HADOPI, ce n’est pas que des failles techniques, c’est aussi des failles juridiques qui fleurent bon le texte écrit à la va vite sans considération aucune de l’existant. Si comme moi vous êtes de la génération K7 et que vous ne disposez plus de magnéto pour les lire, faut-il pour autant vous asseoir sur toute votre discothèque parce que les fabricants ont abandonné ce support ?
Si vous êtes moins âgé que moi, il se peut aussi que vous achetiez des cd mais que vos habitudes d’écoutes font que vous soyez obligés d’injecter du mp3 dans votre baladeur ou dans votre autoradio.
Dans ces deux cas précis, il convient d’encoder ou de télécharger des œuvres que vous avez légalement acquises… oui mais voilà, il va falloir les télécharger sur des sites de p2p, puisque c’est là qu’ils se trouvent (vous n’allez pas vous payer un album en mp3 sur un iTune tournant dans une vm Qemu alors que vous disposez de l’original sur cd … nous sommes bien d’accord). La splendide offre légale ne prévoit aucun dispositif pour acquérir gratuitement et légalement les fichiers numériques d’un album que vous avez déjà acheté sous un autre support … et oui l’offre légale elle même est bien bugguée
Et dans la catégorie bugs législatifs, force est de constater que le texte Création et Internet ne prévoit pas ce cas de figure qui est pourtant affligeant de banalité en 2009… une forme de copie privée régie par le simple usage des outils d’aujourd’hui.
Prenons donc un cas de figure très simple :
Je dispose de l’intégrale de Jimi Hendrix en K7 audios
Je n’ai plus de magnéto fonctionnel
Je télécharge l’intégrale de Jimi Hendrix sur le Net
HADOPI me prend la main dans le sac et me colle un avertissement
Je conteste aussitot, mais comme il s’agit d’un avertissement, je n’obtiens même pas de réponse de la Haute Autorité
Comme j’ai beaucoup, vraiment beaucoup de K7, je me fais pincer un mois plus tard en train de télécharger mes vieux albums de Prince que j’ai, là encore, acheté le plus légalement du monde, je dispose toujours des orginaux, ils sont bien rangés, dans des boites couvertes de poussières, mais il sont bien là… second avertissement, par recommandé avec AR, seconde contestation (en envoyant 5 mails par contestation pour exiger une réponse concernant cet avertissement illégitime … et évidemment, pas de sanction donc pas de réponse).
De passage dans une FNAC, j’achète un album DRMisé, de retour chez moi et sur le point de partir en vacances, je tente d’encoder mon album pour pouvoir le lire depuis le lecteur mp3 dans ma voiture … ça ne fonctionne pas, je décide donc de télécharger les mp3 de cet album que je viens tout juste d’acheter.
Le sort s’acharne, HADOPI me coupe ma connexion … mais voilà elle coupe la connexion d’une personne qui ne contrevient pas la réglementation et applique une sanction injustifiée.
Rendez-vous au tribunal…
Et si on évitait maintenant de se poser en victime ?
Et si on téléchargeait en boucle (sans les partager) des œuvres que nous avons légalement acheté, comme ça juste pour générer du trafic juste pour le plaisir de contester avec 10 mails par avertissements les mises en garde de l’HADOPI sensée traiter 10 000 cas par jours …
Au bout de quelques passages devant les tribunaux et après avoir plumer la Haute Autorité en dommages et intérêts il y a fort à parier que la copie privée légale poserait un énorme problème à l’HADOPI et générerait un taux d’erreur très important (l’astuce est de télécharger plusieurs fois et en permanence des œuvres que vous avez légalement acquises … juste pour le plaisir de vous prendre un avertissement et de le contester puissance 10 pour engorger les boites mails de la haute autorité … voilà c’est aussi bête que ça.
Merci à Stef pour ce lien j’en pleure encore de rire 🙂
J’en profite au passage pour vous rappeler qu’en ces temps difficiles l’APRIL qui promeut et défend le Logiciel Libre a besoin de vos soutiens. Quand on connaît les actions menées par cette association toujours en première ligne pour défendre nos libertés sur le Net, l’adhésion, même si vous n’êtes pas un utilisateur féru de GNU Linux, est un acte très porteur de sens.
