On se calme ! L’idée ne vient pas d’un député français mais de sénateurs américains (… ah! Vous non plus ça ne vous rassure pas ?). En plus elle n’est pas vraiment nouvelle. Mais n’empêche quand on y pense, ça peut faire un peu peur.
On sait qu’Internet est au coeur de tous les systèmes d’information des entreprises, des administrations, des forces armées… cet état de fait rend vulnérable une nation à des attaques encore rares mais bien réelles, comme on a pu le voir avec la Georgie ou l’Estonie. Le Sénat américain propose donc que le président puisse avoir le loisir d’éteindre une partie du Net en cas d’attaque .. ou de diffusion d’une information pouvant mettre en danger la Nation. Typiquement la diffusion d’informations financières érronées destinées à faire plonger un cours de bourse en vue d’une OPA, ou, et là c’est plus sérieux, des informations classées défense.
« nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre un cyber 11 septembre avant que notre gouvernement réalise l’importance de protéger nos ressources informatiques » (Susan M. Collins)
Le projet de loi est principalement porté par le sénateur Joe Lieberman qui le décrit comme un ensemble de mesures visant « à préserver les réseaux actifs et de notre pays et de protéger notre peuple ». C’est un discours qui nous est assez familier en Europe, car la censure, c’est bien connu, c’est toujours pour « vous protéger ». TechAmerica s’inquiète de dérives possibles et d’un risque de contrôle absolu de l’État sur le Net qui s’octroi par exemple le pouvoir « d’arrêter ou de limiter le trafic Internet sur les systèmes privés ».
Concrètement, le président disposerait du droit de contrôler l’Internet… un terme qui revient de plus en plus sur la table et qui passera probablement les frontières dans peu de temps. Contrôler un flux d’information est fort complexe, la meilleure solution reste donc celle du blackout pur et simple et c’est bien ce qu’envisage le Sénat américain. Le projet implique que toutes les entreprises, les moteurs de recherche, les réseaux sociaux, les sites d’information… devront se plier aux directives du DHS (Department of Homeland Security) qui prend la menace Internet de plus en plus au sérieux.
Rappelons que contrairement à la stratégie politique qui se dessine en France, les fournisseurs d’accès américains n’ont aucun droit d’exercer une surveillance des citoyens américains.
Cette proposition intervient dans un contexte international assez tendu pour les USA qui traquent activement le fondateur de Wikileak, Julian Assange et l’arrestation de Bradley Manning qui est soupçonné d’être la source du plus gros buzz de Wikileaks, une video assez horrible que je n’ai pas vraiment envie de diffuser ici. Filmée à Bagdad au coeur des affrontements depuis un hélicoptère de l’armée américaine, on peut y voir groupe de personnes (en fait un journaliste et des civils … même deux enfants) sur lequel l’hélicoptère ouvre le feu. C’est un carnage. Wikileaks assure le teasing d’une prochaine vidéo à venir et les autorités américaines sont sur les dents car cette histoire plonge l’administration dans un sérieux embarras, on peut les comprendre.
Si cette loi venait à passer aux USA, nous aurions donc de fortes chances d’hériter dans nos contrées de projets de loi similaires (même si elle ne passe pas d’ailleurs), la grande inconnue maintenant est la définition exacte du périmètre de la main mise des États sur le Net.
Je viens d’apprendre à l’instant via Le Point que Brice Hortefeux aurait déclaré à l’hebdomadaire, que la LOPPSI, loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure, qu’on nous annonçait repoussée aux calendes grecques (pour une soit disant surcharge de travail) serait finalement présentée dés mercredi en commission au Sénat (et hop la surcharge de travail n’est plus qu’un mauvais souvenir). Ca se passera donc le mercredi 2 juin au Sénat salle 216 comme on peut le voir ici, la commission examinera le rapport de Jean-Patrick Courtois :
« – Examen du rapport de M. Jean-Patrick Courtois et du texte proposé par la commission pour le projet de loi n° 292 (2009-2010), adopté par l’Assemblée nationale, d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure. »
Et devinez quoi ….
« Le délai limite pour le dépôt des amendements auprès du secrétariat de la commission ([email protected]) est fixé au lundi 31 mai 2010 à 12 heures. »
On se demande donc tout de suite pourquoi cet empressement alors que notre pays glisse doucement vers une crise sociale profonde … et peut être même … une récession. Et comme par hasard, d’un coup LOPSSI devient une priorité. D’un côté, mieux vaut que les lois répressives soient votées avant l’annonce d’un plan d’austérité pour calmer la populasse me direz vous.
Pas encore de calendrier plus précis sur la navette parlementaire mais ceci ne laisse rien augurer de très bon car cette précipitation intervient dans un contexte assez particulier, rappelons que le 1er juin c’est le rapport Gallo qui sera mis au vote à la JURI du Parlement européen .
La date du Mercredi 2 juin est peut être sans rapport avec ACTA, mais cette empressement soudain ne présage rien de bon, ca sent le passage en force. Il y a aussi ces rumeurs de remaniement ministériel qui peuvent entrer en compte. Entamer l’examen d’un texte foutoir où tout y côtoie n’importe quoi à la veille d’un remaniement n’est peut être pas non plus anodin.
On sait d’où viennent les ordres, reste maintenant à découvrir la stratégie qui sera employée pour faire passer la pilule de l’inacceptable.
Brice Hortefeux le promet « Il y aura autant de lois, de décrets, de textes, de plans d’action qui seront nécessaires pour y faire face » … et plus encore si affinités.
Peut être vous souvenez-vous, il y a quelques mois, des questions que je me posais sur le rôle de Nathalie Kosciusko-Morizet au sein de son secrétariat d’Etat à l’économie numérique, c’était certes un peu violent, mais l’histoire me donne raison et c’est loin de me faire plaisir. La conjoncture actuelle m’invite à revenir sur le bilan de NKM (ca va être rapide) et sur le devenir de son secrétariat d’Etat qu’elle chercherait actuellement à quitter, et ça aussi on va tenter de comprendre pourquoi.
Commençons par le bilan : craintes confirmées, NKM a brillé par son absence systématique de tous les débats sur lesquels les internautes attendaient de sa part des propositions concrètes pour endiguer les ardeurs d’une frange minoritaire du Parlement qui compte mettre Internet sous le coup de lois martiales comme HADOPI ou LOPPSI. NKM a également été totalement absente sur le déploiement du très haut débit ou sur les débats sur le registre général d’interopérabilité (RGI) qui visait entre autres à standardiser les formats ouverts d’Open Office pour les administrations dans le cadre du plan de modernisation de l’Etat… là encore … rien… Côté ACTA, c’est encore pire, pas un mot, mais là me direz vous c’est normal puis que c’est plutôt du côté de l’Union européenne que ça se passe… Oui enfin n’empêche que Mme Gallo fait bien partie de la même majorité que NKM et c’est bien elle qui defend bec et ongle la ligne la plus dure de l’ACTA, elle est donc bien placée pour aller expliquer que la dictature du copyright sur Internet c’est le meilleur moyen de le tuer.
