On doit l’information à Geek.com Facebook, le réseau social, depuis peu de temps, c’est aussi un service de messagerie unifié (mails, SMS, pigeon voyageur…). C’est un service que je n’ai pas essayé et que je n’essaierai pas. Figurez vous que Facebook épluche vos mails et tous les messages personnels qu’il « unifie », si votre communication personnelle contient un lien sur un site que la « morale Facebookienne » réprouve (par exemple un lien sur The Pirate Bay) Facebook décide purement et simplement de vous censurer et prend la décision de ne pas acheminer votre message. Est-il besoin de rappeler que le tracker Torrent référence (aussi) des contenus parfaitement légaux. Pour faire bref, Facebook s’adonne au niveau zéro du filtrage albanélien. Que diriez vous si Orange coupait vos communications téléphoniques à chaque fois que vous prononcez une grossièreté ?
Facebook se rend-il coupable de quelque chose d’illicite ? Un intermédiaire de ce type, en sa qualité d’opérateur de messagerie personnelle est prié de transporter des données, on ne lui demande strictement rien d’autre. L’article L32-1du code des Postes et Télécommunications qui cause de neutralité du transporteur explique que les opérateurs sont contraints à une neutralité absolue sur le réseau. Je cite :
« 5° Au respect par les opérateurs de communications électroniques du secret des correspondances et du principe de neutralité au regard du contenu des messages transmis, ainsi que de la protection des données à caractère personnel »
La Poste n’a ainsi pas le droit de décider si elle va acheminer votre courrier en fonction de ce qui est écrit dans vos lettres. Facebook, lui, a décidé de s’arroger ce droit. De là à dire si ceci est légal ou pas, seule une jurisprudence portant sur la notion de neutralité des réseaux pourrait commencer à apporter un bout de réponse. Il faut dire que les décisions de justice à ce sujet ne se bousculent pas, cependant, avec les réseaux (sociaux ou pas) nés d’Internet, certains opérateurs s’arrogent des droits (parfois divins) et cherchent maintenant à s’ériger en gardien de votre morale, Facebook réussissant même ici à immiscer sa morale à lui au cœur de vos discussions privées. Ceci n’est pas tolérable, c’est au mieux une atteinte manifeste à la neutralité au pire un viol tout aussi manifeste de vos correspondances privées.
Nous assistons donc ici à une dérive particulièrement inquiétante, si tous les opérateurs de services en se mettent à décider d’appliquer des filtres en fonction de ce qu’eux même jugent légal ou pas, moral ou pas, convenable ou pas, on va vite se retrouver avec un Net aussi pourri que celui du député Myard. D’ailleurs, qu’est-ce qui empêcherait un fournisseur d’accès Internet de filtrer Facebook sous prétexte que le réseau social rend la bêtise humaine plus accessible ?
EDIT : On me souffle également que le code pénal, en son article 226-15 puni assez lourdement ce genre de pratiques, ce que fait ici Facebook semble donc bien illégal :
« Le fait, commis de mauvaise foi, d’ouvrir, de supprimer, de retarder ou de détourner des correspondances arrivées ou non à destination et adressées à des tiers, ou d’en prendre frauduleusement connaissance, est puni d’un an d’emprisonnement et de 45000 euros d’amende.
Est puni des mêmes peines le fait, commis de mauvaise foi, d’intercepter, de détourner, d’utiliser ou de divulguer des correspondances émises, transmises ou reçues par la voie des télécommunications ou de procéder à l’installation d’appareils conçus pour réaliser de telles interceptions. »
Vous vous souvenez peut être de Muriel Marland Militello qui expliquait que ce n’était pas les internautes qui comptaient dans une démocratie mais les concitoyens (toi l’internaute qui me lit, tu es un citoyen en carton), ou encore de ses prestations dans l’hémicycle pendant les débats sur HADOPI… moi, anéfé, je me souviens parfaitement d’une incompétence crasse d’un élu en service commandé qui soutenait des positions martiennes argumentées par un néant abyssal. Ses précieux avis font d’HADOPI un texte inapplicable … et inappliqué… Madame Militello n’en est pourtant pas peu fière, et passer de la protection des animaux à Internet semble vécu par la député comme une promotion naturelle et bien méritée (il est acquis qu’Internet étant peuplé de zoophiles, il ne s’agit là que d’une extension de son combat au numérique).
Dans sa dernière sortie, Muriel Marland Militello s’en prend au référé de FDN devant le Conseil d’État que je vous laisse découvrir ici. Je vous invite à le mettre en perspective de ce splendide billet, qui aussi inconsistant soit-il, a le mérite de mettre en exergue, une fois de plus le décalage qui existe entre les promesses d’un texte vide : « on va sauver les artistes », et la réalité « on chouchoute la SCPP et quelques organismes parasites… et on laisse crever les artistes». J’aimerais sincèrement, madame le député, que vous m’expliquiez comment votre oeuvre sauve les artistes que les pirates flagellent à coup de modem, à en croire l’illustration de votre magnifique billet. Tous les artistes que je connais n’attendent rien de votre texte. Pouvez vous donc nous développer ce que vous soutenez avoir à leur offrir ?
Vous noterez que j’ai eu la courtoisie d’attendre vendredi pour répondre à ce billet, je ne troll que ce jour là. L’ami Spyou a d’ailleurs su réagir plus vite, de mon côté, j’ai du me résoudre à me calmer un peu avant d’écrire ce billet, tant il est compliqué de ne pas répondre à la bêtise par la bêtise
En voiture Muriel !
Madame Marland Militello commence dans son billet par nous rappeler que sa grande expertise d’Internet et du numérique lui a valu le poste de « rapporteure pour avis » sur la loi HADOPI (un peu comme si on m’avait nommé hier chirurgien). Certains y verront l’une des raisons de l’inapplicabilité de ce texte, je me contenterai ici de souligner sa chance car l’avis des gens qui y connaissent quelque chose n’a, lui, jamais été pris en compte.
