Avons nous encore le droit de boycotter ?

boycott .. ou pas
Le boycott saymal

Dans un article de la semaine dernière paru sur Libération, Benoist Hurel nous relate dans une tribune qu’une circulaire, oeuvre de Michèle Alliot-Marie, serait je cite « un attentat juridique d’une rare violence contre l’un des moyens les plus anciens et les plus efficaces de la contestation des Etats par les sociétés civiles, à savoir le boycott ». Émis par la Chancellerie, cette circulaire définirait l’appel au boycott des produits d’un pays comme une «provocation publique à la discrimination envers une nation», et serait punie d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende.

La suite de l’article, bien que partisane (et ce n’est pas un reproche), est bien argumentée… jusque là tout va bien.

Puis la suite vous la connaissez, téléphone arabe, information répétée, amplifiée… déformée… et voilà que sur le Post, c’est le boycott qui se retrouve réprimé et non plus « l’appel au boycott des produits d’une nation », l’auteur tombe des nues, crie au scandal etc… On est plus dans le partisan bien argumenté, on est dans le lapidaire un peu à côté de la plaque… d’ailleurs je prends le risque de vous le prouver.

Je boycotterai tout dispositif de sécurisation de ma connexion Internet labellisé par l’HADOPI, je boycotte Windows, je boycotte l’industrie du disque et je boycotte les médiators de guitare en écaille de tortue !

Si je reçois une convocation au tribunal, je vous balance un tweet, c’est promis !

Attention, ce qui va suivre est trollogène…

Cher C’est Nabum vous mélangez plusieurs choses.

« Le boycott d’un produit n’est plus un moyen légitime de protestation contre une nation. Non, le crime est bien plus grave, c’est du terrorisme économique, c’est une entreprise de déstabilisation d’un pays avec lequel la France peut parfaitement entretenir de juteux et profitables liens commerciaux. Le boycott devient un crime contre l’ordre marchand du Monde globalisé. »

Ce n’est pas le boycott, mais « l’appel au boycott des produits (tous les produits) d’une nation », un peu comme les américains ont boycotté tous les produits français quand Jacques Chirac avait refusé d’envoyer en Iraq nos soldats si vous situez. Ensuite je ne suis pas juriste, mais je suis quasi persuadé que l’appel au boycott est déjà réprimé dans notre droit français. Vous auriez cherché un peu, vous auriez pu par exemple tomber sur les articles 225-1 à 225-5 du code pénal qui vous expliquent que « la discrimination saymal » (à l’encontre d’une personne physique ou morale) et que le gros des dispositions date quand même de … 2006 ! Si vous trouvez que (jusqu’à… c’est une peine plafond, donc si vous gagnez le smic vous n’écoperez jamais de ça) 45000 euros et un an d’emprisonnement c’est lourd, qu’allez vous penser de celle-ci, je cite :

« Lorsque le refus discriminatoire prévu au 1° est commis dans un lieu accueillant du public ou aux fins d’en interdire l’accès, les peines sont portées à cinq ans d’emprisonnement et à 75 000 Euros d’amende. »

En outre je suis étonné qu’un 26 novembre, une circulaire qui date de février dernier vous émoustille autant, elle a bien une origine et cette fermeté affichée est à mettre en perspective d’une situation qui préoccupait le ministère de l’Intérieur, à savoir le boycott des produits israéliens, dans un contexte géopolitique tendu et sur fond de xénophobie dont il reste d’ailleurs des traces dans Google (mais on le dit pas comme ça dans la circulaire, ce ne serait pas politiquement correct).

Après libre à vous de vous demander si boycotter les automobiles Lada est plus grave que d’expulser des roms niveau «provocation publique à la discrimination envers une nation»…

C’est pas parce que la pré-campagne des présidentielles approche qu’on peut tout mélanger. En outre, gardons en tête que les quotas d’importation de certains produits, comme toute mesure économiquement protectionniste est un « demi boycott » d’État, cette circulaire de la chancellerie est donc à relativiser, et en conclusion : continuez à boycotter à partir du moment où vous ne troublez pas l’ordre public, personne n’en saura rien et si votre cause est juste vous ne serez pas le seul. Ce débat sur le boycott ne mérite donc à mon sens pas tant de passion, d’ailleurs regardez, même le pape ne boycotte plus l’usage du préservatif.

Merci à Sylvain 😉

HADOPI : Pascal Nègre défend son bébé

pirate lolcat
Pirate Lolcat by icanhascheezburger.com

Pascal Nègre, PDG d’Universal Music France, en tournée d’auto-promotion pour son bouquin, donnait hier une interview à TF1.fr, aka je vire abusivement les salariés qui ne sont pas d’accord avec HADOPI. Ouais… vous sentez le coup venir là déjà… Pascal Nègre… TF1… faut pas s’attendre à un moment de journalisme aspirant au Pulizer. Et ça commence dés le titre, par une citation de Pascal Nègre « Grâce à Hadopi, le disque a arrêté de chuter« … HADOPI aurait donc un effet sur les ventes de disques ? C’est étrange ce que dit l’ami Pascal car c’est pourtant pas ce que semblent dire les chiffres selon Guillaume. Là, il y en a au moins un des deux qui ment effrontément, à votre avis c’est qui ?

Voyons les arguments de Guillaume développés sur Numerama, je cite :

« Selon l’Observatoire de la Musique, le chiffre d’affaires de l’industrie phonographique a encore plongé de 13,7 % au troisième trimestre. Depuis le début de l’année, les recettes dues aux ventes de CD et DVD musicaux ont baissé de 9,8 % à 507,2 millions d’euros, tandis que le marché numérique progresse de 25 %, mais à seulement 64,2 millions. La hausse relative du numérique, qui d’ailleurs ralentit au lieu de s’emballer, est encore loin de compenser la baisse des CD. »

Voilà pour les chiffres, vainqueur par KO : Guillaume

Je me suis fait violence, j’ai lu l’Interview de Pascal Nègre, je me doutais bien que j’y trouverais des perles… bingo !

Les révolutions de Pascal (Talkin’about a revolution ?) … to me ?

Pascal est une sorte de lolcat à sept vies, dans l’Industrie du Disque il a vécu pas moins de 4 révolutions qui auraient du le tuer… et il est toujours là.

Comment ceci est-il possible ?

« Lorsque j’ai commencé mon métier, le disque vivait quatre révolutions : l’arrivée du CD, les radios libres, la publicité télé, et la baisse de la TVA. Aujourd’hui, avec les supports dématérialisés et  le buzz internet pour parler de nos artistes, je vis de nouveau une révolution. La différence, c’est qu’à l’époque il n’y avait pas de piraterie. »

Pascal découvre la piraterie avec Internet, mais où était il donc ces 15 dernières années ?

Allez on va mettre les fessées dans l’ordre et rafraîchir la mémoire de Pascal :

1° On commence par les radios libres, je vais me la faire méthodique, ça va être rapide, je regarde ce que raconte Wikipedia sur les radios libres…  et je tombe sur quoi en première phrase ?

« Une radio libre, initialement synonyme de celui de radio pirate, »

… Headshot !