La problématique de l’accès à la culture n’est pas un phénomène récent contrairement à ce que certains aimeraient nous faire croire. Aussi, les bibliothèques et médiathèques municipales sont une solution de proximité accessible et relativement bien fournie pour peu que vous habitiez dans une grande agglomération.
Qu’est-ce qu’une bilbliothèque ou une médiathèque municipale sinon une licence globale avant l’heure ? Un usager s’abonne et peut bénéficier de l’emprunt (et donc copier bien tranquillement) toute œuvre disponible.
Pourquoi ne pas aller directement s’y servir et encoder sur place, sur son ordinateur portable, ou chez soi, les œuvres qui y sont disponibles ?
Dans le cadre de ses études, un étudiant photocopiant une partie d’un livre n’est pas blâmable, pourquoi le serait-il s’il copiait un film ou une musique afin d’appuyer sa réflexion par le biais d’un support sonore ou vidéo …
Alors oui, vous allez me dire qu’une bibliothèque ou une médiathèque s’acquitte des redevances qui vont bien aux ayant-droits … mais n’est-ce pas là ce que proposait la licence globale ?
D’ailleurs, la SACEM, comme nous le prédisions depuis plusieurs mois, n’a pas attendu bien longtemps pour nous faire le coup du « Petitgirard » qui une fois acquis le beurre et l’argent du beurre, lorgne sur les fesses de la crémière… voir les commentaires de ce billet.
Je n’ai jamais caché une certaine fascination pour Pascal Rogard, contrairement à de nombreux partisans de la riposte graduée, il ne s’en laisse pas compter. Tout d’abord parce qu’il connaît sur le bout des doigts les problématiques de sa filière, mais aussi et surtout car contrairement à de nombreux députés qui avouent volontiers être de bons godillots…
… Pascal Rogard sait très bien que ce texte sert bien plus la SACD, la SACEM, la SDRM, le SNEP … et tous les « S »machin aux systèmes de répartitions les plus opaques possibles.
Homme de lettre, brillant orateur, il tient à jour un blog que je lis fort souvent.
C’est _encore_ un billet de son blog qui m’amène à réagir aujourd’hui. L’exercice n’est pas simple, mais nous allons nous y risquer.
Le projet de loi favorisant la diffusion et la protection de la création sur Internet a été définitivement adopté par le Parlement.Il sera sans doute ensuite avant promulgation soumis au conseil constitutionnel qui devra juger de sa conformité à nos textes fondamentaux.
Dés le départ, on ne peut pas être d’accord avec la tournure de la phrase de Mr Rogard (et le pire c’est qu’il n’invente rien puisqu’il s’agit du pedant intitulé de la loi Création et Internet), une phrase martelée car vitrine bienséante de l’odieux projet de loi qu’est Création et Internet. Je mets au défi quiconque de trouver dans ce texte une seule ébauche d’embryon d’action concrète qui va favoriser la « DIFFUSION » … J’ai beau chercher je ne trouve pas. Peut être Monsieur Rogard est-il dans le secret des Dieu au point de nous confier que les studios Universal sont sur le point de lancer un logiciel de p2p « légal » pour aider à la diffusion payante de son catalogue qui de part sa qualité fera bien plus de hits que tout Pirate Bay … allez savoir.
Concernant la protection de la Création, là encore, il faut n’avoir jamais surfé pour ne pas se rendre compte que la création elle même n’a jamais eu besoin d’être protégée (merci d’éviter de confondre la « Création » et les « œuvres »), pour la bonne et simple raison qu’elle n’a jamais été en danger. Les personnes « bienveillantes » qui souhaitent la protéger sont soit des e-gnares (comme Jack Lang), soit des personnes qui souhaitent protéger ce qu’elles grappillent dans la poche des créateurs… mais sûrement pas les créateurs eux mêmes une nouvelle fois.