Conclusion sur ce bilan : NKM a échoué sur LE point qui pourri l’internet, LE seul qu’on lui demandait de régler, celui qui est la cause de la riposte graduée, de la politique stupide de repression coûteuse et n’apportant strictement rien aux artistes, cette même politique qui instaure le filtrage et le blocage des sites … un échec total … sur toute la ligne. NKM n’aura pas pu éviter que le gouvernement s’oriente vers une société de surveillance et de répression.
NKM nous aura laissé un Net à feu et à sang en nous baladant avec sa risible consultation sur le droit à l’oubli numérique et ses conclusions sur la Net Neutrality au colloque de l’ARCEP qui invitent tout simplement au DPI, le deep packet inspection, la forme de filtrage la plus odieuse, intrusive et irrespectueuse de la vie privée (le coup de l’octet légal, désolé mais je le digère toujours pas), chose qu’elle se défendait d’envisager. Oui je suis déçu et c’est peu de le dire. Surtout qu’on l’a senti venir de loin.
Les 4,5 milliards qu’elle a récupéré sur le grand emprunt pour le Numérique sont son seul fait d’arme… mais dés qu’on regarde d’un peu plus près, on se rend compte que d’une part avec la crise, il y a des chances que ce budget soit revu à la baisse, et que de toutes manières, ils représentent 15% du montant qu’il faudrait pour déployer la fibre optique.
Du coup, c’est sur Hack45 qu’un bon coup de pied dans le cocotier a été donné initialement. On y découvre 3 hypothèses sur le devenir du secrétariat d’Etat à l’économie Numérique … et ça fait froid dans le dos :
Hypthèse 1 (on peut toujours rêver) : il va se transformer en ministère du numérique, dans lequel le Ministre sera saisi des dossiers que Nicolas Sarkozy a pris l’habitude de faire voter sous la menace (Comme HADOPI ou LOPPSI) à un mariais de godillots, en leur demandant de voter aveuglément un texte d’une inconsistance et d’une stupidité rare. On imagine alors une république parfaite, dans laquelle les responsables politiques s’impliquent dans le mandat qui leur a été confié… et font leur travail correctement car on leur en donne les moyens.
Hypothèse 2 (la plus plausible) : on ne touche pas au secrétariat d’Etat et on trouve un autre pantin que l’on pourra agiter devant les Geeks, en gardant une bonne vielle habitude : celle de ne lui confier aucun des dossiers qui affairent pourtant directement à la fonction, en lui demandant en plus de se taire ! Bref on ne change rien du tout. Si cette solution venait à être choisie, il n’y a pas grand monde à droite pour assurer cette fonction … mon petit doigt me dit qu’ils sont en fait deux en liste et je ne vous citerai pour le moment qu’un seul nom, celui de Laure de la Raudière, député de la 3e circonscription d’Eure-et-Loir qu’on aurait vraiment aimé voir prendre part un peu plus aux débats sur lesquelles elle avait, comme les autres députés de la majorité présidentielle, consigne de voter aveuglément (et oui je parle bien d’HADOPI). Toujours est-il que s’il y a bien une personne capable de briguer ce poste ou celui évoqué au dessus dans l’hypothèse 1 … c’est bien elle. Mais dans le cadre de cette seconde hypothèse, j’y réfléchirai à deux fois à sa place. Soit elle assurera un rôle volontariste et impliqué parce qu’on lui en donne les moyens. Soit elle se retrouvera cantonnée à jouer la NKM 2 pour servir un peu plus la politique présidentielle susurrée par les lobby, ce qui serait indécent quand on connait la pertinence de Laure de la Raudière et sa compétence indiscutable sur les questions du numérique.
Hypothèse 3 : (très certainement la pire et malheureusement très plausible également) diluer ce secrétariat d’Etat à la faveur de deux ministères :
Le ministère de l’Industrie et l’expert Christian Estrosi (c’est un expert, à n’en pas douter : demandez aux niçois combien d’années d’avance ils ont sur cette niche très prisée des caméras numériques de flicage de la population … pardon, de « video-protection »)
Le ministère de la culture : si la présidence cherche un bon pantin bien inutile, avec assez de casseroles aux fesses pour être tenu en respect, et surtout ne disposant pas des connexions synaptiques nécessaires pour mener une réflexion et conduire des actions pour stimuler l’économie numérique, il est vrai que le ministère de la culture a déjà fait ses preuves, Nicolas Sarkozy n’aura aucun mal à imposer l’absurde pour servir d’autres cadeaux indécents à l’industrie du disque ou à placer l’internet français sous le coup de la censure du CSA (une idée initialement véhiculée par l’intarissable Frédéric Lefèbvre et qui continue à faire son chemin dans une certaine classe politique nostalgique de l’ORTF).
Si la nomination de Laure de la Raudière me réjouirait, c’est vrai qu’elle a de quoi s’inquiéter de la marge de manoeuvre que l’Elysée lui laissera, et comme je le disais en parlant de NKM, si c’est pour avoir la consigne de se taire systématiquement sur tous les dossiers chauds qui touchent au numérique, ce n’est même pas la peine d’accepter ce poste.
Si c’est la 3e hypothèse qui se confirme, il y a de grandes chances pour que la situation dégénère, tant du côté des internautes que des professionnels qui n’accepteraient pas de se trouver sous la houlette technocrate et parfaitement e-gnarde du ministère de l’Industrie, ou sous la coupe non moins e-gnarde de celle du Ministère de la culture.
Les rumeurs font état d’une volonté de NKM de quitter ce poste. Il faut dire que l’Elysée ne l’a pas gâté en envoyant au front une Christine Albanel en perdition dans un hémicycle où elle a été raillée tant de ses confrères que des internautes. Nkm, elle, avait consigne de se taire, et parfois c’est intenable. je demeure convaincu que c’est une femme très compétente et je lui souhaite d’exprimer ses talents à un poste où elle en aura le droit… malgré ma lourde déception.
En attendant de savoir qui sera nommé ministre du minitel … ACTA la Vista NKM.
Je viens de tomber sur la vidéo du NouvelObs de la descente de la ligue ODEBI et Wawa-Mania à l’ALPA (Association de Lutte Contre la Piraterie Audiovisuelle), je vais encore me faires des copains, ce billet risque de vous surprendre de ma part, mais voilà ce que j’en pense : c’est un chef d’oeuvre de désinformation partisane qui discrédite au plus haut point les travaux accomplis de manière citoyenne par les anti HADOPI.
