HADOPI : son pire échec

Alors qu’HADOPI s’apprêtait à montrer son vrai visage, pas celui de la pédagogie, mais celui de la répression des internautes partageurs par voie de justice, la Haute Autorité s’est récemment retrouvée malgré elle au coeur de l’actualité. Je vous disais donc que tout commençait par la transmission de dossiers à la justice, c’est le Point qui a révélé la mise en place de l’artillerie répressive, invoquant des sources judiciaires. Numerama a eu le bon goût de publier un petit guide utile aux avocats qui auront à défendre certains internautes, pointant du doigt quelques courants d’air de procédure. Un peu partout en France, les procureurs de la République vont donc maintenant voir affluer ces dossiers au motif d’un délit d’un affligeant ridicule, le fameux « manquement à l’obligation de surveillance de l’accès à Internet« . Rappelons qu’à ce jour, les internautes ne disposent toujours pas des moyens de sécurisation promis, et pour tout vous dire… ils ne sont pas prêts de voir le jour. Pire, on ne sait toujours pas ce qu’il faut sécuriser exactement, attendu que le décret d’application omet finement de définir ce qu’est une connexion Internet. C’est donc à ce moment clé que tout le monde se pose la question légitime : « il y a quoi exactement dans ces dossiers transmis à la justice ?« . Contre toute attente, ce ne sont pas les plaignants (les ayants droit) qui allaient fournir des éléments, ni TMG, mais l’HADOPI.

 ☠ Y’a quoi dans cette boite noire ?

Peu après, la Haute Autorité publiait le rapport de David Znaty. Le rapport de monsieur Znaty a d’ailleurs été attentivement lu et critiqué de manière constructive par Zythom, expert judiciaire lui aussi dont je ne saurai trop vous recommander de lire régulièrement le blog.

A l’époque je m’étais insurgé du manque de transparence autour de l’audit réalisé par le cabinet HSC, qui compte parmi les tout meilleurs. J’avais d’ailleurs fini par publier ce que j’étais parti présenter à la commission de protection des droits de l’HADOPI suite à la découverte d’un serveur ouvert aux 4 vents qui nous indiquait assez de choses déjà à l’époque pour savoir comment TMG travaillait au flicage des internautes. Les auditeurs étant soumis à des closes de confidentialité, ces derniers n’avaient pas pu publiquement s’exprimer autrement que par une petite phrase assassine en réponse à une question en off du SSTIC « TMG était déjà avant ça à classer dans la catégorie charlots« .

L’audit d’Hervé Shauer a très probablement révélé de graves anomalies. L’enfumage de la CNIL n’y fera rien. Elle donna son accord à TMG pour reprendre ses activités. Oui mais voilà… ça coince. Et ça coince au niveau de l’HADOPI qui n’a pas voulu rétablir l’interconnexion entre son système de traitement de données et celui de TMG. Les IP aujourd’hui flashées par TMG transitent donc en train entre Nantes et Paris, sur un disque dur, dans les mains d’un coursier.

☠ Pwn1ng TMG for fun profits

L’affaire TMG avait sérieusement entamé le capital confiance déjà pas folichon qu’on pouvait porter au dispositif de riposte dite graduée. Le capital confiance en TMG, ses processus de contrôle bien sur, mais également le capital confiance envers les ayants-droit qui ont toujours marqué certaines prédispositions à cacher la misère.

Il faut bien avouer qu’en période de campagne électorale, c’est quand même plutôt gonflé. La politique numérique de Nicolas Sarkozy se dévoile au plus mauvais moment. De la répression qui marchouille, des délits mal définis techniquement et s’appuyant sur un chunk de 15 secondes tirant son checksum dans les métadatas d’un master. Derrière ce jargon technique, certains d’entre vous auront parfaitement compris qu’il suffit donc de remasteriser une oeuvre pour que ses copies numériques deviennent indétectables par TMG, vu que ces derniers n’auront pas les metadatas d’une oeuvre remasterisée si personne ne leur transmet.

