des communications électroniques, fait la démonstration de son incompétence crasse. C’est une véritable honte pour notre République, c’est indigne et c’est particulièrement indécent. Monsieur Herisson n’est pas à sa place à la tête de ce groupe et la moindre des choses après cette démonstration pitoyable, serait, au minimum, qu’il abandonne la présidence de son groupe sur les questions de communications électroniques. Il n’a manifestement strictement rien à y faire, même s’il le faisait bénévolement. Dans une entreprise, ce genre de boulette, c’est la porte ! Jugez sur pièce :

Pour HADOPI, la Neutralité des réseaux comme tout ce qui touche à l’écosystème du numérique, on assiste systématiquement à un flagrant délit d’incompétence doublé d’une ingérence… et ça c’est grave, c’est énervant, ça laisse un arrière goût d’injustice… c’est révoltant !

Le pire, c’est que ceci ne semble pas choquer grand monde. La politique en France aujourd’hui se résume à des courbettes devant l’hyper présidence. Mon grand père qui était député doit se retourner dans sa tombe. Le libre arbitre et le courage ne sont pas des valeurs dont la majorité de nos parlementaires peuvent se targuer. Ajoutez à ceci un muselage dans les règles de l’opposition et vous obtenez une République de la honte dont les valeurs sont devenues des produits d’exportation.

Heureusement, nous n’avons pas à avoir honte de tous nos parlementaires, il y a encore un soupçon d’espoir, et à ce titre je tenais à saluer le courage politique de Laure de la Raudière (UMP) qui fait un travail de fond assez impressionnant sur les questions du numérique qu’elle maitrise parfaitement (une ressource rare dans l’hémicycle), et qui a dernièrement eu le courage de proposer, contre l’avis de sa majorité, deux amendements, dont un de suppression, concernant les nouvelles dispositions sur le statut de Jeune Entreprise Innovante.

L’assemblée casse le statut Jeune Entreprise Innovante

envoyé par sauvonslesjei. – L’info internationale vidéo.

Le député Ayrault demande des comptes à la HADOPI

Assemblée Nationale
Assemblée Nationale

Jean-Marc Ayrault, Député -Maire de Nantes et président du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche, dans un courrier adressé à Mme M. Françoise Marais (téléchargeable ici au format pdf) , présidente de la HADOPI, s’étonne que les députés de son groupe soient sollicités par la Haute Autorité sur des questions relatives à la communication alors que de nombreuses questions d’ordre juridique restent en suspend.

Il semble que la Haute Autorité ait sollicité les députés (et c’est tout à son honneur) de l’opposition (et surement pas qu’eux) en leur soumettant un questionnaire.

Je vous ai souvent parlé des carences démocratique pendant les débats… et bien ça n’a pas manqué, après que les internautes, puis la presse, aient maintes fois souligné que la Haute Autorité ne pouvait jouir d’une légitimité reconnue après ces parodies de débats parlementaires où toute opposition a savamment été muselée… voilà que les députés s’y mettent. Et ils ont bien raison ! Combien de questions de parlementaires sont encore sans réponse ? PCinpact a dressé un inventaire et c’est franchement pas très beau à voir.

Le député Ayrault qui s’exprime au nom du groupe parlementaire, n’y va pas avec le dos de la cuillère : il rappelle que le délit de négligence caractérisée est intimement lié, par le décret 2010-695 du 25 juin 2010, au fait de ne pas avoir mis en place un dispositif de sécurisation de l’accès Internet, ce qui n’a pas empêché la HADOPI d’envoyer sa première vague d’email de « recommandation ». Pour ceux qui n’ont pas suivi, le mail de la HADOPI recommande à l’Internaute de sécuriser sa connexion Internet en se gardant bien de lui dire comment ou encore ce qu’elle entend par connexion Internet… et oui, c’est l’un des « petits bugs » du texte de loi. Jean-Marc Ayrault s’intéroge « des logiciels capables de sécuriser totalement un accès Internet existent-ils réellement ?« … et paff ! Il est évident qu’aucun logiciel de ce type n’existe… et n’est pas prêt d’exister… il y en a bien un qui a essayé, une entreprise du nom de Tegam qui vantait son antivirus capable de bloquer « même les virus qui n’existent pas encore »… et bien devinez quoi ? Un jour Tegam a croisé la route d’un certain Guillermito… puis du coup, Tegam n’existe plus.

La suite du courrier est succulente, le député Ayrault souligne que l’offre légale se fait toujours attendre et nous rappelle au passage que les offres légales seront « labellisées » pffffft krkrkrk… veuillez m’excuser, c’est nerveux, j’étais juste en train de m’imaginer un beau logo « HADOPI compliant, 100% warez Free » sur le site de la FNAC. Il en profite également pour s’interroger sur le coût de la carte musique jeunes.

