La taxe sur la copie privée mise à mal par une décision de justice européenne

Alors que se poursuit depuis les 60’s le racket institutionnel de la taxe sur la copie privée, qui taxe l’accès à une exception du droit d’auteur que les ayants-droit cherchent à annihiler, une récente décision de justice européenne vient de porter un coup à cet aménagement fiscal qui profite, une fois de plus, à l’industrie de la culture (et même ça d’ailleurs on en est pas réellement assuré vu l’opacité souhaitée de la répartition des sommes perçues). HADOPI, comme ACTA sont deux textes qui visent à entraver (à défaut de pouvoir un jour l’interdire complètement) le plus possible l’exercice de la copie privée. En toute logique, une loi comme HADOPI devrait donc entraîner une baisse de cette taxe puisque moins de fichiers illégaux sont téléchargés, c’est bien que moins de fichiers illégaux sont piratés, donc gravés… et que les supports que cette dîme taxe servent donc de plus en plus à un usage licite. Vous rêvez debout ou quoi là ? Ce n’est pas parce que « grâce à notre Président de la République Nicolas Sarkozy, la France est pionnière de l’Internet civilisé » qu’on va supprimer une taxe sur une pratique qui n’existe plus depuis le vote d’HADOPI !

La Cour de justice de l’Union européenne a partiellement remis en cause la taxe sur la copie privée, indiquant que cette taxe ne saurait s’appliquer aux entreprises. Si ceci ne change pour l’instant rien pour le particulier puisque la Cour indique que « dès lors que les équipements en cause ont été mis à la disposition de personnes physiques à des fins privées, il n’est nullement nécessaire d’établir que celles-ci ont effectivement réalisé des copies privées. », le NouvelObs souligne fort justement le risque de voir cette taxe augmenter pour compenser le manque à gagner avec les professionnels. Pour tout vous dire, il y a bien de fortes chances que les ayants-droit aillent une fois de plus pleurnicher à l’Elysée pour qu’il en soit ainsi et vu les millions que l’Etat injecte dans ces industries, par exemple au détriment même de l’innovation, cette augmentation passerait presque inaperçue, le ministre de la Culture vous expliquerait que ceci est « indolore » pour le contribuable… qui ne pirate pas… niant par là même un usage légal de ces supports (et oui je paye une taxe sur la copie privée quand je grave un cd Debian GNU Linux pour l’installer… un comble).

L’Elysée pourrait aussi par exemple faire un nouveau cadeau à l’industrie de la culture en décidant de payer une grosse amende pour « sauver la culture » qui, c’est une certitude, est appelée à mourir à cause d’Internet… c’est Nicolas Sarkozy qui le dit. D’ailleurs, voici la preuve en chiffres de la nécessité absolue d’une nouvelle perfusion de millions. A ce sujet, si l’indécente carte musique jeunes à quelques dizaines de  patates venait à être mise en place, je pense que je me lancerais peut-être dans une estimation de ce qu’a couté, depuis l’élection de Nicolas Sarkozy, le lobbying des majors au contribuable (rendez-vous le 28 octobre).

La taxe sur la copie privée porte sur une large palette d’équipements : disques durs, CD et DVD vierges, clefs USB, smartphones… J’imagine déjà l’ami Pascal Nègre pester le manque à gagner de sa profession qui ne pourra pas taxer le cloud computing. En attendant, à la SACEM, il y a encore des gens assez niais pour penser que l’effet HADOPI va déclencher une vague de millions d’achats compulsifs du dernier single de René la Taupe. Mais voilà, l’offre légale est toujours inexistante et les réseaux P2P désertés par les internautes profitent à quelques mafia du téléchargement… Du coup, le SNEP pourra toujours se payer les études bidons qu’elle voudra pour bourrer le mou des politiques, elle sera systématiquement ridiculisée par la réalité , et la réalité c’est ça :

Notre Internet est malade, ne l’achevez pas…

Il n'est pas trop tard

Bon, c’est pas la première fois que je peste sur les VPN qui pourrissent notre Internet. Mais à la lecture d’un commentaire sur le billet précédent, je viens de m’apercevoir que ce qui parait évident pour certaines personnes, est loin d’être acquis pour tout le monde. Je commence à peine à prendre la mesure des dégâts d’HADOPI sur notre Internet. Aujourd’hui je dois vous avouer que je suis particulièrement inquiet et énervé de voir des internautes qui se ruent sur ces solutions de _merde_ pour tenter de contourner une loi de _merde_… Résultat, c’est l’Internet qui trinque et l’Internet c’est vous tous.