Nous attendons tous avec une grande impatience de découvrir le contenu des dossiers transmis à la justice. Ayants droit, vous êtes prévenus, les internautes sont joueurs, vous commencez à le savoir…

☠ De la porosité de la citadelle pseudo imprenable

Et c’est désormais une tradition, quand le Net est agressé, il se défend. L’occasion était trop belle, il fallait marquer le coup et « fêter » la mise en place de la machine répressive. Anonymous a donc bondi sur l’occasion en interceptant des correspondances de l’HADOPI avec les ayants droit. Nous y avons découvert les petites colères des ayants droit suite à la publication du rapport Znaty. Si vous n’avez pas compris pourquoi, veuillez relire attentivement la phrase en gras avec du jargon technique dedans un peu au dessus.
Cette histoire de petite fuite présentée comme étant issue de l’HADOPI a de quoi surprendre, je ne serai personnellement pas surpris qu’elle émane plutôt d’un maillon faible, au hasard de chez les ayants droit.

☠ Une seule offre légale : iTunes

Au détour d’une conversation, je suis retombé sur ce billet prémonitoire qui date de 2008. Presque 4 ans plus tard, le constat est pour le moins acide. Apple règne comme prévu en leader incontesté de la distribution. Les majors ne veulent toujours pas ouvrir leur catalogue ou le font via des deals exclusifs en demandant des tickets d’entrée surréalistes afin d’empêcher l’arrivée de tout nouvel entrant sur le marché. Non contents de se goinfrer de la sorte, les majors continuent à pratiquer des prix sidérants pour des supports matérialisées ou non, et poussent pour certaines les cynisme jusqu’à augmenter leurs tarifs quand un artiste de leur catalogue meure, en prévision de ventes accrues.

… Et comme prévu en 2008, Google, avec un peu de retard, arrive, lentement, mais surement… et avec une stratégie bien à lui.

Rien n’y fera, nous le savons, les majors sont bien en train de perdre la distribution. Comme je le prédisais en 2008, cette époque où les commerciaux d’Universal se pointaient dans des magasins physiques et imposaient des quantités pour une implantation, négociant les rachats des invendus à des prix bien en dessous du prix de vente à leur distributeur… est terminée. Sur du dématérialisé, pas d’invendus. Une marge en moins qu’HADOPI et toutes les études plus bidons les unes que les autres n’ont probablement jamais pris en compte.

☠ La colère d’Internet contre les ayants droit monte

Les ayants droit sont les premiers à fustiger l’HADOPI, alors que les dossiers de justice n’étaient pas transmis au parquet, ces derniers disaient avoir des moyens de se mettre à lutter contre le direct download aux côtés de TMG. Quid des procédés techniques ? Là encore on risque de bien rire. Mais là n’est pas le problème. Le problème, c’est qu’à l’époque du DADVSI, l’ancien dirigeant de la CNIL, Alex Turk, faisait passer un cavalier législatif autorisant, en prévision d’HADOPI, la privatisation d’un pouvoir judiciaire, déléguée à des charlots… TMG. Normal me direz vous car ce n’est certainement pas l’autorité judiciaire qui va s’amuser à traiter la traque des internautes qui partagent le dernier Lady Gaga alors que ces derniers, qui traquent quand même la pédo pornographie, les arnaques sur le Net, les intrusions (…) ont moins de budget que l’HADOPI ! Le paquet est donc mis sur les internautes partageurs, les criminels, eux peuvent dormir sur leurs deux oreilles.

La fermeture de Megaupload a une fois de plus soulevé Anonymous, signe d’un pourrissement de la situation qui commence, par effet ricochet, à avoir des conséquences importantes, qu’elles soient médiatiques ou qu’elles le soient moins. Aujourd’hui, c’est trop tard, HADOPI a bien échoué sur un point : internautes et ayants droit sont irréconciliables. En entrant dans sa phase de répression par les tribunaux il ne nous reste plus qu’à constater qu’HADOPI a échoué dans son rôle soit disant préventif, et c’est là son pire échec. Si les 35% de Nicolas Sarkozy tenaient une ombre de vérité, HADOPI n’aurait jamais eu besoin d’entrer dans cette phase et aurait continué à être ce qu’elle était jusque là, la machine à spams la plus chère du monde au profit d’une clique d’évadés fiscaux.

HADOPI n’est qu’une étape, vers la lente régulation orwellienne d’Internet, des entreprises françaises sont très dynamiques dans les technologies de surveillance de masse, mais manque de bol, leur activité n’est ici pas légale, ou difficilement. Vous découvrirez sur Reflets très prochainement la « malédiction Amesys » qui illustre très bien ce dernier propos… stay tuned.