En ce qui concerne les normes européennes, la commissaire en charge du Paquet Télécom Viviane Reding vient de rappeler que si ce texte ne lui plaisait pas politiquement, il n’était en rien contraire au droit communautaire.
Ne mettons pas la charrue avant les bœufs, quand bien même nous devrions attendre la première jurisprudence cassant la sanction d’une autorité reconnue non conforme au droit européen pour appliquer une sanction, le droit communautaire n’existe pas vraiment sur ces points, il existe par contre de grands principes, devant lesquels la Cour de Justice Européenne risque d’avoir à trancher plus tôt que prévu. Bien malin celui qui peut aujourd’hui déclarer le texte Création et Internet et le principe de riposte graduée conforme ou non au droit communautaire.
Et puis on va essayer de la faire simple pour le moment et éviter toute spéculation :
L’amendement 138 adopté par les députés européens stipule que seule une autorité JUDICIAIRE peut appliquer une sanction
L’HADOPI, comme son nom l’indique est une autorité administrative qui va être chargée d’appliquer une sanction.
Le droit européen primant sur le droit français … Suite au prochain épisode …
Une façon habile de renvoyer chaque camp dans ses buts et de favoriser un compromis qui permette l’adoption du paquet télécom pris en otage par la volonté de parlementaires européens français de défaire à Strasbourg ce qui est voté à Paris.
Et oui, c’est bien ça, favoriser un compromis, ce compromis que le gouvernement n’a jamais voulu entendre pendant les débats c’est bien ça ? le machin avec la double peine, l’autre bidule avec l’amende … pourquoi nous parler de compromis aujourd’hui alors que le texte Création et Internet a été adopté dans sa version la plus répressive possible ? Pourquoi le Paquet Telecom concéderait-il en plus au gouvernement français le droit de faire _vraiment_ n’importe quoi ?
Concernant la « prise d’otage », une fois encore, si on pouvait éviter ces termes détournés de pirates, de flibuste, de terroristes (…) le débat s’en trouverait apaisé et il y a fort à parier que notre communication mutuelle serait un tantinet moins entravée. Si non, les « preneurs d’otages » sont fiers de tenir tête aux lobbys d’improductifs souhaitant orwelliser notre société pour exploiter un peu plus encore les 90% de créateurs qui crèvent pour contenter les ?? % à qui des sociétés d’auteurs reversent plus qu’un SMIC chaque mois (c’est amusant comme aucune société d’auteur n’est très communicative sur ?? % d’auteurs qui vivent de leur système de répartition si bienveillant) … grand bien nous en fasse. Dans cette escalade sémantique, personnellement, je n’hésiterai pas à qualifier les sociétés d’auteurs et les majors d’esclavagistes ou d’aspirateur à brouzouf … ni plus ni moins.
Concernant le fonctionnement de nos institutions maintenant, Strasbourg ne « défait » pas ce qui est fait à « Paris », d’ailleurs si on se réfère aux principes élémentaires de droit international ou de droit communautaire dans notre cas, c’est plutôt Bruxelles qui doit faire et Paris s’aligner en adaptant son droit national au droit communautaire. Mais notre exception culturelle française semble ête si forte qu’elle s’accommode bien de sa propre vision en jouant d’intimidations et de pressions sur le Parlement Européen pour que ce dernier se plie à ses exceptions (souvenez vous le premier retrait de l’amendement 138 et de la missive de Nicolas Sarkozy à Monsieur Barroso.
Le débat sur sur la loi a été passionné, mais il n’est pas sur que nos concitoyens aient bénéficié d’une information sérieuse sur le sujet.