2° On continue avec la seconde révolution du lolcat Pascal : l’arrivée du CD. J’étais certes très jeune, mais je l’ai connu, allez, séquence émotions, souvenez vous des actions intentées contre Philips et Sony par l’industrie du disque, ces CD et ces graveurs qui permettaient de copier à l’identique un support numérique… de pirater tout votre merveilleux catalogue. Le « CD c’est la mort de la musique » claironnait votre industrie qui s’éveillait à la duplication numérique.

3° La troisième révolution de Pascal, c’est la pub à la TV… chacun ses références culturelles, pour moi, la révolution ce serait sa suppression. Mais la TV et les magnétoscopes pour enregistrer Dimanche Martin, ça aussi ça a failli tuer la culture, souvenez-vous Pascal :

Reportage Piratage INA

4° La Quatrième et dernière révolution de Pascal c’est la TVA à 5,5% sur le disque qui est la seule révolution n’ayant pas connu les « pirates ».

5° C’est aussi une révolution, une vraie révolution, qui profite à tout le monde et non pas à l’Industrie du Disque… c’est Internet, mais cette révolution là, ce n’est pas la vôtre Pascal.

La complainte de Pascal (blues en La mineur pour énormités majeures)

« Le problème, c’est que lorsque l’industrie du disque a expliqué que tout n’était pas génial dans Internet, on nous a traités d’hommes préhistoriques ! »

À titre personnel je vous qualifierais plutôt de rapaces et de pleurnichards perfusés aux brouzoufs du contribuable. Pire encore, vous êtes prêts à sacrifier les libertés de tout un peuple si les technologies de reconnaissance de contenus (oui, je parle bien de DPI), peuvent vous donner l’illusion de sauver votre industrie. Au final, nous savons tous que ce sont vos salaires que vous sauvez, pas les artistes et encore moins la création. Pour cette offensive sur les libertés, j’ajouterais donc le qualificatif de terroriste (un prêté pour un rendu).

« Plutôt que des brontosaures, on a peut-être été des pionniers. »

Les pionniers sont des gens qui créent, qui évoluent et qui impulsent une dynamique du vivre mieux. Votre industrie de copie de galettes en plastique, là, elle meurt Pascal. Les pionniers sont des bâtisseurs, des explorateurs… bref tout le contraire de votre industrie qui est restée scotchée sur ses belles années 80.

« La manière dont on s’est adapté pourrait inspirer d’autres industries. »

LOL ! Elle est bien bonne celle ci ! si les autres industries s’inspiraient de celles du Disque, on aurait des « cartes voitures jeunes », des « cartes boucherie jeunes » , des « cartes électroménager jeunes »… le tout aux frais du contribuable qui devrait s’acquitter de 50% de la facture… exemplaire cette industrie du disque ! Si on poursuit même l’exemple de l’industrie du disque jusqu’au bout, on aurait d’ailleurs pas une « carte voiture jeunes » mais une « carte calèche jeunes ».

Deezer de midi à quatorze heures

« Pardon ? Deezer  a eu accès à tous nos catalogues !  C’est d’ailleurs ainsi qu’ils sont passés de rien du tout à une marque connue. »

Plus la peine de chercher l’offre légale de midi à 14h, grâce à la sympathique Industrie du Disque, nous avons en France une offre légale de qualité : Deezer, iTune, Deezer, iTune, Deezer… c’est une belle réussite, merci Universal ! Et quand on vous parle de Jiwa ? Ah c’est vrai, vous causez pas aux pauvres dans votre milieu :

« Jiwa a déposé le bilan en disant qu’on demandait des droits impossibles mais il ne faisait pas 25.000 euros de chiffre d’affaires par mois. Ils n’ont jamais payé un catalogue ! Avant de payer les droits, ils n’arrivaient même pas à payer leurs salariés. »

Salauds de pauvre !

« En France, on a tout de même une richesse d’offres et de plateformes démente. Aux Etats-Unis et en Allemagne, il n’y a qu’iTunes alors qu’Apple ne représente que 40% du marché français.« 

C’est un point intéressant, j’ai pu observer, à la sortie de la carte musique jeunes, que vous n’êtes toujours pas fichus de proposer un catalogue unifié sur une seule plateforme. Bilan, il faut plusieurs cartes si vos goûts sont trop éclectiques. Bravo, là encore il y a de quoi pavoiser, ça fait 15 ans que vous n’êtes pas fichu de proposer un catalogue unifié.

(…) un ange passe

Et on arrive enfin au plat de résistance, les bébés de Pascal :

Le DADVSI qui selon lui protège son Industrie. Dans les faits, les DRM n’ont fait qu’accélérer la chute des ventes de CD puisqu’il devenait impossible de lire les CD légalement achetés sur son ordinateur ou sur son autoradio. D’ailleurs le succès est tellement énorme que l’industrie a du abandonner les DRM et que les parlementaires continuent à se cacher derrière leur petit doigt quand on leur demande le rapport d’impact de cette ânerie. Mais pas de doute pour Pascal, le DADVSI, ça vous a vachement protégé :

« A l’époque, la loi DADVSI (NDLR : Droit d’auteur et droits voisins dans la société de l’information) a mis quatre ans à adopter une directive européenne qui nous protégeait enfin…« 

Pour HADOPI, je ne reviens pas sur le chiffre, on a vu que Guillaume de Numerama était vainqueur par KO, on va donc éviter de frapper un homme à terre. On va juste s’amuser un peu de la crédulité de Pascal Nègre qui pense peut être que le contribuable est prêt à sponsoriser 50 000 identifications d’IP par jour pour ses beaux yeux. Pascal Nègre concluera sur l’Epic Success de la carte Musique Jeune :

« Et cela redonne de la valeur à la musique…. »

Soit Pascal, mais pour moi votre carte machin, c’est une prime à la casse pour tenter de doper artificiellement des ventes qui plongent irrémédiablement… votre métier change Pascal, ce n’est pas sale.

Comment taxer Google ?

J’ai attrapée l’information au fil d’un tweet d’EchoDuNet, largement commentée ce matin entre autres par Numerama, elle fait suite aux nouvelles orientations sur le Numérique de la Présidence de la République que le député Tardy avait évoqué. Le Sénat est actuellement en train de discuter de la Loi de FInance 2011, l’occasion rêvée pour adopter la taxation des revenus publicitaires générés sur Internet. Le Sénat a aujourd’hui adopté cette disposition. En clair, les sénateurs mettent en place la fameuse Taxe Google… mais sans taxer Google.  Ainsi ce sont 1% des budgets publicitaires qui seront prélevés à la source, directement sur les budgets communication des annonceurs. Domicilié en Irlande, un pays à la fiscalité plus vivable, Google capte une grande partie des recettes publicitaires, on peut donc considérer qu’il est bien la cible de cette nouvelle taxe.  Notez au passage que Google et d’autres poids lourds du Net menacent de quitter l’Irlande si la situation du pays amenait les autorités à revoir leur régime fiscal. Au moins comme ça c’est fait, ils ne viendront pas en France. Il était également question de taxer le commerce B2B en ligne, cette idée n’a finalement pas été retenue est c’est plutôt une bonne nouvelle. Bref pas de quoi crier au scandal, mais pas de quoi non plus envoyer un signal fort invitant les grandes entreprises du Nasdaq à élire domicile (surtout fiscal) en France.