Dans un Etat de droit… où on fait tout de travers
J’aime beaucoup le couplet de madame le député sur l’État de droit qu’elle a visiblement un peu compris de travers, où elle assimile la protection de la propriété intellectuelle à un concept effrayant, le « cleanternet»… Je le retourne sous tous les sens… rien à faire, je ne comprends pas comment madame Militello arrive à la conclusion qu’HADOPI (allez je vous le redis encore une fois pour que ça rentre… toujours inappliquée et inapplicable) « contribue à développer un Internet civilisé, respectueux des libertés et des droits et devoirs de chacun ». N’oubliez pas que pour que tout ce petit monde soit civilisé, ça passe forcément par restreindre la liberté de la presse. A ce jour, outre un climat délétère que madame Militello aime à entretenir, HADOPI contribue surtout à enrichir des marchands d’octets au kilo.
Madame le député, il y a ici deux choses particulièrement choquantes dans cette petite éructation de pixels bien peu inspirée :
vous entérinez le fait qu’HADOPI est un dispositif de surveillance visant à rendre une jungle civilisée (vous avez du confondre avec la LOPPSI, HADOPI n’est qu’une coûteuse machine à spam… qui n’a toujours pas envoyé un seul mail). Vous offrez là une caricature parfaite qui colle à une certaine classe d’élus et qui est la principale raison de l’échec qui vous attend sur ce dossier.
vous affirmez ensuite, qu’HADOPI contribue au développement de l’offre légale… vous avez du louper l’épisode Jiwa, soit, mais j’aimerai vraiment ici que vous me citiez UNE SEULE mesure visant à développer l’offre légale dans HADOPI… on ne doit vraiment pas vivre sur la même planète, ou alors c’est que nous n’avons pas le même texte sous les yeux.
C’était là vos deux seuls arguments, c’est franchement léger pour une personne qui se gargarise ainsi d’avoir contribué à sauver la « création sur Internet » si je me fie au titre de la rubrique dans laquelle se trouve votre chef d’oeuvre.
Mais pourquoi ce billet ?
En se réjouissant de la sorte, la député Militello se rappelle aussi au bon souvenir du Président de la République pour lui signifier qu’elle a été un bon soldat… je pense que le message est passé pas de problème là dessus… enfin pas de problème s’il y avait une seule once d’argumentation, une seule référence valide… pour infirmer un FAIT : HADOPI favorise le commerce illicite d’oeuvres culturelles sur le dos des artistes :
En enrichissant Megaupload, Rapidshare etc …
Si vous preniez le métro vous découvriez même que grâce à HADOPI, on peut s’y offrir toutes les dernières productions hollywoodiennes en Divx pour un coût dérisoire (au moins ça permet à quelques personnes de vivre…. mais surement pas les artistes).
Bravo madame Militello d’avoir tué l’échange de fichiers sur les réseaux P2P pour encourager une économie criminelle, nous n’y serions pas parvenu sans vous.
La moindre des choses quand on lance ce genre de billet d’humeur est de l’argumenter un minimum pour qu’il ne soit pas perçu comme une stupide provocation totalement inutile. Enfin, se réjouir d’une conclusion affirmant l’inutilité de consulter l’ARCEP est ici encore d’une grande maladresse, je doute que le gendarme des télécoms apprécie ces gargarismes.
La HADOPI fait de la prévention, sous forme d’un dépliant qu’elle distribue aux péages autoroutierx, profitant des retours de vacances. Par delà le caractère pas franchement légal de l’opération comme le souligne Numerama, c’est surtout le couplet sur la sécurisation de la connexion Internet qui me fait doucement rire. Une vaste blague, avec une véritable intention de désinformer, voilà à quoi se résume le dépliant de la HADOPI.
Pourquoi
La sécurisation de la connexion à internet a pour but d’éviter les utilisations non autorisées d’œuvres protégées par undroit d’auteur. Comme pour son domicile, il est nécessaire de verrouiller les accès à son ordinateur pour éviter lesintrusions extérieures. Les moyens de protection permettentaux internautes d’envisager différemment l’utilisation de leurconnexion internet par leurs proches.
Comment ?
Comment ? Pour sécuriser son accès à Internet, l’abonné peut :
– Protéger son poste grâce à un mot de passe,- Installer des logiciels tels que le contrôle parental,les anti-virus ou les pare-feu,
– Protéger son wifi en utilisant une clé WPA. Ce type de service est proposé par les concepteurs de moyens de sécurisation (fournisseurs d’accès à internet et autres).
Le « Pourquoi » est déjà risible, on a là une splendide définition de la sécurisation d’une connexion par la HADOPI… Oui, sauf que voilà, moi je ne vois rien là dedans qui sécurise, je vois un dispositif de surveillance destiné à vous amputer chirurgicalement d’une parcelle d’Internet, par l’interdiction, la censure et bientôt le filtrage pur et simple du Peer to Peer. Le hic, c’est que quand ça pète, la chirurgie c’est jamais beau à voir. Peu importe, on nous ressert une fois ce discours particulièrement crétin qui consiste à assimiler un dispositif de flicage à de la sécurité. Comprenons nous bien : que vous vous fassiez piquer votre numéro de CB sur un site web que vous pensiez être un site proposant une offre légale, la HADOPI s’en contrefiche, qu’un fournisseur d’accès expose vos données personnelles en tentant de faire son beurre sur la psychose que veut générer HADOPI, la HADOPI s’en bat aussi les steaks… ce qu’elle souhaite c’est uniquement bloquer le partage de fichiers…
Dans le « comment », la HADOPI enfonce le clou en vous envoyant acheter une baguette chez le cordonnier : Ce type de service est proposé par les concepteurs de moyens de sécurisation (fournisseurs d’accès à internet et autres) ». Bravo ! Sauf qu’il semble que la HADOPI a manqué l’épisode du logiciel de controle de téléchargement d’Orange qui prétendait sécuriser votre connexion et qui exposait en fait tous les utilisateurs à un trou béant. En indiquant qu’un fournisseur d’accès est à même de sécuriser votre connexion, votre ordinateur, votre femme… on ne peut que constater et déplorer le niveau d’e-gnaritude profonde de la HADOPI en matière de sécurisation … du coup, la pédagogie, ça fonctionne beaucoup moins bien.
Et maintenant, le clou du spectacle :
Un labelpour se protéger
Dans un univers technique qui peut paraître complexe, le label « Hadopi moyens de protection » permettra à l’internaute de s’orienter clairement et rapidement. Il aidera l’internaute à choisir un dispositif fiable de protection de son accès à internet.
La HADOPI nous promet un label «Hadopi moyens de protection » qui risque encore de nous provoquer chez les spécialistes une certaines hilarité. En attendant, le label HADOPIPROOF est lui déjà 100% opérationnel.