Pour comprendre de quoi je parle, il faut certaines bases qui font autant défaut aux personnes qui ont porté HADOPI, qu’aux personnes crédules qui se ruent sur les VPN en pensant qu’ils résoudront tous leurs problèmes.

L’Internet est un réseau acentré et ouvert. Chaque machine reçoit et émet des données. Pour que ceci soit possible, elles ont besoin de se voir ces machines. Aujourd’hui elles se voient encore à peu près, où qu’elles se trouvent . Ce sont ces machines, situées en extrémités du réseau qui sont sensées apporter au réseau son l’intelligence. En masquant ces extrémités, en cherchant à disparaitre, vous amputez le réseau de son intelligence et vous laissez aux FAI comme marchands de minitel en haute définition, un boulevard pour qu’ils apportent leur intelligence à eux.

Oui je suis en rogne, car l’usage massif des VPN  ou des solutions d’anonymat pour le téléchargement, c’est la mort de l’Internet ouvert !

  • En adoptant les VPN pour télécharger vous êtes en train de transformer l’Internet en Minitel !
  • Vous êtes en train de laisser gagner les gens qui cherchent à vérouiller le Net !
  • Vous verrouillez le Net vous même !

Réveillez vous bordel !

En cherchant à disparaitre d’Internet vous tuez un bout de l’Internet, vous luttez contre le réseau… c’est complètement stupide !

Les solutions d’anonymat sont nécessaires pour l’exercice de libertés, par exemple pour des journalistes ou pour des opposants politiques de certains pays dont nous ne faisons pas encore partie. Les utiliser pour se cacher de son propre Etat à cause d’une loi aussi débile qu’HADOPI est une solution extrême, un pas de plus vers une escalade inacceptable pour les valeurs auxquelles nous sommes tous plus ou moins consciemment attachés. En cela, HADOPI est une loi terroriste, qui par effet non mesuré par ses géniteurs, est en train de TUER notre Internet.  Si le mal trouve ses origines dans les mesures d’un gouvernement qui n’a pas su mesurer le risque qu’il encourait en les prenant, ne lui donnez pas raison, par pitié, faites lui remarquer en vous exprimant mais pas en vous cachant.

Vous cacher c’est renoncer alors que vous êtes dans votre bon droit et c’est au moins aussi irresponsable que d’avoir voté HADOPI.

HADOPI et les marchands de VPN

Hardware VPN

Comme c’était à prévoir, les marchands de VPN sortent leurs sites de pseudo contre-mesures HADOPI et spamment blogs et forums avec leur solutions qui n’en sont pas… comme Start-VPN (j’invite d’ailleurs tous les blogeurs à reporter comme spam tous les commentaires avec un lien pointant vers ce site).

Le dernier en date c’est anti-hadopi.com (et non je ne le link pas), un site bien commercial qui exploite la peur des internautes et qui n’hésite pas à afficher les logos d’antis historiques comme la Quadrature du Net, à côté d’un lien sur un compte PayPal pour vous vendre sa soupe… routeur VPN et SSL soit disant « inviolable« .

Le site, sur sa page d’accueil, affiche votre adresse IP avec un script à 2ct pour vous proposer un abonnement VPN et affiche dans son footer un beau logo de la Quadrature du Net.  Le site est enregistré aux USA chez GoDaddy et on comprend que son auteur souhaite se faire discret. Si les VPN sont une solution à peu près viable (mais loin d’être infaillible) pour vous « cacher » et ainsi faire de l’anti Internet (qui repose sur un modèle ouvert où les machines ont besoin de se voir pour communiquer)… il est important d’identifier les personnes à qui vous confiez vos flux de données… tout ceci repose en grande partie sur la confiance.

