Laurent Petitgirard est le président du conseil d’administration de la SACEM que l’on ne présente plus, nous a fait festival sur LCI. La cible ? Apple ! Apple, avec iTune propose un modèle commercial qui hérisse le poil des maisons de disque et de la SACEM. Mais voilà en terme de ventes, Apple a pris tellement d’ampleur pendant que les majors se demandaient comment elles allaient continuer à vendre des cd, qu’il est devenu le premier distributeur de média numériques (ou va le devenir)… ou comment une entreprise qui n’a rien à voir avec la musique va bientôt apprendre aux majors leurs métier.
Et tout ceci agace Laurent Petitgirard qui commet une monumentale bourde en fustigeant une entreprise qui a assez de liquidités pour s’offrir 2 majors et imposer un nouveau modèle économique, laissant ces majors sur la touche. Et quand Laurent Petitgirard est agacé … il se lâche :
« Lorsque l’on discute avec iTunes, on discute avec des gens qui vendent des machines ! Apple se fout de la musique, ils n’en ont rien à faire ! iTunes gagne peut-être un peu d’argent mais ce qu’ils veulent c’est simplement vendre des iPod : ce sont des fabricants de matériel. C’est un alibi ».
Première bourde : Apple gagne peut être un peu d’argent avec iT(h)unes, mais il en gagne énormément tout court et il est tout à fait capable aujourd’hui de s’offrir le dernier maillon manquant à sa chaîne : la production de contenu. Soyez tranquilles, il ne le fera avant que les 4 survivants ne se soient un peu plus entre-tués et qu’ils aient finis d’enterrer le peu de valeur ajoutée qu’ils produisent encore. Ce qui nous amène à la seconde boulette.
Seconde bourde : dire qu’Apple se fout des contenus est une ânerie. Là encore, vu que les majors ne font plus leur métier (découvrir de nouveaux talents) et préfèrent investir dans des niaiseries de Star Academy parce que c’est bien plus rentable, il ne va pas falloir venir pleurer quand Apple ou un autre (au hasard Google) va s’offrir une bonne partie du catalogue mondial. Et le pire c’est qu’ils n’auront pas besoin de croquer une major vu qu’ils tiendront la distribution.
Troisième bourde : opposer constructeurs et producteurs mène à … RIEN, c’est à dire tout ce que vous avez réussi à faire en 15 ans d’Internet : RIEN … de la merde. Un petit refresh de l’oeuvre des « ayants droit » pour soigner l’amnésie de Mr Petitgirard s’impose:
- « en fermant Napster on va tuer le p2p » … 15 ans après, les échanges par p2p représentent presque la moitié des échanges mondiaux en volume.
- « on va faire interdire la licence GPL » … la licence GPL sous laquelle sont publiés de logiciels de p2p constitue une brique essentielle de l’informatique mondiale, cher monsieur Petitgirard, qui plus est inscrite au patrimoine mondial de l’humanité. Je doute qu’armé de votre exception culturelle vous en veniez à bout un jour, mais continuez, l’espoir fait vivre.
- « Avec les DRM on va empêcher le piratage » : bilan, effondrement accru des ventes de cd puisque ceux vendus ne permettent pas une écoute nomade (autoradio, players mp3 etc …-
- « 74% des français sont favorables à la riposte graduée » : un projet tellement plébiscité que l’amendement 138 a été adopté avec 84% des suffrages afin de faire barrage au projet de loi Création et Internet…
- « Avec l’HADOPI, les vente de cd vont repartir » : qui peut croire à ça :), d’ailleurs à la SACEM personne n’y croit et c’est pour ça qu’on prépare le terrain pour la taxe des FAI. Monsieur Petitgirard n’y croit d’ailleurs pas lui même. Le temps que l’HADOPI se mette à fonctionner et les CD ne seront plus qu’un mauvais souvenir, comme les cassetes audio.
- Pourtant, le président du conseil général de la SACEM ne s’en tient pas là et en remet une couche en parlant « interopérabilité » … un mot qui dans sa bouche et celle des majors a toujours provoqué des fous rires chez les professionnels du disque à l’époque ou je travaillais pour cette industrie :
Ensuite, Apple se fout du monde musical et personne n’y peut rien. « Le problème, c’est que le gouvernement le plus décidé qui soit d’aller vers l’interopérabilité, ne peut forcer Apple à rendre son logiciel compatible avec les autres supports. Cela dépasse les compétences de la filière et du gouvernement. Les majors du disque ne sont pas forcément mes amies, mais elles sont confrontées à un constructeur qui se moque des auteurs, des interprètes, et des producteurs ».