En France, on a pas peur du ridicule, vraiment pas. Le délit de négligence caractérisée est une émanation de la Loi n°2009-669 du 12 juin 2009 favorisant la diffusion et la protection de la création sur Internet, plus connue sous le nom guignolesque d’HADOPI (Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet). La négligence caractérisée vient donc d’être définie dans le « Décret n° 2010-695 du 25 juin 2010 instituant une contravention de négligence caractérisée protégeant la propriété littéraire et artistique sur internet« . C’est un « petit » décret, avec pas trop de mots, juste ce qu’il faut pour définir l’indéfinissable, et surtout pour éviter de passer pour encore plus débile qu’il ne l’est déjà.
Ça raconte en gros que madame Michu va devoir sécuriser « sa connexion ». Mais le législateur se garde bien de définir ce qu’est une connexion à Internet… ça parait tout con comme ça mais, si je sais sécuriser ma machine, il m’est par exemple impossible de sécuriser la box de mon fournisseur d’accès, je n’en ai d’ailleurs pas le droit. Et quand je signale des horreurs sur les sites de certaines personnes pouvant conduire à la compromission de ma propre machine, ces derniers n’ont souvent même pas la courtoisie élémentaire de me répondre… La négligence des uns s’arrête t-elle là où commence celle des autres ?
Allez on va jouer un peu ensemble. Pour m’assurer que vous avez tous bien compris les tenants et les aboutissants de ce décret, je vous propose un petit quizz :
Question pour un champion numéro 1 : où s’arrête la connexion Internet que je suis sensé sécuriser ?
Réponse A : à ma machine ?
Réponse B : à ma box ?
Réponse C : au noeud de raccordement de mon opérateur ?
Réponse D : au site web que je visite ?
Question pour un champion numéro 2 : où sont les spécifications du dispositif de sécurisation que la HADOPI devait agréer ?
Question pour un champion numéro 3 : Si ma machine est infectée par un trojan, un keyloger ou un backdoor malgré les 5 euros par mois que je paye à mon fournisseur d’accès et que moins d’un an après mon premier avertissement, elle est réutilisée à des fins de contrefaçon je suis :
Réponse A : un internaute comme les autres ?
Réponse B : une victime ?
Réponse C : un coupable ?
Réponse D : un con ?
Question pour un champion numéro 4 : Pour HADOPI, Nathalie Kosciusko Morizet a :
Réponse A : bien fait son travail et j’ai lu tous ses tweets ?
Je confesse volontiers que j’ai mis un peu de temps à venir mettre une petite quiche sur le coin du crâne du Sénateur Masson suite à son délirium sur l’anonymat des blogueurs hexagonaux. Comme beaucoup, au début, je me suis dit « tien, en voila encore un qui cherche des nouveaux followers sur Twitter et des copains à superpoker sur Facebook » (c’est gagné, il a réussi à faire parler de lui dans le monde entier, et comme à chaque fois en matière d’Internet, on passe pour des cons)… mais le mal était plus profond. De mal remonte à des temps que nombre d’entre nous n’ont pas connu … je dépoussière mon bouquin d’histoire et je remonte en des temps immémoriaux, en cette France paradisiaque d’après guerre, en pleine reconstruction, avec à sa tête un président … enfin un général volontariste et charismatique, à cette époque ou on ne passait pas 45 minutes à regarder le programme télévision … il n’y avait qu’une seule chaîne, l’ORTF … raaah la la ! Que c’était bien ce temps là ! Au moins quand on était à l’ORTF on ne risquait pas de se faire apostropher publiquement par une personne du « peuple ». Bon ok, les mauvais esprits ne manqueront pas de demander « comment on appelle un pays dirigé par un militaire et qui n’a qu’une seule chaine de télévision ?« . Mais maintenant avec son Internet « tout pourri » le peuple peut apostropher les hautes sphères publiquement et se faire « retweeter » tout en balançant des vidéos sur Youtube avec son téléphone portable… comme si l’ORTF donnait la parole aux citoyens entre deux interventions du général.
Les castes 2.0
Ce sont ces temps que certains députés et maintenant sénateurs semblent regretter. Car figurez vous que sous couvert d’anonymat, ces satanés blogueurs, qui comme le rappelle fort justement Murielle Marlan Militello, ne sont pas des citoyens, se permettent des familiarités avec une classe politique toujours irréprochable. Parmi les dangereux fauteurs de troubles, on se souviendra par exemple cette mère de famille, anonyme elle aussi, convoquée au commissariat de police pour avoir osé écrire en commentaire d’une vidéo sur un réseau social une injure de gros calibre à l’encontre de Nadine Morano, attention âmes sensibles ne lisez pas ce qui va suivre : « hou la menteuse« . Je sais pas si vous me suivez jusque là, mais je viens de dire « anonyme » et juste après, « convoquée au commissariat » … mais on va y revenir. Une telle preuve d’irrespect envers les plus hautes fonctions de la République est intolérable, vous le comprendrez bien, ça mérite au moins d’aller jusqu’au tribunal. Quand un président dit « casses toi pauvre con » à un citoyen lambda, c’est bien fait pour la tronche du citoyen qui n’avait qu’à pas être un « lambda ». Par contre quand un lambda s’en prend à la caste d’anciens combattants de la guerre 3615, il faut … légiférer ! Quitte à écrire un monceau de conneries comme pour HADOPI, … il faut légiférer… comme s’il n’y avait en ce moment pas de sujets plus importants à traiter. Vous voyez si j’avais l’esprit tordu, je dirais que Monsieur Masson a reçu l’ordre de balancer son projet de loi pour faire diversion… tant que les blogs restent loin de la crise économique et de la pré campagne de notre présipaute, tout va bien.
Le sénateur Masson et Jacques Myard ont le « même prof d’Internet ».