Zac, l’administrateur de Wawa Mania, accompagné d’une poignée de personnes de la Ligue ODEBI, rebaptisée pour l’occasion en ATILD (Association pour le téléchargement sur Internet et la Libre Diffusion) investi les locaux de l’ALPA. Aurelien Bloch est présenté comme le leader de l’ATILD, c’est également une personne très investie dans les actions et même le « cercle » de la ligue ODEBI.
Comprenons nous bien, je ne défend pas un instant l’ALPA qui reste à mes yeux un organisme parasite qui n’a pas sa place dans une société du 21e siècle qui souhaiterait vraiment que les artistes vivent de leur art. Ou plutôt si, elle a sa place, pour tomber sur le râble de personnes comme Zac, et je vais ici vous expliquer pourquoi.
Mais d’abord, voici la vidéo en question :
On se replace dans le contexte
Wawa-Mania est principalement articulé autour d’un forum sur lequel Zac diffuse des liens de téléchargement d’oeuvres copyrightées. Petite subtilité qu’il omet de préciser dans la vidéo du NouvelObs, Zac truffe de publicité l’accès à ses liens, ce qui couplé à un trafic important (on parle de 500 000 membres sur le forum), lui apporte de substantiels revenus. Dans une interview qu’il accordait à France 2, la police le soupçonne d’encaisser 4000 euros par mois ! Je serai même curieux de savoir ce qu’il a reversé au fisc. Tout ça en diffusant des matériaux qui ne lui appartiennent pas. Si ces oeuvres étaient matérialisées, on appellerait ça du recel, purement et simplement. Le plus dingue, c’est qu’il raconte ça avec un grand sourire devant les cameras en se faisant passer pour un Robin des Bois… mais qu’a t-il reversé aux artistes dont il a allègrement exploité commercialement les oeuvres ?
Voici la vidéo du reportage de Envoyé Spécial dans lequel Zac fanfaronne devant les caméras en disant qu’il ne risque rien puisque son serveur est au Pays-Bas … à mourir de rire. Quelques mois plus tard, c’est bien un an de prison en détention provisoire qu’il risque, et du coup il fait moins le malin.
En ce qui me concerne, Zac est un usurpateur, et représente ce qui existe de pire pour les personnes qui défendent la licence globale ou des alternatives à la repression stupide et aux croisades du copyright. Je suis simplement consterné de voir que Ligue Odebi se compromette dans ce genre d’affaire qui n’a plus rien à voir avec le téléchargement par un particulier dans un cadre strictement privé. La ligue ODEBI soutien ouvertement ici un voleur … ni plus ni moins, si elle souhaitait jeter le discrédit sur tout le travail accomplis jusque là … c’est gagné. Soutenir Wawa-Mania c’est soutenir un échange bien commercial et non le partage !
Non Zac n’est pas emblématique de la lutte contre la répression numérique, il n’y a même pas sa place, sa place pour le moment c’est dans le box des accusés pour des faits d’enrichissement personnel sur le dos des artistes … de la vraie piraterie au sens Litrée du terme, je cite « celui qui s’enrichi aux dépends d’autrui« . Je n’ai aucune sympathie pour lui, et je condamne vivement aussi bien ses pratiques que la démagogie de la Ligue ODEBI sur ce point précis.
Je confesse volontiers que j’ai mis un peu de temps à venir mettre une petite quiche sur le coin du crâne du Sénateur Masson suite à son délirium sur l’anonymat des blogueurs hexagonaux. Comme beaucoup, au début, je me suis dit « tien, en voila encore un qui cherche des nouveaux followers sur Twitter et des copains à superpoker sur Facebook » (c’est gagné, il a réussi à faire parler de lui dans le monde entier, et comme à chaque fois en matière d’Internet, on passe pour des cons)… mais le mal était plus profond. De mal remonte à des temps que nombre d’entre nous n’ont pas connu … je dépoussière mon bouquin d’histoire et je remonte en des temps immémoriaux, en cette France paradisiaque d’après guerre, en pleine reconstruction, avec à sa tête un président … enfin un général volontariste et charismatique, à cette époque ou on ne passait pas 45 minutes à regarder le programme télévision … il n’y avait qu’une seule chaîne, l’ORTF … raaah la la ! Que c’était bien ce temps là ! Au moins quand on était à l’ORTF on ne risquait pas de se faire apostropher publiquement par une personne du « peuple ». Bon ok, les mauvais esprits ne manqueront pas de demander « comment on appelle un pays dirigé par un militaire et qui n’a qu’une seule chaine de télévision ?« . Mais maintenant avec son Internet « tout pourri » le peuple peut apostropher les hautes sphères publiquement et se faire « retweeter » tout en balançant des vidéos sur Youtube avec son téléphone portable… comme si l’ORTF donnait la parole aux citoyens entre deux interventions du général.
Les castes 2.0
Ce sont ces temps que certains députés et maintenant sénateurs semblent regretter. Car figurez vous que sous couvert d’anonymat, ces satanés blogueurs, qui comme le rappelle fort justement Murielle Marlan Militello, ne sont pas des citoyens, se permettent des familiarités avec une classe politique toujours irréprochable. Parmi les dangereux fauteurs de troubles, on se souviendra par exemple cette mère de famille, anonyme elle aussi, convoquée au commissariat de police pour avoir osé écrire en commentaire d’une vidéo sur un réseau social une injure de gros calibre à l’encontre de Nadine Morano, attention âmes sensibles ne lisez pas ce qui va suivre : « hou la menteuse« . Je sais pas si vous me suivez jusque là, mais je viens de dire « anonyme » et juste après, « convoquée au commissariat » … mais on va y revenir. Une telle preuve d’irrespect envers les plus hautes fonctions de la République est intolérable, vous le comprendrez bien, ça mérite au moins d’aller jusqu’au tribunal. Quand un président dit « casses toi pauvre con » à un citoyen lambda, c’est bien fait pour la tronche du citoyen qui n’avait qu’à pas être un « lambda ». Par contre quand un lambda s’en prend à la caste d’anciens combattants de la guerre 3615, il faut … légiférer ! Quitte à écrire un monceau de conneries comme pour HADOPI, … il faut légiférer… comme s’il n’y avait en ce moment pas de sujets plus importants à traiter. Vous voyez si j’avais l’esprit tordu, je dirais que Monsieur Masson a reçu l’ordre de balancer son projet de loi pour faire diversion… tant que les blogs restent loin de la crise économique et de la pré campagne de notre présipaute, tout va bien.