Voilà que la SACEM aimerait qu’iTunes soit « compatible » … mais compatible avec quoi ? avec des « autres supports » … hum il semble que monsieur Petitgirard ai un peu de mal avec le vocabulaire technique, il veut rendre compatible iTunes avec des cd, des vinyles, les k7 ? à moins qu’il ne souhaitait parler d’autres âneries des majors qui auront duré quelques années comme, en vrac :
- créer son propre format audio
- créer son propre site web pour court-circuiter la distribution (comme toutes les majors on essayé de le faire).
- créer ses propres systèmes de protection
… je serais juste curieux de savoir combien de millions ont été investis dans ces trois derniers points … en pure perte. QU’elle le veuille ou ou non, l’industrie du disque a déjà perdu la bataille de la distribution, l’époque où les commerciaux d’Universal pouvaient se pointer dans un magasin pour une implantation en imposant des quantités au distributeur, c’est terminé. Il faudra maintenant faire avec, ou mourir.
« Lorsque l’on discute avec iTunes, on discute avec des gens qui vendent des machines ! Apple se fout de la musique, ils n’en ont rien à faire ! iTunes gagne peut-être un peu d’argent mais ce qu’ils veulent c’est simplement vendre des iPod : ce sont des fabricants de matériel. C’est un alibi »
C’est un business-model adopté par Apple depuis quelques temps déjà et qui raporte très gros.. bien plus que le matériel, d’ailleurs.
* App Store (applications pour iPhone): 60 millions d’applications téléchargées pour un chiffre d’affaire de un million par jour ! (Chiffres publiés par Jobs en personne). Ce qui nous amènera à un chiffre de 360 millions de dollars par an.
* iTunes Store: 2 à 3 milliards de dollars escomptés cette année.
Apple – Quarter 3 – Financial results: http://www.apple.com/fr/pr/20080721salesq3.html
« Lorsque l’on discute avec iTunes, on discute avec des gens qui vendent des machines ! Apple se fout de la musique, ils n’en ont rien à faire ! »
ah bon… parce que lorsque on discute avec la SACEM, on a affaire a des gens qui ne se foutent pas de la musique?…. c’est l’hopital qui se fout de la charité oui.
qu’ils perdent leur monopole archaïque ferait le plus grand bien à la musique dans ce pays.
Merci pour ton commentaire.
Effectivement, j’espère malgré ce listing que mon blog a une chance d’être lu.
Le seul inconvénient quand on est pas Geek, c’est que niveau programmation et autre…on est très nul, et tout devient donc très laid 🙂
Bonne continuation !
😉 welcome en tout cas
Je suis un compositeur de musique contemporaine, un chef d’orchestre classique et j’ai beau chercher, je ne vois pas en quoi Monsieur Jobs pourrait devenir mon patron.
Evidemment que c’est un fabricant de matériel bien avant d’être un diffuseur de musique.
C’est assez marrant de voir que vous avez tous une telle haine de la Sacem, que vous préférez un milliardaire et son entreprise en position ultra dominante, à une structure gérée par les auteurs.
Continuez donc à baver sur cette société civile qui appartient aux auteurs, pour ma part je ne suis pas un salarié de la Sacem, mais un auteur élu.
En juin mon mandat s’arrête, je n’aurai plus à perdre mon temps à essayer de convaincre une population qui trouve normal que des pseudo stars qui tapent dans une baballe soient milliardaires qu’il est juste qu’un créateur puisse vivre de son art.
Mr Petitgirard, j’aurais aimé trouver dans votre commentaire des réponses aux critiques soulevées par l’auteur du post.
En effet, je pense que, loin de soutenir Apple, celui-ci voulait surtout mettre en lumière le décalage entre le monde des soi disants protecteurs d’ayants droits (SACEM) et autres vendeurs de disques en masse (Universal, etc…) et la société civile dont le comportement a lui, évolué en même temps que les possibilités technologiques (disque dur de grande capacité, haut débit, …).
Sans vouloir me faire le porte parole de bluetouff, j’aimerais juste souligner le fait que les choses sont loin d’être aussi simples que vous ne les présentez dans votre réponse.
Je pense que vous le savez; que, de par votre responsabilité, vous n’avez pas forcément eu le choix de la posture à adopter ni la latitude nécessaire à une réflexion globale sur la question.