Et oui sauf que notre mère de famille qui a eu l’outrecuidance d’injurier Nadine Morano avec un si vulgaire « hou la menteuse » se croyait anonyme elle aussi. Jusqu’à ce que Nadine Morano ne décide (sûrement aux frais de la République d’ailleurs, mais à vérifier) de savoir qui se cachait derrière ce pseudo. Dans ces cas là, on commence par consulter un avocat, qui fait une belle lettre à Youtube, Youtube vous envoi sur les roses car tant qu’il n’y a pas une demande formalisée par un juge, il se fout complètement de vos demandes. On obtient donc ce qu’il faut au bout de quelques jours et quelques milliers d’euros et hop Youtube se décide enfin à vous filer l’adresse ip de l’auteur de cet abjecte commentaire « hou la menteuse »… mais l’enjeu en valait bien la chandelle non ? Il ne nous reste maintenant plus qu’à aller voir le fournisseur d’accès Internet pour lui demander quel était la personne qui se cachait derrière telle adresse ip à telle heure…. « You don’t mess with Nadine ! ». Quelques milliers d’euros pour un « hou la menteuse », la République pouvait bien se l’offrir, après tout Nadine Morano « le vaut bien ».
Notre Sénateur Masson, vous venez de le constater, fait une première erreur très « basique ». Non en France, les internautes ne sont pas réellement anonymes, il sont identifié par une adresse IP (puisque la HADOPI vous dit que c’est un élément fiable d’identité et que vous avez voté pour, vous devriez lui faire confiance monsieur le Sénateur), voir un. Cet anonymat relatif qui est ici la règle est une bonne chose car il représente un point d’équilibre entre liberté d’expression et efficacité d’une enquête judiciaire. Mettre fin à l’anonymat tout relatif des blogueurs c’est aussi le meilleur moyen de mettre en faillite tous les hébergeurs français et de rendre sourds et aveugles tous les services de renseignement (et oui, on va s’amuser quand il va falloir reconnaitre un flux toréfié de /bin/laden entre les flux torréfiés de khorben, de ReadWriteWeb, du blog de Morandini (ah non pas lui il parait que c’est un professionnel donc il a pas le droit à l’anonymat), du blog de l’amicale philatéliste Saint-Albanaise…).
L’anonymat et les fantasmes d’une classe politique au bord de la crise de nerf
L’anonymat c’est un peu comme les frites Mc Cain c’est toujours ceux qui en savent le moins qui parlent le plus. On cherche donc des manières un peu smart pour calmer les ardeurs des blogueurs dissidents. c’est exactement le rôle de ce texte crétin sur le droit à l’oubli (on attend un texte sur le devoir d’être moins cons quand on est devant le Net), qui va permettre à nos hautes castes 2.0 de virer les casseroles affichées sur leur page Wikipedia. La fin de l’anonymat des blogs c’est un peu pareil, sur le papier on va vous le présenter comme un « droit » pour vous « protéger », en pratique, seuls les entreprises et les puissants de ce monde pourront se payer un avocat pour broyer un petit blog pour une broutille.
En clair, il faut vraiment que les politiques se trouvent dans une épouvantable détresse pour accoucher de ce type de dangereuses absurdités. La fin de l’anonymat sur Internet, c’est la fin de 80% de ses contributions… enfin en France car un proxy ou un vpn, un hébergement gratuit à l’étranger … et hop le blogueur redevient anonyme en quelques secondes.
Si un tel projet de loi voit le jour en France, je vous fait la promesse de tuer ce blog pour en ouvrir un autre quelque part, dans une ile du Pacifique, où quelques une de mes machines seront ravies d’accueillir les blogs de tous mes copains (à la louche comme ça je dois avoir assez de place pour un bon millier de copains qui refuseront de se plier à cette absurdité). Si ce truc arrive dans l’hémicycle, ce blog tel que vous le connaissez disparaitra de la toile hexagonale et réapparaitra sous un autre nom, de manière anonyme cette fois, et il distribuera les baffes que je me retiens chaque jour de distribuer depuis plusieurs années.
J’espère que vous me pardonnerez ce titre volontairement racoleur, vous ne trouverez pas de scoop ou de nouveau code d’exploitation dans ce billet, juste un point de vue dont je ne cacherai pas les orientations viscéralement anti HADOPI, mais vous allez voir je pense que ce rejet est motivé par des causes réelles et difficilement contestables, les faits sont là. Commençons par les mensonges qu’on nous a ressassé depuis quelques temps pour tenter de justifier l’injustifiable, c’est bien de les avoir en tête pour prendre la mesure de l’injustice provocant violence de ce qui nous attend si le gouvernement s’obstine dans cette voie :
1° Internet est la source de tous les maux
C’est le premier lieu commun (infirmé par de sérieuse études… très sérieuses même) sur lequel se fonde le texte de la loi HADOPI. Nous sommes donc face à un faux problème, la dégradation des revenus des foyers et le rapport entre le budget culture et l’apauvrissement des français est lui, totalement éludé depuis le début. D’ailleurs le gouvernement vous le dit et vous le répète, la crise économique n’existe plus depuis le grand emprunt, ayez confiance … et achetez nos cd.
2° La riposte graduée va faire augmenter les ventes de disques
Bêtise ou naiveté ? Non, n’en croyez rien, il ne s’agit que d’une étape, même Pascal Nègre, quand il affirme qu’HADOPI 2 multipliera par 4 les ventes de musique en ligne, sait très bien qu’il raconte des bétises pour amuser la presse, il ne s’agit là que d’une étape pour obtenir le cul de la crémière. Les signaux ont été nombreux, d’ailleurs la filière disque ne s’en cache même pas, elle négocie déjà :
Il n’y a pas pire sourd que celui qui a décidé de ne pas entendre. Sans parasitage avec l’utilisation d’un outil comme Seedfuck, on peut estimer à 30% de faux positifs les IP qui seront collectées par les sociétés mandatées par les ayants-droit. Les parlementaires ont souhaité fermer les yeux sur des réalités techniques, « parce que le chef l’a demandé » ou parce que « les voitures c’est pareil, elles ont des plaques d’immatriculation falsifiables et on a bien mis des radarts » (sauf qu’un automobiliste ne s’arrête pas à 100m d’un radart pour changer de plaque d’immatriculation comme peut le faire un internaute et qu’il n’est pas possible d’injecter des milliers de plaques d’immatriculation sur une autoroute) … quoi que comme le montre cette photo, certains se sont essayés à quelques hacks amusants :
4° Si on est contre HADOPI c’est qu’on est un voleur pédophile nazi violeur psychopathe qui met des bombes dans les médicaments au quatre coins du globe… ce qui représente en fait 5 gus dans un garage.
