Neutralité du Net + Pascal Rogard® (SACD©) = ☠

Toujours suite à cette magnifique série d’interviews réalisée par l’ARCEP, en voici une qui a de quoi faire bondir n’importe qui. Même sans être internaute ou pire, « absolutiste de l’Internet » pour reprendre l’expression de Frédéric Mitterrand, on sent que Pascal Rogard s’empêtre dans le schéma désormais devenu un classique : celui du moine copiste de DVD Vs les internautes qui sont tous des voleurs et qui tuent des artistes … même s’il n’est toujours pas fichu de nous communiquer une étude sérieuse sur le sujet… vu que les études sérieuses et de sources indépendantes disent exactement le contraire… Même s’il ne veut pas entendre parler d’étude d’impact faisant le bilan de la débilité de la politique menée jusque là, j’ai nommé les DRM.

Avant toute chose, histoire de ne pas me qualifier de pirate absolutiste anonyme travestissant les propos de personnes de super bonne foi, je vous demanderais de visualiser avec attention cette vidéo.

On commence en plongeant directement dans la caricature grotesque, histoire de ne pas perdre de temps et de poser des bases solides à ce qui va suivre : «il y a ceux qui disent que tout doit circuler librement et qu’Internet est une zone de non droit». Ah… voici une première information interessante sur la perception que Pascal Rogard a du Net… Depuis quand la libre circulation de l’information fait d’Internet une zone de non droit ? La liberté d’expression fait-elle d’une démocratie une zone de non droit ? La libre circulation des personnes a t-elle fait de l’Europe une zone de non droit ? La vision de Pascal Rogard sur ce point me laisse pantois. Comment une personne d’apparence si instruite peut elle faire ce genre d’amalgame pitoyable ?

Maintenant que le ton est donné, tout y passe, à commencer par la plus grosse énormité que j’ai pu relever jusque là dans cette excellente série d’interviews de l’ARCEP: «le Net est destructeur de valeur pour la création». Comme je sais par ailleurs que Pascal Rogard est tout sauf un imbécile, on va mettre ça sur le compte d’un bon mot, d’une phrase choc, directement à destination des pouvoirs publics dont il abuse allègrement de l’e-gnorance pour obtenir le beurre, l’argent du beurre (pour ça c’est déjà dans la poche), et maintenant le cul de la crémière. Pour répondre simplement à Monsieur Rogard, je lui signifierais quelque chose qu’il sait parfaitement : si dans 2 ans son business n’est pas sur Net, c’est qu’il est appelé à mourir. Ne croyez pas ceux qui vous disent que mourir n’est pas facile. On notera également l’aberration économique qui est la confusion (volontaire) entre la notion de valeur et de profit financier… ou alors il faut m’expliquer par quelle loi anti-gravitationnelle un téléchargement d’oeuvre parvient à en réduire sa valeur. Parlons justement profit financier, comment les sociétés de gestion collective comptent expliquer ceci. C’est assez facile de crier à la crise à cause de l’Internet, de virer des salariés, et de s’octroyer de substantielles augmentations … c’est de la faute d’Internet ça aussi ? Ou c’était juste de petites augmentations pour fêter Hadopi ? J’y vois comme un certain contraste quand Pascal Rogard dit défendre la création … et les créateurs.

Puis, histoire de bien prouver à tout le monde qu’il ne sait pas de quoi il parle, Pascal Rogard affirme que : «non je n’ai pas de définition de la Net Neutralité, par contre je sais que la Net Neutralité ça peut pas être la Net impunité». Ca c’est la seconde phrase choc ! A traduire par « ce n’est pas parce que je ne sais pas de quoi on parle que je n’ai rien à dire ».

Sur la question des enjeux du débat : Pascal Rogard découvre le Net «le centre de la valeur sur Internet n’est ni chez les réseaux, ni chez les créateurs»… là encore pour répondre simplement à Monsieur Rogard, s’il y avait une centralisation de la valeur sur Internet, on appellerait ça le minitel. Internet, acentré, valeur aux extrémités du réseau, … Benjamin Bayart explique ça très bien, il serait de bon ton que Monsieur Rogard s‘instruise une petite heure pour éviter de dire ce genre d’ineptie.