Le sénateur Masson et Jacques Myard ont le « même prof d’Internet ».
Et oui sauf que notre mère de famille qui a eu l’outrecuidance d’injurier Nadine Morano avec un si vulgaire « hou la menteuse » se croyait anonyme elle aussi. Jusqu’à ce que Nadine Morano ne décide (sûrement aux frais de la République d’ailleurs, mais à vérifier) de savoir qui se cachait derrière ce pseudo. Dans ces cas là, on commence par consulter un avocat, qui fait une belle lettre à Youtube, Youtube vous envoi sur les roses car tant qu’il n’y a pas une demande formalisée par un juge, il se fout complètement de vos demandes. On obtient donc ce qu’il faut au bout de quelques jours et quelques milliers d’euros et hop Youtube se décide enfin à vous filer l’adresse ip de l’auteur de cet abjecte commentaire « hou la menteuse »… mais l’enjeu en valait bien la chandelle non ? Il ne nous reste maintenant plus qu’à aller voir le fournisseur d’accès Internet pour lui demander quel était la personne qui se cachait derrière telle adresse ip à telle heure…. « You don’t mess with Nadine ! ». Quelques milliers d’euros pour un « hou la menteuse », la République pouvait bien se l’offrir, après tout Nadine Morano « le vaut bien ».
Notre Sénateur Masson, vous venez de le constater, fait une première erreur très « basique ». Non en France, les internautes ne sont pas réellement anonymes, il sont identifié par une adresse IP (puisque la HADOPI vous dit que c’est un élément fiable d’identité et que vous avez voté pour, vous devriez lui faire confiance monsieur le Sénateur), voir un. Cet anonymat relatif qui est ici la règle est une bonne chose car il représente un point d’équilibre entre liberté d’expression et efficacité d’une enquête judiciaire. Mettre fin à l’anonymat tout relatif des blogueurs c’est aussi le meilleur moyen de mettre en faillite tous les hébergeurs français et de rendre sourds et aveugles tous les services de renseignement (et oui, on va s’amuser quand il va falloir reconnaitre un flux toréfié de /bin/laden entre les flux torréfiés de khorben, de ReadWriteWeb, du blog de Morandini (ah non pas lui il parait que c’est un professionnel donc il a pas le droit à l’anonymat), du blog de l’amicale philatéliste Saint-Albanaise…).
L’anonymat et les fantasmes d’une classe politique au bord de la crise de nerf
L’anonymat c’est un peu comme les frites Mc Cain c’est toujours ceux qui en savent le moins qui parlent le plus. On cherche donc des manières un peu smart pour calmer les ardeurs des blogueurs dissidents. c’est exactement le rôle de ce texte crétin sur le droit à l’oubli (on attend un texte sur le devoir d’être moins cons quand on est devant le Net), qui va permettre à nos hautes castes 2.0 de virer les casseroles affichées sur leur page Wikipedia. La fin de l’anonymat des blogs c’est un peu pareil, sur le papier on va vous le présenter comme un « droit » pour vous « protéger », en pratique, seuls les entreprises et les puissants de ce monde pourront se payer un avocat pour broyer un petit blog pour une broutille.
En clair, il faut vraiment que les politiques se trouvent dans une épouvantable détresse pour accoucher de ce type de dangereuses absurdités. La fin de l’anonymat sur Internet, c’est la fin de 80% de ses contributions… enfin en France car un proxy ou un vpn, un hébergement gratuit à l’étranger … et hop le blogueur redevient anonyme en quelques secondes.
Si un tel projet de loi voit le jour en France, je vous fait la promesse de tuer ce blog pour en ouvrir un autre quelque part, dans une ile du Pacifique, où quelques une de mes machines seront ravies d’accueillir les blogs de tous mes copains (à la louche comme ça je dois avoir assez de place pour un bon millier de copains qui refuseront de se plier à cette absurdité). Si ce truc arrive dans l’hémicycle, ce blog tel que vous le connaissez disparaitra de la toile hexagonale et réapparaitra sous un autre nom, de manière anonyme cette fois, et il distribuera les baffes que je me retiens chaque jour de distribuer depuis plusieurs années.
Cette nuit, je fais grève du sommeil, de toutes façons, si je dors je vais faire des cauchemars. Il s’est passé des choses pas très « Net » ce soir dans le 14e arrondissement de Paris et vous en saurez plus demain matin en scrutant PCInpact. Oui je sais ce billet est plein … de vide, c’est peut-être le billet le plus court de ce blog, mais vous sentez peut-être la colère qui est en train de monter en moi.
Voilà … je ne vous en dit pas plus pour le moment … douche froide collective prévue pour demain matin très tôt sur PCInpact, gueule de bois garantie.
J’espère que vous me pardonnerez ce titre volontairement racoleur, vous ne trouverez pas de scoop ou de nouveau code d’exploitation dans ce billet, juste un point de vue dont je ne cacherai pas les orientations viscéralement anti HADOPI, mais vous allez voir je pense que ce rejet est motivé par des causes réelles et difficilement contestables, les faits sont là. Commençons par les mensonges qu’on nous a ressassé depuis quelques temps pour tenter de justifier l’injustifiable, c’est bien de les avoir en tête pour prendre la mesure de l’injustice provocant violence de ce qui nous attend si le gouvernement s’obstine dans cette voie :
1° Internet est la source de tous les maux
C’est le premier lieu commun (infirmé par de sérieuse études… très sérieuses même) sur lequel se fonde le texte de la loi HADOPI. Nous sommes donc face à un faux problème, la dégradation des revenus des foyers et le rapport entre le budget culture et l’apauvrissement des français est lui, totalement éludé depuis le début. D’ailleurs le gouvernement vous le dit et vous le répète, la crise économique n’existe plus depuis le grand emprunt, ayez confiance … et achetez nos cd.
2° La riposte graduée va faire augmenter les ventes de disques
Bêtise ou naiveté ? Non, n’en croyez rien, il ne s’agit que d’une étape, même Pascal Nègre, quand il affirme qu’HADOPI 2 multipliera par 4 les ventes de musique en ligne, sait très bien qu’il raconte des bétises pour amuser la presse, il ne s’agit là que d’une étape pour obtenir le cul de la crémière. Les signaux ont été nombreux, d’ailleurs la filière disque ne s’en cache même pas, elle négocie déjà :
Il n’y a pas pire sourd que celui qui a décidé de ne pas entendre. Sans parasitage avec l’utilisation d’un outil comme Seedfuck, on peut estimer à 30% de faux positifs les IP qui seront collectées par les sociétés mandatées par les ayants-droit. Les parlementaires ont souhaité fermer les yeux sur des réalités techniques, « parce que le chef l’a demandé » ou parce que « les voitures c’est pareil, elles ont des plaques d’immatriculation falsifiables et on a bien mis des radarts » (sauf qu’un automobiliste ne s’arrête pas à 100m d’un radart pour changer de plaque d’immatriculation comme peut le faire un internaute et qu’il n’est pas possible d’injecter des milliers de plaques d’immatriculation sur une autoroute) … quoi que comme le montre cette photo, certains se sont essayés à quelques hacks amusants :
4° Si on est contre HADOPI c’est qu’on est un voleur pédophile nazi violeur psychopathe qui met des bombes dans les médicaments au quatre coins du globe… ce qui représente en fait 5 gus dans un garage.