Désolé de vous la faire en mode condensé mais c’est à peu près la définition d’un internaute dans la tête d’une poignée de décideurs démocratiquement élus … ou d’autres se trouvant sur les bancs de l’Assemblée par concours de circonstances (qu’on n’oserait qualifier de calcul). Ces mêmes personnes omettent souvent de dire que de nombreux anti HADOPI ont aussi fait de réelles propositions de financement de la création, toutes rejetées pour la même raison : préserver les intérêts, l’opacité et surtout le train de vie scandaleux d’organismes parasites qui ont le toupet de prétexter que les artistes crèvent du téléchargement. Mais dans les faits, le téléchargement, c’est souvent comme les frittes Mc Cain, c’est ceux qui en parlent le plus qui le subissent le moins.
5° Internet met le droit d’auteur en péril
Quel meilleur argument pour terroriser les créateurs, même si ce dernier est juridiquement absurde ? Internet n’a à ma connaissance pas modifié le droit d’auteur imprescriptible et inaliénable dont un créateur peut jouir sur ses oeuvres. C’est bien sur l’exploitation de ses droits patrimoniaux (sur lesquels les organismes parasites n’hésitent pourtant pas à se goinfrer) qu’il est lésé. On ne parle pas donc de droit d’auteur mais de profit, il y a une petite nuance… trois fois rien. Et c’est justement parce que les organismes parasites se goinfrent sur les droits voisins et les droits patrimoniaux que ces derniers ont _TOUJOURS_ refusé une répartition transparente ou de _VRAIES_ solutions de financement de la création … c’est moche la peur de l’exclusion quand on tourne à 400 000 euros par an et quand s’offre presque deux fois mon propre salaire rien qu’en notes de frais). Le jour où tous les artistes se décideront à publier leur contrat sur un wiki et à les comparer, je peux vous assurer qu’on va se taper un sacré fou rire et que ça va en motiver quelques uns à changer de maison de disques ou de société d’auteur.
6° HADOPI va renflouer les caisses de l’Etat
Ne riez pas c’est un argument que j’ai pu lire ici. Aujourd’hui, tout porte à croire, comme nous l’avions prévu depuis fort longtemps, qu’HADOPI sera un gouffre pour le contribuable. Seedfuck vient enfoncer le clou (si ce n’est pas Seedfuck ce sera un autre), et obligera quoi qu’il arrive à mener de véritables enquêtes avant de couper une connexion sous peine de se retrouver devant un juge avec un dossier affligeant de ridicule.
7° Internet tue les artistes
Bon ça d’accord, Internet a bien tenté de tuer Johnny, mais il semblerait que la tentative ai échoué … ah non, c’était un hoax anticipatif. Si quelqu’un a plus d’informations sur un décès d’artiste provoqué par :
une lapidation à coup de modems,
un étranglement au câble ethernet,
un guillotinage par lecteur de DVD,
un AVC par déni de service…
ou toute autre technique de cyber criminel …je suis preneur.
8° L’Etat va jouer son rôle de nounou en vous apportant un logiciel de « sécurisation » ..
Oui enfin visiblement, c’est pas pour tout de suite vu que les spécifications n’ont même pas été rédigées (on ne sait pas ce que ce parasite fera sur vos machines, on sait juste qu’il ne fonctionnera que sur Windows… et merde, il va falloir que je m’en télécharge un pour le mettre dans une VM à moins que la HADOPI n’offre une licence pour toute installation de son mouchard). Il devient maintenant évident que l’HADOPI commencera ses vagues de spams alors que le logiciel de sécurisation reste de la science fiction. Et franchement, quelque part, tant mieux car quand on lit les explications de Franck Riester aux questions de PCInpact, on a de quoi avoir très peur. Il s’agira :
soit d’un trojan qui scannera sans vergogne toutes vos données personnelles sous prétexte de recherche d’un hash de torrent surveillé et communiquant en permanence avec des milices sur un modèle client/serveur bien opaque
soit d’un logiciel de contrôle parental politique … la Chine l’a bien fait ….communiquant en permanence avec le ministère de la police et qui filtrera sur liste pédophiles, terroristes, opposants politiques, grandes gueules (comme moi)
Si vous n’êtes pas prêts à accepter une caméra de vidéo surveillance dans votre salon directement connectée au ministère de la police, c’est que vous n’êtes pas non plus prêts à installer le logiciel de « sécurisation » de la HADOPI .
Sous les octets, la plage …
Allez on s’arrête là pour les causes du mal qui est en train de s’imprégner dans nos réseaux même si j’ai encore une bonne vingtaine de clichés absurdes sur la « flibuste » du Net dont nous pourrions nous délecter pendant des heures tellement la surenchère propagandiste du gouvernement et des lobbys qui lui ont, de notoriété maintenant publique, bourré le mou, a été savante sur le sujet.
Passons maintenant au cyber 68 qui nous attend grâce à tout ça.
Le premier effet Seedfuck est un engouement assez incompréhensible pour un proof of concept que l’on savait déjà de longue date faisable, et même déjà en pratique sur les trackers de the Pirate Bay. Incompréhensible ? Peut être pas tant que ça si on considère que l’adresse IP est, comme le désigne le premier décret d’application, le seul élément de preuve collecté pour confondre un internaute… ce qui est « léger », pour rester poli.
Des inexactitudes et des déformations à propos de Seedfuck
Seedfuck est illicite : ceci est une malencontreuse extrapolation pour ne pas dire une bêtise, vu que seul un juge est à même de définir si Seedfuck est légal ou non, pour qu’il soit rendu illégal, il faudrait que l’adresse IP soit reconnue comme un élément attestant de l’identité d’une personne ou qu’il porte une atteinte matérialisable sur des infrastructures.
Seedfuck permettra aux internautes de passer inaperçus sur les réseaux P2P : alors je ne sais pas qui a été le premier à sortir cette bêtise, mais elle a été allègrement reprise, jusqu’à se retrouver sur FRNOG qui ne m’avait pas habitué à relayer ce genre de non sens. Seedfuck ne vous anonymise en rien sur un réseau P2P.
Je n’ai de cesse de le répeter depuis le début, il porte sur 3 points essentiels pour que l’HADOPI puisse être applicable :
Le coût de la procédure : Seedfuck devrait faire exploser le coût d’une procédure que le législateur voulait complètement automatiser. Manque de chance, la nouvelle donne avec Seedfuck c’est qu’il va falloir faire des vérifications un poil plus poussées qu’il va devenir compliqué d’automatiser.