Ensuite, on retrouve une idée que tout le monde s’étonnait d’entendre de la bouche de Nicolas Sarkozy : «c’est pour ça que par exemple je vais proposer la mise en place d’une taxe sur des entreprises qui font de la recherche et que je trouve que ces gens là ont beaucoup de ressources et financent peu la création» … Si besoin en était, on sait maintenant qui bourre le mou présidentiel … Pascal Rogard oublie un léger détail, il n’est pas élu de la République, il n’a donc rien à proposer en matière fiscale.

Pascal Rogard nous fait ensuite la splendide démonstration Myardienne, de manière fort habile, qu’Internet c’est le mal. Car vous ne le saviez peut être pas mais Pascal Rogard milite « en faveur de la protection de la vie privée« , et son Internet à lui, comme celui de Jacques Myard, le profile, le piste, le trojanise, l’oppresse, le viole et le vole… bref encore une personne qui confond Internet avec le tandem Windows/Internet Explorer (bien connu sous le nom générique d’ « aspirateur à spywares et autres virus »).  Et oui Monsieur Rogard, vous seriez surpris de voir à quel point « mon Internet à moi » est plus propre que le votre… Allez je vous donne une piste et une autre, et encore une autre pour encore plus de propreté.

On attaque ensuite un truc super en rapport avec la Net Neutrality  : «ceux qui piratent c’est quand même une énorme lâcheté, très très lâche, parce que  ce sont des gens qui sont cachés, ils ne seraient même pas capables d’aller voler quelque chose dans un magasin, ils utilisent des outils technologiques  (…) il m’interpellent dans les blogs et sont cachés par des pseudos (…) ce qui caractérise la piraterie c’est la lâcheté». Et hop, voilà qu’on nous ressert le couplet des internautes lâches et anonymes qui ne font rien que diffamer des gens toujours irréprochables. Vivement une police internationale de l’Internet, vivement une nationalisation de l’Internet !

Alors premièrement Monsieur Rogard, vous avez tendance à assimiler tous les internautes qui vous interpellent à des pirates, comme s’il fallait être un « pirate » pour relever les âneries que vous débitez à flux tendu et prendre la mesure de toute la mauvaise foi dont vous êtes capable. Et comme on n’en est plus à un amalgame idiot près, vous nous sortez le couplet réchauffé de l’anonymat très relatif des internautes qui vous interpellent. Etrangement, quand Nadine Morano veut savoir qui se cache derrière une adresse IP ou derrière un blog, elle y arrive.

Et quand on demande à Pascal Rogard ce qu’il attend, c’est avec un formidable aplomb qu’il nous lâche «j’attends que les lois de la République soient appliquées» … S’il n’y avait pas là une petite subtilité sémantique de votre part, nous serions parfaitement d’accord… mais non Monsieur Rogard, ce que vous attendez c’est qu’on fasse des lois rien que pour vous et que l’on tienne votre profession sous perfusion, c’est exactement ce que vous avez tenté de faire avec HADOPI 1, ce que vous avez réussi très partiellement avec HADOPI 2, ce que vous nous préparez avec HADOPI 3, et ce que vous venez de nous dire très explicitement avec votre « taxe Google ». Et le plus drôle là dedans, c’est que vous vous faites passer pour assez naif en émettant l’idée que des mails de l’HADOPI (Autorité que vous êtes au passage le seul à qualifier de  «compétente», ce qui ne manquera pas d’en faire rire plus d’un) puissent partir prochainement. Permettez moi d’écraser une larme, je vous garantis que c’est pas demain la veille … vu l’équipe de bras cassés qui rédige les décrets d’application ou qui va devoir se taper les spécifications du logiciel de « sécurisation » sans lequel aucun mail ne partira (rendez vous en juillet 2012).

Vous avez quand même le bon goût de conclure sur l’offre légale, mais quel crédit vous donner quand celle ci a été absente de l’intégralité des débats d’HADOPI 1 et HADOPI 2 ?

On vous a vu franchement plus en forme Monsieur Rogard.