La contrepartie n’est pas inintéressante puisqu’elle met (ultra) partiellement fin à l’arlésienne de la TVA sur les produits culturels (non, non, non… je vous vois venir, un CD Universal Music n’est pas un produit culturel, donc c’est toujours plein pot sur la musique niveau TVA). Ce sont donc les livres numériques, qui comme les livres papiers seront taxés à hauteur de 5,5%, une TVA allégée qui profite donc au numérique. Je vous parlais d’arlésienne ? Effectivement, cette TVA light sur le disque, j’en entendais déjà parler à l’époque où Jack Lang, alors ministre de la culture l’avait promise.

L’autre actualité fiscale, c’est cet énorme ouf de soulagement que l’industrie du cinéma va pouvoir pousser. Comme vous le savez tous le cinéma est une industrie en très grand danger à cause de vous tous bande pirates. Elle est d’ailleurs tellement en danger que l’État ne ponctionnera que 20 millions d’euros (au lieu des 120 initialement prévus) sur les 174 millions d’euros que devaient percevoir le CNC, le fruit de bénéfices records pour cette industrie dont on voulait vous faire croire qu’elle était exsangue. Ne revenons pas sur les méfaits supposés du téléchargement pour l’industrie culturelle, mais au final, que reste t-il d’autre comme argument aux pros HADOPI que cette très hypothétique négation du droit d’auteur ?

Enfin, pour conclure sur une note optimiste, ces bénéfices records de l’industrie du cinéma ne font que confirmer un sentiment que je me traîne depuis plus de 10 ans, l’industrie du disque est vraiment une super bande de charlots qui ne pourra pas masquer son incompétence bien longtemps et tenir sous perfusion de brouzoufs aux frais du contribuable… ça va vraiment finir par se voir. Allez, je vous fiche mon billet que dans 5 ans tout au plus, l’État taxera les revenus du disque… et c’est Google qui passera à la caisse.

HADOPI : réponse sommaire à la problématique de la labellisation des moyens de sécurisation

securitéJe me permet de publier les quelques observations que j’ai fait à l’HADOPI concernant les spécifications des dispositifs de filtrage, c’est assez sommaire car chaque point mériterait à lui seul que l’on s’y appesantisse bien plus. Les voici livrés de manière brute.

AVERTISSEMENT : les spécifications des moyens de sécurisation de la HADOPI peuvent profondément évoluer, il est donc nécessaire que les personnes concernées se manifestent et enrichissent ces spécifications avec des remarques ou fassent part de leurs inquiétudes sur divers points. En tout cas je vous encourage à le faire, ce n’est pas du temps perdu. La loi est là, il faut maintenant l’appliquer, à nous de faire en sorte que ce soit avec le moins de casse possible.

Le problème des réseaux sans fil publics

  • Les abonnés SFR utilisent souvent la connexion de leur voisin à leur insu (connectivité en roaming même depuis leur domicile). Il me semble important de demander à cet opérateur (comme à Free avec son service FreeWifi, même si ce dernier attribue une adresse ip différente de celle de la box à laquelle le freenaute est connecté) des chiffres sur cette pratique.
  • Ces réseaux publics avec portail captif sont très souvent vulnérables à un bypass d’authentification par encapsulation tcp over DNS.
  • Les réseaux publics déployés dans des lieux publics sont aussi souvent (même très souvent) mal configurés, un scan du lan une fois connecté au portail captif permet aisément de trouver l’ip de l’AP, ses ports ouverts, et donc l’interface d’administration. pour l’interface HTTP le mot de passe est souvent bien modifié, ce qui est très rarement le cas de l’accès console via ssh à ce même AP.
  • Toujours pour ces réseaux publics, les firmwares sont très rarement à jour, et donc exploitables.

Filtrage sur les protocoles (En fonction de la taille, des formats, débits, profils utilisateurs , débits, volumes et plages horaires).

Appliquer une politique de sécurité en fonction de ces critères est hasardeux, le risque de surblocage est très important. Le filtrage sur un protocole n’est pas acceptable en soi, c’est une discrimination par défaut, pas plus que ne l’est une approche statistique, même si l’on sait qu’à la sortie des écoles, un fichier de 700 mégas avec une extension .avi a 90% de chances d’être un fichier contrefait.
L’usage d’un protocole P2P pour des raisons légitimes ne peut pas être entravé, même par un simple avertissement. Dans le cadre de la cellule familiale, si un enfant utilise un protocole de P2P pour une raison légitime et que ses parents n’ont ne serait-ce qu’un avertissement, il partiront du principe que le P2P est une technologie problématique et donc proscrite.

L’analyse des configurations des postes clients (logiciels installés) risque d’être un gros frein, à moins que les journaux produits ne puissent être exploités que par l’utilisateur. De trop nombreux utilisateurs de Windows utilisent des logiciels crackés et vont prendre peur que cet outil agisse comme un mouchard.

Outils de journalisation

  • le principe du double archivage des journaux me semble acceptable, je n’ai aucun problème avec ça.
  • j’ajouterai la journalisation des adresses mac des clients du lan, qui même falsifiables sur le poste client, peuvent être corrélées avec les durées de session et donc être utiles pour disculper une personne victime d’une intrusion sur son réseau sans fil. Cependant, il est à noter que des box comme certaines anciennes Livebox proposent par défaut une fonctionnalité obligeant les postes clients à déclarer les mac adress pour pouvoir se connecter au WLAN (ces box sont livrées avec du WEP activé par défaut). Le résultat, c’est que l’intru, à l’aide d’un outil de sniffing wireless comme aircrack, peut repérer les mac adress connectées à la box (et donc autorisées) visionner le volume de trafic entre le point d’accès et le client, et donc usurper la mac d’un client autorisé (mac spoofing).
  • le contrôle de l’utilisateur sur les données de journalisation chiffrées est un bon point, l’utilisateur doit pouvoir demander ponctuellement le déchiffrement de son journal et s’assurer que la version non chiffrée n’a pas été altérée par un simple diff.

L’anonymisation des journaux envoyés pour déchiffrement des données collectées est très importante.

La sécurité est indissociable de la notion de confiance, et je ne vois pas comment l’HADOPI dont la mission initiale est de faire diminuer l’échange de fichiers contrefaits peut être un tiers de confiance acceptable par les utilisateurs. Même anonymisée, cette fonctionnalité sera en toute logique boudée des utilisateurs.