N’oubliez jamais une chose : il suffit souvent de 5 gus dans un garage pour que….

HADOPI : Pascal Nègre défend son bébé

pirate lolcat
Pirate Lolcat by icanhascheezburger.com

Pascal Nègre, PDG d’Universal Music France, en tournée d’auto-promotion pour son bouquin, donnait hier une interview à TF1.fr, aka je vire abusivement les salariés qui ne sont pas d’accord avec HADOPI. Ouais… vous sentez le coup venir là déjà… Pascal Nègre… TF1… faut pas s’attendre à un moment de journalisme aspirant au Pulizer. Et ça commence dés le titre, par une citation de Pascal Nègre « Grâce à Hadopi, le disque a arrêté de chuter« … HADOPI aurait donc un effet sur les ventes de disques ? C’est étrange ce que dit l’ami Pascal car c’est pourtant pas ce que semblent dire les chiffres selon Guillaume. Là, il y en a au moins un des deux qui ment effrontément, à votre avis c’est qui ?

Voyons les arguments de Guillaume développés sur Numerama, je cite :

« Selon l’Observatoire de la Musique, le chiffre d’affaires de l’industrie phonographique a encore plongé de 13,7 % au troisième trimestre. Depuis le début de l’année, les recettes dues aux ventes de CD et DVD musicaux ont baissé de 9,8 % à 507,2 millions d’euros, tandis que le marché numérique progresse de 25 %, mais à seulement 64,2 millions. La hausse relative du numérique, qui d’ailleurs ralentit au lieu de s’emballer, est encore loin de compenser la baisse des CD. »

Voilà pour les chiffres, vainqueur par KO : Guillaume

Je me suis fait violence, j’ai lu l’Interview de Pascal Nègre, je me doutais bien que j’y trouverais des perles… bingo !

Les révolutions de Pascal (Talkin’about a revolution ?) … to me ?

Pascal est une sorte de lolcat à sept vies, dans l’Industrie du Disque il a vécu pas moins de 4 révolutions qui auraient du le tuer… et il est toujours là.

Comment ceci est-il possible ?

« Lorsque j’ai commencé mon métier, le disque vivait quatre révolutions : l’arrivée du CD, les radios libres, la publicité télé, et la baisse de la TVA. Aujourd’hui, avec les supports dématérialisés et  le buzz internet pour parler de nos artistes, je vis de nouveau une révolution. La différence, c’est qu’à l’époque il n’y avait pas de piraterie. »

Pascal découvre la piraterie avec Internet, mais où était il donc ces 15 dernières années ?

Allez on va mettre les fessées dans l’ordre et rafraîchir la mémoire de Pascal :

1° On commence par les radios libres, je vais me la faire méthodique, ça va être rapide, je regarde ce que raconte Wikipedia sur les radios libres…  et je tombe sur quoi en première phrase ?

« Une radio libre, initialement synonyme de celui de radio pirate, »

… Headshot !

2° On continue avec la seconde révolution du lolcat Pascal : l’arrivée du CD. J’étais certes très jeune, mais je l’ai connu, allez, séquence émotions, souvenez vous des actions intentées contre Philips et Sony par l’industrie du disque, ces CD et ces graveurs qui permettaient de copier à l’identique un support numérique… de pirater tout votre merveilleux catalogue. Le « CD c’est la mort de la musique » claironnait votre industrie qui s’éveillait à la duplication numérique.

3° La troisième révolution de Pascal, c’est la pub à la TV… chacun ses références culturelles, pour moi, la révolution ce serait sa suppression. Mais la TV et les magnétoscopes pour enregistrer Dimanche Martin, ça aussi ça a failli tuer la culture, souvenez-vous Pascal :

Reportage Piratage INA

4° La Quatrième et dernière révolution de Pascal c’est la TVA à 5,5% sur le disque qui est la seule révolution n’ayant pas connu les « pirates ».

5° C’est aussi une révolution, une vraie révolution, qui profite à tout le monde et non pas à l’Industrie du Disque… c’est Internet, mais cette révolution là, ce n’est pas la vôtre Pascal.