Crisis Camp à la Cantine le 24 avril 2010

CrisisCamp Paris s’inscrit dans un mouvement global qui s’appelle CrisisCommons, visant à réunir les bénévoles, les académiques, les ONG, les entreprises et les collectivités territoriales autour des usages des nouvelles technologies d’information et de communication par et pour les citoyens et les communautés en cas de crise tel que des catastrophes naturelles.

Internet d’urgence: ce que les outils d’information et de communication Web2.0 peuvent apporter aux premiers secours.

A la suite du séisme en République d’Haïti et de la mobilisation spontanée des internautes rompus à l’utilisation du microblogging (Twitter, liveblogging…) des réseaux sociaux (groupes Facebook) et des pratiques les plus en pointe du Net (OpenStreetMap), des barcamps de crise, des « Crisis Camps » se sont tenus dans diverses villes d’Amérique du nord : Washington, Boston, San Francisco, Montréal… Ces camps dont l’objectif est la mise en commun des ressources, sont une première ébauche de l’Internet d’Urgence, pour préparer les réponses notamment aux catastrophes naturelles.

Nous suggérons l’idée de créer un « Crisis Camp Paris  » qui pourrait partir des besoins en Haïti et faire partie des nombreux concerts et manifestations de solidarité prévus d’ici fin Avril.

Ce barcamp s’adresse alors aux collectivités territoriales, ONGs, géographes, cartographes, humanitaires, secouristes, développeurs, journalistes, internautes activistes, …

Nadine Morano veut une police internationale de l’Internet

Commençons ce billet par une citation de Praagma :

[10:39]  <praagma> De mon expérience, sur les sujets techniques, les gens qui ne comprennent rien, se comprennent entre eux

On connait les positions bien tranchées de Nadine Morano sur Internet, elle n’en est pas à son coup d’essai. Il faut dire qu’elle n’en loupe pas une quand il s’agit de taper sur le Net sur lequel elle n’hésite pourtant pas s’exhiber comme dans ce pitoyable Lipdub (il y a des personnes pour lesquelles le droit à l’oubli devient vraiment vital).

Mais comme c’est le printemps, notre Nadine Morano, pimpante, invitée de Christophhe Barbier sur LCI nous livre une fois de plus le fond de sa pensée sur la rumeur, sur Internet qui amplifie cette rumeur et surtout sur la nécessité de créer une police internationale de l’Internet (contre la rumeur ?) … c’est original ça chère Nadine. On va finir par croire que vous avez suivi le même cursus que l’ami Jacques Myard. Et puis après tout, si on applique ce genre de chose à l’Internet, pourquoi pas une police internationale anti rumeur dans les bars ?

Ca devient assez exaspérant de constater que des politiques n’arrivent toujours pas à comprendre qu’il se passe sur le Net exactement ce qui se passe dans la vie réelle et que ce n’est pas en faisant des lois applicables uniquement à l’Internet que l’on rendra service à l’Etat de Droit.

Attention, tenez vous bien, je cite :

« J’ai toujours pensé que par rapport à ce monde du réel que nous avons et ce monde du virtuel qui maintenant existe dans nos vies, il nous faudrait nous organiser d’une manière internationale parce que Internet n’a pas de frontière, nous n’avons pas les mêmes législations, et ce qu’on y trouve est à la fois fabuleux et profondément dangereux et au delà des rumeurs bien entendu, des blogs qui sous couvert d’anonymat déversent un torent de boue et d’insultes d’injures et de mensonges je crois qu’il nous faudrait un jour une police internationale d’Internet. »

Afin que l’on ne m’accuse pas de travestir la vérité, je tiens simplement à vous faire visionner cette vidéo :

Net Neutrality : Le gouvernement consulte « enfin » les 5 gus du garage

Annoncé à l’instant via le Twitter de Nathalie Kosciusko-Morizet, la consultation sur la Net Neutrality est ouverte. Si vous aussi vous êtes un gus dans un garage, un professionnel du Net, un défenseur des libertés numériques, un activiste, ou tout simplement attachés à conserver un Internet ouvert et neutre vous êtes invités à venir vous exprimer sur ce thème. Niveau outil c’est un peu cheap, vous bénéficiez d’un joli document PDF et d’une adresse mail. Si toutefois, pour plus de sécurité, vous souhaitez utiliser la RFC 1149 pour répondre à cette consultation, vous êtes priés d’envoyer votre pigeon à l’adresse suivante :

