Qu’est ce qu’Internet a à perdre du remaniement ministériel ?

remaniement ministériel
Remaniement ministériel in progress

Selon toute vraissemblance, nous devrions connaître dans les prochaines heures, ce dimanche, la composition du nouveau gouvernement. Le site officiel affiche d’ailleurs en ce moment une page de maintenance avec un message annonçant la démission du gouvernement.

Démission du Gouvernement

Le samedi 13 novembre 2010
En application de l’article 8 de la Constitution, M. François Fillon a présenté au président de la République la démission du gouvernement.
Le président de la République a accepté cette démission et a ainsi mis fin aux fonctions de M. François Fillon.
Source : communiqué de l’Elysée

Ce remaniement pourrait bien changer pas mal de choses pour notre « Internet français »… et pas qu’en bien. Il y a un sérieux risque que le Secrétariat d’État à l’Économie Numérique passe dans les mains de son ministère de tutelle, celui des finances et de l’industrie.

En passant sous la responsabilité directe du ministère des finances et de l’industrie, à cette période charnière où la transposition dans le droit français du paquet Télécom (par décret) pourrait bien sceller la petite mort de la neutralité du Net, on assiste à l’abandon d’un trésor culturel aux mains des lobbys industriels,  qui ont tous un intérêt à venir à bout des fondemmentaux qui ont permis à l’Internet de devenir ce qu’il est aujourd’hui.

Neutralité, ouverture et partage, 3 notions fondatrices, complètement antinomiques avec une gouvernance de Bercy. En clair, ça sent salement l’erreur de casting. Non pas que Christian Estrosi qui devrait être reconduit à son ministère soit incompétent en la matière mais j’ai un sérieux doute sur la capacité de Bercy à prendre l’Internet pour autre chose qu’un temple de la consommation qu’il faut impérativement réguler afin que les industriels le façonnent à l’image de ce qu’ils ont à vendre. Ce sentiment est évidemment renforcé par les conclusions de la consultation sur la neutralité où Bercy, tirant les ficelles, a accouché d’une copie conforme des positions d’Orange et SFR, deux fournisseurs d’accès qui réfutent jusqu’à la notion même de neutralité en plaidant pour un « Internet ouvert », et plsu discrètement, de l’une des entreprises qui a économiquent intérêt au filtrage du Net, Alcatel… un pléonasme s’inscrivant dans une stratégie d’enfumage qui masque mal que ces deux FAI sont avant tout des éditeurs de contenus. Ce mélange des genre a bien évidemment la bénédiction de Bercy, et là dessus croyez moi sur parole, le Net a tout à y perdre.

Abandonner Internet à des gens qui ont tout intérêt à le transformer en minitel, voilà ce que nous risquons.

Quand on connait le zèle de Christian Estrosi sur les questions sécuritaires et répressives tout ça est particulièrement préoccupant, rappellons que le ministre par ailleurs maire de Nice a récemment inventé la « vidéoprune », un usage détourné de la vidéo « protection » qui montre bien l’hypocrisie du terme et surtout la dangerosité de voir une justice automatisée se mettre en place. Vous n’avez surement pas manqué de noter que l’argument roi pour toute atteinte à la neutralité des réseaux (ou à la liberté en général), c’est la sécurité. Pas la sécurité comme je peux l’entendre moi ou vous les geeks qui lisez ces lignes, mais la sécurité autoritaire et répressive visant directement à amputer le Net de fonctions, de contenus, de services, de protocoles…

Autre sujet bouillant qui passerait sous la responsabilité de Bercy, la loi d’orientation et de programmation pour la sécurité intérieure (ou LOPPSI 2) qui semble avoir été mise en standby en attente de ce remaniement. Là encore, si Christian Estrosi est maintenu, nul doute qu’il s’appliquera à faire passer les mesures les plus contestables (celles que l’on trouve dans l’article 4 du projet de loi) relatives au filtrage.

Internet mérite mieux que Bercy, Internet mérite son propre ministère, c’est là la seule manière de lui assurer des perspectives d’évolutions cohérentes.

19 réponses sur “Qu’est ce qu’Internet a à perdre du remaniement ministériel ?”

  1. Ça fait peur…

    Tiens d’ailleurs maintenant que j’y pense, provoquer la peur à des fins politiques, n’est-ce pas une définition du terrorisme?
    On a un gouvernement à la pointe de la pointe dans ce domaine.

  2. Jusqu’a present, il y avait une secretaire d’etat aux questions numeriques, qui semble plutot limite dans son champ d’action, et qui essaye tant bien que mal de faire valoir sa position avec le droit a l’oubli… Le risque c’est que cette situation sans etre avantageuse ou reconfortante soit supprimer pour avec un ministre de tutelle (l’industrie).
    Or meme les ministres n’ont pas exactement le champ libre dans la situation de gouvernance actuelle, donc meme si la surprise d’un ministere a l’economie numerique devait apparaitre, il est fort a parier que le mode de gourvernance ai les meme consequence qu’auparavant, et une limite du champ d’action de ce ministere.