La complainte de Pascal (blues en La mineur pour énormités majeures)

« Le problème, c’est que lorsque l’industrie du disque a expliqué que tout n’était pas génial dans Internet, on nous a traités d’hommes préhistoriques ! »

À titre personnel je vous qualifierais plutôt de rapaces et de pleurnichards perfusés aux brouzoufs du contribuable. Pire encore, vous êtes prêts à sacrifier les libertés de tout un peuple si les technologies de reconnaissance de contenus (oui, je parle bien de DPI), peuvent vous donner l’illusion de sauver votre industrie. Au final, nous savons tous que ce sont vos salaires que vous sauvez, pas les artistes et encore moins la création. Pour cette offensive sur les libertés, j’ajouterais donc le qualificatif de terroriste (un prêté pour un rendu).

« Plutôt que des brontosaures, on a peut-être été des pionniers. »

Les pionniers sont des gens qui créent, qui évoluent et qui impulsent une dynamique du vivre mieux. Votre industrie de copie de galettes en plastique, là, elle meurt Pascal. Les pionniers sont des bâtisseurs, des explorateurs… bref tout le contraire de votre industrie qui est restée scotchée sur ses belles années 80.

« La manière dont on s’est adapté pourrait inspirer d’autres industries. »

LOL ! Elle est bien bonne celle ci ! si les autres industries s’inspiraient de celles du Disque, on aurait des « cartes voitures jeunes », des « cartes boucherie jeunes » , des « cartes électroménager jeunes »… le tout aux frais du contribuable qui devrait s’acquitter de 50% de la facture… exemplaire cette industrie du disque ! Si on poursuit même l’exemple de l’industrie du disque jusqu’au bout, on aurait d’ailleurs pas une « carte voiture jeunes » mais une « carte calèche jeunes ».

Deezer de midi à quatorze heures

« Pardon ? Deezer  a eu accès à tous nos catalogues !  C’est d’ailleurs ainsi qu’ils sont passés de rien du tout à une marque connue. »

Plus la peine de chercher l’offre légale de midi à 14h, grâce à la sympathique Industrie du Disque, nous avons en France une offre légale de qualité : Deezer, iTune, Deezer, iTune, Deezer… c’est une belle réussite, merci Universal ! Et quand on vous parle de Jiwa ? Ah c’est vrai, vous causez pas aux pauvres dans votre milieu :

« Jiwa a déposé le bilan en disant qu’on demandait des droits impossibles mais il ne faisait pas 25.000 euros de chiffre d’affaires par mois. Ils n’ont jamais payé un catalogue ! Avant de payer les droits, ils n’arrivaient même pas à payer leurs salariés. »

Salauds de pauvre !

« En France, on a tout de même une richesse d’offres et de plateformes démente. Aux Etats-Unis et en Allemagne, il n’y a qu’iTunes alors qu’Apple ne représente que 40% du marché français.« 

C’est un point intéressant, j’ai pu observer, à la sortie de la carte musique jeunes, que vous n’êtes toujours pas fichus de proposer un catalogue unifié sur une seule plateforme. Bilan, il faut plusieurs cartes si vos goûts sont trop éclectiques. Bravo, là encore il y a de quoi pavoiser, ça fait 15 ans que vous n’êtes pas fichu de proposer un catalogue unifié.

(…) un ange passe

Et on arrive enfin au plat de résistance, les bébés de Pascal :

Le DADVSI qui selon lui protège son Industrie. Dans les faits, les DRM n’ont fait qu’accélérer la chute des ventes de CD puisqu’il devenait impossible de lire les CD légalement achetés sur son ordinateur ou sur son autoradio. D’ailleurs le succès est tellement énorme que l’industrie a du abandonner les DRM et que les parlementaires continuent à se cacher derrière leur petit doigt quand on leur demande le rapport d’impact de cette ânerie. Mais pas de doute pour Pascal, le DADVSI, ça vous a vachement protégé :

« A l’époque, la loi DADVSI (NDLR : Droit d’auteur et droits voisins dans la société de l’information) a mis quatre ans à adopter une directive européenne qui nous protégeait enfin…« 

Pour HADOPI, je ne reviens pas sur le chiffre, on a vu que Guillaume de Numerama était vainqueur par KO, on va donc éviter de frapper un homme à terre. On va juste s’amuser un peu de la crédulité de Pascal Nègre qui pense peut être que le contribuable est prêt à sponsoriser 50 000 identifications d’IP par jour pour ses beaux yeux. Pascal Nègre concluera sur l’Epic Success de la carte Musique Jeune :

« Et cela redonne de la valeur à la musique…. »

Soit Pascal, mais pour moi votre carte machin, c’est une prime à la casse pour tenter de doper artificiellement des ventes qui plongent irrémédiablement… votre métier change Pascal, ce n’est pas sale.