Direction générale de la compétitivité de l’industrie et des services – STIC/SDRU
Le Bervil
12 rue Villiot – 75012 Paris Cedex 12


NKM prête à défendre la Net Neutrality … oui mais …

Le concept de Neutralité du Net commence à faire son chemin et il semble que des dirigeants commencent à s’en émouvoir. C’est en tout cas ce que laisse entendre Nathalie Kosciusko-Morizet dans cette interview accordée à Ecrans.fr. Notre secrétaire d’Etat à l’Economie Numérique se dit par exemple « fermement opposée à ce qu’un fournisseur d’accès puisse par exemple favoriser ses propres contenus via une intégration verticale » se dressant ainsi contre la stratégie de la majorité des fournisseurs d’accès Internet français. C’est assez courageux, bravo.

Seule ombre au tableau (on parlera plutôt de zone de floue), Nathalie Kosciusko-Morizet aborde le problème du blocage des sites pédophiles et de la régulation du trafic (le trafic shaping). Je ne vais pas revenir sur le blocage des sites qui diffusent des contenus pédophiles et de l’hypocrisie de cette démarche, mais sur la question qui est de savoir si un FAI doit ou non protéger son réseau afin que celui ci fonctionne, il est évident pour moi que la condition numéro pour la Net Neutrality, c’est un Net qui fonctionne, donc un réseau régulé en cas d’attaque massive… la question ne se pose même pas. En revanche, celle qui se pose, c’est la définition même du champs d’action et ce qui caractérise un réseau « en danger », et là, il convient d’être prudent et de bien définir le champs d’action de ces derniers. Le filtrage ou le blocage d’un protocole dans son intégralité reste une atteinte manifeste à la Net Neutrality s’il n’est pas motivé par une cause réelle et sérieuse (le seul coût de la bande passante en est il une ?).

Revenant sur la décision de la cour d’appel fédérale sur l’affaire opposant la FCC (l’ARCEP américaine) à Comcast, NKM rappelle que c’est la forme qui a été jugée et non le fond, comme expliqué ici, la question de la Neutralité du Net va très vite revenir sur le tapi au USA.

Sur la question d’HADOPI, je me permettrais simplement de rappeler à notre secrétaire d’Etat que le projet initial du gouvernement était de se passer du juge et que le compromis trouvé est très loin d’être satisfaisant, une ordonnance pénale ne laissant pas aux utilisateurs le loisir de se défendre dans de bonnes conditions. Pire, même le logiciel de pseudo sécurisation sans lequel les courriers d’avertissement ne pourront pas partir est une vaste fumisterie et ça commence à se voir sérieusement.

Tout ça pour vous dire que oui, madame la ministre, j’ai été surement un peu trop violent avec vous dans ce billet, et je vous dois des excuses à ce sujet. Même si défendre Hadopi reste à mes yeux une monumentale erreur de votre part.

Chine : BGP dans les mains d’un stagiaire … et paff Internet !

Relevé sur le blog Cert-Lexsi et surtout sur Twitter, il semble qu’un fournisseur d’accès chinois ai laissé un stagiaire faire mumuse avec des routes BGP hier soir semant pas mal de confusion chez de nombreux fournisseurs d’accès du monde entier. Ce dernier se serait lamentablement planté sur une ou deux rules ce qui a eu pour effet de mettre un chouette bazar sur le Net pendant une vingtaine de minutes.

En indiquant de mauvaises routes, l’erreur s’est rapidement propagée à d’autres fournisseurs d’accès chinois et par jeu d’interconnexions entre FAI, ces routes se sont également propagées chez d’autres fournisseurs d’accès à l’étranger.

Cet incident nous rappelle assez ce qui s’était passé au Pakistan, où un fournisseur d’accès un peu zèlé etait parvenu à plonger Youtube dans le noir.