Mon dieu ce que Pascal Rogard a raison :
Les auteurs ont été informés par le biais de scandaleux courriers de propagande que je me laisse le droit de publier ici ;
l’opinion publique a été sensibilisée grâce à l’immense jaimelesartistes.fr (oui je sais c’est pas clicable), chef d’œuvre de mythomanie gouvernementale ;
pas une seule étude sérieuse n’a été réalisée, ni sur l’état des lieu ni sur l’impact d’une telle loi ;
strictement AUCUN débat contradictoire pendant les débats de l’Assemblée et des réponses gouvernementales qui fleurent bon l’amateurisme, l’improvisation et pire, l’ignorance ;
pas une seule piste de modèle viable en dehors de Deezer qui n’a jamais gagné d’argent (à croire que Mme Albanel a des actions pour cette startup tant elle l’a encensé pendant les débats … et de notre point de vue c’est une ânerie … ou une nouvelle manière d’envisager la copie privée le plus légalement du monde, c’est selon).
… rien, la steppe Yacoute ! On sensibilise l’opinion à coup de « les vilains pirates sont des terroristes pédo violeurs qui vendent de faux médicaments et font exploser des bombes aux quatre coins du globe » … Là c’est sur qu’avec une telle entrée en matière, les débats n’allaient pas s’en sortir grandis…
Si vous avez la mémoire courte, voici un rapide best of en vidéo :
Pour voir cette vidéo dans son contexte avec le splendide article qui l’accompagne dans lequel Muriel Marland Militello qualifie les internautes de terroristes, c’est par ici.
… on va s’arrêter là pour le moment niveau vidéo… mais vous conviendrez qu’en terme d’information, il n’y a pas de quoi être fier de ce que les pro HADOPI ont pu nous apporter comme preuve des effets négatifs d’Internet sur la Création, ni sur la manière dont ils l’ont fait. Il n’y a pas non plus de quoi être fier des réponses apportées à ce faux problème par 5 lobbystes dans un garage qui souhaitent faire passer une répression disproportionnée pour de la « pédagogie »… La seule pédagogie efficiente du projet de loi création et internet, c’est que beaucoup d’utilisateurs vont finir par savoir se servir de Google … à bon entendeur.
Les conditions rocambolesques du premier rejet par l’Assemblée Nationale ont surtout renforcé un antiparlementarisme toujours rampant dans notre pays car les français n’ ont retenu qu’une chose l’absentéisme des députés en séance.
Personnellement, ce que je trouve rocambolesque c’est le cumul des mandats et l’incapacité de certains députés godillots à avoir conscience de ce sur quoi ils légifèrent. Allez magnéto Serge :
Mais en prince de la prose, Pascal Rogard parle d’antiparlementarisme, c’est très intéressant comme approche et c’est un mot de plus pour qualifier les internautes que l’on ajoutera aux mots : « voleurs », « nazis », « terroristes » ( … ) D’ailleurs les internautes ne sont pas des citoyens c’est bien connu, pourquoi seraient ils respectueux du Parlement après tout ?
La majorité présidentielle s’est divisée sur le sujet mais a largement voté le texte et le PS a réussi à l’Assemblée Nationale a conservé une quasi unanimité pour s’y opposer à l’exception toutefois de Jacques Lang qui a retrouvé ses accents de grand Ministre de la culture pour défendre la création française.
Elle et bien bonne 😉 Et non Pascal, vous le savez très bien, notre ami Jack Lang est en manque de planque en ce moment, il s’ennuie à mourrir dans cet hemicycle, d’ailleurs il n’y va jamais :
Travaux parlementaires depuis 2007 (13ème législature) :
Aucune intervention en séance
1 intervention en Commission : le 10 Septembre 2008 à 10h
Aucun rapport d’information
Aucune proposition de loi (signataire de 5)
A voté seul parmi les socialistes pour le projet de loi gouvernemental de réforme de la constitution lors du Congrès de Versailles du 21 Juillet 2008 alors que le vote s’est joué à deux voix près
… c’est dire la bête de travail qu’est ce « grand ministre » pour prendre position sur un thème qu’il connait sur le bout des doigts vu son assiduité 🙂 … très franchement cher Pascal, notre ami Jack serait resté dans sa léthargie, ça n’aurait pas changé la face du monde. Et vu le ridicule du monsieur sur ce sujet, il aurait du s’en tenir à cette léthargie. De grâce ne me parlez pas d’antiparlementarisme, je suis juste anti improductifs … qui plus est quand ils se payent le luxe de ramener leur fraise alors que nous les pensions mort.