Toujours sur les questions budgétaires, le député Ayrault revient sur les 12 millions accordés dans la loi de finance 2012 à la Haute Autorité, il rappelle que le budget initial au vote était de 6,7 millions. En toute logique, ce budget pourrait encore augmenter, car on ne le dit pas assez, mais civiliser Internet… ça coûte cher. En outre le député se demande où en sont les négociations avec les fournisseurs d’accès Internet concernant le dédommagement des frais liés à l’identification des internautes (et ça on risque d’en entendre reparler dans peu de temps).

Le député Ayrault manifeste aussi son intérêt, et celui de ses collègues, sur la volumétrie des envois de mails. Et là comment vous dire… le député fait mouche. Il a de nombreuses fois pendant les débats, puis dans la presse, été question d’envoyer 10 000 mails par jour, soit 3,65 millions de mails par an. Dans une hypothèse  d’un coût de 1,5 euros par identification, ça nous fait quand même du 5,47 millions par an. Autant vous dire que si la HADOPI compte envoyer 10 000 mails par jour et qu’elle se résigne à payer les FAI pour ces identifications, elle va ruiner le contribuable. Pour moi, ce chiffre de 10 000 mails par jour, c’est du flanc, destiné à faire peur. Pour tout vous dire, si je reçois un mail HADOPI, je file aussitôt au PMU du coin remplir une grille de lotto.

Pour conclure, le groupe socialiste rappelle que comme prévu, HADOPI ne rapporte pas un centime de plus aux créateurs, et c’est donc bien que le vote même de ce texte se fondait sur un postulat de départ erroné… ou disons le carrément, un mensonge. D’ailleurs le député Ayrault s’interroge sur la liste des oeuvres protégées et comme lui, je serais curieux de savoir combien d’indépendants (des vrais, pas des filiales de majors) sont surveillés par les radars de TMG.

Tout semble indiquer que Nicolas Sarkozy ait confondu la filière disque avec le terme « création ». Le vrai nom de la loi « Création et Internet » serait en fait « filière disque et Internet ».

Atteintes aux libertés : tout ce qui rentre par Internet, finit par sortir d’Internet

Vidéo Répression à Nice

Peut être m’avez vous déjà entendu mettre en garde sur d’éventuelles transpositions d’usages, par arrêtés municipaux ou décrets ministériels, de dispositifs intrusifs, à d’autres champs d’applications que l’Internet. On y arrive aujourd’hui, c’est encore en beta test, mais on sait qu’il y a de l’avenir là dedans, et ce 1er novembre est le jour d’inauguration d’un truc qui va faire super plaisir aux niçois. Quand il s’agit d’atteinte aux libertés, tout ce qui rentre par Internet, finit par sortir d’Internet.

Quand on parle d’écoutes généralisées avec le Deep Packet Inspection sur Internet que certains souhaiteraient voir utilisé à des fins de reconnaissance des contenus pour « dépolluer Internet de toute infraction au droit d’auteur », on parle bien de surveillance de masse. Christian Estrosi, très zélé maire de Nice quand il s’agit de sécurité, et accessoirement ministre de l’industrie et des fiinances, le ministère de tutelle du secrétariat d’État à l’économie numérique ou auteur du rapport de l’Etat sur la neutralité des réseaux pas orienté du tout par le discours d’Alcateld’Orange… a eu l’excellente idée d’offrir à ses agents municipaux, le réseau des caméras de la ville, pour constater, en vidéo des infraction et ainsi pour les verbaliser. Pour l’instant ce n’est pas automatisé, un policier municipal est derrière l’écran, il constate l’infraction et verbalise. Mais la prochaine étape, soyez en assurés, ce sera l’automatisation de l’infraction grâce à une technologie de reconnaissance de caractères pour lire les plaques d’immatriculation et de traitement vidéo… un HADOPI Like, on va refaire du tout neuf avec du tout vieux, c’est une règle en politique.

Ce sont à Nice 600 caméras qui sont à disposition des agents municipaux pour punir les infractions au code de la route ! On attend le décret qui accordera une réduction d’impôts locaux aux foyers qui placent une camera de « vidéo protection municipale » dans leur salon. Certaines municipalités devraient elles aussi être fort tentées de suivre l’exemple.

Évidemment, Christian Estrosi précise qu’il souhaite étendre ce genre d’utilisation du dispositif de « vidéo protection » à d’autre infractions.

L’histoire de France reconnaîtra donc en Christian Estrosi le génialissime inventeur de la « vidéo répression automatisée« , de la « vidéo répression» ou de la « vidéo verbalisation», une nouvelle discipline lucrative et pleine d’avenir… et dire qu’on voudrait leur reprocher de ne pas être « modernes ».

Ah il va faire un très bon ministre de l’Internet Christian Estrosi, en tout cas rien qu’à l’entrainement, il pète les scores ! Ça serait dommage de ne civiliser qu’Internet après tout.