En attendant, au lieu de vous faire empapaouter par ce genre de marchands de pseudo sécurité à 5 euros par mois que je soupçonne fortement d’être malhonnêtes (ou complètement stupides pour utiliser un nom de domaine comme ça), je vous invite à lire ce billet et celui-ci.

Si ce site proposait une solution viable, il disposerait d’une raison sociale (même offshore) et d’un nom de domaine ne s’exposant pas à une procédure…

Il va de soi que la Quadrature du Net n’a rien à voir avec ce site web.

Si vous voulez aider la Quadrature à continuer à mener son combat sur le seul terrain qui vaille, vous pouvez faire un don ponctuel, ou un don mensuel. Elle en a grandement besoin pour continuer son action sur les dossiers ACTA, Neutralité du Net, LOPPSI… le compteur est formel, la Quadrature n’a aujourd’hui de quoi tenir que jusqu’en Janvier 2011.

La député Marland-Militello nous fait une rechute à 2 patates

Militelland

Si la député Marland Militello n’existait pas, il faudrait l’inventer. Dans son monde merveilleux, « grâce à notre président NIcolas Sarkozy notre Internet est devenu civilisé« , sur la planète Militelland, HADOPI, est un immense succès populaire et les gentilles majors méritent bien qu’on les aide… une perfusion de brouzoufs, même quand on va très bien, c’est toujours appréciable.

Vous aviez peut être remarqué qu’elle nous avait fait une nouvelle sortie récemment, c’était évidemment encore une fois pour louer son président Sarkozy (Carla à votre place je ferai très attention, elle va finir par vous le piquer votre Nicolas). Je ne reviendrai même plus sur le discours de madame Marland-Militello qui trouve opportun de refaire cadeau d’une petite enveloppe de 2 millions d’euros pour faire la chasse aux pirates pendant que d’autres sont prêts à sacrifier l’innovation pour tenter de renflouer les caisses… Marc s’est déjà chargé de donner la fessée ici. La député semble convaincue que ces 2 millions offerts à une industrie bénéficiaire permettront de venir à bout des pirates qui (et c’est une fixation chez elle) TUENT LA CRÉATION … les sagouins !

Parce que  je le « veau » bien

Ce qui m’inquiète aujourd’hui, c’est surtout ces étranges crises de bégaiement cérébral de la député… vous allez voir en image c’est vraiment impressionnant, du coup je me demande si repousser l’âge de la retraite est une si bonne idée que ça :

A force de vouloir écouter tout le monde, on risque de ne plus rien entendre

Echelon

De nombreux sites web ainsi que la presse se sont fait l’écho de récentes remontrances émanant des services secrets américains à la France. La loi HADOPI était en cause. Le spectre d’une menace d’écoutes généralisées pour faire la chasse à l’échange de fichiers soumis au droit d’auteur est en passe de devenir un problème de sécurité nationale. Et c’est pas comme si les USA n’avaient pas d’intérêt à défendre leur industrie culturelle. Pourquoi sommes nous pionniers de « l’Internet civilisé » ? Les américains sont ils moins civilisés que nous ? On peut se demander pourquoi les services de renseignement français n’ont pas cherché à tuer dans l’oeuf les velléités de contrôle des populations à la gloire du sacro-saint droit d’auteur.

Les USA se sont posés il y a bien longtemps la question : est il opportun de menacer de mettre sous écoute sa population ? Il faut bien comprendre que dans la logique américaine, il y a une longue tradition du renseignement. L’exemple le plus connu des réseaux de renseignement en grande partie mis en place par les USA se nomme Echelon, il s’agit d’un réseau d’écoute planétaire capable d’intercepter n’importe quel type de communication (téléphone, internet, fax…). Il fonctionne sur dictionnaire, une liste de mots clés fait réagir le système, le message est ensuite intercepté, puis analysé, de manière informatisée, puis par des moyens humain. La France aussi est dotée de son réseau d’interception, baptisé Frenchelon. Il existe cependant une différence notable entre les USA et la France sur la finalité de ces outils. Les USA concentrent leur effort sur le renseignement exterieur et apportent le plus grand soint à ne pas utiliser ces outils contre leur propre population. De notre côté, en France, on ne s’embarrasse pas vraiment avec de telles considérations et à écouter Marc Guez (président d’une association caritative dont l’objet est la préservation des revenus issus des phonogrammes en plastique et le sauvetage les artistes des méfaits d’Internet), c’est tout à fait naturel, c’est déjà en place, alors pourquoi pas l’utiliser pour servir ses intérêts à lui, quitte à s’exposer à des répercutions particulièrement dangereuses.