Concernant le stockage de données issues des contrôles des flux réseaux sur le LAN de l’utilisateur, en ce qui me concerne je refuserai catégoriquement qu’une machine connectée à mon réseau local aille scanner d’autres machines de mon LAN, même si ces informations restent sur le poste clients, il serait par exemple mal venu de compromettre une machine de mon LAN sous OpenBSD ou Linux parce qu’un logiciel sous Windows a décidé de stocker des informations sur mon LAN. Je n’accorde aucune confiance à ces moyens de sécurisation  sur une machine cliente.
La problématique des ordinateurs portables se connectant sur mon LAN (amis, famille) qui stockeraient des informations sur mon réseau domestique me fait froid dans le dos. Si un tel dispositif est labellisé, j’interdirai purement et simplement la connexion de tiers sur mon réseau de peur qu’un défaut de mise à jour ou une faille ne vienne compromettre une partie de mon LAN. Au mieux je demanderai la désinstallation complète du dispositif de sécurisation à un tiers pour le laisser se connecter à mon LAN. Qu’on le veuille ou non, cette fonctionnalité est assimilable à un mouchard, elle est donc à proscrire.

Systèmes d’exploitation libres et moyens de sécurisation

Les systèmes d’exploitation libres disposent déjà d’outils performants de sécurisation (de la vraie sécurisation qui lutte contre des accès frauduleux et qui ne condamne pas un usage). Les Unix libres disposent par défaut de Packet Filter et GNU/Linux de Netfilter/Iptable. Ces outils correctement configurés sont suffisants pour assurer un niveau de sécurité satisfaisant, tout dispositif supplémentaire est non seulement inutile et aucun crédit ne saurait leur être accordé. Tout labellisé qu’il soit, un tel dispositif a par exemple fort peu de chance d’apparaître dans les packages d’OpenBSD.
Même si ces solutions existent, elles ne seront jamais intégrées dans des distributions car ni leur fondement légal, ni leur philosophie, sont compatibles avec les logiciels libres.

Le principe des listes et solutions de contrôle parental


De ce point de vue, je n’ai aucun problème, à la seule condition que la configuration par défaut du dispositif fasse apparaître clairement les sites filtrés et qu’aucun site ne soit filtré à l’insu de l’utilisateur. Attention, ceci exclu de fait certaines solutions. Ces listes doivent être lisibles et éditables par l’utilisateur. Aucun site ne doit être placé dans une liste noire à l’insu de l’utilisateur.
Le principe des listes peut convenir mais il est par exemple hors de question qu’une société tierce, comme OPTENET, qui semble avoir des liens affirmés avec les milieux intégristes catholiques et qui a déjà montré en Australie son zèle à filtrer secrètement des sites parfaitement légaux, devienne le garant de ma morale ou de celle de mes enfants. cf : http://bit.ly/be4M7f
« Ces listes (centaines de milliers d’éléments, en général) sont définies et mises à jour par diverses organisations ou groupes d’ordre éthique. » : permettez moi d’en douter, OPTENET équipe aujourd’hui l’éducation nationale et n’est pas un tiers de confiance fiable à mes yeux.

Les problèmes de normalisation au niveau européen


Cette digression sur Optenet me fait sérieusement réfléchir sur une éventuelle compatibilité (et sur le papier elle se doit de l’être) avec les dispositifs européens de filtrage normés (ils devraient l’être au début de l’année 2011). Il va de soi que non seulement je vais m’opposer haut et fort à ce que la France se base, contre les avis de l’AFNOR, sur une norme européenne dont on sait qu’elle a été tronquée par des intérêts privés et qu’elle présente un caractère prêtant à une grande suspicion.
A la veille du vote de l’article 4 de la Loppsi, si nous avons le moindre soupçon de mise en place d’outils un peu trop « polyvalents », nous nous y opposerons fermement et avec les arguments idoines.

Protection antivirale


« Un antivirus car l’application devra se protéger contre les différentes attaques qui ne manqueront pas de surgir contre elle-même. Elle devra détecter des logiciels de contournement, etc. »
Cette définition fonctionnelle me semble erronée.
Il existe déjà des éditeurs proposant des solutions antivirales, je ne comprends pas ce que ceci vient faire dans un dispositif labellisé par la HADOPI. Par définition l’usage d’un antivirus est nécessaire quand c’est trop tard.
Enfin ajouter un antivirus a des solutions antivirales existantes alourdira la charge dédiée à la sécurité de manière inutile en diminuant sensiblement les performances des machines des utilisateurs.

Le coeur du problème : l’analyse dynamique de flux


« Le but de ce module est d’inspecter dynamiquement le contenu entrant et sortant du trafic sur les interfaces du réseau de la machine de l’utilisateur. »
Cette fonctionnalité est dangereuse et ne produira que pour seul effet d’amputer les internautes d’une partie d’Internet.

  • Quid des logs produits ?
  • Quid des protocoles exotiques ou nouveaux non répertoriés par l’éditeur ?
  • Quid du comportement de cette fonctionnalité sur les outils d’anonymisation de trafic (TOR/Freenet) ?

« En cas de découverte d’une configuration atypique, une notification de bas niveau est générée.  »
Là encore c’est très discutable, quid de la défense d’un internaute pour justifier une configuration atypique nécessitée par un usage légal, quid de sa valeur au moment de défendre sa bonne foi ? On s’oriente vers des écueils juridiques où les utilisateurs ont tout à perdre : cette fonctionnalité doit impérativement être indépendamment désactivable

Des mesures de sécurité qui n’en sont pas

Page 24 : « (pas de sécurisation WPA, SSID en clair, routeur avec aucun contrôle sur les adresses MAC des appareils se connectant à lui, etc.) ».

  • Un SSID en clair n’est pas une vulnérabilité (même masqué, un SSID est détectable, ainsi que le BSSID, par de simples outils d’analyse de réseaux sans fil)
  • Un dispositif de contrôle des adresses mac n’est pas non plus un dispositif de sécurité sérieux (il est contournable en 5 secondes).

Leur absense n’ont donc pas à générer d’alerte. Il est même dangereux de définir ces mesures comme des mesures de sécurité car ceci sème le trouble chez certains utilisateurs qui se pensent sécurisés sous prétexte que leur SSID est invisible.

Un point intéressant qui a le mérite d’expliquer clairement les intentions du dispositif

Page 24 : « L’application doit aussi conseiller et guider l’usager pour les divers appareils qui ne sont pas des ordinateurs (lecteur DVD, Boitier multimédia, etc.) mais qui sont susceptibles de posséder des fonctions de téléchargement avec une problématique de contrefaçon. »
Ces dispositifs tendent donc explicitement à limiter les usages de matériels possédant des fonctionnalités de téléchargement. Comme ça c’est clair, l’idée est de « sécuriser contre le téléchargement », mais pas de sécuriser les données personnelles de l’utilisateur. Cette phrase a elle seule discrédite l’ensemble de la démarche, on est plus dans la sécurisation, on est bien dans le registre de la surveillance.