Un Militellotron à la gloire de notre Président Nicolas Sarkozy

By Fabrice Epelboin (CC-by)

Si vous suivez un peu ce blog, vous n’avez surement pas manqué les quelques billets sur les troubles obsessionnels compulsifs de la député Marland-Militello qui est semble t-il en l’attente d’une nommination au prochain remaniement ministériel. Afin d’aider un peu la député Marland-Militello à se renouveler dans les louanges faites à la gloire de notre Président Nicolas Sarkozy, un internaute vient d’ouvrir un Militellotron.

Cette application web génère des phrases de propagande que notre député pourra copier/coller dans ces billets, je vous invite donc ici à placer en commentaire vos idées, pour alimenter ce générateur.

Exemple : « Grâce à la détermination de notre Président Nicolas Sarkozy on trouve du carburant partout pendant les grèves« .

Un grand merci à Chouquette pour son active participation à l’effort de civilasation de l’Internet.

La député Marland-Militello nous fait une rechute à 2 patates

Militelland

Si la député Marland Militello n’existait pas, il faudrait l’inventer. Dans son monde merveilleux, « grâce à notre président NIcolas Sarkozy notre Internet est devenu civilisé« , sur la planète Militelland, HADOPI, est un immense succès populaire et les gentilles majors méritent bien qu’on les aide… une perfusion de brouzoufs, même quand on va très bien, c’est toujours appréciable.

Vous aviez peut être remarqué qu’elle nous avait fait une nouvelle sortie récemment, c’était évidemment encore une fois pour louer son président Sarkozy (Carla à votre place je ferai très attention, elle va finir par vous le piquer votre Nicolas). Je ne reviendrai même plus sur le discours de madame Marland-Militello qui trouve opportun de refaire cadeau d’une petite enveloppe de 2 millions d’euros pour faire la chasse aux pirates pendant que d’autres sont prêts à sacrifier l’innovation pour tenter de renflouer les caisses… Marc s’est déjà chargé de donner la fessée ici. La député semble convaincue que ces 2 millions offerts à une industrie bénéficiaire permettront de venir à bout des pirates qui (et c’est une fixation chez elle) TUENT LA CRÉATION … les sagouins !

Parce que  je le « veau » bien

Ce qui m’inquiète aujourd’hui, c’est surtout ces étranges crises de bégaiement cérébral de la député… vous allez voir en image c’est vraiment impressionnant, du coup je me demande si repousser l’âge de la retraite est une si bonne idée que ça :

Tu es jeune chef d’entreprise et tu innoves? … alors casse toi pauvre con


Il y a retraites ... et retraites parlementaires...

Réaction à vif suite à un tweet de Pierre Col qui me fait tomber avec horreur là dessus. Le gouvernement aurait pour projet, dans sa loi de finances de 2011, de mettre un coup de rabot à 50 millions sur le statut de JEI (jeune entreprise innovante) qui permet à de petites sociétés fraichement constituées de bénéficier d’éxonérations leur permettant un accès facilité au coût du travail dont elles ont souvent vraiment besoin. On savait le gouvernement peu porté sur l’innovation, la recherche et d’une manière générale tout ce qui est secteurs porteurs, préférant se concentrer sur les industries du siècle passé (comme celle des moines copistes de DVD)… mais là je suis tout simplement ulcéré. Je vous invite d’ailleurs si vous pratiquez ce média social à rejoindre le groupe Facebook Sauvons les JEI.

J’ai le sentiment que c’est là encore une parfaite illustration d’une politique qui ne sait plus où racler du fond de tiroir pour masquer ce qui ressemble bien à une hausse de la fiscalité… quand on cherche à faire des économies sur ce genre de mesures utiles au développement économique et impactant directement la création d’emplois, c’est qu’on est vraiment à la rue. Cette disposition de la loi de finance, si elle venait à être adoptée devrait permettre une économie fiscale d’une cinquantaine de millions d’euros pour l’Etat… mais à côté de ça…

Alors vous allez surement me dire que c’est un peu facile, mais je ne peux m’empêcher de mettre ce projet en perspective de la carte musique Jeunes dont des rumeurs font état d’un lancement pour le 28 octobre. Et là franchement, ça me fout en rogne : une perfusion de 75 millions d’euros pour les industries culturelles à l’heure où on parle de flinguer l’innovation et les jeunes entrepreneurs de mon pays… et bien j’ai honte. Pour un gouvernement qui se veut libéral c’est vraiment encore une mesure d’une autre planète.

Allez, cerise sur le gâteau histoire de bien vous énerver pour la semaine qui approche : en plein débat sur les retraites, quand on tombe là dessus, on se dit qu’on ne frise même plus le foutage de gueule, on est vraiment en plein dedans.

Allez on s’en remet un coup pour le plaisir …