Je m’étais à une époque amusé avec Google Map à aller jeter un oeil sur les infrastructures américaines pour les comparer aux infrastructures françaises et j’avais constaté que les français étaient quand même bien plus pudiques que les américains sur la question, jugez par vous même :

Voici des installations d’Echelon à Menwith Hill vues du ciel, difficile de les rater, c’est tellement net qu’on pourrait presque lire les plaques d’immatriculation des voitures qui y sont stationnées.

Echelon, site de Menwith Hill

Voici maintenant des installations de la DGSE à Domme dans le Périgors et qui constituent une petite partie du réseau Frenchelon, les arbres sont eux parfaitement nets, en revanche, nos grandes oreilles, on tente gentiment de les cacher.

Installations d'écoutes de la DGSE

Si les deux sites précédents sont parfaitement connus, on trouve sur Google Maps d’autres endroits sur le globe qui laissent assez rêveur, comme ce petit coin paumé au milieu de nul part, Wales, en Alaska. On croit y distinguer un peu le même type de boules blanches… et quand on recule un peu, plus au nord, on voit une énorme piste d’atterrissage… et on se demande du coup quel type de fret peut desservir les 4 baraques de pêcheurs qui semblent border cette côte sauvage du grand nord américain.

Wales, Alaska

L’objectif de ce billet n’est pas vraiment de comparer les infrastructures de Frenchelon à celle d’Echelon, mais cette petite digression me semblait nécessaire afin de de vous montrer que des réseaux entiers destinés à intercepter les communications sont bien en place et qu’en plus c’est loin d’être nouveau.

Ce qui est relativement nouveau en revanche, c’est l’engouement des français pour l’anonymat sur Internet, je crois que des gens comme Cupuccino, Korben ou Fabrice vous le confirmeront à la lecture de leurs statistiques, de très nombreux internautes se documentent sur l’art et la manière de télécharger tranquillement, et pour ça, ils n’hésitent pas à se tourner vers des solutions de chiffrement plus ou moins élaborées. L’usage massif de ce ces solutions créent inéluctablement une forme de bruit par convolution qui pourraient vite s’avérer gênant pour les autorités habilitées à mener des écoutes pour des affaires autrement plus sérieuses que le téléchargement.

Toujours plus chiffré, toujours plus simple d’utilisation, les solutions se font à la fois plus grand public, plus qualitatives et font monter en compétences les internautes sur des problématiques dont ils n’avaient guère à se soucier il y a quelques mois. Est-ce souhaitable ? Surement pas. Il n’est jamais souhaitable qu’un concitoyen éprouve un besoin de se cacher pour pratiquer ce qui en plus de 10 ans est devenu un usage. Et je dois dire que je suis particulièrement surpris du silence du ministère de la Défense à ce sujet. J’ai beaucoup de mal à comprendre que l’armée n’ait pas alerté les pouvoirs publics sur le risque d’une démocratisation du chiffrement. Certes, la France compte parmi ses services des mathématiciens de talent capables de casser des algorithmes incroyables, ou des d’informaticiens doués, capables de se jouer de mauvaises implémentations de ces protocoles de chiffrement, mais dans le cadre d’une écoute « sur dictionnaire » (c’est de cette manière qu’opère un outil comme Echelon, je ne sais pas trop pour son pendant français), on se doute bien qu’il est plus compliqué et plus coûteux en terme de traitement de repérer une information intéressante sur un flux de données chiffrées de plusieurs dizaines ou centaines de milliers de personnes que quand on a traiter un flux de données chiffrées de quelques centaines d’individus.

Si la NSA ne se sent pas très à l’aise avec HADOPI, on se demande ce que peuvent en penser les communautés du renseignement français, je serai fort curieux d’entendre leur son de cloche là dessus, comme par exemple savoir s’ils ont été consultés avant la mise en oeuvre du dispositif HADOPI ou encore de ce qu’ils pensent d’une utilisation des technologies de reconnaissance de contenu (Deep Packet Inspection) pour faire la chasse aux téléchargeurs, alors que ces techniques leur étaient jusque là réservées… mais comme on l’a vu ci-dessus, nos services savent se faire discret.