Un point de détail assez amusant

Un peu plus loin (P.27), la solution propose même de « bloquer toutes les connexions ; » … là, vous avez intérêt à avoir une hotline assez sérieuse et ça promet de grands moments…

Contournement du dispositif et contre mesures

La sécurisation des moyens de sécurisation est illusoire, l’histoire nous montre que _tous_ ces dispositifs ont été compromis au moins une fois. L’exploitation à grande échelle est restreinte par la diversité. Si un mécanisme labellisé et donc présent dans toutes les solutions est faillible, le risque d’une exploitation à grande échelle est inéluctable. Un moyen de sécurisation ne saurait réussir à comprendre ce qu’il se passe dans une machine virtuelle, seules des traces « réseau » pourraient apparaître dans les journaux. Si elles sont chiffrées, seul un mécanisme de signature de trafic pourrait permettre de repérer une tentative de contournement et cette perspective est inquiétante et sa pratique généralisée n’est pas souhaitable. Toute approche de reconnaissance de contenus, ne saurait se faire que sur un fondement légal valable et motivé par des faits graves. Par delà les problématiques de priorétarisation de trafic légitime, elle posera à terme des problèmes car il est tentant d’utiliser cette technique pour des causes non légitimes. Nettoyer Internet de contenus copyrightés n’est à mon sens pas une cause légitime et constituerait un détournement non souhaitable de cette technologie.
Je m’inquiète de voir apparaître un dispositif supplémentaire sur les réseaux mobiles, même si ce n’est pas ce qui est clairement expliqué dans le document (page 8). Les réseaux mobiles sont déjà assez filtrés (usage manifeste du DPI) pour que l’on ajoute une couche supplémentaire de filtrage.

En conclusion

Je persiste et signe, l’HADOPI est illégitime dans cette mission, l’intitulé « moyens de sécurisation » est séduisant mais il est trompeur quant aux objectifs. C’est le droit d’auteur qu’on protège en condamnant des usages et non les internautes.
Le risque de voir ces solutions labellisées HADOPI répondre aux normes européennes en font un outil rêvé de contrôle moral et politique basé sur la peur du gendarme, effet renforcé par le délit de négligence caractérisée. Si sur la forme certains points de ce document semblent techniquement corrects, le fond et les motivations de la démarche l’invalident à mes yeux totalement.
Même labellisés, ces moyens de sécurisation n’auront donc pas droit de citer chez moi et je déconseillerai vivement leur installation.

HADOPI : La riposte graduée est morte comme le Disco

discoIl en aura fallu du temps pour faire comprendre à certains ne serait-ce que 10% de la bêtise du mécanisme de riposte graduée… Mais apparemment, ça commence, petit à petit, à rentrer. Si certains députés de la majorité (en plus de ceux de l’opposition) s’étaient déjà clairement opposés à la riposte graduée, soulignant le caractère liberticide et injuste, l’infaisabilité technique et le gouffre financier qu’allait représenter son application, on gardera à l’esprit que le texte est passé comme une lettre à la Poste, ce après une censure au Conseil Constitutionnel. L’avertissement du  Conseil des Sages n’avait pas été jugé suffisant… quelle monumentale erreur.

Aujourd’hui, la riposte graduée semble avoir du plomb dans l’aile

Commençons par la député Marland-Militello qui quelques semaines après avoir demandé à ce que 2 millions de plus soient accordés à la HADOPI dans la loi de finance 2011,  veut maintenant mettre l’accent sur le volet préventif, à savoir l’offre légale… ça, c’est nouveau, et passé le style stalinien qui caractérise sa prose, toujours à la gloire du chef, la député Marland-Militello appelle maintenant à un gèle de la riposte graduée à l’étape 1 tant que l’offre légale est insatisfaisante, ce qui nous fait, comme nous l’avions prévu dés le début… 12 millions pour une machine à spam, la classe !

Ce dont la député Marland-Militello ne semble pas prendre la mesure, c’est que cette offre légale, tant que les majors n’auront pas remis leur stratégie en question… elle n’est pas prête de voir le jour… et donc l’HADOPI n’est pas prête de passer à l’étape 2, le courrier recommandé.

La « révolution culturelle et éthique » dont parle la député Marland-Militello dans son dernier billet est donc bien en marche… mais à reculons.

Du consensus à « l’auto désaccord de l’Elysée avec lui même »

Plus sérieusement maintenant, le Nouvel Obs et 20 Minutes rapportent que selon le député Tardy, Nicolas Sarkozy lui même aurait évolué sur les questions numériques. La scène s’est jouée à huis-clos devant des députés de la majorité, le chef de l’Etat aurait exprimé des doutes sur le cap de sa politique numérique. Sans jamais la nommer, Nicolas Sarkozy semblait implicitement faire référence à l’HADOPI, identifiant un nouvel ennemi, cette fois ci clairement désigné, à savoir Google.

«Nicolas Sarkozy a parlé d’Hadopi sans la nommer, mais pour une fois ce n’était pas pour la vanter, mais pour dire que le texte avait été difficile à adopter et qu’il y aurait pas mal de choses à revoir sur le numérique» rapporte le député. Et d’ajouter : «J’ai l’impression qu’il y a une vraie prise de conscience du chef de l’Etat sur le numérique, qu’il est en train de se dire que c’est un vrai sujet et qu’il va falloir l’aborder autrement que par le seul côté répressif (… ) Peut-être qu’il se rend compte que ce n’est pas à l’échelle de la France que ça se joue. Ce serait intéressant qu’il en fasse une question internationale ».

Ce mea culpa Élyséeen, c’est bien… mais c’est trop tard

Tout ce temps perdu pour en arriver à la conclusion que nous venons de perdre encore 3 ans. Pendant ce temps, Google, lui, a préparé sa riposte non graduée à l’industrie du disque, et ça va faire mal… très mal. La taxe Google revient donc sur la table. Taxer les services en ligne est une idée assez étrange, une sorte de cyber protectionnisme alors que notre industrie culturelle n’a absolument rien à y opposer… pourquoi pas, mais permettez moi de douter. Usuellement, quand on prend des mesures protectionnistes, c’est qu’on a une offre équivalente à mettre en avant… nous on a tellement même pas de quoi faire illusion, que c’est encore le contribuable qui s’y colle.

Aujourd’hui, je dois vous avouer que j’ai les yeux rivés sur la « majorette » EMI que l’on sait assez mal en point. EMI intéresserait fortement Warner Music. Si Warner parvenait à se porter acquéreur d’EMI, il ne resterait donc plus que 3 majors pour se partager le gros du catalogue mondial. Warner  offrirait 750 millions de dollars à Terra Firma Capital Partners, principal actionnaire d’EMI et le plus gros créancier de la majorette, Citigroup, pousserait également Terra Firma Capitals Partners à céder ses parts. Il ne resterait donc plus, si ce rachat venait à se concrétiser, que Sony (qui avait déjà croqué BMG), Universal Music (Vivendi), et Warner Music Group dont le titre boursier a pris presque 7% depuis le jour de la propagation de la rumeur… Et ça pour l’industrie du disque, c’est dans le meilleur des cas…

Devinez ce qui arriverait si Apple, qui détient déjà la plateforme de distribution (iTune), ou Google qui a des vues manifestes sur les contenus musicaux, se décidaient à faire une offre pour croquer EMI. Ceci sonnerait tout simplement le glas de l’industrie du disque « à la papa » à laquelle l’ami Pascal tente de se raccrocher comme il le peut.