Mais le PS devra recoller les morceaux avec les créateurs ce à quoi Martine Aubry s’est déjà employée en dépit des expressions malheureuses de Christian Paul qui a vite, trop vite et maladroitement tenté de récupérer une démarche de cinéastes avant tout soucieux d’une explication franche.
Et oui quelle perte de temps pour Martine Aubry et Christian Paul que d’expliquer à ces artistes plein de talent et d’avenir que sont Pierre Arditi et Maxime le Forrestier dont les chefs d’œuvres polluent les trackers torrent a un point tel que l’on ne peut plus télécharger un film porno sur Bit Torrent sans tomber sur un fake réalisé par Bertrand Tavernier avec en premier rôle Pierre Arditi sur une musique de Maxime le Forestier !
Peut être que si on se cotisait pour payer des cours de vulgarisation informatique à ces fantastiques artistes, il passeraient un peu moins de temps à embêter les gens qui travaillent.
L’après Hadopi commence et il sera nécessaire de revenir très vite au postulat de base de la loi:
L’internet n’est pas un ennemi de la création .
C’est trop tard cher Pascal, c’est une déclaration de guerre que le Ministère de la Culture a fait aux internautes :
en insultant leur intelligence
en éloignant un peu plus certains artistes de leur public
en levant le voile sur le lobbying obscurantiste et les grossières manipulations ;
en ne tolérant aucun débat contradictoire (menant même au licenciement d’un salarié de TF1, et TF1 d’avouer que les pressions du Ministère de la Culture étaient trop fortes)…
Il va falloir se payer des sacrée agences de communication pour redorer le blason des pro HADOPI d’ici quelques mois.
Bref c’est amusant que vous pensiez seulement maintenant à l’après HADOPI, car les internautes eux, ils y sont déjà dans l’après HADOPI, et Google aussi. Vous avez fait le choix d’avoir un train de retard à chaque fois, il faut donc l’assumer maintenant.
Un chantier numérique est ouvert celui du développement d’offres légales gratuites et payantes attractives qui permettent de marginaliser les pratiques illicites et créer autour de la rencontre des auteurs avec leur public un nouveau consensus.
Ahhhhh l’Arlésienne de l’offre légale, il ne manquait plus qu’elle … au fait vous en êtes où, là, depuis 10 ans, sur l’offre légale ? Les internautes vous ont toujours devancés sur les formats, sur les canaux de diffusion, même sur l’offre légale … avez vous une raison sérieuse de penser que ceci va changer ?
Just for fun :
Et celle ci n’a rien à voir puisqu’elle provient de cet article :
Dernier avatar de ce triste débat, les sordides manœuvres génératrices de petites phrases sur l’age des capitaines.
Permettez moi d’écraser une larme. Le terroriste nazi pirate que je suis va _encore_ se permettre une digression sordide : oui il est grand temps que notre pays confie à des spécialistes des missions d’études sérieuses et contradictoires avant de voter des âneries à la chaîne par simple cyber ignorance et par peur de l’inconnu (revisionnez la vidéo précédente)… et le pire c’est que ce n’est pas une question d’âge, comme le dit très bien jean-Pierre Brard, c’est peut être juste une question de volume du sonotone.
Nous sommes jeunes, ils sont vieux. Des artistes vieillissants soutenus par des politiques vieillissants dont nous sommes prêts à prendre la relève.
Et oui Pascal, il est surprenant que vous ne connaissiez pas les principe pourtant simple qui pousse Dame Nature à passer un coup de karsher dans l’hémicycle comme sur nos écrans. Et oui, nous sommes jeunes, nous connaissons notre environnement car c’est nous qui le construisons. Si vous êtes aussi intelligent que je le pense, vous devez vous douter que nous ne créons pas cet environnement pour le livrer en pâture à des e-gnares incapables d’ouvrir le manuel ou de demander conseil à des gens éclairés. D’ailleurs au passage si vous en avez le temps, j’aimerai bien comprendre pourquoi les copies de films et séries US sont encore dupliquées en laboratoire et acheminées par pigeons voyageurs en Europe plusieurs mois après leur sorties aux USA … Ne vous a t-on pas informé de la présence de tuyaux transatlantiques qui pourraient vous faire gagner un temps précieux ? Ça fait bien une quinzaine d’années déjà maintenant, … ah mais le net, c’est malheureusement trop rapide, trop propre, ça court-circuite trop d’intermédiaires … ces « emplois menacés » de la distribution détenus à 90% par des majors dont les bénéfices n’ont jamais cessés de croître.