La légalité de la procédure : il existe en droit un principe de non incitation à commettre une infraction. Ça n’a l’air de rien dit comme ça, mais si on se place dans notre contexte avec l’existence de Seedfuck, ça veut dire que TMG ou les autres sociétés mandatées devront apporter une preuve plus solide que l’IP sans pour autant inciter l’internaute à télécharger l’oeuvre. Je vous invite à lire ce billet de Magicaltux qui donne une solution techniquement valide pour ne pas se laisser duper par Seedfuck … seul problème, comme le fait remarquer Max en commentaires, elle ne tient pas un instant la route devant un tribunal.
La pertinence de l’adresse IP comme preuve : c’est complètement crétin, tout le monde le sait, mais c’est tout ce que les brillants cerveaux qui ont conçu HADOPI et le mécanisme de riposte graduée ont trouvé pour confondre les internautes et sur ce seul et unique point Seedfuck a eu le mérite de réveiller un vent de protestation de tous horizons;
Seedfuck est un puissant outil parce qu’il :
Hack la loi,
Hack le porte-feuille,
Réveille les consciences.
I had a dream …
Vu la décontraction et la légèreté de Franck Riester quand on lui parle de Seedfuck, je me suis pris à rêver d’une nouvelle absurdité dont le gouvernement serait tout à fait capable : Et si la HADOPI ne surveillait en fait QUE le réseau Edonkey ?
Ce ne sont là que des soupçons naissants, aucun fait ne venant le confirmer, mais aucun fait ne venant non plus l’infirmer. Mais si tel était le cas … tout ce bruit pour surveiller emule alors que BitTorrent est la véritable autoroute du P2P aurait pour effet de provoquer chez moi un fou rire dont il me faudrait plusieurs jours pour me remettre… comme un constat d’échec, un avoeu d’impuissance … avant même d’envoyer les premiers mails.
L’obstination ministérielle dans la médiocrité et le mépris le plus total du travail parlementaire
Des questions de datant de MAI 2009 n’ont TOUJOURS pas été traitées par le gouvernement alors que la pratique parlementaire est de répondre dans les 2 mois (4 quand on est très patient)… là on entame bientôt la première année ! De nombreuses questions de parlementaires sont relatives au fait que l’adresse IP est considérée par la HADOPI et par les e-gnares qui l’ont voté comme le une preuve (anéfé) valable, susceptible de confondre un internaute … alors que devant huissier, l’UFC Que Choisir a pu constater le contraire ! Là on peut me dire ce qu’on veut mais ça confine à l’entêtement idiot, bête et méchant.
Il faut donc plus d’un an au ministre pour avouer que son prédécesseur a raconté n’importe quoi, un an aux godillots pour admettre qu’ils ont été bien mal inspirés de voter bêtement un texte auquel il n’ont rien compris et s’appuyant sur des études bidons commanditées par des moines copistes de DVD. Un an pour comprendre que ces mêmes moines copistes de DVD ne s’arrêteraient pas là et en demanderaient encore plus … et ça va faire 2 ans qu’on vous le claironne.
L’inéluctable escalade dans la bêtise et la violence
Et comme la suite est dramatiquement prévisible, nous allons nous orienter vers une HADOPI 3 qui tentera de brider comme elle le peut à coup de DPI, de BGP et autres idioties, pour lesquelles vous nous préparez habilement le terrain à coup de « quasi neutralité » ou de « droit d’accès à des contenus licites », comme le disait Nathalie Kosciusko-Morizet au colloque de l’ARCEP sur la Neutralité du Net, venant ansi introduire à demi mot le filtrage dynamique des contenus pour savoir si tel ou tel octet est légal ou pas (non mais franchement, vous rendez-vous seulement compte de l’énormité de ce propos?). Vous pensiez que ça passerait inaperçu ? L’escalade est donc inévitable, le chiffrement lourd va devenir une solution ordinaire, de nombreux outils vont voir le jour et à force de vouloir écouter tout le monde vous n’entendrez plus personnes … ni les internautes partageurs, ni les terroristes, ni les pédophiles … tout le monde utilisera ces outils car tout le monde prendra plaisir à se cacher, tout le monde aura envie de prendre le maquis.
Introduire la notion de « légalité » dans les tuyaux des FAI à qui on demande d’être neutres, c’est consacrer le chiffrement lourd, l’onion routing, les vpn chiffrés … tout ce à quoi le gouvernement veut faire la sourde oreille arguant que les techniques de contournement sont réservées aux seuls experts (#lol : t’as vu la tronche de l’expertise ?) et que les internautes promettent depuis deux ans. L’exemple des radarts sur les autoroutes ne prévoyait pas le coup des voitures en mode furtif avec de la peinture invisible ou les tunnels sous l’autoroute … c’est là encore une erreur de jugement de votre part sur laquelle on vous a pourtant mis le nez… que vous fallait il de plus ?
La suite logique : la criminalisation du chiffrement (« la Chine l’a bien fait » ® J.Myard)
Une fois que les réseau P2P classiques seront désertés, les utilisateurs se concentreront sur des techniques de chiffrement lourd, ce qui déplaira de fait aus ayants-droit. Qu’à cela ne tienne, interdisons l’usage cryptographique ou n’autorisons que ce qu’il est possible de casser sans trop d’effort. Si la Chine le fait après tout, pourquoi pas faire de même en France. Le chiffrement, après tout, c’est bien connu, il n’y a que les terroristes et les pédophiles qui l’utilisent…Allez, finit SSH pour administrer vos serveurs, il faudra vous faire une raison à utiliser FTP. Jacques Myard n’a de cesse de le dire, notre internet est tout pourri, il convient donc de le nettoyer :
HADOPI est injuste à bien des égards et si la justice comme nos institutions fonctionnent correctement, elle sera abrogée, purement et simplement. Si tout ceci ne fonctionne pas, c’est la Nature qui oeuvrera en poussant vers la retraite une poignée de tyrans dont les mensonges n’ont d’égal que leur peur bien perceptible de ce qu’ils ne comprennent pas.
J’écrivais sur ce même blog qu’HADOPI allait être le VietNam de Nicolas Sarkozy en faisant référence au fanstasme albanellien de « sur-référencement de l’offre légale » (offre légale qu’on attend toujours au passage… comme les artistes attendent d’ailleurs toujours une solution pour financer la création). Toute la presse, tous les spécialistes en arrivaient aux mêmes conclusions… Et c’est Lundi 3 Mai 2010 que nous saurons quand la guerrilla va réellement commencer.