Désolé de vous la faire en mode condensé mais c’est à peu près la définition d’un internaute dans la tête d’une poignée de décideurs démocratiquement élus … ou d’autres se trouvant sur les bancs de l’Assemblée par concours de circonstances (qu’on n’oserait qualifier de calcul). Ces mêmes personnes omettent souvent de dire que de nombreux anti HADOPI ont aussi fait de réelles propositions de financement de la création, toutes rejetées pour la même raison : préserver les intérêts, l’opacité et surtout le train de vie scandaleux d’organismes parasites qui ont le toupet de prétexter que les artistes crèvent du téléchargement. Mais dans les faits, le téléchargement, c’est souvent comme les frittes Mc Cain, c’est ceux qui en parlent le plus qui le subissent le moins.
5° Internet met le droit d’auteur en péril
Quel meilleur argument pour terroriser les créateurs, même si ce dernier est juridiquement absurde ? Internet n’a à ma connaissance pas modifié le droit d’auteur imprescriptible et inaliénable dont un créateur peut jouir sur ses oeuvres. C’est bien sur l’exploitation de ses droits patrimoniaux (sur lesquels les organismes parasites n’hésitent pourtant pas à se goinfrer) qu’il est lésé. On ne parle pas donc de droit d’auteur mais de profit, il y a une petite nuance… trois fois rien. Et c’est justement parce que les organismes parasites se goinfrent sur les droits voisins et les droits patrimoniaux que ces derniers ont _TOUJOURS_ refusé une répartition transparente ou de _VRAIES_ solutions de financement de la création … c’est moche la peur de l’exclusion quand on tourne à 400 000 euros par an et quand s’offre presque deux fois mon propre salaire rien qu’en notes de frais). Le jour où tous les artistes se décideront à publier leur contrat sur un wiki et à les comparer, je peux vous assurer qu’on va se taper un sacré fou rire et que ça va en motiver quelques uns à changer de maison de disques ou de société d’auteur.
6° HADOPI va renflouer les caisses de l’Etat
Ne riez pas c’est un argument que j’ai pu lire ici. Aujourd’hui, tout porte à croire, comme nous l’avions prévu depuis fort longtemps, qu’HADOPI sera un gouffre pour le contribuable. Seedfuck vient enfoncer le clou (si ce n’est pas Seedfuck ce sera un autre), et obligera quoi qu’il arrive à mener de véritables enquêtes avant de couper une connexion sous peine de se retrouver devant un juge avec un dossier affligeant de ridicule.
7° Internet tue les artistes
Bon ça d’accord, Internet a bien tenté de tuer Johnny, mais il semblerait que la tentative ai échoué … ah non, c’était un hoax anticipatif. Si quelqu’un a plus d’informations sur un décès d’artiste provoqué par :
une lapidation à coup de modems,
un étranglement au câble ethernet,
un guillotinage par lecteur de DVD,
un AVC par déni de service…
ou toute autre technique de cyber criminel …je suis preneur.
8° L’Etat va jouer son rôle de nounou en vous apportant un logiciel de « sécurisation » ..
Oui enfin visiblement, c’est pas pour tout de suite vu que les spécifications n’ont même pas été rédigées (on ne sait pas ce que ce parasite fera sur vos machines, on sait juste qu’il ne fonctionnera que sur Windows… et merde, il va falloir que je m’en télécharge un pour le mettre dans une VM à moins que la HADOPI n’offre une licence pour toute installation de son mouchard). Il devient maintenant évident que l’HADOPI commencera ses vagues de spams alors que le logiciel de sécurisation reste de la science fiction. Et franchement, quelque part, tant mieux car quand on lit les explications de Franck Riester aux questions de PCInpact, on a de quoi avoir très peur. Il s’agira :
soit d’un trojan qui scannera sans vergogne toutes vos données personnelles sous prétexte de recherche d’un hash de torrent surveillé et communiquant en permanence avec des milices sur un modèle client/serveur bien opaque
soit d’un logiciel de contrôle parental politique … la Chine l’a bien fait ….communiquant en permanence avec le ministère de la police et qui filtrera sur liste pédophiles, terroristes, opposants politiques, grandes gueules (comme moi)
Si vous n’êtes pas prêts à accepter une caméra de vidéo surveillance dans votre salon directement connectée au ministère de la police, c’est que vous n’êtes pas non plus prêts à installer le logiciel de « sécurisation » de la HADOPI .
Sous les octets, la plage …
Allez on s’arrête là pour les causes du mal qui est en train de s’imprégner dans nos réseaux même si j’ai encore une bonne vingtaine de clichés absurdes sur la « flibuste » du Net dont nous pourrions nous délecter pendant des heures tellement la surenchère propagandiste du gouvernement et des lobbys qui lui ont, de notoriété maintenant publique, bourré le mou, a été savante sur le sujet.
Passons maintenant au cyber 68 qui nous attend grâce à tout ça.
Le premier effet Seedfuck est un engouement assez incompréhensible pour un proof of concept que l’on savait déjà de longue date faisable, et même déjà en pratique sur les trackers de the Pirate Bay. Incompréhensible ? Peut être pas tant que ça si on considère que l’adresse IP est, comme le désigne le premier décret d’application, le seul élément de preuve collecté pour confondre un internaute… ce qui est « léger », pour rester poli.
Des inexactitudes et des déformations à propos de Seedfuck
Seedfuck est illicite : ceci est une malencontreuse extrapolation pour ne pas dire une bêtise, vu que seul un juge est à même de définir si Seedfuck est légal ou non, pour qu’il soit rendu illégal, il faudrait que l’adresse IP soit reconnue comme un élément attestant de l’identité d’une personne ou qu’il porte une atteinte matérialisable sur des infrastructures.
Seedfuck permettra aux internautes de passer inaperçus sur les réseaux P2P : alors je ne sais pas qui a été le premier à sortir cette bêtise, mais elle a été allègrement reprise, jusqu’à se retrouver sur FRNOG qui ne m’avait pas habitué à relayer ce genre de non sens. Seedfuck ne vous anonymise en rien sur un réseau P2P.