Ces manipulations sur le protocole de routage BGP sont utilisées en Chine pour filtrer des sites web au niveau des DNS. C’est ce genre d’outils que la France entend employer pour le filtrage des sites pédopornographiques. Il serait au passage assez intéressant de savoir combien de millions 20 minutes de chaos sur les DNS mondiaux peuvent coûter aux entreprises.

J’ai mal à ma Net neutrality

Aujourd’hui, ce n’est pas une news qui me fait réagir mais 2. La première est issue de l’excellent billet de Fabrice dont je vous recommande vivement la lecture et qui épingle Orange comme il se doit … mais Fabrice est à mon sens encore trop gentil et nous allons voir pourquoi. La seconde est une décision de justice américaine qui piquote derrière les yeux.

Allez, c’est parti, on commence svp, par visionner cette nouvelle vidéo, suite d’une longue série thématique sur la définition de chacun de la Net Neutrality lancée par l’ARCEP (que je remercie au passage très chaudement pour cette initiative qui n’a pas finit de faire pisser du pixel). Dernier épisode en date, Stéphane Richard, directeur Général d’Orange, pour qui la Net Neutrality revêt une définition pour le moins assez singulière.


Heureusement que nous avons Orange pour nous faire un petit recadrage sémantique ! Puis c’est vrai ils sont un peu cons à l’ARCEP, ils parlent d’Internet Neutre alors que chez orange l’Internet il est « ouvert »… mais pas neutre … c’est une spécificité d’Orange, ne cherchez pas à comprendre.

Pour vous la faire courte :

  • Orange, Chine et Iran = Internet ouvert (n’importe qui peut se connecter  à un Net qui repose sur des protocoles ouverts… la classe, oui sauf que c’est tout sauf nouveau)
  • Reste du Net (sauf Chine et Iran) = Internet ouvert et neutre.

Rappelons que pour être « ouvert et neutre » (au passage si Internet était fermé on appellerait ça un Lan … AOL a essayé … AOL n’existe plus … CQFD) on ne doit pas assister à ce  mélange des genres entre FAI qui fournissent les tuyaux et producteurs de contenus… ça aussi, c’est une particularité française, merci Universal/SFR, merci Numericable, merci Orange, et dans une moindre mesure mais il a pas dit son dernier mot … merci Bouygues/TF1…

Sur ce point, Stéphane Richard a raison, l’Internet français est ouvert, mais il est loin d’être neutre, pour la bonne et simple raison que certains FAI sont de véritables rapaces et qu’ils n’ont rien trouvé de mieux que d’imposer leurs propres contenus à leur abonnés « en exclusivité », pour se faire des pépettes.

Maintenant, si vous me demandez si je trouve ça normal … je vous répondrais que non, je trouve ça malsain et honteux, mais encore une fois, le Net français, tu l’aimes ou tu te casses ! Inutile donc de me demander pourquoi ce blog est hébergé en Suède et pourquoi je compte délocaliser à terme tous mes sites. D’ailleurs, je m’amuse de voir que je ne suis pas le seul et que certains parti politiques en font de même ! Je vous rappellerais donc simplement une petite citation de Benjamin Bayart lors de la table ronde à la Cantine sur la Neutralité du Net : « Quand 10% de la population a envie de prendre le maquis c’est qu’on commence à vraiment être dans la mouise« .

Ce terme de neutralité, Orange ne l’aime pas, c’est d’ailleurs assez explicable, il y a certains signaux qui ne trompent pas. Vous ne voyez pas de quoi je veux parler ? Allez je vous aide … « En 2010, pour me remercier de mes compétences en matière d’Internet  et pour avoir appliqué en bon petit soldat la volonté présidentielle de faire voter un texte inapplicable, qui n’a ni queue ni tête et que je n’ai même pas réussi à faire passer du premier coup, je me vois confier un poste de responsable des contenus chez un grand FAI français, ce, afin de porter une nouvelle fois atteinte au principe de Neutralité du Net  … Qui suis-je ? … Bingo Christine Albanel ! Orange a inventé la Net Neuneutrality® .. exception culturelle quand tu nous tiens !