Sans surprise, les Sénateurs ont adopté ce matin en seconde lecture le projet de loi Création et Internet par 189 voix contre 14.
L’histoire retiendra que les sénateurs PS n’ont pas participé au vote, que les sénateurs UMP en bons godillots ont voté pour.
Prochaine étape, la saisine du Conseil Constitutionnel pour l’épisode franco français. Si le texte Création et Internet passe cette étape, la loi pourra donc être promulguée et nous sommes très curieux (et impatients) d’observer son application.
Mais il ne faut pas s’y tromper, ce texte résonne encore pour de nombreux internautes comme une déclaration de guerre et il y a fort à parier qu’il ne sera jamais appliqué.
Sur le web, il y a des gens qui tendent le bâton pour se aire battre, c’est un peu le cas de Mr Morandini qui dans son blog sensationnaliste n’en loupe pas une quand il s’agit de raconter des âneries. Sur le web… il y a aussi des mots très « tendances » comme le mot « pirate », dont personne ne semble connaître la définition pourtant simple à assimiler.
Quel rapport me demanderez vous ? Morandini s’est fait piraté son blog ?
Non rassurez vous, vous continuerez à être tenus informés, de manière exclusive, de la date de la prochaine pose d’implants mammaires de Pamela Anderson ou du prochain mariage de Madonna.
L’histoire vient cette fois du zèle des censeurs de TF1 qui commence à accuser le coup avec le Ministère de la Culture (c’est dingue ce que ces quatre petits mots les uns à côté des autres m’écorchent la bouche).
Petite cerise sur le gâteau, on sait maintenant, que d’après le Canard Enchaîné, ni TF1, ni le Ministère de ce que certains appellent la Culture ne sont tout blancs dans l’histoire… une raison de plus pour Christine Albanel de présenter sa démission, et rapidement.
Figurez vous que d’après des sources « EXCLUSIVES » de Jean-Marc Morandini, des spécialistes du web ont réussi à « pirater » les commentaires effacés par les censeurs de TF1 qui font des pieds et des mains pour éviter de s’expliquer sur l’affaire du licenciement de Jérôme Bourreau-Guggenheim
Alors outre le fait que je partage la même source d’information EXCLUSIVE que Jean-Marc Morandini (à savoir Google), il va falloir me donner une définition valable du « piratage de commentaires », car là, sémantiquement parlant, on touche le fonds… comment un commentaire qui par définition est livré au public sur un espace n’appartenant pas à son auteur peut il être « piraté » ? Quelque chose m’échappe …
Et oui j’en veux à tous ces journalistes un peu niais qui parlent de piratage, participant ainsi à la propagande du Ministère de l’E-gnaritude … pardon de la Culture … donc SVP, si votre article contient le mot « pirate » ou « piratage », merci d’éviter de me linker, nous ne parlons pas de la même chose.
Plus il y aura de godillots (députés ou pas) sur le Net et dans la presse pour relayer le vocabulaire de propagande de Madame Albanel et des artisans de la loi Création et Internet, plus nous risquons de continuer à perdre un peu plus de nos libertés sacrifiées sur l’autel de la crétinerie et du sensationnalisme.
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs les journalistes, relisez vous, pensez aux conséquences de l’emploi de mots de ce genre dans l’inconscient de personnes qui ne connaissent pas ou mal l’Internet, et prenez la mesure des dégâts que vous faites … vous n’êtes pas étrangers à ce qui est arrivé hier. Vous êtes la cause des délirium de gens de piètre culture comme Maxime Leforestier qui n’hésite pas à comparer les internautes aux nazis… et bien oui de pirates à nazis après tout, il n’y a qu’un pas.