Je n’ai de cesse de le répeter depuis le début, il porte sur 3 points essentiels pour que l’HADOPI puisse être applicable :
Le coût de la procédure : Seedfuck devrait faire exploser le coût d’une procédure que le législateur voulait complètement automatiser. Manque de chance, la nouvelle donne avec Seedfuck c’est qu’il va falloir faire des vérifications un poil plus poussées qu’il va devenir compliqué d’automatiser.
La légalité de la procédure : il existe en droit un principe de non incitation à commettre une infraction. Ça n’a l’air de rien dit comme ça, mais si on se place dans notre contexte avec l’existence de Seedfuck, ça veut dire que TMG ou les autres sociétés mandatées devront apporter une preuve plus solide que l’IP sans pour autant inciter l’internaute à télécharger l’oeuvre. Je vous invite à lire ce billet de Magicaltux qui donne une solution techniquement valide pour ne pas se laisser duper par Seedfuck … seul problème, comme le fait remarquer Max en commentaires, elle ne tient pas un instant la route devant un tribunal.
La pertinence de l’adresse IP comme preuve : c’est complètement crétin, tout le monde le sait, mais c’est tout ce que les brillants cerveaux qui ont conçu HADOPI et le mécanisme de riposte graduée ont trouvé pour confondre les internautes et sur ce seul et unique point Seedfuck a eu le mérite de réveiller un vent de protestation de tous horizons;
Seedfuck est un puissant outil parce qu’il :
Hack la loi,
Hack le porte-feuille,
Réveille les consciences.
I had a dream …
Vu la décontraction et la légèreté de Franck Riester quand on lui parle de Seedfuck, je me suis pris à rêver d’une nouvelle absurdité dont le gouvernement serait tout à fait capable : Et si la HADOPI ne surveillait en fait QUE le réseau Edonkey ?
Ce ne sont là que des soupçons naissants, aucun fait ne venant le confirmer, mais aucun fait ne venant non plus l’infirmer. Mais si tel était le cas … tout ce bruit pour surveiller emule alors que BitTorrent est la véritable autoroute du P2P aurait pour effet de provoquer chez moi un fou rire dont il me faudrait plusieurs jours pour me remettre… comme un constat d’échec, un avoeu d’impuissance … avant même d’envoyer les premiers mails.
L’obstination ministérielle dans la médiocrité et le mépris le plus total du travail parlementaire
Des questions de datant de MAI 2009 n’ont TOUJOURS pas été traitées par le gouvernement alors que la pratique parlementaire est de répondre dans les 2 mois (4 quand on est très patient)… là on entame bientôt la première année ! De nombreuses questions de parlementaires sont relatives au fait que l’adresse IP est considérée par la HADOPI et par les e-gnares qui l’ont voté comme le une preuve (anéfé) valable, susceptible de confondre un internaute … alors que devant huissier, l’UFC Que Choisir a pu constater le contraire ! Là on peut me dire ce qu’on veut mais ça confine à l’entêtement idiot, bête et méchant.
Il faut donc plus d’un an au ministre pour avouer que son prédécesseur a raconté n’importe quoi, un an aux godillots pour admettre qu’ils ont été bien mal inspirés de voter bêtement un texte auquel il n’ont rien compris et s’appuyant sur des études bidons commanditées par des moines copistes de DVD. Un an pour comprendre que ces mêmes moines copistes de DVD ne s’arrêteraient pas là et en demanderaient encore plus … et ça va faire 2 ans qu’on vous le claironne.
L’inéluctable escalade dans la bêtise et la violence
Et comme la suite est dramatiquement prévisible, nous allons nous orienter vers une HADOPI 3 qui tentera de brider comme elle le peut à coup de DPI, de BGP et autres idioties, pour lesquelles vous nous préparez habilement le terrain à coup de « quasi neutralité » ou de « droit d’accès à des contenus licites », comme le disait Nathalie Kosciusko-Morizet au colloque de l’ARCEP sur la Neutralité du Net, venant ansi introduire à demi mot le filtrage dynamique des contenus pour savoir si tel ou tel octet est légal ou pas (non mais franchement, vous rendez-vous seulement compte de l’énormité de ce propos?). Vous pensiez que ça passerait inaperçu ? L’escalade est donc inévitable, le chiffrement lourd va devenir une solution ordinaire, de nombreux outils vont voir le jour et à force de vouloir écouter tout le monde vous n’entendrez plus personnes … ni les internautes partageurs, ni les terroristes, ni les pédophiles … tout le monde utilisera ces outils car tout le monde prendra plaisir à se cacher, tout le monde aura envie de prendre le maquis.
Introduire la notion de « légalité » dans les tuyaux des FAI à qui on demande d’être neutres, c’est consacrer le chiffrement lourd, l’onion routing, les vpn chiffrés … tout ce à quoi le gouvernement veut faire la sourde oreille arguant que les techniques de contournement sont réservées aux seuls experts (#lol : t’as vu la tronche de l’expertise ?) et que les internautes promettent depuis deux ans. L’exemple des radarts sur les autoroutes ne prévoyait pas le coup des voitures en mode furtif avec de la peinture invisible ou les tunnels sous l’autoroute … c’est là encore une erreur de jugement de votre part sur laquelle on vous a pourtant mis le nez… que vous fallait il de plus ?
La suite logique : la criminalisation du chiffrement (« la Chine l’a bien fait » ® J.Myard)
Une fois que les réseau P2P classiques seront désertés, les utilisateurs se concentreront sur des techniques de chiffrement lourd, ce qui déplaira de fait aus ayants-droit. Qu’à cela ne tienne, interdisons l’usage cryptographique ou n’autorisons que ce qu’il est possible de casser sans trop d’effort. Si la Chine le fait après tout, pourquoi pas faire de même en France. Le chiffrement, après tout, c’est bien connu, il n’y a que les terroristes et les pédophiles qui l’utilisent…Allez, finit SSH pour administrer vos serveurs, il faudra vous faire une raison à utiliser FTP. Jacques Myard n’a de cesse de le dire, notre internet est tout pourri, il convient donc de le nettoyer :
HADOPI est injuste à bien des égards et si la justice comme nos institutions fonctionnent correctement, elle sera abrogée, purement et simplement. Si tout ceci ne fonctionne pas, c’est la Nature qui oeuvrera en poussant vers la retraite une poignée de tyrans dont les mensonges n’ont d’égal que leur peur bien perceptible de ce qu’ils ne comprennent pas.