Le combat n’est cependant pas terminé

Maintenant que la conséquence semble vouée à une petite mort, il va falloir se débarrasser de la cause. Le délit que sanctionne la riposte graduée est bien pire que la riposte graduée elle même, la contravention pour négligence caractérisée DOIT être purement et simplement supprimée du texte de loi. Le défaut de sécurisation de l’accès Internet reste d’une bêtise sans nom et fait planer le spectre d’une sanction sur les plus vulnérables. Ce n’est pas acceptable et nous ne l’accepterons pas.

La rémunération des créateurs est toujours la grande oubliée

HADOPI n’a trompé personne, les auteurs n’ont jamais eu à y gagner quoi que ce soit, et ça commence aussi à se voir. D’ailleurs, ça se voit tellement que le législateur veut maintenant taxer de manière outrancière les gros bénéfices d’une industrie qu’HADOPI était sensée sauver d’une mort certaine… du grand n’importe quoi. Taxer les bénéfice d’une industrie en crise ? Vous le voyez mieux l’impact du piratage sur cette industrie maintenant ?

Et pendant ce temps, les créateurs, eux, sont toujours victimes de l’opacité de la redistribution de la taxe sur la copie privée et victimes des conditions financières des majors qui ont surtout profité du virage numérique pour manger encore plus de marge sur les oeuvres vendues une fois dématérialisées.

Tout ça pour ça…

/-)

Musique : Google Lab India vous offre le catalogue Hindi

Google India Music Search

S’il y a bien une entreprise qui se contrefiche de la labellisation de l’offre légale de l’HADOPI et qui doit doucement rigoler en observant l’industrie du disque se débattre pour continuer à essayer de vendre des galettes en plastique, c’est bien Google. Au hasard d’un surf et comme il m’arrive d’apprécier la musique Hindi, je suis tombé sur quelque chose qui devrait faire frémir nos moines copistes de CD franchouillards, et je dois vous avouer que ça me fait beaucoup rire.

Le Google Lab India ne vous offre pas moins que l’intégralité du catalogue hindi en srtreaming, c’est juste énorme pour tous les amateurs de Bollywood, de pop Hindi et de musique Tamoule ou indienne traditionnelle. Alors qu’en France tout le monde a les yeux rivés sur Apple et l’iTune Store, Google, en partenariat avec les sites in.com, Saavn et Saregama, ouvre le catalogue culturel d’une population d’1,2 miliard d’habitants… Voilà ce qu’il est possible de faire quand on est un minimum cortiqué et qu’on a pas en face de nous des dinosaures qui tentent bêtement de s’accrocher à leur rente au lieu de faire leur métier :  découvrir de nouveaux talents.

Et moi de mon côté je suis heureux de pouvoir réécouter légalement des ragas de Nikhil Banerjee que j’ai encore en cassettes achetées à La Chapelle, à côté de la Gare du Nord à Paris, il y a plus de 20 ans et que je pensais ne plus jamais pouvoir entendre vu que j’ai plus rien pour les lire.

Pas besoin de carte musique jeune en Inde, même si Google spécifie sur son site que pour le moment, seul le catalogue Hindi est disponible… à bon entendeur. On imagine aisément ce modèle se décliner sur d’autres pays, en Amérique du sud ou en Afrique, à tel point qu’un jour ou l’autre le catalogue à la René la Taupe matraqué à la TV risque de paraître bien fadasse aux internautes.

J’en connais qui vont pas la voir venir, qui vont la sentir passer, et qui vont encore pleurer dans pas longtemps.

Mes deux nouveaux ministres

Un gouvernement qui tourne en rond

Le casting vient de tomber, j’ai deux nouveaux ministres, je suis super content ! Du coup je me suis dit que j’allais partager ça avec vous.

Au numérique, c’est le grand retour d’Eric Besson qui pensait s’en tirer en refilant la patate chaude et son plan Numérique 2012 à NKM, où sur le papier, la France était leader du monde des Internets avec du très très haut débit dedans. Ça aurait pu être bien pire, Internet conserve une représentation politique. Là vous vous dites « super, je vais pouvoir créer ma startup, j’ai un ministre »… ne t’enflamme pas jeune padawan, si tu veux créer ta startup, tu auras un autre ministre, et c’est Frédéric Lefèbvre qui récupère l’artisanat et les PME, en plus du tourisme (histoire de ne pas trop le dépayser). Ajoutons à ça un coup de rabot sur le statut des jeunes entreprises innovantes… ça te donne envie hein ? Moi aussi … de délocaliser.

Si le retour d’Eric Besson n’est pas le coup de théâtre du siècle, j’ai beaucoup de mal à m’expliquer la nomination de Frédéric Lefèbvre, peut être une manère pour la présidence de remercier un fidèle parmi les fidèles en quête de mandat.

… Ça va être long jusqu’en 2012.

Qu’est ce qu’Internet a à perdre du remaniement ministériel ?

remaniement ministériel
Remaniement ministériel in progress

Selon toute vraissemblance, nous devrions connaître dans les prochaines heures, ce dimanche, la composition du nouveau gouvernement. Le site officiel affiche d’ailleurs en ce moment une page de maintenance avec un message annonçant la démission du gouvernement.

Démission du Gouvernement

Le samedi 13 novembre 2010
En application de l’article 8 de la Constitution, M. François Fillon a présenté au président de la République la démission du gouvernement.
Le président de la République a accepté cette démission et a ainsi mis fin aux fonctions de M. François Fillon.
Source : communiqué de l’Elysée

Ce remaniement pourrait bien changer pas mal de choses pour notre « Internet français »… et pas qu’en bien. Il y a un sérieux risque que le Secrétariat d’État à l’Économie Numérique passe dans les mains de son ministère de tutelle, celui des finances et de l’industrie.

En passant sous la responsabilité directe du ministère des finances et de l’industrie, à cette période charnière où la transposition dans le droit français du paquet Télécom (par décret) pourrait bien sceller la petite mort de la neutralité du Net, on assiste à l’abandon d’un trésor culturel aux mains des lobbys industriels,  qui ont tous un intérêt à venir à bout des fondemmentaux qui ont permis à l’Internet de devenir ce qu’il est aujourd’hui.

Neutralité, ouverture et partage, 3 notions fondatrices, complètement antinomiques avec une gouvernance de Bercy. En clair, ça sent salement l’erreur de casting. Non pas que Christian Estrosi qui devrait être reconduit à son ministère soit incompétent en la matière mais j’ai un sérieux doute sur la capacité de Bercy à prendre l’Internet pour autre chose qu’un temple de la consommation qu’il faut impérativement réguler afin que les industriels le façonnent à l’image de ce qu’ils ont à vendre. Ce sentiment est évidemment renforcé par les conclusions de la consultation sur la neutralité où Bercy, tirant les ficelles, a accouché d’une copie conforme des positions d’Orange et SFR, deux fournisseurs d’accès qui réfutent jusqu’à la notion même de neutralité en plaidant pour un « Internet ouvert », et plsu discrètement, de l’une des entreprises qui a économiquent intérêt au filtrage du Net, Alcatel… un pléonasme s’inscrivant dans une stratégie d’enfumage qui masque mal que ces deux FAI sont avant tout des éditeurs de contenus. Ce mélange des genre a bien évidemment la bénédiction de Bercy, et là dessus croyez moi sur parole, le Net a tout à y perdre.