Aujourd’hui ce qui m’inquiète le plus, c’est cette crise de confiance entre le gouvernement et ses administrés qui commence à devenir une tendance lourde : les internautes cherchent des moyens de se protéger… de l’Etat.

Comme le dit fort justement Benjamin Bayart, dans une démocratie, il est nécessaire que l’on puisse prendre le maquis, en revanche, quand on a 20% de la population qui souhaite le prendre, c’est qu’on a un sérieux problème.

HADOPI : un reportage de M6 vraiment ridicule

Piratage sur M6
Piratage sur M6

Je viens de prendre un peu en cours 66 Minutes, le reportage de M6 traitait cette semaine du téléchargement illégal de manière plutôt partisane, et je vous assure que c’est un euphémisme. Chiffres sortis du chapeau, amalgames douteux, de la bonne vraie TV poubelle comme j’en avais pas mangé depuis un bail. Au registre des inepties on par exemple ce bon vieux cliché qui assimile un téléchargement à un vol, appuyé par une brève apparition de l’acteur Gérard Darmon. S’en vient ensuite un petit volet sur les premier envois de mails d’HADOPI et là M6 nous apprend que si 12 millions d’internautes savaient installer un client P2P et seeder l’intégrale des bisounours, seuls 3 millions savent « passer à travers les mailles du filet », c’est à dire faire clic clic sur un lien megaupload et taper 4 lettres qui composent le captcha… là on sent tout de suite l’enquête minutieuse.

Mais il y a encore plus gros, dans un immeuble proche des Champs Elysée nous précise le reporter, des personnes s’affairent à collecter des adresses IP et à les transmettre directement à un magistrat. Oui, vous n’hallucinez pas, l’image nous montre à l’écran 5 gus dans un garage hausmanien sous Windows (c’est limite si on ne les voit pas écrire les adresses ip sur un post-it…). Des agents assermentés ? Même pas ! Ou même plus… des anciens policiers nous précise t-on. On est bien dans le domaine de la petite milice privée qui relève des données pseudo personnelles et surtout franchement pas fiables pour les transmettre au procureur.

Soit M6 a raconté de splendides bêtises, soit il se passe des choses franchement peu  avouables chez les ayants droits qui mandatent n’importe qui pour faire n’importe quoi… En tout cas bravo à M6 pour ce scoop, ça va nous donner matière à creuser un peu les moyens d’investigations de ces officines privées, on sait maintenant que TMG n’est pas la seule sur ce coup, on sait également que les gens qui opèrent sont parfaitement illégitimes dans ce qui devrai relever d’une l’enquête judiciaire, et on apprend enfin que les preuves collectées sont de haut niveau avant d’être transmises au procureur…

M6 m’a TUER !

Edit : L’émission de M6 est maintenant sur M6 Replay (flash)

De ces voleurs qui tuent les artistes

Marc Guez

Quand on entend Nicolas Sarkozy qui entend « sauver la création », on se dit qu’elle est en très grand danger. Il faut avouer que pour la musique, ce n’est pas tout à fait faux. Si l’industrie du disque n’est pas aussi moribonde qu’on aimerait nous le faire croire, les artistes, eux s’apauvrissent bel et bien avec la dématérialisation des supports.

Voici la répartition moyenne d’un titre vendu pour 0,99€ :

  • 0,61 € pour la maison de disques
  • 0,19 € de TVA
  • 0,07 € reviennent à la Sacem
  • 0,06 € pour le distributeur (le site Web)
  • 0,03 € de frais divers à répartir entre services de Télécommunications, licence technique de gestion et frais bancaires
  • 0,03 € pour l’artiste

On peut effectivement fustiger les internautes, mais à la lecture de ces chiffres, j’ai un peu de mal à définir les internautes comme la cause réelle d’une menace pour les créateurs. En outre si la carte musique jeune promise par Nicolas Sarkozy venait à voir le jour, vous savez maintenant où passera l’argent public… une scandaleuse perfusion, ni plus, ni moins.