Lire la réponse de l’INPI (à laquelle j’accorde peu de crédit car son véritable auteur est inconnu et sous entend que ce qui a été donné comme excuse à Isabelle n’a jamais existé).
Celle ci, elle commence comme ça :
« notre partenaire principal, l’INPI, est farouchement opposé à ce que l’exposition donne la parole aux défenseurs du « libre ». Nous avons essayé de discuter et d’argumenter avec eux mais l’INPI reste intransigeant sur sa position. Nous sommes donc obligés, avec grand regret, de ne pas présenter votre parole que vous aviez, aimablement, accepté de rédiger et d’enregistrer. »
On m’a très rapidement signalé cette histoire au sujet de d’une expo organisée à la Cité des Sciences et de l’Industrie de la Villette à Paris. Au début, j’ai pensé à un malentendu, puis comme j’ai l’habitude de me rendre à la Cité des Sciences pour pas mal d’évènements relatifs aux logiciels libres comme le PyCon-fr ou les Ubuntu parties, je me suis dit que tout ceci était de toutes façons un malentendu, vu que la Cité des Sciences a TOUJOURS accueilli les communautés du Logiciel Libre TRES chaleureusement. Donc nous allons bien faire la différence, il s’agit bien de l’INPI qui est responsable de cette connerie et non la Cité des Sciences et de l’Industrie de la Villette.
Mais voilà à l’INPI, il y a des cons. Et les cons, une fois de plus ont osé ! Pour vous situer correctement le truc, l’INPI (Institut National de la Propriété Industrielle) c’est le machin où on va enregistrer des idées et tenter de les faire breveter pour s’assurer une rente à vie sur 12 générations (petit jeu auquel nous sommes d’ailleurs tellement nuls que dès qu’un français a une idée, aussi conne soit-elle, il va la faire breveter à l’étranger).
L’exposition intitulée «Contrefaçon, la vraie expo qui parle du faux », est le faux évènement qui aura réussi à me mettre dans une vraie colère en censurant la Free Culture (attention Free au sens de libre, et non de gratuit). Cette histoire me rend hystérique car la personne que l’on a censuré, Isabelle Vodjani est une personne que je connais personnellement pour ses activités autour de l’art libre et que j’apprécie beaucoup. Je vous invite donc tout particulièrement à lire ceci, où Isabelle explique avec quelle stupidité, l’organisme national sensé protéger les créateurs en tous genres et favoriser l’innovation, se tourne en ridicule en censurant une pratique légale et respectueuse du droit de la propriété intellectuelle, fondatrice de l’Internet, reniant ainsi toute une génération d’entrepreneurs qui ne manqueront pas de s’en rappeler le jour où ils auront un choix de société à faire pour diffuser et vivre de leurs idées.
Commençons ce billet par une citation de Praagma :
[10:39] <praagma> De mon expérience, sur les sujets techniques, les gens qui ne comprennent rien, se comprennent entre eux
On connait les positions bien tranchées de Nadine Morano sur Internet, elle n’en est pas à son coup d’essai. Il faut dire qu’elle n’en loupe pas une quand il s’agit de taper sur le Net sur lequel elle n’hésite pourtant pas s’exhiber comme dans ce pitoyable Lipdub (il y a des personnes pour lesquelles le droit à l’oubli devient vraiment vital).
Mais comme c’est le printemps, notre Nadine Morano, pimpante, invitée de Christophhe Barbier sur LCI nous livre une fois de plus le fond de sa pensée sur la rumeur, sur Internet qui amplifie cette rumeur et surtout sur la nécessité de créer une police internationale de l’Internet (contre la rumeur ?) … c’est original ça chère Nadine. On va finir par croire que vous avez suivi le même cursus que l’ami Jacques Myard. Et puis après tout, si on applique ce genre de chose à l’Internet, pourquoi pas une police internationale anti rumeur dans les bars ?
Ca devient assez exaspérant de constater que des politiques n’arrivent toujours pas à comprendre qu’il se passe sur le Net exactement ce qui se passe dans la vie réelle et que ce n’est pas en faisant des lois applicables uniquement à l’Internet que l’on rendra service à l’Etat de Droit.
Attention, tenez vous bien, je cite :
« J’ai toujours pensé que par rapport à ce monde du réel que nous avons et ce monde du virtuel qui maintenant existe dans nos vies, il nous faudrait nous organiser d’une manière internationale parce que Internet n’a pas de frontière, nous n’avons pas les mêmes législations, et ce qu’on y trouve est à la fois fabuleux et profondément dangereux et au delà des rumeurs bien entendu, des blogs qui sous couvert d’anonymat déversent un torent de boue et d’insultes d’injures et de mensonges je crois qu’il nous faudrait un jour une police internationale d’Internet. »
Afin que l’on ne m’accuse pas de travestir la vérité, je tiens simplement à vous faire visionner cette vidéo :
La déclaration de Nicolas Sarkozy s’appuyant sur l’expertise reconnue des membres de la mission Zelnik suscite l’hilarité du monde entier… c’est cet organe de dangeureux gauchistes bien connu, le Figaro, qui en met une première couche en relevant ce qui se dit dans la presse étrangère.
Si vous avez raté un épisode, sachez que la France c’est quand même le pays des créateurs de possible … et ouai, chez nous tout est possible… je suis même surpris que le député Myard n’ai pas proposé de nationaliser Google pour tout vous dire …
Entre deux éructations sur le filtrage des contenus qu’il exige malgré les mises en garde du Conseil des Sages ou sur la carte musique jeune qui va servir a renflouer les caisses pourtant bien pleines d’une pseudo société d’auteurs (je dis pseudo et je serai prêt à retirer ce mot le jour où la SACEM publiera des barèmes de répartition clairs et ses chiffres de manière transparente), notre Président en a lâché une du même calibre que celle d’un Frédéric Lefèbvre : taxer les revenus publicitaires des moteurs de recherche et des « gros sites ».
C’est quoi un gros site ? Le mien pèse 130 mégas tout mouillés, dump sql compris … je peux compter sur une exonération ? … et si je décide de donner tous mes revenus publicitaires (énormes!) à mes copains gus de garage … j’ai le droit ?