  3. .. d’accès qui réfutent jusqu’à la notion même de neutralité en plaidant pour un « Internet ouvert », et plsu discrètement,…

    petite faute de frappe à plus

  4. Boarf, le gouvernement francais est acteur de la chute inexorable de la France « leader » dans les domaines les plus variés. Social, Economie, Internet, Recherche (a non, ca on a toujours été des brèles pas foutu d’encourager les chercheurs qui du coup partent à l’étranger, et ils ont raison) …
    Reste à voir si ca sera fatal avant les prochaines élections et si les politiques d’un bord comme de l’autre sauront tirer quelques conclusions qui iront plus loin que la prochaine campagne présidentielle …

  5. Quand tu écris : « Internet mérite son propre ministère, c’est là la seule manière de lui assurer des perspectives d’évolutions cohérentes. »

    Internet n’a pas besoin d’un ministère tu marches sur la tête ou quoi ?! Stop à la création d’administrations inutiles. Commmençons par optimiser notre Etat. La France et ses concitoyens s’en porteront beaucoup mieux.

    Internet a besoin de dirigeants politiques qui écoutent les professionnels de l’Internet et la société civile. Point barre.

    Internet a surtout pas besoin de collectivisme mais qu’on lui foute la paix surtout. Pourquoi justement Internet depuis qu’il a été libéralisé aux débuts des années 90 a déferlé avec le succès qu’on lui connaît partout dans le monde ? Parce qu’Internet est libre !

    L’enjeu c’est la liberté.

    1. L’Internet dans les mains d’Estrosi et la liberté sont deux choses totalement incompatible pour moi.
      La disparition du secrétariat à l’économie numérique veut dire que l’internet n’a plus de représentation politique.

    2. « Internet a besoin de dirigeants politiques qui écoutent les professionnels de l’Internet et la société civile. Point barre. »

      C’est pas déjà ce qu’on a, des politiques qui écoutent Orange et SFR ?

    1. D’une situation de puissance mondiale, on est passé à celui de bouffon mondial, et je ne doute pas que d’ici 2 ans, on passe au rang de Pantin mondial, en tout cas, ce n’est pas faute d’essayer de la part de notre Grand homme national.

      Je me souviens d’un temps où, grâce à Free on était parmi les leader du Net en taux de pénétration etc… aujourd’hui, sur le plan de la vitesse moyenne, on est en milieu de tableau et même la Belgique avec son « vieux » système de quotas nous largue en matière de débits…

      C’est comme avec le Minitel : on innove, on a de bonnes idées, mais dès que ça marche un peu, on s’y encroûte et les autres repassent devant.

  6. NKM n’était là que pour tenter d’amadouer les « jeunes acteurs de L’internet » : ce n’était qu’une apparence, NKM n’a rien fait contre HADOPI LOPPSI ACTA etc. Si Internet est rattaché à Bercy ce sera juste la fin d’un leurre… pour une politique inchangée.

  7. « ces deux FAI sont avant tout des éditeurs de contenus »et

    Belle contradiction faites ici.

    Soit disant passant, le groupe Orange, malgré une politique de diversification des activités entamée il y a quelques années tant à retourner aux sources que sont les réseaux et les services, la production de contenu n’est d’ailleurs pas vraiment supportée pas l’actuel DG.

    Cdt,

      1. Le fait qu’il y ai une directrice chargée de la communication (surtout) et des contenus (dans un second temps) ne veut pas pour autant dire que la politique mise en place ne tant pas à minimiser la production de contenus.

        J’en veux pour exemple (entre autre) la décision de se séparer de diverses chaines produites par Orange.

      2. Et ça change quoi une déclaration d’intention « sur le papier » au Fait qu’Orange a tout intérêt à mettre en avant ses contenus plutôt que ceux de SFR/vivendi/universal ?

  8. pas mieux que Pierre Col , qui a très bien résumé la situation comme son contexte.

    Et pourtant j’étais de ceux qui ont cru avec espoir que nkm serait la digne représentante d’une génération nouvelle entrant dans un siècle nouveau, avec ce que cela nécessite d’engagement responsable et compétent ( peut importe le parti politique d’ailleurs)

    Un beau gâchis, mais une bonne leçon publique.

    Depuis lors on a quand même vu certaines personnes ( là encore peu importe le bord politique )qui s’intéressaient et maitrisaient le sujet , dans un style nettement moins courtisan et plus en phase avec la responsabilité historique.

    Ceci dit les deux années qui restent vont être longues, très longues… et il n’y a même pas l espoir au bout du tunnel que le camp d’en face propose quelque chose de moins inepte , vu le niveau général…

    Nous verrons bien.

  9. « on assiste à l’abandon d’un trésor culturel aux mains des lobbys industriels  »

    C’est pas faux mais peut on vraiment croire qu’avec la démocratisation d’internet celui ci serait resté de toute façon un média à dominante culturelle ?
    J’en doute.

    « Neutralité, ouverture et partage, 3 notions fondatrices, complètement antinomiques avec une gouvernance de Bercy  »

    Et je rajouterais même 3 notions antinomiques avec tout secteur qui brasse un peu trop de pognon.

    Et malheureusement le net va devenir tout cela.

  10. Internet après tout n’est qu’une transposition dans un nouveau contexte de notre vie, notre culture, notre histoire, et on y fait les même erreurs… Bon Là en terme d’histoire, on va entrer dans le moyen age, C’est malheureusement, je le crains une étape obligatoire; vivement la renaissance!

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