Abandonner Internet à des gens qui ont tout intérêt à le transformer en minitel, voilà ce que nous risquons.

Quand on connait le zèle de Christian Estrosi sur les questions sécuritaires et répressives tout ça est particulièrement préoccupant, rappellons que le ministre par ailleurs maire de Nice a récemment inventé la « vidéoprune », un usage détourné de la vidéo « protection » qui montre bien l’hypocrisie du terme et surtout la dangerosité de voir une justice automatisée se mettre en place. Vous n’avez surement pas manqué de noter que l’argument roi pour toute atteinte à la neutralité des réseaux (ou à la liberté en général), c’est la sécurité. Pas la sécurité comme je peux l’entendre moi ou vous les geeks qui lisez ces lignes, mais la sécurité autoritaire et répressive visant directement à amputer le Net de fonctions, de contenus, de services, de protocoles…

Autre sujet bouillant qui passerait sous la responsabilité de Bercy, la loi d’orientation et de programmation pour la sécurité intérieure (ou LOPPSI 2) qui semble avoir été mise en standby en attente de ce remaniement. Là encore, si Christian Estrosi est maintenu, nul doute qu’il s’appliquera à faire passer les mesures les plus contestables (celles que l’on trouve dans l’article 4 du projet de loi) relatives au filtrage.

Internet mérite mieux que Bercy, Internet mérite son propre ministère, c’est là la seule manière de lui assurer des perspectives d’évolutions cohérentes.

Monsieur le Ministre de la Culture, je vais vous aider à comprendre…

radeau de la méduseNumérama rapportait aujourd’hui, que dans une interview accordée à France 24, notre Ministre de la Culture qui ne comprend pas comment nous en sommes arrivés là avec HADOPI. C’est quelque chose que j’avais déjà tenté d’expliquer ici à propos de la négligence caractérisée. Frédéric Mitterrand semble surpris du bourbier qu’est HADOPI :

« Je peux comprendre, je n’ai aucune envie de diaboliser les adversaires. D’abord parce que ça n’est pas dans ma nature, et puis en plus quand il y a des adversaires très très résolus, c’est qu’ils ont une pratique, c’est qu’ils ont des habitudes, etc. Il faut essayer de comprendre pourquoi ils en sont arrivés là »

Je vais donc essayer monsieur le Ministre, de vous apporter quelques réponses, rien d’exhaustif, mais quelques points qui font que cette loi, en l’état, ne peut être acceptées des internautes.

Les odieuses tractations entre gens tous d’accord (ou presque)

Les accords Olivennes, qui sont aussi et surtout les accords de l’Elysée, ou plutôt les accords du Fouquet’s, ont commencé à éveiller notre attention. Tout ceci s’est joué de manière convenue entre personnes toutes d’accord entre elles à l’exception de Xavier Niel. De par sa fonction, le dirigeant de Free ne pouvait pas ne pas être convié. Il a donc fallu lui faire une forme de chantage (à coup de licence 3g) pour qu’il consente à aller à reculons signer une feuille blanche, chose qu’il confiera peu après à la presse. Comble du cynisme Monsieur le Ministre, votre prédécesseur, Madame Albanel a osé appeler cette mascarade un « consensus ». On voit bien aujourd’hui ce que donne ce consensus.

Ceci ne trompe aujourd’hui plus personne, il est maintenant de notoriété publique que ces pseudos accords étaient uniquement destinés à mettre en place l’inacceptable… et devinez quoi… 3 ans après c’est toujours aussi inacceptable et inaccepté. Internet a une mémoire monsieur le Ministre.

Je frappe d’abord et je discute après

L’intégralité des débats parlementaires sur HADOPI ont offert un triste spectacle aux internautes qui se sont passionnés pour ce texte qui entend modifier plus de 10 ans d’usage . Certes, vous êtes arrivés en cours de route, mais jetez au moins un oeil sur tout ce que vous avez raté, le médiakit de la Quadrature du Net, que votre prédécesseur qualifiait de 5 gus dans un garage, pourrait vous être utile. Tout y est passé : listes blanches, filtrage, sur-référencement de l’offre légale (atteinte manifeste à la libre concurrence), présomption de la culpabilité, atteinte à la liberté d’expression,double et triple peine… et hop une censure au Conseil Constitutionnel. Puis HADOPI 2, passage en force, contournement juridique de l’avis du Conseil des Sages grâce subterfuge de l’ordonnance pénale… bien joué, mais ça ne sera pas suffisant.

Malgré ces signaux, le gouvernement a jugé opportun, de passer en force manifestant un profond mépris de notre démocratie, un mépris de l’opposition, même quand cette opposition était dans son propre camp et prodiguant des conseils souvent très avisée.

Bilan, aujourd’hui nous avons :

  • toujours pas d’offre légale (elle est si pitoyable que c’est le contribuable qui en est de sa poche pour essayer d’en faire la promotion… et je ne parle même pas de la risible mise en place) ;
  • toujours pas de moyen de sécurisation ;
  • des mafias s’enrichissent grâce à HADOPI.

… au moins il y a une certaine constance dans la méthode : on frappe d’abord, on discute après. On stigmatise un problème (la rémunération des auteurs) sans y apporter de solution. Et quand on se trouve dans ce genre de situation, il ne fait pas l’ombre d’un doute que l’on fait partie intégrante du problème. Donc non HADOPI n’est pas une solution, elle est le problème. Vous pouvez croiser tous les doigts que vous voulez Monsieur le Ministre, HADOPI ne peut fonctionner, et ne fonctionnera pas. Sur Internet on ne peut pas envoyer de CRS pour disperser les manifestants, votre gouvernement a voulu le conflit, il a maintenant une guerilla sur un champ de bataille qu’il ne connait pas et pour lequel il n’a pas d’arme adaptée. Les internautes ne lancent plus de pavés, mais des octets. Il va vous falloir faire face au mieux à un cyber 68, au pire un superbe bourbier qui pourrait très bien dégénérer.

Multiples manifestations d’incompétence

Un bon lien valant mieux qu’un long discours, je vous invite à lire et visionner ceci. Je ne sais pas pour vous, mais personnellement je ne peux me résigner à accorder le moindre crédit à ce texte quand je vois le sérieux avec lequel il a été voté. HADOPI est une blague, depuis le début, et si la HADOPI espère faire peur avec ça, et bien c’est pas gagné ! Au mieux ce texte fait rire, au pire il agace, mais faire peur… bon allez, si ça vous le fait abroger, pas de problème je suis prêt à déclarer publiquement que je suis mort de trouille et on en parle plus et tout le monde est content.