Comment voulez vous qu’un opérateur qui embauche une personne qui a prouvé qu’elle avait non seulement une incompétence manifeste sur ces sujets et qui en plus est à la solde des industries culturelles soit d’accord avec le principe de Net Neutrality ?

Revenons en à l’ami Stéphane Richard qui confesse volontiers ne pas être un spécialiste de l’Internet (là tout de suite comme ça, ma première réaction est de me demander ce que fout ce type à la direction générale du plus important FAI français … pas vous ?). Notez que le monsieur sur la video n’en ramène pas lourd non plus, « je ne suis pas un ancien dans les réseaux, je suis tout neuf », comprenez « j’y capte rien moi à Internet, j’ai été embauché pour faire de la thune alors venez pas me gonfler avec votre neutralité ». Et la thune, je la fais comme je veux, si je veux que mon FAI soit partenaire avec le Figaro, il ne m’apparait pas choquant que tous mes abonnés se voient interdire l’accès à d’autres journaux ou sources d’actualités en ligne… ou alors ils auront le droit mais ce sera payant… faire payer sur son réseau l’accès à une information gratuite sur tous les autres réseaux pour privilégier ses propres contenus, voilà une idée qu’elle est séduisante … bienvenue dans la vie.com avec Orange.

Assez trollé et si vous souhaitez lire des arguments sérieux « contre » la Net Neutrality, ce sont ceux avancés par Alexandre Archambault, responsable des affaires réglementaires chez Iliad, qui contrairement à monsieur Richard connait bien son sujet. Et encore, après bonne lecture, vous comprendrez que la position d’Alexandre, fort juste, ne va pas tant que ça contre la « bonne intelligence » d’une Net Neutrality responsable, cohérente, où toutes les parties seraient gagnantes, vous verrez en plus que c’est quand même dit avec une autre classe et une réflexion plus poussée que ce que nous sert monsieur Richard… Toujours suite à cet argumentaire d’Alec, je vous invite ensuite à lire la réponse de Benjamin qui vaut comme d’habitude son pesant de cacahuètes.

Ce qui nous mène au second point de ce billet qui est l’affaire FCC vs Comcast, un opérateur qui s’était fait taper sur les doigts car il s’adonnait à du trafic shaping un peu trop prononcé sur les réseaux P2P. Cette décision en appel n’a évidemment pas non plus échappé à Fabrice. L’affaire remonte à 2007, la FCC (Federal Communication Commission) qui est l’équivalent de l’ARCEP aux USA avait sommé Comcast, le Orange local, de ne pas s’adonner au filtrage des contenus au nom du priincipe de Net Neutrality. Elle gagna le procès contre l’opérateur en première instance marquant ainsi un point en faveur de la Net Neutrality. La cour d’appel fédérale a tranché, la FCC n’a pas le droit  d’imposer la Net Neutrality à Comcast. La décision en appel intervient à un moment particulier, car croyez le ou non, les USA sont un véritable désert numérique … aux USA, ils n’ont pas Free, ils n’ont rien compris. L’offre plafonne souvent à 5 mégas sur un réseau câblé vieillissant et la FCC lance un plan national en faveur du haut débit. La FFC comptait bien faire de la Net Neutrality une composante importante de son plan et pour qui connait Internet, on se rend vite compte que non seulement c’est la bonne méthode mais qu’en plus cette Net Neutrality est nécessaire pour qu’un accès au haut débit se fasse dans les meilleures conditions pour tous (et là je pense surtout accord de peering pour les petits opérateurs locaux qui pullulent aux Etats Unis). Cette décision est fort intéressante, car elle est à mettre en parallèle avec l’action de l’ARCEP dont on sait qu’elle n’a qu’un rôle consultatif … un peu comme une Haute Autorité sans autorité (oh c’est un peu facile … mais oui … comme HADOPI). Sauf  que contrairement à HADOPI, l’ARCEP a une utilité réelle et coûte au contribuable 10 à 50 fois moins cher. Si les avis de l’ARCEP sont consultatifs, ils n’en demeurent pas moins souvent fort respectés car guidés par la bonne intelligence, pour le bien commun et pour le bien des réseaux.

