LOPPSI préparait aussi la campagne électorale de Nicolas Sarkozy

Une démonstration de plus du caractère clientèliste des lois voté sous le mandat de Nicolas Sarkozy : la censure sur Twitter de comptes parodiques sur Nicolas Sarkozy. La France est devenue un pays autoritaire, il aura fallu 5 années, un seul mandat, pour que le législateur arrive à pourrir le Net en faisant reculer la liberté de la presse, le droit à la caricature, et fasse de la France une nation de renommée en matière de surveillance de masse du Net via son fond startégique d’investissement.

Aujourd’hui Internet Sans Frontière rapporte la censure par Twitter de 5 comptes hostiles à Nicolas Sarkozy. Je serai cependant mesuré (pour le moment) sur la critique de Twitter. L’entreprise est tenue de respecter la loi des pays dans lesquels elle délivre son service. En revanche je serai bien moins réservé sur le caractère ordurier mainte fois dénoncé des effets collatéraux de LOPPSI. Pour plaider sa cause, l’équipe de campagne de Nicolas Sarkozy a probablement crié au délit d’usurpation d’identité pour se faire entendre de Twitter. Ou peut être n’était-ce là qu’un classique « repport as a spam » massif des jeunes pop.

Mais la LOPPSI n’explique pas tout…

Si l’invocation de l’usurpation d’identité peut éventuellement expliquer la censure de compte @_nicolassarkozy, il n’en va pas de même pour les 4 autres comptes :

Pour ces 4 cas, rapporte ISF, pas d’usurpation d’identité, et pour au moins deux d’entre eux, un caractère parodique clairement assumé et/ou ne présentaient aucun manquement aux conditions d’utilisation du réseau social. Comment Twitter peut-il justifier la cloture de ces comptes ?

Si vous le voulez bien, nous allons donc nous livrer à une petite expérience.

LOPPSI en seconde lecture : ouverture du bal

internet downgrade
LOPPSI downgrade ton Internet et tes libertés

C’est aujourd’hui que la loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure (LOPPSI), arrive en seconde lecture à l’Assemblée nationale. Sur les questions qui touchent à Internet, le contexte est particulièrement favorable aux partisans de la ligne la plus sécuritaire. Une politique sécuritaire rime rarement avec le respect des droits fondamentaux. Elles sont, l’histoire nous le montre, surtout prétexte à des restrictions majeures des libertés. En trame de fond, l’affaire Wikileaks qui agite autant la presse que les ambassades et les ministère du monde entier devrait s’inviter dans l’hémicycle plus ou moins directement quand les questions relatives au blocage des sites web (article 4), seront débattues.

A l’instant, c’est Brice Hortefeux qui a ouvert les débats en expliquant grosso modo qu’il va sécuriser plus avec moins d’effectifs policiers, d’ailleurs certaines municipalités comme Nice qui s’adonnent aux joies de la cyber prune ont montré l’exemple, il suffit de mettre des caméras partout, de croiser toutes les bases de données… d’agréger le feed rss d’Echelon, de bien secouer, de faire passer le tout dans le gros ordinateur de Jacques Myard et hop le tour est joué… rien de bien sorcier ni de bien intrusif nous assure le ministre, c’est une loi pragmatique, nous voilà donc rassurés.

Le ministre défend ensuite son bilan en sortant une batterie de chiffres dont l’absence de contexte ne permet pas un jugement critique. Brice Hortefeux veut se donner des moyens législatifs et financier, en virant quelques effectifs et en les remplaçant par des cameras, des bracelets électroniques qui tweetent le commissariat du coin et en installant 2/3 firewall open office, le « Package Loppsi » est budgété pour la modique somme de 345 millions d’euros.

Globalement, il est question selon le ministre de « renforcer l’efficacité de la chaîne pénale ». Pour lutter contre la délinquance Brice Hortefeux défend son texte qui est axé sur les points suivants :

  • d’avantages d’outils opérationnels comme la vidéo-surveillance et autres outils favorisant la « vigilance active« ): le ministre évoque un accroissement du parc de 37 000 cameras. Dans ces outils, on trouve pêle-mêle : les logiciels de croisement judiciaire, le blocage des téléphones mobiles volés ou encore la saisie des biens des délinquants.
  • le renforcement de la police administrative ;
  • la lutte contre le hooliganisme ;
  • la lutte contre la délinquance dans les transports ;
  • l’immobilisation en cas de délits routiers graves ;
  • le renforcement de la capacité d’action sur Internet avec la mesure qui risque de faire couler beaucoup d’encre : le blocage des sites pédo-pornographiques, mesure déjà abandonnée en Allemagne et sur le point de l’être en Australie, … bref pas de doute, nous sommes bien les pionniers en matière d’Internet civilisé… enfin on est les pionniers français parce qu’ailleurs tout le monde en est revenu.

Sur ce dernier point, Brice Hortefeux lâche un superbe « on ne peut pas faire comme si rien ne se passait » pour défendre le blocage des sites. Cette phrase est assez révélatrice de la perception de l’action chez le ministre : en bloquant l’accès à des sites web illégaux, c’est pourtant bien ce que propose Brice Hortefeux : fermer les yeux. La lutte contre la pédo pornographie se gagne sur le terrain, des associations dans d’autres pays comme en France le soulignent : Le blocage des sites ne sert à rien, en revanche une coopération judiciaire internationale visant à supprimer ses contenus et interpeller les auteurs serait bien plus utile. Le slogan de Mogis, est pourtant clair :

Supprimez, ne bloquez pas!
Agissez, ne fermez pas les yeux!