La carte à 25 patates par an… jeunes les patates

cleanternet
cleanternet

EDIT : Respectueux des mentions légales du site officiel présentant la carte musique jeune, j’ai retiré le lien pointant vers celui-ci, je n’ai pas demandé, ni donc obtenu d’autorisation du Ministère de la Culture pour avoir l’outrecuidance de lui envoyer quelques modestes gus jeunes de mon garage… pfffttt kkrkrk mouahahah.. ou des gus geeks qui voudraient s’offrir des apps iPhone.

Ils l’ont fait, la voici (cherchez la dans Google, on a pas le droit de mettre un lien). La carte musique jeunes ou un nouveau cadeau fait à l’industrie du disque. Grâce à cette carte, toi, jeune, tu vas pouvoir acheter ce que tu téléchargeais gratuitement avant que « grâce à Nicolas Sarkozy, la France ne devienne pionnière de l’Internet civilisé qui ne partage plus ». Tu es content hein ? Tu vas pouvoir te taper de la pub, galérer pour savoir quel distributeur a une exclu sur ton groupe fétiche, passer par un caddie virtuel, lutter avec iTune ou Windows Media Player, te rendre compte que sur ton autoradio « samarchpa»… et tout ça ne coûte que 25 millions par an à l’Etat… si on arrive pas à sauver la culture avec ça ! Bon c’est pas qu’en France on achète moins de musique numérique qu’ailleurs, c’est juste qu’il faut civiliser notre jeunesse pas civilisée qui tue des artistes, c’est un budget pédagogie en fait.

Grâce à cette carte musique jeunes, fini les dizaines de millions d’utilisateurs non civilisés avec lesquels tu partageais de manière non civilisée, maintenant tu as accès à 14 distributeurs tout bien civilisés (toi aussi tu cherchais l’offre Frank Zappa… tu t’es cru sur Napster ou quoi… jeune ?). Tout ça pour « 50 % de mise, 100 % kiff », ne cherche pas jeune, c’est un paradigme marketing, retiens juste que tu vas kiffer grave ! Tu vas pouvoir, de manière civilisée, te prendre la tête à choisir l’offre en fonction de ton distributeur, ou te payer 14 cartes différentes si tu es un de ces emmerdeurs un peu trop éclectiques. Alors que tu sois jeune, ou moins jeune à en lire Numérama qui relève aussi qu’aucune vérification de l’âge n’est faite quand on commande la carte…

N’oubliez pas que Dogmazic propose toujours la carte Royal au Bar pour 0 euro et que Jamendo propose la Diamond Djeunz , toujours pour 0 euro.

100% kiff non ?

De ces voleurs qui tuent les artistes

Marc Guez

Quand on entend Nicolas Sarkozy qui entend « sauver la création », on se dit qu’elle est en très grand danger. Il faut avouer que pour la musique, ce n’est pas tout à fait faux. Si l’industrie du disque n’est pas aussi moribonde qu’on aimerait nous le faire croire, les artistes, eux s’apauvrissent bel et bien avec la dématérialisation des supports.

Voici la répartition moyenne d’un titre vendu pour 0,99€ :

  • 0,61 € pour la maison de disques
  • 0,19 € de TVA
  • 0,07 € reviennent à la Sacem
  • 0,06 € pour le distributeur (le site Web)
  • 0,03 € de frais divers à répartir entre services de Télécommunications, licence technique de gestion et frais bancaires
  • 0,03 € pour l’artiste

On peut effectivement fustiger les internautes, mais à la lecture de ces chiffres, j’ai un peu de mal à définir les internautes comme la cause réelle d’une menace pour les créateurs. En outre si la carte musique jeune promise par Nicolas Sarkozy venait à voir le jour, vous savez maintenant où passera l’argent public… une scandaleuse perfusion, ni plus, ni moins.