HADOPI défend les intérêts des copains du Fouquet’s

Le cynisme d’HADOPI ne s’arrête pas là. Êtes-vous en mesure, monsieur le Ministre, de me citer un seul nom d’artiste qui a gagné ne serait-ce qu’un seul centime grâce à ce texte ? Moi, d’ici, ce que je vois, c’est que le contribuable injecte 50 millions d’euros sur deux ans en période de crise dans une odieuse carte musique jeune, en plus de tous les cadeaux qui ont été faits aux industriels de la culture. Mais les artistes sont bien les grands oubliés… que faites vous pour eux avec ce texte monsieur le ministre ? Les artistes que je connais sont dans leur grande majorité dans une précarité assez extrême, et vous distribuez des millions à tour de bras à une industrie qui se porte parfaitement bien ! C’est indécent. Faisons un peu l’addition pour le contribuable d’ailleurs …

Et non, ce n’est pas gratuit !

  • Débats parlementaires : environ 180 millions d’euros (nombres de Parlementaires multiplié par le salaire en jours, multiplié par le nombre de jours de débats + commissions parlementaires… allez je suis sympa, je ne compte même pas les salaires ministériels, ni ceux des attachés parlementaires et ministériels… avec ça on pourrait facilement doubler le coût de la mascarade)
  • Un site de propagande, jaimelesartiste.fr : 80 000 euros pour 3 semaines d’uptime.
  • Carte musique Jeune : 50 millions d’euros sur 2 ans
  • Budget de la HADOPI : 12 millions par an, on va lui donner une espérance de vie de 2 ans, jusqu’en 2012 et partir sur une enveloppe globale (surement sous estimée) de 22 millions d’euros
  • Identification des internautes : quelques patates « indolores » aux dires de Christine Albanel soit 8,5 euros, multipliés par 50 000 adresses IP par jour, multiplié par 365 jour dans l’année : 155 125 000 euros ! Comme je ne crois pas un instant au chiffre annoncé de 50 000 saisines par jour, on va être gentil et tabler sur 5 000 par jour, ce qui nous fait une enveloppe déjà confortable de 15,5 millions d’euros, auquel on ajoutera la remise spéciale faux cul de FAI (ce gens qui font de la pub pour du téléchargement illimité) concédée par Orange, Numéricable et SFR, il faudra peut-être un jour dédommager Free, tablons sur un timide 4 millions d’euros.
  • … je m’arrête là parce que je suis en train de perdre mon calme, mais il faudra ajouter à ça encore une tournée de débats parlementaires pour faire sortir ce texte de notre corpus législatif, les frais de dédommagement en justice des « erreurs » de l’HADOPI… la facture totale en 2012 pourrait s’élever assez facilement à un demi milliard d’euros si on veut vraiment appliquer ce texte ! Et à côté de ça on rabote sur les jeunes entreprises innovantes qui sont l’avenir de nos emplois et l’un des moteurs de notre croissance pour économiser 50 millions d’euros !

… tout ça pour un texte inapplicable qui sera abrogé et dont nos enfants se moqueront pendant des dizaines de générations. Dans un siècle, HADOPI sera étudiée dans les classes d’histoire comme un épisode tragicomique du 21e siècle…

Et après ça, Monsieur le Ministre, vous vous étonnez que l’opposition à ce texte soit si importante ? Moi pas… je trouve même parfaitement logique que la pilule de la réforme des retraites passe mieux que celle d’HADOPI.

Les parlementaires de la honte

homer internetEn faisant ma petite review du reveil, je suis tombé sur le billet de Korben qui s’interroge sur l’entêtement aveugle de l’HADOPI sur cette histoire de logiciel de sécurisation, intimement liée au délit de négligence caractérisée. Je suis globalement tout à fait d’accord avec lui mais je préciserai simplement deux ou trois points.

On ne peut pas vraiment parler d’entêtement de la Haute Autorité, le mal est plus profond : il est inscrit dans la loi. Toutes les idioties les plus énormes qui font que la Haute Autorité est actuellement embourbée dans ce Vietnam est uniquement du à l’entêtement du législateur, et pour être précis, à son manque de courage face à la volonté de l’Elysée. Il y a tout d’abord les sénateurs, qui de droite comme de gauche, on voté un texte auquel ils ne comprennent strictement rien, et il y a ensuite, chose plus grave, une partie des parlementaires qui savaient très bien que cette loi était mauvaise et dangereuse, qu’elle allait contre l’intérêt commun… mais qu’importe, en bons godillots et par pur calcul de leurs propres intérêts, ils l’ont quand même voté… ce n’est pas là la conception que je me fais de notre République et je vais aller encore plus loin.

Pour l’immense majorité des parlementaires, on ne me fera pas croire que les quelques élus qui ont daigné être présents pour lever le bras au moment du vote (alors qu’ils étaient absents pendant les débats) ont compris plus 30% des enjeux du texte qu’ils ont votés.

Hadopi : Le pire du pire de l’assemblée

Vous n’allez pas non plus me dire qu’une personne comme le sénateur Masson a capté un broc de ce qu’il a voté :

Comme moi hier, Numerama s’interrogeait sur la capacité des parlementaires à voter un texte qu’ils ne comprennent pas, en service commandé, parce que Nicolas a décidé que… même si c’est une monumentale idiotie et que tout le monde le sent bien dans son fort intérieur.

Guillaume évoque cet effrayant billet de Streetpress dans lequel le sénateur Hérisson qui préside le groupe du Sénat chargé des communications électroniques, fait la démonstration de son incompétence crasse. C’est une véritable honte pour notre République, c’est indigne et c’est particulièrement indécent. Monsieur Herisson n’est pas à sa place à la tête de ce groupe et la moindre des choses après cette démonstration pitoyable, serait, au minimum, qu’il abandonne la présidence de son groupe sur les questions de communications électroniques. Il n’a manifestement strictement rien à y faire, même s’il le faisait bénévolement. Dans une entreprise, ce genre de boulette, c’est la porte ! Jugez sur pièce :

Pour HADOPI, la Neutralité des réseaux comme tout ce qui touche à l’écosystème du numérique, on assiste systématiquement à un flagrant délit d’incompétence doublé d’une ingérence… et ça c’est grave, c’est énervant, ça laisse un arrière goût d’injustice… c’est révoltant !

Le pire, c’est que ceci ne semble pas choquer grand monde. La politique en France aujourd’hui se résume à des courbettes devant l’hyper présidence. Mon grand père qui était député doit se retourner dans sa tombe. Le libre arbitre et le courage ne sont pas des valeurs dont la majorité de nos parlementaires peuvent se targuer. Ajoutez à ceci un muselage dans les règles de l’opposition et vous obtenez une République de la honte dont les valeurs sont devenues des produits d’exportation.

Heureusement, nous n’avons pas à avoir honte de tous nos parlementaires, il y a encore un soupçon d’espoir, et à ce titre je tenais à saluer le courage politique de Laure de la Raudière (UMP) qui fait un travail de fond assez impressionnant sur les questions du numérique qu’elle maitrise parfaitement (une ressource rare dans l’hémicycle), et qui a dernièrement eu le courage de proposer, contre l’avis de sa majorité, deux amendements, dont un de suppression, concernant les nouvelles dispositions sur le statut de Jeune Entreprise Innovante.

L’assemblée casse le statut Jeune Entreprise Innovante

envoyé par sauvonslesjei. – L’info internationale vidéo.