Le site de propagande Jaimelesartistes.fr qui a même fait débat au sein de l’hémicycle, a finalement fermé définitivement ses portes.
Le site avait subit les attaques par Déni de Service Distribué (DDoS) depuis que le Ministère de la Culture ai jugé malin de provoquer les hackers publiquement avec un « ils peuvent y aller notre site est super blindé« … il faut en tenir une sacrée couche pour avancer ce genre de propos, d’ailleurs l’hébergeur du site, Pushitup, confiait :« Quand j’ai lu hier soir sur votre site, la phrase suivante « Mais ils peuvent toujours attaquer, le site est super blindé », je savais que je passerais une mauvaise nuit ».
La communication du Ministère de la Culture à ce sujet est encore une fois modèle de débilité profonde : elle accuse les hackers d’être responsables de cette fermeture, ce après une provocation stupide dont il est l’auteur… sans jamais faire son mea culpa sur les contenus de ce site de propagande financé avec de l’argent public pour servir les intérêts des industriels des biens culturels dématérialisables. L’occasion est trop belle pour stigmatiser « les pirates de l’Internet »… cette zone de non droit ou les criminels en tout genre établissent leur nid.
Primo ce site ne serait jamais tombé sans les provocations idiotes du Ministère de la Culture ou de son agence de communication ;
Secondo, si tous les sites fermaient à cause d’un DDoS, le Net serait bien vide : un peu comme si des hackers lançaient un déni de service sur http://impots.gouv.fr et que du jour au lendemain nous n’ayons plus à payer d’impôts.
Soyons clair, nous ne cautionnons pas cette pratique peu gentleman de faire passer un message : un DDoS c’est moche.
En revanche il y a de quoi être particulièrement outré des propos de madame Muriel Marland-Militello qui reflètent l’e-gnaritude profonde de l’environnement qu’elle décrit.
« Je condamne fermement les personnes qui se sont rendues coupables d’attaques massives sur le site internet jaimelesartistes.fr, mis en place par le Ministère de la Culture », écrit-elle sur son blog. « Ces actes liberticides sont proprement inadmissibles. Ils bafouent le droit pour les citoyens d’être informés sur les projets gouvernementaux. Ils bafouent la liberté d’expression ». peut-on lire dans cet article de Numerama.
Alors, comme on est sympa, on va expliquer à la madame ce qu’est un DDoS et on va ensuite lui expliquer ce qu’il convient de qualifier de liberticide quand le Ministère de la Culture claque de l’argent public pour un site de promotion d’un projet de loi sans y autoriser le débat contradictoire qu’il convient.
Le DDoS pour les Nuls
Alors Muriel, un DDoS (Distributed Denial of Service, ou Déni de Service Distribué en français), pour faire simple, c’est un peu comme quand les routiers manifestent en bloquant le périphérique ou un tronçon autoroutier. Sur internet, ceci se traduit par un afflux de trafic sur le site cible, qui finit par plier sous les requêtes, ni plus ni moins.
…. à ben oui, dans les faits c’est bien moins grandiloquent pour la presse que le mythe du Pirate de 12 ans qui s’introduit sur les serveurs de la DGSE ou du hacker chinois qui arrive à rooter la France avec un trojan dans un document Word.
Et oui Muriel, ceux que tu appelles des « pirates », des « cybercriminels » du simple fait de ta cyber-inculture, dans la société civile on appelle ça des manifestants … et les manifestations ça crée des embouteillages… tu vois le concept ou tu as besoin d’un usecase UML ?
- Mais en quoi ceci est il liberticide ?
- Quel député emploi ce mot quand la RATP ou la SNCF prend en otage ses usagers ?
- Personne ?
Tien c’est marrant… une manifestation provoquant des embouteillages sur Internet c’est forcément un acte de terrorisme liberticide de méchants pirates pédo-violeurs-mafieux qui empêchent le gentil Ministère de la Culture copain avec les gentilles majors du gentil Fouquets qui défendent les gentils artistes … de cultiver un peu plus l’opinion publique. A prendre les gens pour des cons, on finit toujours par révéler l’abrutis qui est nous … c’est humain.
Vous avez dit liberticide ?
Comme il est amusant de se voir donner des leçons de démocratie par les sbires du Ministère de la Culture dont nous avions analysé la propagande ici.
Dans les faits, qu’est ce que le site Jaimelesartistes.fr défendait ?
- il défendait le projet de loi Création et Internet,
- il défendait un projet d’annihilation des libertés numériques et de nos libertés en général (des principes fondamentaux de droit sont remis en question comme les droits de la défense, le droit à un procès équitable, ou la présomption d’innocence)
- il défendait le droit du gouvernement à dépenser de l’argent public pour assurer la promotion d’un projet de loi stalinien
- il défendait surtout les intérêts d’une corporation comme le ferait un syndicat national … une attitude indigne d’un Ministère.
Nous avions tout de suite dénoncé les objectifs cachés de ce site web hideux qui a quand même coûté entre 50 000 et 85 000 euros ! Comme nous sommes dans le métier … comment vous dire … facturer une telle bouse à ce prix là, c’est tout simplement du vol. Il faudra inclure cependant dans cette somme la prose de l’agence de communication et des babioles de propagande : teeshirts, pins et autre conneries Made in China qui tel les DRM finiront dans /dev/null
Enfin, comme le soulignait Patrick Bloche, décidément brillant sur la forme comme sur le fond « si c’est de la communication et qu’il s’agit d’un site officiel, financé par de l’argent public, le moins que l’on puisse alors demander, c’est que la parole y soit donnée à ceux qui s’opposent à ce projet de loi ». « Au lieu de dialoguer avec M. Luc Besson sous les ors du ministère, acceptez la contradiction ; acceptez que nous dialoguions avec vous sur ce site officiel et que nous y développions nos arguments. Cela, ce serait de la communication ! Comme ce n’est pas le cas, il s’agit d’un site de propagande »
Jaimelesartistes est mort ! vive les artistes !