Owni a repris son live ce matin, et le site d’information aussi auteur d’une application destinée à éplucher les milliers de documents issus des warlogs se fait l’écho de quelques nouvelles informations intéressantes, à commencer par l’analyse de la Pravda en Russie, qui, signe des temps, joue la carte de l’apaisement entre Wikileaks et le Département d’État américain.
Owni relate également que le Dailymail révèle qu’on trouve dans les Statelogs des propos peu flatteurs sur Nelson Mandela ainsi que d’autres chefs d’États africains. Les révélations ne s’en tiennent pas là et pourraient même devenir un plus embarrassantes encore pour l’administration Bush qui aurait ignoré les appels des Nations Unies à la retenue en Iraq parce que le Secrétaire général d’alors, Kofi Annan, était noir (c’est du moins une position qu’aurait soutenu Nelson Mandela).
Toujours via le Dailymail, on apprend l’existence de plus de 800 notices émanant de l’ambassade américaine de Grande-Bretagne assez critiques, voire hostiles, à l’encontre de Gordon Brown et de son gouvernement. David Cameron, son successeur ne serait pas non plus épargné à en croire le quotidien anglais.
Certaines de ces notices feraient également référence à l’attentat de Lockerbie.
Les documents que Wikileaks s’apprête à révéler sont issus du SIPRNet. Ce réseau partagé par 2,5 millions de membres de l’administration américaine recèle de nombreuses notices classifiées « secret » (second niveau de secret) et sont considérées comme pouvant provoquer des dommages importants pour la sécurité nationale américaine. Aux USA, on hésite pas à parler d’irresponsabilité, un argument déjà avancé lors de la publication des warlogs. Cependant, à ce jour, les warlogs n’ont causé aucun dommage humain. Loin de moi l’idée de tenir une comptabilité morbide, mais ce qu’a démontré les warlogs, c’était que le score en pertes humaines collatérales incombait bien plus aux militaires en poste dans le moyen-orient que la fuite elle même ne pourrait jamais prétendre à en faire.
La position britannique, selon des insiders de la défense, semble cependant délicate et certaines sources n’hésitent pas à dire que la sécurité nationale du pays pourrait être «mise en péril» en faisant référence à des opérations en territoire afghan ou iraquien.
Notons cependant, dans que le Dailymall, à l’instar de la presse canadienne, sonde ses lecteurs en posant la question de manière un poil orientée, du coup, si les canadiens se montraient favorables à presque 85% à cette publication, les résultats dans le Daylimail sont bien plus contrastés :
Le Dailymail désigne Bradley Manning, jeune soldat américain interpellé par les autorités, suite à la publication des Warlogs, comme responsable probable de cette fuite majeure. Pour l’instant sa culpabilité concernant cette fuite n’est pas avérée. Rappelons que même Wikileaks, n’est pas sensé savoir d’où vient cette fuite puisque sa procédure de collecte des informations est particulièrement respectueuse de l’anonymat de ses informateurs (tous les échanges sont chiffrés de bout en bout et tout est fait pour garantir l’anonymat de l’émetteur). Plus encore, le Dailymail parle de documents classés « top secrets » que Manning se serait procuré, alors que la position officielle de l’administration américaine est de dire qu’aucun document classifié top secret (le plus haut niveau), n’ont été dérobés. Information semble t-il corroborée par Der Spiegel : 15.652 mémos sont classifiés “secret ».
La fuite est jugée assez sérieuse pour que l’ambassadeur américain en poste à Londres, Louis Susman, prenne une initiative sans précédent : se rendre à Downing Street pour informer les fonctionnaires britanniques sur ce qu’elle a baptisé le « contingency planning ». De son côté Hilary Clinton avouait que la situation était « extrêmement embarrassante pour les USA« .
Les échanges entre diplomates ne sont jamais que des anecdotes, oui mais pas n’importe lesquelles, ces anecdotes sont celles qui guident une politique internationale, font ou défont des relations commerciales et impliquant la croissance et l’emploi de nations entières. Des révélations sur des enjeux cachés de certaines négociations ou de certaines positions embarrassantes entre états peuvent ainsi semer le trouble entre deux pays. Sans aller jusqu’au conflit armé, des rancoeurs peuvent naître, comme de nouvelles alliances qui paraissaient jusque là improbables.