La presse relaierait-elle le qualificatif de « Nazi » pour parler le Ministère de la Culture ou des députés qui votent un projet de loi qu’ils savent très bien liberticide ?
Pourquoi la presse se paye t-elle le luxe de qualifier les internautes de « pirates » ?
L’HADOPI a fait une première victime, il s’agit de Jérôme Bourreau-Guggenheim qui y occupait le poste de responsable de la stratégie web et qui comme de nombreux internautes a écrit à son député pour manifester ses inquiétudes sur cette loi.
Les faits :
Jérôme Bourreau-Guggenheim écrit un mail le 19 février dernier un mail critique à Françoise de Panafieu, sa député ;
Ce mail a été trouvé intéressant dans son argumentation par Mme De Panafieu qui a décidé de le transmettre à Christine Albanel dont le cabinet a jugé opportun de transmettre ce mail ç la direction de TF1;
TF1 décide de licencier son employé pour avoir exprimé ses opinions personnelles…
Ce mail, envoyé depuis une boite mail privée a été transmis à l’employeur de Jérôme Bourreau-Guggenheim, TF1 qui a décidé de le licencier.
Il semble que ce soit bien le cabinet du ministère de la culture
Emission d’une opinion privée depuis une correspondance privée… voici les petits dessous du licenciement de Jérôme Bourreau-Guggenheim … TF1 risque de faire chauffer le chéquier aux prud’hommes et ceci ne serait que justice
Christine Albanel se défend d’avoir demandé la tête de Jérôme Bourreau-Guggenheimet à sa connaissance, rien n’a été transmis à TF1
Les explications des députés et de la ministre sur cette affaire peuvent être visionnés ici.
Pour justifier ce qui ressemble bien à un licenciement abusif, voici ce que TF1 répond aux internautes :
—————— Le Groupe TF1 a toujours manifesté une position de soutien au projet de loi » Création et Internet » HADOPI pour mettre en place un système de réponse graduée contre le piratage.
TF1 est le seul groupe audiovisuel à avoir engagé des procédures contre le piratage de ses oeuvres et pour défendre la création et la production françaises ainsi que les intérêts des ayants-droits.
C’est dans ce contexte que les prises de position particulièrement radicales exprimées publiquement à plusieurs reprises, en cette qualité, par le Responsable du Pôle Innovation Web de TF1, ont conduit l’entreprise à se séparer de ce responsable pour deux raisons :
– elles sont contraires aux déclarations officielles du groupe TF1, notoirement en faveur de cette loi,
– elles sont incompatibles avec ses responsabilités au sein d’e-TF1, filiale du groupe en charge, également, de la lutte contre le piratage sur internet.
L’entreprise déplore d’avoir été contrainte de mettre sur la place publique une décision qui concerne l’un de ses collaborateurs dans une affaire strictement interne.
——-
Voilà, comme ça c’est clair, TF1 a une opinion très précise en faveur de cette loi, et toute opinion divergente sur ce sujet attirera les foudres de Martin Bouygues, si vous travaillez chez TF1 sachez que vous n’avez pas le droit d’exprimer d’opinions personnelles, y compris chez vous, avec votre propre boite mail … sinon c’est la porte !
Vous n’avez sûrement pas pu manquer cette tribune d’artistes « degôche » qui fait les choux gras de la presse people. Ces artistes jeunes et plein d’avenir ont décidé de s’émouvoir du fait qu’il y ai des gens qui soient contre la loi HADOPI destinée comme chacun le sait à faire gagner plein d’argent aux artistes… puisqu’il est évident que les ventes de cd et de dvd vont exploser une fois la riposte graduée en place (c’est St Pascal qui le dit, vous pouvez le croire).