On peut donc continuer à policer l’internet comme l’appelle Marc Guez en utilisant des technologies de reconnaissance de contenus, mais il est évident que même ça… et bien ça ne permettra pas aux artistes de vivre mieux. 1 euro le titre, pour un fichier numérique, c’est aussi cher qu’un titre matérialisé sur un support. La seule différence, c’est bien la répartition. La où un artiste touche entre 1,2 et 2 euros par album, il vois ses revenus en valeur fondre de manière spectaculaire sur des fichiers numériques alors que les frais de distributions sont quasi inexistants. Les maisons de disques se taillent la part du lion.

En dehors du fait que j’ai sincèrement l’impression que les maisons de disques prennent les artistes pour des cons, c’est surtout l’intervention de Marc Guez dans l’émission Revu et Corrigé qui motive l’écriture de ce billet. Manque de chance pour lui, il s’est retrouvé face à Fabrice Epelboin, du coup il n’en ramène pas lourd avec une argumentation qui frise le ridicule… comme au moment où il nous ressort sa liste de 53 artistes en faveur d’HADOPI.

Vers la 56e minutes Marc Guez expose encore une fois un plaidoyer en faveur du Deep Packet Inspection en commettant deux trois erreurs factuelles. Le monsieur semble assez persuadé que le Deep Packet Inspection, ou l’écoute généralisée des communications destinée à filtrer les échanges de fichiers « illégaux » sur le Net, est bien la solution aux maux de l’industrie du disque… ce qui est assez gonflé quand on on découvre les chiffres que vous venez de lire.  Marc Guez conclu enfin sur un calcul savant où il nous expliquer qu’il perd de l’argent en valeur… comme le montre une fois de plus les chiffre ci-dessus. Je sens qu’on va reparler de la SCPP très prochainement.

  • Visionner la vidéo (à partir de la 48e minute) / Format Silverlight
  • Pour les linuxiens, la voici dans un format encore plus pourri (wmv) mais qui fonctionne une fois les codecs installés

Le Net français à l’ère de la prohibition culturelle

L’abus de lois liberticides est mauvais pour ton Internet

Une fois n’est pas coutume, nous allons un peu causer histoire sur ce blog. Une histoire surprenante que les plus jeunes d’entre vous ne connaissent peut être pas mais qui mérite surement qu’on la raconte. C’est il y a fort longtemps, en 1883, qu’une distillerie canadienne située en Ontario devient la propriété d’un certain Joseph E.Seagram. Elle est ainsi rebaptisée Joseph E. Seagram & Sons. C’est en 1928 que la Distillers Corporation Limited de Montréal rachète la distillerie Seagram, qui ne peut légalement prospérer comme prévu, puisqu’au même moment, de l’autre côté de la frontière, aux USA, c’est la prohibition. Mais le Canada devient naturellement le premier exportateur du continent pour éponger la soif illicite des voisins américains.

En 1933, à la fin de la prohibition, les invendus de 12 ans d’âge inondent le marché américain et la compagnie Seagram devient particulièrement rentable. C’est bien plus tard, vers 1981, que la Seagram Company Ltd tente de diversifier ses activités, d’abord dans l’énergie (pétrole et gaz). Puis, en 1995, c’est un virage à 180° (mais plutôt entre 40 et 45°) qui est opéré. Profitant des 9 milliards de liquidités de la vente de ses participations dans DuPont, Seagram prend le contrôle d’Universal Studios, MCA, PolyGram, et Deutsche Grammophon. Un groupe qui ressemble fort aujourd’hui (quelques labels en moins) à l’épine dorsale d’Universal Music. Ce n’est qu’en 2000 que Jean-Marie Messier réalise ce rêve fou de devenir la world company de l’entertainment et revend les derniers actifs du groupe dans le secteur des spiritueux au groupe Pernod Ricard, dans le but de racheter tout ce qui lui tombe sous la main dans le monde du divertissement (musique, cinéma, jeux vidéo, Internet,… tout y passe).

Aujourd’hui, à l’heure d’HADOPI, et fort de son histoire, Vivendi Universal est l’un des principaux artisans de cette nouvelle forme de prohibition : la prohibition des échanges culturels sur Internet. Je sais le parallèle est osé, mais l’histoire parle… Et les intéressés s’en félicitent.