Attention, cette décision de la cour d’appel fédérale ne veut cependant pas dire que la Net Neutrality est morte aux USA, cette problématique reste au coeur des préoccupations des internautes américains comme des politiques qui se sont emparés de cette cause, flairant l’importance que ce débat revêt pour une démocratie saine. Il faut donc s’attendre à de nouveaux rebondissements sur ce dossier très sensible.

Augmentation des prix des abonnements haut débit : SFR donne le coup d’envoi

Il y a quelques jours, Xavier Niel réitérait la menace d’une augmentation sensible du prix des abonnements de son offre Free haut débit, en évoquant la somme de 5 euros. Aujourd’hui, c’est l’excellent Electron Libre qui nous révèle que c’est finalement SFR qui augmentera le premier son offre. On peut considérer que cette augmentation est le fait de 4 postes de charge d’actualité pour les FAI

  • Financement des dispositifs induits par la loi HADOPI
  • Dispositifs de blcage des sites induits par la loi LOPPSI
  • Taxe de 0,9% sur le chiffre d’affaire des FAI pour financer la disparition de la publicité sur les chaines du service public
  • Financement du déploiement de la fibre optique

Comme vous pouvez le constater, cette augmentation qui en toute logique s’étendra aux autres fournisseurs d’accès est une conséquence directe de la politique numérique de Nicolas Sarkozy qui vise à :

  • Tenir sous perfusion les majors de l’industire des biens culturels dématérialisables (principalement le disque)
  • Contrôler l’internet et se doter d’outils de filtrage pour fliquer les internaute.

Merci Nicolas, les internautes sauront s’en rappeler devant les urnes.

Une association de victimes de pédocriminels s’élève contre le blocage des sites

Supprimez, ne bloquez pas! — Agissez, ne fermez pas les yeux!

Ce slogan est celui de MOGiS e.V. une association allemande de victimes d’abus sexuels sur mineurs, créée en Avril 2009. MOGIS e.V., courageusement, sélève contre le blocage des sites avec des arguments limpides. Les constat est très sévère sur cette politique de blocage de sites. Faits et chiffres à l’appuie, MOGIS e.V. réagit très vivement à  la fuite récente de la proposition du Conseil des ministres de l’Union européenne. Dénonçant cette politique hypocrite qu’est le blocage des sites, son porte parole, Christian Bahls nous rappelle que  :

En jetant un œil aux statistiques de la police allemande, on constate qu’un enfant sur cent qui ont été sexuellement abusés (la plupart du temps par des membres de la famille ou des proches) l’a été devant une caméra ou un appareil photo (98 sur 15098 victimes d’abus en 2008).

et que

Sur Internet, l’un des canaux de redistribution est le Web. Les autres, beaucoup plus importants, sont le P2P et le courrier électronique. En 2008, « Internetbeschwerdestelle », le contact allemand de INHOPE a enregistré 2562 plaintes, Sur ces 2562 plaintes, seulement 449 étaient des contenus se trouvant sur le Web.

mettant ainsi le doigt sur l’hypocrisie et l’inefficacité de la démarche.

A lire de toute urgence et à diffuser le plus largement possible (le document est traduit en 9 langues, je suis, avec l’aide de fo0, le contributeur qui vous propose ce texte en français et je soutiens évidemment largement cette initiative et les pistes de lutte contre la pédocriminalité que MOGIS défend… et vous ?

Les petites surprises de Elysée.fr : casse toi pauvre con !

Encore plus fort qu’un Konami code, le site Elysée.fr nous révèle de petits aménagements qui devraient en amuser plus d’un (j’entends déjà Twitter se déchaîner). Alors que tout le monde à noté les très étranges similitudes de design et d’ergonomie entre le site de la présidence de la République française et le site de la Baison Blanche, voici au moins une chose qui marque notre exception culturelle :

http://elysee.fr/president/casse-toi-pauvre-con.482.html

Bon ok c’est un peu facile ça fonctionne avec n’importe quelle idiotie dans l’URL mais je ne peux m’empêcher d’en sourire, cette photo par défaut ne manquera pas d’inspirer quelques farceurs.