Je regrette simplement, que systématiquement, les discussions entre les tenants de l’ancien systéme économique musical et le reste du monde se transforment en échanges de quolibets stériles.
Bonsoir, je suis chef d’entreprise dont une partie de l’activité pourtant on ne peut plus légale est menacée par le projet de loi que vous soutenez.
Globalement, vous noterez que « les gens qui jouent à la babale et qui sont milliardaires » ne m’empêchent pas d’exercer ma profession, en revanche il s’agit d’un luxe que certains ayants droits se payent (pour certains à défaut de payer leurs impôts en France).
– Trouvez vous normal que la SACEM, sous couvert de défense du droit d’auteur invective les acteurs du logiciel libre et remette en cause une licence GPL qui a donné lieu à des créations inscrites au patrimoine mondial de l’humanité ?
– Trouvez vous normal que le ministère de la Culture se voit confier un dossier qui impacte toute l’économie numérique de notre pays ?
– Trouvez vous normal que ce même ministère soit dispensé de produire des études d’impact sérieuses ?
– Trouvez vous normal que le ministre en charge de l’économie numérique reste là les bras ballants ?
– Trouvez normal qu’avant même le lancement du dispositif on sache comment non seulement contourner ce dernier mais aussi que ce sont de parfaits innocents qui se feront couper leur connexion parce qu’ils ne disposeront pas des connaissances suffisantes pour se protéger ?
– Trouvez vous normal de confier un pouvoir judiciaire à des sociétés privées ?
– Trouvez vous normal que tout ceci repose sur des stupidités techniques, que tout ce petit monde le sait très bien et s’en accommode en préparant même le terrain d’une taxe sur les FAI « au cas où les ventes de cd ne remonteraient pas » … le cd cette galette DRMisée, obsolète ?
Et s’il vous arrivait la même mésaventure qu’à notre président qui s’est fait « pirater » son compte bancaire, vous trouveriez normal qu’on vous dise « vous n’aviez qu’à mieux vous sécuriser, vous êtes responsable de votre compte … » ? … ça c’est que propose le DADVSI en réponse aux problèmes de sécurité des technologies sans fil et de Microsoft Windows …. bravo !
Pouvez vous nous dire avec précision combien d’auteurs la SACEM reverse plus qu’un smic mensuellement ?
– Est-ce baver que de dire qu’ils ne sont pas légion et qu’il s’agit des plus gros vendeurs ?
– Est-ce baver de dire que tous les autres crèvent … et pas à cause du téléchargement, contrairement à ce que l’on essaye de nous faire gober ?
Tout comme vous Monsieur Petitgirard, je suis un auteur (plus de musique mais de créations numériques) qui souhaite vivre de son art. L’HADOPI souhaite m’en empêcher en s’appuyant sur des postulats techniques totalement crétins, donc oui, désolé de ne pas apprécier la blague.
Devant ces faits je pense tout comme Taziden qu’un peu de recul est nécessaire et je demeure convaincu qu’au fond de vous, vous savez que la riposte graduée (qui plus est aveugle) ne fera que renforcer le gouffre qui sépare déjà les auteurs de leur public.
Monsieur Petitgirard, si vous repassez par ici, regardez bien votre commentaire ci-dessus, ma réponse, sa date, et relisez vos pleurnicheries d’hier concernant une nouvelle taxe sur les fournisseurs d’accès ! Vous êtes décidément pathétiquement prévisible
http://www.zdnet.fr/actualites/internet/0,39020774,39386682,00.htm?xtor=EPR-100
« Dans la réforme de l’audiovisuel public, on justifie la taxation des FAI par le fait que la télévision leur sert de produit d’appel, mais la musique leur sert de produit d’appel depuis bien plus longtemps »
Monsieur Petitgirard, par définition, un produit d’appel se vend ! la musique elle, non !
Allez donc réclamer de l’argent à la SDRM, la SCPP et les majors qui ne vous laissent que des miettes depuis 60 ans, allez pleurnicher ailleurs, Internet n’a pas besoin de vous. Trouvez vous de nouveaux modèles économique, l’ensemble des professions y arrivent bien, pourquoi pas vous. Reprenez le pouvoir et évincez les acteurs et organismes non productifs de la filière du disque, vous récupererez ainsi les sommes qu’ils perçoivent à votre place… mais foutez la paix à Internet et aux internautes !