Mais HADOPI, comme la prohibition est vouée à une mort certaine. On ne lutte pas contre des usages, on s’y adapte par une politique de prévention ou en offrant quelque chose de plus attirant… genre une offre légale adaptée qui ne cherche pas à substituer un steak par du petit lait.

DRM : on confine toujours à l’absurde

Les DRM ou Digital Right Management sont un échec assez emblématique de la politique de fermeture par les constructeurs au nom du copyright des contenus dématérialisables. Les DRM sont arrivés dans notre corpus législatif par le biais de la loi DADVSI (elle-même issue d’une transposition d’une directive européenne, l’EUCD) qui sanctionnait jusqu’à 6 mois de prison et 30 000 euros d’amende toute personne diffusant ou facilitant la diffusion d’un logiciel destiné à casser ces mesures techniques de protection de médias. Décriés depuis le début, ils ont été en grande partie responsables de l’accélération du déclin du disque en France puisque de nombreux acheteurs de disques se retrouvaient frustrés de ne pouvoir lire ce CD dans leur voiture ou sur leur ordinateur pour le mettre dans leur baladeur MP3… une véritable invitation au téléchargement illicite.

Ici l’usage justifiait le contournement de ces mesures de protection pour pouvoir disposer d’un bien pourtant légalement acheté. Ainsi, il devenait souvent plus aisé de télécharger les MP3 sur les réseaux peer to peer que s’amuser à tenter de contourner une mesure technique de protection.

Pendant les débats sur la HADOPI, de nombreuses voix se sont faites entendre pour que, comme promis par le gouvernement de l’époque, une étude d’inpact du DADVSI soit publiée. Réponse du gouvernement « l’heure n’est plus à ça, passons à autre chose« . Si j’étais mauvaise langue, je dirais que cette étude nous aurait peut être permis de faire l’économie d’une mauvaise HADOPI.

Aux USA, les DRM sont aussi allègrement contournés. Fin juillet dernier, un tribunal américain légalisait même le jailbreak de l’iPhone, c’est à dire le contournement de ses mesures de protection pour en prendre le contrôle.

Aujourd’hui la justice américaine s’apprête à publier une liste de protections pouvant être légalement contournées. Un son de cloche très différemment perceptible de la part des négociateurs de l’ACTA qui plaident pour la généralisation de ces mêmes DRM entre d’autres frictions avec l’Union Européenne..

Peut-on dire pour autant que ceci sonne le glas du DRM ? Malheureusement non, et je prédis qu’en France certains ayants-droit ne sont pas prêts d’en démordre, ils nous resserviront du DRM en complément d’autres mesures absurdes et coûteuses du même cru avec un résultat toujours aussi nul sur la création.

Les majors continuent les pleurnicheries à propos d’Apple

emiConséquence inéluctable de l’inadaptation des majors face aux défis de l’Internet, elles sont en train de perdre la bataille de la distribution dématérisalisée. Le grand vainqueur, pour le moment, c’est Apple avec son iTunes store, ce qui agaçait déjà la SACEM il y a bientôt deux ans. C’est maintenant à EMI d’y aller de son petit couplet contre le géant américain à l’occasion de la publication de son rapport financier. EMI met en garde contre « la dépendance substantielle envers un nombre restreint de magasins de musique en ligne, en particulier l’iTunes Store (…)» Et ZDNet de souligner qu’EMI n’a rien à proposer et ne reverra sans doute pas les montants exhorbitants qui sont demandés à de nouveaux acteurs pour que ces derniers puissent accèder au catalogue.

Bref les majors se plaignent d’une situation dont elles sont les seules responsables, et très franchement, c’est pas moi qui vais m’apitoyer sur leur sort. J’en viens même à espérer qu’elles continuent à donner dans le répressif sans rien proposer en contrepartie, à ce rythme, on en sera débarrassé définitivement dans quelques années.