On peut donc continuer à policer l’internet comme l’appelle Marc Guez en utilisant des technologies de reconnaissance de contenus, mais il est évident que même ça… et bien ça ne permettra pas aux artistes de vivre mieux. 1 euro le titre, pour un fichier numérique, c’est aussi cher qu’un titre matérialisé sur un support. La seule différence, c’est bien la répartition. La où un artiste touche entre 1,2 et 2 euros par album, il vois ses revenus en valeur fondre de manière spectaculaire sur des fichiers numériques alors que les frais de distributions sont quasi inexistants. Les maisons de disques se taillent la part du lion.

En dehors du fait que j’ai sincèrement l’impression que les maisons de disques prennent les artistes pour des cons, c’est surtout l’intervention de Marc Guez dans l’émission Revu et Corrigé qui motive l’écriture de ce billet. Manque de chance pour lui, il s’est retrouvé face à Fabrice Epelboin, du coup il n’en ramène pas lourd avec une argumentation qui frise le ridicule… comme au moment où il nous ressort sa liste de 53 artistes en faveur d’HADOPI.

Vers la 56e minutes Marc Guez expose encore une fois un plaidoyer en faveur du Deep Packet Inspection en commettant deux trois erreurs factuelles. Le monsieur semble assez persuadé que le Deep Packet Inspection, ou l’écoute généralisée des communications destinée à filtrer les échanges de fichiers « illégaux » sur le Net, est bien la solution aux maux de l’industrie du disque… ce qui est assez gonflé quand on on découvre les chiffres que vous venez de lire.  Marc Guez conclu enfin sur un calcul savant où il nous expliquer qu’il perd de l’argent en valeur… comme le montre une fois de plus les chiffre ci-dessus. Je sens qu’on va reparler de la SCPP très prochainement.

  • Visionner la vidéo (à partir de la 48e minute) / Format Silverlight
  • Pour les linuxiens, la voici dans un format encore plus pourri (wmv) mais qui fonctionne une fois les codecs installés

HADOPI : Glasnost sur le Deep Packet Inspection ?

La Haute Autorité a daigné répondre à mes interrogations sur la Deep Packet Inpection, vous trouverez les questions ici, et la réponse de l’HADOPI , . J’ai lu très attentivement cette réponse et j’y vois deux trois choses intéressantes :

Dans un premier temps, le fait que l’HADOPI, par le biais d’une réponse officielle, fasse un premier pas pour tenter de lever des inquiétudes, montre à quel point cette question du Deep Packet Inspection est centrale et inquiète… tant nous, internautes, que l’HADOPI, qui doit quand même se rendre compte que l’on ne peut pas accepter tout et n’importe quoi en matière de sécurisation, particulièrement quand il s’agit de jouer avec des outils, qui détournés de leur usage initial, peuvent aboutir à des situations non désirées de tous, et dans l’intérêt de quelques croisés du droit d’auteur.

Maintenant concernant le terme de « fantasme » Marc, sur PCInpact a très bien résumé ce faisceau de présomptions particulièrement fondé et étayé par des faits qui nous incitent à penser que le DPI est bien considéré comme une solution qu’il faut « évaluer », le président de la République en tête. Peut-on donc réellement parler de fantasme, surtout quand on lit un peu partout que le déploiement du DPI à grande échelle coûterait des centaines de millions et que l’on sait que ceci est parfaitement faux. Les déploiements d’équipements en coeur de réseau, proche des backbones, coûteraient au plus quelques millions. Un routeur de service vide coute dans les 80 000 euros, une fois gavé de modules dédiés au DPI on arrive à un chiffre de 200 000 euros pour traiter du terabit. Ce qui est donc de l’ordre du fantasme, c’est dire que c’est impossible parce que ceci coûte cher… le DPI est tout à fait à la portée de la bourse des 7 principaux fournisseurs d’accès.