Plus sérieusement .. comme prévu … on passe pour des ânes, et encore une fois on ne l’a pas volé ! Voilà ce qui arrive quand on confie un boulot technique à des e-gnares :
… j’en passe et des meilleures, j’attends avec impatience la réaction de la presse chinoise sur le filtrage. En tout cas cette taxe Google, même les chinois ne l’ont pas fait !
Je cherche à m’expliquer pourquoi Nicolas s’entête à tenir sous perfusion l’industrie du disque. Notre président à soit pété une pile, soit il y a une partie du gâteau du business de la culture qui doit atterrir dans les caisses de sa formation politique (si vous avez une explication plus rationnelle, svp, éclairez moi). Dans cet article de Numérama qui relate les vœux du président au monde de la Culture, on apprend que ce dernier appelle au filtrage, « sans délai » … Voici ses propos exacts :
« que soit expérimentés sans délai des dispositifs de filtrage visant à dépolluer automatiquement les réseaux et serveurs de toutes sources de piratage »
C’est le genre de déclaration qu’on attend de la bouche d’un président chinois ou iranien, mais l’entendre de celle de Nicolas Sarkozy me fait froid dans le dos. Les premières informations avaient filtré via l’excellent blog d’Astrid Girardeau, et on pouvait déjà craindre le pire. Au début, je n’ai pas trop voulu y croire mais elle avait, une fois de plus, raison. Voici donc le menu pour 2010 :
Taxation des moteurs de recherche : dans le genre mesure débile et surtout dangereuse voici une perle. De la tête de qui cette aberration a t-elle pu sortir ? Taxer les moteurs de recherche …vous allez voir que dans pas longtemps avec ce genre d’imbécilité il faudra payer pour être indexer dans Google ou que le gouvernement communiquera l’ordre des résultats de recherche imposé aux moteurs de recherche. On sent bien ici se profiler une future incursion de l’Etat sur les problématique de référencement de l’offre légale, ou comment le gouvernement va demander à Google de positionner en premier sur certaines requête la liste des sites des petits copains du Fouquets. … vous trouvez que j’exagère ? Attendez un peu la suite, vous allez mieux comprendre la position de notre dictateur président …
Taxation des revenus publicitaires des éditeurs de services en ligne : directement issue du rapport de la mission des bras cassés Zelnik, cette mesure séduit le président. Elle est d’une imbécilité à toute épreuve puisqu’elle vise à taxer les revenus publicitaires des « services présents en France » … euh les gars … vous vous écoutez parler des fois pour sortir ce genre d’énormité ? Vous souhaitez taxer les revenus publicitaires de Google (plus grande régie publicitaire mondiale) au prétexte qu’elle a une adresse en .fr ou des locaux place de l’Opera ? Ça veut dire que si je suis monsieur Yahoo et que je n’ai pas envie de payer la taxe je fais quoi ? Je redirige le .fr sur le .be ? et ensuite ? … vous filtrez tout Yahoo car ce dernier n’aura pas voulu s’acquitter d’une taxe unique au monde ? Y’a t-il au moins une seule personne dans cette commission qui ai compris ce qu’était le Net ?… Zelnik, Cerruti, Toubon … les gars, sérieusement, la prochaine fois invitez dans votre groupe de lumières une personne qui sait comment fonctionne un DNS et le TCPIP.
Pendant ce temps aux USA, on récupère ceux que l’on fait fuir de France, on crée de la richesse là où en France, on met à point d’honneur à prendre le risque de passer à côté d’une forte croissance et la création des emplois de demain. Comment notre Président peut-il, sans aucune étude d’impact, soutenir ce genre d’orientation suicidaire ? Ces mesures populistes couteront cher à notre économie, nous sommes promis à prendre un retard considérable : les années Sarkozy seront les années noires de l’économie numérique, là où tous les autres pays affichent des croissances à 2 ou 3 chiffres… merci monsieur le Président … c’est brillant.
« La carte musique Jeune » : cette mesure me ferait sourire si elle n’était pas financée par le contribuable. Avec un ticket à 200 euros dont 50% sont directement financés par l’Etat, le cadeau fait à l’industrie du disque pour les remercier de leur incompétence et de leur incapacité à relever les défis du numérique ne sera pas non plus sans conséquence. A quand la « carte cinéma jeune », à quand la « carte presse jeune », à quand la « carte livres jeunes » … combien va couter cette blague ? Je n’aime pas cette France qui encourage la médiocrité, le discours de Nicolas Sarkozy et ses positions sur l’industrie de la musique sont une insulte aux valeurs républicaines et une insulte à l’intelligence de toutes les corporations, particulièrement celle de la presse qui n’a pas hésité, elle à relever les défis qui lui sont lancés par le Net. En outre, si le secteur de la musique va si mal, par quel miracle arithmétique les sommes perçues par la SACEM poursuivent leur croissance ? C’est mal monsieur le président de prendre vos citoyens pour des cons. Il y a des secteurs qui sont véritablement en crise, et ce genre de « cadeau » fait à l’industrie du disque risque d’en émoustiller plus d’un.
Le filtrage du Net : Notre président à nous, le conseil Constitutionnel, il s’en bat les steacks. En appelant à « expérimenter sans délai des dispositifs de filtrage visant à dépolluer automatiquement les réseaux et serveurs de toutes sources de piratage », Nicolas Sarkozy semble frappé d’amnésie, il a sans doute besoin que le Conseil Constitutionnel lui rappelle que seules des mesures « strictement nécessaires à la préservation des droits en cause » peuvent être prises… Le filtrage par BGP c’est de l’éclatage de mouches au missile Sol/Air, ce type de filtrage est de l’avis de tous les spécialistes pointé du doigt comme étant non conforme aux orientations données par le Conseil des Sages … mais Nicolas, le Conseil des Sages … lui … il s’en cogne ! Les Canadiens ont ainsi réussi à plonger dans le noir 4500 sites web parfaitement légaux en l’utilisant pour ne filtrer qu’un seul site !
Peut être aussi que la France est tellement riche que notre président a juste envie de claquer un peu de fric (les fournisseurs d’accès ne financeront jamais ça de leur poche, c’est encore le contribuable qui va y passer), histoire de se casser les dents comme tous les pays qui ont testé le filtrage et qui ont du faire marche arrière.
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