HADOPI : Dés aujourd’hui je boycotte les industries culturelles, pas les artistes

Quelle est la meilleure manière de lutter contre HADOPI ? S’attaquer au portefeuille de ceux par qui elle est arrivée bien sur… En ce sens, j’ai décidé de boycotter totalement les industries culturelles :Image 7

  • Plus de sorties au cinéma ;
  • Plus d’écoute radio reversant des droits aux sociétés d’auteurs ;
  • Plus d’achat de disque, DVD ou livres (ou alors des œuvres dont on est assuré que l’intégralité de la somme ira dans les poches de l’auteur) ;
  • Plus de concert d’artistes endorsés par des majors ou des « pseudos » labels « indépendants » ;
  • Plus de téléchargement d’œuvres soumises à droit d’auteur et droits voisins ;
  • Résiliation des forfaits TV/Cinema/VOD etc proposés par les fournisseurs d’accès Internet.

C’est une occasion rêvée pour moi de parfaire ma culture libre et je vais d’ailleurs me servir de ce billet pour vous balancer mes découvertes. Je vais commencer par vous aiguiller sur quelques classiques et incontournables :

  • Dogmazic :des milliers de titres libres, dans tous les styles, beaucoup d’excellentes choses qui n’ont rien à envier à ce que l’on trouve dans le commerce.
  • Archives.org : des centaines de milliers de contenus audio et vidéo libres (plus de 420 000 titres audio !)
  • Oxyradio : De la musique libre en streaming
  • Boxson : Musique libre et gratuite en téléchargement
  • Jamendo : téléchargement de musique libre et gratuite
  • Prison Soup Record : un excellent label de musiques copyleft
  • Auboutdufil : téléchargement de musique libre et gratuite
  • Opsound : téléchargement de musiques libres et gratuites
  • Erreur404 : collectif proposant des musiques alternatives libres
  • Altermusique : téléchargement de musique libre et gratuite
  • Easyzik : de la musique en creative commons
  • CopyleftMusic : du bon son en copyleft
  • Airtist : pour écouter de la musique en rémunérant les artistes par la publicité
  • LastFM : c’est pas libre mais il y a beaucoup de bonnes choses en gratuit.
  • Dmusic : de la musique suédoise en libre téléchargement
  • Art Libre : des oeuvres (textes, musiques, videos, dessins, peintures …) sous licence art libre, véritable licence copyleft, permettant la diffusion , la modification …
  • In Libro Veritas : la littérature équitable

… et voilà pour la première tournée de links.

Gregory Lemarchal : Pascal Nègre réclame une taxe sur les ventes de vaccins pour le virus H1N1

Bon voilà, je ne connaissais pas ce type, mais à ce qu’il parait, c’est un cador, un vrai, 4 octaves et sans harmonizer ou flanger le monsieur ! Capture d’écran le 2009-07-01 à 15.45.04C’est Pascal Nègre qui le dit. C’est vachement bien Wikipedia, ça m’a permi de découvrir que Gregory Lemarchal c’était notre Michael Jackson à nous, je me sens moins bête du coup … j’ai failli passer à côté d’un chanteur mort capable de se retourner 4 octaves ! On lui doit une Star Ac, une première partie de Yvette Turner au Festival de l’Andouillette à Dijon en 2006 et de nombreux show à faire (encore plus) pâlir Michael Jackson.

Mais manque de bol, Gregory Lemarchal est mort, comme Michael … et comme Michael, son prochain album sera bientôt dans les bacs !

Alors, toi … salopard d’internaute, écoute moi bien ! Tu vas acheter cet album, sinon Pascal Nègre demandera une taxe sur les ventes de vaccins à la grippe H1N1 qui elle aussi déboulera dans les bacs en Novembre 2009. Et tu ne vas pas l’acheter en mp3 hein, tu vas l’acheter sur CD : une édition en plastoque pérave à 20 euros, ou la version collector en plastoque pérave aussi mais noir  … un truc à 45 euros qui rappelle que le monsieur qui retourne ses 4 octaves est mort.

Devant l’explosion des ventes d’albums de Michael Jackson depuis sa mort, Universal Music envisage de programmer la mort des artistes de son catalogue pour compenser le manque à gagner provoqué par les pirates des intairnettes.

Quand on vous dit que le téléchargement ça tue les artistes !

F.E.A.R

Merci à Line pour le scoop !

PS : J’ai du créer une nouvelle rubrique pour ce billet, je pensais le coller dans la catégorie Musique, mais Deezer m’a évité de commettre l’irréparable … merci l’offre légale, mais vivement qu’ils y foutent aussi un peu de musique !