D’un fantasme à l’autre, il n’y a qu’un pas

Vous m’avez peut être, à la lecture de certains billet, vu parler à demi mot d’expérimentations menées par les FAI dans le domaine de la reconnaissance de contenus. Et bien je vais me permettre d’être encore plus clair : OUI, certains fournisseurs d’accès l’expérimentent, c’est une évidence. Il est également de notoriété publique que ces technologies sont déjà en place sur les réseaux mobiles des opérateurs téléphoniques. Ils y ont un intérêt flagrant, il est d’ordre économique et le DPI peut vite devenir très rentable pour eux. Je m’explique…

En condamnant le P2P qui favorisait des échanges principalement nationaux, où la bande passante n’était pas facturable par un tiers, et qui avait le bon goût d’équilibrer les charges en utilisant un lien fibre dans un sens comme dans l’autre, HADOPI a pour principale conséquence une migration massive des utilisateurs vers des solutions de direct download (Rapidshare, Megaupload….). Ces solutions font un usage de la bande passante à sens unique, les serveurs sont souvent situés outre-atlantique, aux USA. Les autres gros hébergeurs se trouvent aux Pays-Bas, en Russie… Tous les fournisseurs d’accès vous confirmeront cet accroissement de trafic transnational à sens unique et donc une hausse des coûts de transit. Les solutions de reconnaissance de contenu deviennent alors intéressantes pour un FAI un peu zélé qui souhaiterait faire la chasse aux téléchargements de fichiers lourds, avec pour argument, que comme il s’agit dans 99% des cas de fichiers illégaux, il est dans son bon droit… et puis c’est dans l’air du temps et c’est bien ce que promettent les équipementiers aux FAI : faire plein d’économies en se débarrassant d’un trafic indésirable. Mais comment un FAI va reconnaître un Divx légal (encodé par mes soins depuis un original légalement acquis) que je fais transiter par le réseau depuis mon média center de mon lieu de résidence, à mon laptop, sur mon lieu de vacances ?

La HADOPI veut se donner les moyens de la transparence

Je ne reviendrai pas sur la joute sémantique tester/évaluer/expérimenter et je vais tenter de me concentrer sur ce qui me semble le plus intéressant dans cette réponse. L’HADOPI, affirme que les expériences menées par les fournisseurs d’accès ne présenteront à ses yeux aucun intérêt et ne leur prêtera aucune crédibilité si par l’intermédiaire de ses labs, elle ne peut exercer un contrôle sur la méthodologie, le contexte et le périmètre de ces expérimentations. Maintenant que la loi est là, et tant qu’elle ne sera pas abrogée, c’est à l’HADOPI qu’incombe la mission d’évaluer ces solutions de filtrage et elle rappelle que ceci devra se faire dans la transparence la plus totale :  les évaluations doivent être présentées au législateur et au public dans le rapport d’activité de la Haute Autorité.

Soyons clair, je ne dis pas que ça me tranquillise, ni qu’au fond de moi j’estime l’HADOPI légitime dans une mission d’évaluation d’une solution de flicage globale, mais le cadre légal indique qu’au moins les résultats seront publics. Une chose apparaît claire en tout cas, c’est que l’HADOPI évaluera bien le DPI, et c’est au sein de ses Labs que ceci devrait se passer. Mon sentiment là dessus est qu’évaluer ce genre de solutions dans le but de filtrer des contenus soumis à droit d’auteur reste une dérive dangereuse et contre nature. Envisager quer l’on puisse utiliser le DPI pour servir la croisade du droit d’auteur me fait froid dans le dos et ne laisse rien augurer de bon. L’autre effet perver sera bien évidemment le chiffrement lourd des communications des abonnés, la crise de confiance serait sans précédent.

Allez encore un petit effort

Si l’HADOPI a un réel pouvoir de décision sur cette épineuse question, il est impératif qu’elle rejette toute utilisation de filtrage par reconnaissance des contenus. De tels dispositifs ne doivent pas avoir leur place dans une démocratie, le risque de détournement est bien trop important, il est inéluctable. Offrir le Deep Packet Inspection, même sur abonnement pour contourner quelques détails légaux comme le viol de la vie privée des concitoyens reste inacceptable, j’ose espéré que la sagesse prévaudra sur la pression des ministère de l’Industrie, de la Culture, des ayants droits et d’une poignée de politiques qui ne prennent pas la (dé)mesure des outils qu’ils souhaitent mettre en place, alors que les effets du piratage sur l’économie des biens culturels  sont loins d’être aussi négatifs qu’ils n’aiment à le faire croire… un autre point sur lequel les labs devraient tenter de porter leur attention en produisant des études que l’on souhaite indépendantes, elles aussi.