J’écrivais sur ce même blog qu’HADOPI allait être le VietNam de Nicolas Sarkozy en faisant référence au fanstasme albanellien de « sur-référencement de l’offre légale » (offre légale qu’on attend toujours au passage… comme les artistes attendent d’ailleurs toujours une solution pour financer la création). Toute la presse, tous les spécialistes en arrivaient aux mêmes conclusions… Et c’est Lundi 3 Mai 2010 que nous saurons quand la guerrilla va réellement commencer.
Une interview de Michel Zumkeller a aujourd’hui été publiée sur 01Net. Le député a récemment demandé au ministre de la culture, de s’expliquer sur un problème laissé en suspend depuis bientôt un an qui est le risque important de voir de nombreux innocents accusés à tort par la HADOPI d’avoir illégalement téléchargé des oeuvres. Le journaliste de 01Net titille un peu Michel Zumkeller sur Seedfuck et j’abonde dans la démarche de Michel Zumkeller qui sans éluder la menace pose son regard sur le problème de fond sans plonger dans la psychose des vilains pirates, c’est franchement tout à son honneur.
Les faits à propos de Seedfuck:
Seedfuck est un proof of concept et non un logiciel hostile (ce que ces successeurs pourraient devenir).
Seedfuck n’est que l’apéritif, l’INRIA a par exemple validé la thèse des attaques par scan DHT pour confondre des utilisateur du P2P derriere le réseau TOR, à n’en pas douter, cette attaque se retournera contre les sociétés mandatées part les majors. Peu de temps avant la publication de cette étude, j’en parlais d’ailleurs dans ce billet.
Seedfuck n’est pas une arme technique mais une arme psychologique qui est là pour rappeler la faiblesse de la seule adresse IP comme preuve : ça c’est le premier problème majeur.
Seedfuck pourrait très vite faire grimper substantiellement la facture de la collecte des adresses ip que le gouvernement souhaitait complètement automatisée, « comme avec des radarts sur une autoroute », sans l’intervention d’un juge pour ceux qui n’ont pas la mémoire courte. On s’est donc orienté vers des ordonnances pénales, ce qui est une manière détournée d’évacuer le problème.
Mais il y a bien pire que Seedfuck…
Si on peut trouver une parade à un proof of concept, il y a un adage, chez nous qui dit la chose suivante : « There Is No Patch To Human Stupidity »… on ne patch pas la bêtise. J’y ajouterai que patcher l’ignorance a un cout financier social et humain que la HADOPI (donc le contribuable) risque de sentir passer avec ce qui va suivre.
Je vous en ai longuement parlé dans ce livre blanc. Il s’agit du WiFi, aujourd’hui présent dans toutes les box des founisseurs d’accès à Internet, livré par activé par défaut de manière non sécurisé chez certains fournisseurs d’accès (comme Numéricable).
Chaque année, depuis 5 ans maintenant, je me fais une session de wardriving. Il s’agit de recencer les réseaux WiFi et d’observer le chiffrement qu’ils utilisent. Cette année, les chiffres n’ont pas évolués, près de 60% des réseaux sans fil que j’ai relevé peuvent être pus ou moins facilement crackés. Le fichier de dump contenant les noms des réseaux et les adresses mac des points d’accès, je ne sais pas si j’ai le droit de les diffuser publiquement, toutefois si vous êtes journaliste et que votre demande est motivée par le besoin de vérifier mes propos dans un but d’information je vous invite à m’en faire la demande. En voici un court extrait (le fichier comporte plus de 2000 points d’accès recensés (non crackés, je précise) :
L’étape suivante, que je ne pratique pas car elle ne m’intéresse pas, c’est de géolocaliser ces réseaux, il suffit de brancher un GPS sur la machine qui réalise le wardriving (tout comme Google lui même le fait). Et vous devinez la suite ?
Imaginez une carte Google, qui serait mise à jour par des milliers d’internautes et qui recenserait des réseaux WiFi avec
leur position exacte,
leur SSID (nom de réseau)
leur clef WEP ou WPA qu’une personne aurait déja cracké
Les logiciels de sniffing WiFi incluent déjà tout ce qu’il faut pour cette pratique, comme l’export du dump pour Google Earth ou la visualisation géolocalisée des réseaux :
Enfin, WiFi ou pas WiFi, avec plus de 90% du parc informatique sous Windows (et plus de 40% dans des versions obsolètes, crackées ou pas à jour), le délit de négligence caractérisée devient une présomption de culpabilité et il n’est toujours pas proposé aux internautes une défense équitable ni un moyen de sécurisation absolu … car il n’existe pas. Dans ces conditions je ne m’étonne pas un instant de n’avoir encore vu passer la moindre bribe de spécification du logiciel de sécurisation de Christine Albanel et voté dans HADOPI 2 (le « Anéfé réjeté, gogogadjeto’firewallopenoffice« , ça marche à l’Assemblée Nationale, mais dans la vie réelle, c’est une autre paire de manches). C’est bien là toute l’absurdité de la loi HADOPI que nous dénonçons depuis le début.
Les récentes et consternantes déclarations de Franck Riester sont la pour nous rappeler qu’HADOPI est une guerre perdue d’avance car la loi elle même, comme les personnes qui l’ont rédigé, ne connaissent pas leurs ennemis ni leurs alliés.
HADOPI était sourde dans l’Hémicycle, elle est aujourd’hui aveugle.
Quand Franck Riester est questionné à propos de Seedfuck, sa réponse commence par le déni :
« C’est faux »
C’est marrant, tout le Net s’y attendait à celle là… mais pas de votre part. Alors Monsieur Riester, regardez bien ceci, faites le examiner par une personne qui sait de quoi ça cause, demandez lui à quoi correspondent les plages IP que vous y voyez … je vous assure que ce programme, ses variantes, et ce qui va inéluctablement en découler est bien réel. Je m’amuse de voir votre empressement à nier l’évidence alors que notre Ministre, en un an, n’a pas été fichu de répondre à la moindre question de parlementaires sur la validité de l’adresse IP comme élément de preuve à charge. Je trouve encore plus drôle de vous voir répondre aussi promptement à la presse sur un code que vous ne comprenez pas, après une année de bredouillements et d’enfumage sur les bancs de l’Assemblée pour défendre un texte que vous savez très bien, au fond de vous même, inapplicable et idiot.
« En plus, ces programmes complexifient le partage »
C’est un point de vue comme un autre mais c’est surtout celui d’une personne qui pense que controuner l’HADOPI est très compliqué et que le P2P est le seul moyen d’échange, je vous invite donc à lire la rubrique « contourner HADOPI pour les nuls » de ce même blog en suivant le tag HADOPIPROOF. Comprenez simplement que Seedfuck est une invitation à migrer vers des trackers privés, à étudier le fonctionnement de la surveillance des réseaux par TMG qui au passage emploie les mêmes méthodes « de hacker » que Seedfuck en spoofant (usurpant) les adresses IP d’internautes innocents. C’est écrit dans leur brevet !