Pour ceux qui comme moi ne connaissent pas vraiment Pierre Arditi, son œuvre et ses innombrables films qui doivent polluer les tracker torrents, … sachez que Pierre Arditi est « degôche ». A ce titre, il se permet donc de parler d’Internet, et de dénoncer cet espace d’extrême droite, totalitariste et comme chacun le sait, reposant sur des concepts ultra libéraux comme l’échange et le partage … le tout gratuitement, panacée de l’ultra capitalisme, bien évidemment.
En homme « degôche » Pierre Arditi et ses amis « degôche » ne comprennent pas pourquoi le PS a pris position contre une loi liberticide qui bafoue les droits de la défense, applique une triple peine et rédigée par une bande d’e-gnares manifestes.
Fort de son analyse, Pierre Arditi va même être reçu par Martine Aubry … il y a vraiment des politiques qui ont du temps à perdre.
Un autre expert reconnu en matière d’Internet et de politique (il parait que c’est un musicien ou un truc du genre à ses heures), Maxime Le Forestier, n’hésite pas a qualifier les internautes de Nazis… quand on est « degôche » voyez vous, il est évident qu’Internet est l’émanation du diable, une machine ultra capitaliste destinée à ruiner ces pauvres artistes. D’ailleurs, comme il le souligne la culture « c’est comme un repas ça peut pas être gratuits »… Maxime, faut il que nous vous expliquions la différence entre un bien matériel et un bien dématérialisable et que l’on peut multiplier à l’infini (pas comme votre repas)…
Nous avions déjà évoqué ce qu’il risque de se passer dans les prochaines années et nous ne serions pas étonnés, qu’Apple, Google ou Yahoo décide de croquer une major ou une majorette ce qui aurait pour effet direct de modifier profondemment la manière dont se vend la musique en ligne, multipliant des modèles gratuits … et même rémunérant mieux les artistes, un vrai capitalisme sauvage qui permettrait aux auteur de ramasser plus d’argent.. quelle horreur, pour des artistes « degôche », gagner plus d’argent est intolérable… quand on est un artiste « degôche » il est évident que l’on préfère enrichir les majors au lieu de risquer de passer un plafond fiscal.
Les majors de demain sont celles qui sauront maîtriser l’outil Internet, et les artistes de demain sont ceux qui l’ont déjà investis.
Ce matin, une fois encore, le Parlement Européen a exprimé sa réserve sur le concept de riposte graduée et repoussé les pressions françaises qui s’exercent depuis des mois en revotant l’amendement 138 !
Bilan :
Amendement 138 revoté : 407 voix pour 57 contre et 101 abstention
Le « compromis » de Catherine Trautmann visant à édulcorer le texte en supprimant le terme « autorité judiciaire » est donc balayé, une sanction ne peut donc être appliquée que par une autorité judiciaire (et non administrative comme c’est le cas pour HADOPI)… pwn3d.
Cette fois ci, l’Amendement 138 ne pourra être retiré en douce par la Commission comme ce fut le cas suite aux pressions de Nicolas Sarkozy après qu’il ai été adopté la première fois. Une nouvelle manipulation de ce type, à la veille des élections européennes,
L’entérinement de cet amendement reporte le passage aux voix du Paquet Telecom.
Les élections européennes approchent
L’UMP et le Ministère de la culture vont commencer à avoir du mal à nier le caractère illégal de la riposte graduée au niveau Européen.
Des députés UMP seraient bien inspirés de ne pas fermer les yeux sur le vote réitéré du Parlement Européen sous peine de voter un texte mort né.
Le vote du Parlement européen réduit le projet de loi Création et Internet à sa plus simple et absurde expression, une fois de plus.
… De leur côté, les artistes pro HADOPI (tous de jeunes talents plein d’avenir et pas du tout des gens qui souhaitent vivre sur leurs rentes : Juliette Gréco, Maxime Le Forestier, Pierre Arditi et Michel Piccoli …) , tout « degôche » soient ils devront se plier à la Constitution française et à la législation Européenne et rengainer leurs invectives envers la classe politique qu’ils poussent, aider par les major, à sombrer dans l’absurde… Politiser le débat comme les pro HADOPI tentent de le faire en ce moment est assez évocateur du naufrage annoncé de ce texte… vivement la saison 3.
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