Pour conclure, si la Haute Autorité fait preuve de l’indépendance qu’elle souhaite affirmer dans sa réponse (un acte que je salue au passage), nous devrions arriver à des choses intéressantes un jour ou l’autre et je confesse que j’apprécie ce premier pas même si l’objet reste à mes yeux inacceptable : le DPI n’a pas sa place dans une démocratie digne de ce nom. Enfin l’évaluation des technologies de reconnaissance de contenus sont un aveu d’échec assez flagrant sur les solutions techniques de « sécurisation » des accès Internet… mais là dessus, je ne m’attendais pas spécialement à des miracles.

Je resterai donc particulièrement attentif sur ce sujet et j’entends que les quelques fournisseurs d’accès qui expérimentent dans leur coin ces solutions sortent du bois rapidement, et surtout que le législateur prenne ses responsabilités pour encadrer l’usage des ces technologies dont l’objet est de servir le bon fonctionnement d’un réseau, mais surement pas d’opérer un flicage sur la population.

Alain Suguenot soutient Free… il a tout compris

Alain Suguenot
Alain Suguenot

Dans La voix est Libre une émission de France 3 Bourgogne, Alain Suguenot, député UMP et maire de Beaune apporte ouvertement son soutien au fournisseur d’accès Free qui avait refusé d’envoyer les emails de recommandation de l’HADOPI. Le député en profite pour dézinguer HADOPI, trappelant par exemple que cette loi aura eu la peau de deux ministres.

Le député Suguenot rappelle que Free a pris une décision courageuse en prenant position contre une loi liberticide… le mot est lâché. Le constat est là, les carences démocratiques pendant les débats d’HADOPI 1 et 2 laissent des traces et le député le rappelle : « Aujourd’hui, la loi pose des difficultés que l’on avait évoqué« . Puis quand le journaliste demande au député s’il n’est pas un peu esseulé au sein de sa majorité, le député répond « je suis celui qui parle« … Il apparait clair que si HADOPI devait repasser aujourd’hui devant le parlement, il y a de fortes chances que si par miracle elle était adoptée, elle ne ressemblerait pas à ce que nous connaissons aujourd’hui… la pédagogie à ses limites et de nombreux députés commencent à se rendre compte qu’on ne peut manier la trique sans carotte (une offre légale digne de ce nom).

Au coeur de l’argumentaire d’Alain Suguenot, l’offre légale inexistante et le problème de la sécurisation de la connexion de l’abonné qui ne trouvera probablement jamais de solution technique satisfaisante.

Merci à Niko pour l’url de la vidéo 😉

Wifi Robin est maintenant disponible en France

wifirobin
Wifi Robin disponible en France

Il y a quelques temps, je vous avais parlé de Wifi Robin, un petit boiter magique qui envoi des lutins dans les airs pour capturer des trames et automatiser des attaques sur le protocole de chiffrement sans fil WEP qui comme chacun le sait n’est pas HADOPIProof. Et bien maintenant ça y est, Wifi Robin est disponible à la vente en France, chez Greezbee, pour 139 euros. C’est par ici que ça se passe (et non je n’ai pas d’actions). Tout comme les cartes Alfa (dont je soupçonne être le coeur de la bête, avec son chipset Realtek RTL8187L), ça patate quand même à 1w soit 10 fois la puissance autorisée en France… elle est donc bridée mais facilement débridable, il faut juste prendre soin de ne pas dormir à côté.

Si comme moi vous n’avez pas 139 euros à mettre dans ce gadget mais que la bidouille vous amuse et que vous avez une ou deux foneras qui trainent à la maison, allez donc jeter un oeil sur HostileWRT, un projet du /tmp/lab dont vous trouverez les slide de présentation au Hack.lu ici.

Il va de soi que vous ne jouerez avec que sur votre réseau local et que vous n’utiliserez pas la connexion de votre voisin pour seeder comme un puerco.

Merci à Abysce pour l’info 😉

tmplab HostileWRT 5