« Moi, je lutte contre les hackers. »
C’est bien là tout le problème Monsieur Riester, vous luttez contre quelque chose que vous ne connaissez pas, que vous ne comprenez pas et dont vous ne connaissez pas la définition. Je vous invite à découvrir la signification de ce mot et à présenter vos excuses aux communautés de hackers, à savoir des amateurs, des bidouilleurs, des passionnés. Votre amalgame entre hacker et cybercriminel est une démonstration de plus, s’il en fallait que vous n’avez pas les compétences et la culture requise pour traiter ces dossiers.
« Internet ouvre de formidables possibilités. Mais il y a des limites. »
Vous les avez une fois de plus dépassé Monsieur Riester.
Le temps des godillots serait il définitivement révolu à l’UMP ? Laure de la Raudière, député UMP d’Eure-et-Loir et secrétaire nationale de l’UMP en charge des médias et du numérique est sortie des sentiers battus. Dans une interview accordée à ITespresso Laure de la Raudière, par ailleurs diplômée de l’Ecole Normale Supérieure et ingénieur en chef des télécommunications. Je vous propose de revenir sur les nombreux temps forts de cette interview (je remercie Niko au passage de me l’avoir signalé et ITespresso d’avoir débusqué Laure de la Raudière qui redonne un peu confiance en l’avenir).
Au sujet du positionnement politique de l’UMP à propos de la loi HADOPI :
Laure de la Raudière n’y va pas par 4 chemins, elle est clairement contre la solution qui a été apportée par le gouvernement au problème des pertes de revenus des industries de la culture.
« la loi a été conçue dans le domaine de la culture pour protéger la propriété intellectuelle (…)«
La riposte graduée : « l’avertissement que ce qu’ils font est illégale me parait intéressant, (…) en revanche la loi qu’on a voté avec la coupure d’internet ne me parait pas pertinent , je vous le dit assez honnêtement, moi je n’ai pas voté la loi » (…)
« elle ne résoud pas le problème du téléchargement illégal ».
« il ne faut pas légiférer trop vite ».
« ça ne sert à rien de se battre contre Internet ».
« il faut accompagner nos industries traditionnelles »
Un petit regret concernant l’offre légale dans ses propos, Laure de la Raudière parle de pertes de recettes sans toutefois, comme d’habitude, établir une corrélation cohérente entre le téléchargement et la perte de revenus des moines copistes de DVD (encore une fois, toutes les études tendent à dire le contraire, phénomène évidemment explicable par la crise économique et financière … et oui en temps de crise, on reporte ses achats sur des produits de première nécessité, il n’y a rien d’étonnant à voir les industries du divertissement plonger plus que les magasins Leader Price … allez donc savoir pourquoi…).
Au sujet de la Neutralité du Net, faut il légiférer ?
« La neutralité du Net n’est pas négociable« , mais le député souligne que si on laisse faire, ce sont les FAI qui vont imposer leur concept de Neutralité.
Au sujet de la taxe Google …
« taxer google je sais pas comment faire (…) tout le monde produit sur Internet »
Une « taxe Google » dit comme ça c’est complètement stupide, ça ne manque d’ailleurs pas de faire rire Laure de la Raudière autant que nous. Une récente longue discussion avec Alexandre Archambault (Iliad) me donne d’ailleurs l’envie de développer un peu ce sujet (je ferai ça dans un autre billet car la conversation a été très riche), mais Laure de la Raudière donne une piste intéressante dans laquelle des entités majeures de l’Internet, fortes consommatrices d’infrastructures pourraient participer au financement des réseaux en bonne intelligence (et sans légiférer, il y a moyen de faire déjà beaucoup de choses, en bonne intelligence). Le meilleur levier serait une volonté gouvernementale d’accueil de ces acteurs pour équilibrer les infrastructures des services au niveau mondial par relocalisation géographique. Tout le monde serait gagnant.
Au sujet de la couverture THD sur l’ensemble du territoire
« La solution ultime c’est la fibre pour tous ». Le constat de Laure de la Raudière sur la capacité de financement d’une infrastructure full fibre est réaliste, très pertinent, elle nous donne des pistes intermédiaires avec la couverture 4G.
Vers un ministère du numérique ?
Laure de la Raudière rappelle les nombreux intervenants gouvernementaux qui ont à se prononcer sur les affaires du numérique, il en résulte sur un arbitrage du premier ministre et des décisions que l’on connait, aboutissant à des textes ni faits ni à faire, inapplicables et fort couteux pour un résultat NUL (vous avez vu combien de condamnés pour contournement de DRM suite à la la loi DADVSI vous ?… ne cherchez pas il n’y en a eu AUCUN … on a légiféré pour protéger un truc stupide qui a finbalement été abandonné par les industriels eux même, le coût de cette blague n’a même pas été évalué et le gouvernement refuse en bloc d’être transparent sur les effets de DADVSI … on peut le comprendre vu le flop).
Un ministère du numérique, ou tout simplement un secrétariat d’Etat qui ferait son travail, serait un plus indéniable, et je rejoins parfaitement la député de la Raudière sur ce point.
A propos de la gouvernance d’Internet Laure de la Raudière plaide en faveur d’une « gouvernance ONUsienne », ce qui est loin d’être une bétise.
Ce qui m’énerve dans tout ça …
L’UMP, par le biais de cette interview, démontre qu’il dispose de gens cortiqués qui n’ont JAMAIS été écoutés. Pourquoi HADOPI a t-elle été confiée à Christine Albanel alors que l’on découvre aujourd’hui des gens bien plus compétents qu’elle sur ces questions ? Laure de la Raudière apporte des arguments valables et démontre qu’elle maitrise parfaitement son sujet. Dans ces conditions on s’interroge sur la pertinence d’ériger le ministère de la Culture en législateur du Net, comme si on confiait la fiscalité au Ministère des affaires étrangères… La politique menée par Nicolas Sarkozy fleurie d’incohérences de ce genre, on veut faire vite, donc on fait n’importe quoi. Personne dans l’entourage présidentiel ne semble parvenir à calmer les ardeurs qui poussent le gouvernement à faire des cadeaux comme HADOPI aux industries culturelles en se tirant une balle dans le pied qui va couter cher à tout le monde.
Laure de la Raudière m’a quand même redonné quelques espoirs mais il est évident, qu’elle comme d’autres ne suffiront pas à raisonner certains dirigeants totalement déconnectés, il en faudrait une centaine comme elle pour y parvenir.
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