Seedfuck : maintenant en Java et en PHP

Il s’est passé beaucoup de choses ce weekend autour de Seedfuck, ce qui n’était qu’un petit proof of concept accessible à quelques nerds est aujourd’hui un petit logiciel utilisable par n’importe qui :

  • En Python (avec une interface web)
  • En Java (avec une interface graphique)
  • En PHP (une nouvelle variante mode web, installable sur n’importe quel hébergement grand public, renommée BTPoison.php car elle est assez différente dans son fonctionnement et moins « trash »)

Deux posts importants :

Retenons trois faits importants :

  • La collecte des preuves par la HADOPI, va couter plus cher que prévu pour une fiabilité plus que douteuse, une position encore confortée par la l’étrange consultation nationale sur le droit à l’oubli numérique qui fait rire jusqu’en Suède ;
  • Seedfuck va subir encore pas mal d’évolutions et il y a un risque de le voir inoculé via des chevaux de Troie sur des machines « zombifiées ».
  • Seedfuck a donc muté de l’état de proof of concept à l’état de menace réelle et sérieuse en 48 heure, preuve de la volonté des internautes de s’opposer à cette mauvaise réponse au faux problème que représente la HADOPI,

Consultation sur le droit à l’oubli numérique … Fail again

Je vous ai parlé de mon point de vue sur le droit à l’oubli numérique dans un billet précédent, une absurdité technique revenant à vous demander si vous êtes pour ou contre la mort derrière laquelle on sent se profiler la censure de Wikipédia ou de Archive.org. Et en donnant l’url de la consultation gouvernementale sur ce thème, tous mes interlocuteurs sont étrangement tombés sur un message leur indiquant qu’ils avaient déjà voté …

Voici le lien en question :

http://www.prospective-numerique.gouv.fr/place-publique/votez/etes-vous-favorable-la-mise-en-place-d-un-droit-l-oubli-numerique.html

Currieux de comprendre comment ce ci est possible, j’opte pour la solution du proxy (avec un autre navigateur et une IP turque toréfiée) en me rendant sur cette page :

http://www.prospective-numerique.gouv.fr/place-publique/

Puis en clicant au bon en droit vers le bas à gauche sur « Etes vous favorable à la mise en place du droit à l’oubli numérique », voilà que l’on me prose de voter.

Je clique et hop … il semblerait que cette consultation nationale passionne la Turquie puisqu’on me renvoi ce message : « Vous avez déjà voté depuis cette adresse IP »… et moi qui m’attendait à me faire jeter pour « fabricage d’IP pas de chez nous »…

Du coup je me demande si vous, internautes, pouvez être consultés …

  • Arrivez vous à voter ?
  • Quelle url transmettre pour que les gens puissent voter ?

EDIT : Bon voici le résultat des premiers tests de ce qu’il convient de désigner comme une consultation nationale étendue :

  • Impossible de voter depuis une IP française #lol
  • Impossible de voter depuis une IP turque
  • Impossible de voter depuis une IP tchèque
  • Impossible de voter depuis une IP finlandaise
  • Impossible de voter depuis une IP suisse
  • Possibilité de voter depuis une IP canadienne
  • Possibilité de voter depuis une IP américaine
  • Possibilité de voter depuis une IP suédoise
  • Possibilité de voter depuis une IP danoise
  • Possibilité de voter depuis une IP japonaise
  • Possibilité de voter depuis une IP brésilienne
  • Possibilité de voter depuis une IP allemande
  • Possibilité de voter depuis une IP ukrainienne
  • Possibilité de voter depuis une IP bulgare
  • Possibilité de voter depuis une IP indienne
  • Possibilité de voter depuis une IP malaisienne
  • Possibilité de voter depuis une IP chinoise

On relance le débat sur l’identité nationale ?

Seedfuck porté en Python avec un frontend web

AVERTISSEMENT : Polluer les réseaux P2P avec des adresses IP serait passible de poursuites selon l’article 434-23 du Code Pénal (Merci à @manhack et @ericfreyss de nous l’avoir rappelé).

Tout va très vite sur Internet, vraiment très vite, un internaute vient de nous poster un lien sur un portage de Seedfuck, avec une belle interface web. C’est du Web.py, c’est redoutable, et maintenant à la porté de tout le monde, sans nécessiter d’installation… Le source est éditable en ligne et permet maintenant, à n’importe qui de pourrir les trackers d’IP prédéfinies ou pas (moyennant encore quelques petits ajustements).

L’engouement autour de ce petit bout de code me surprend énormément et la réactivité des internautes et leur faculté à prendre les armes pour lutter contre HADOPI me laisse sur le C***

Seedfuck en mode web

Droit à l’oubli numérique : pourquoi c’est crétin ?

Attention, malgré un titre provocateur, ma position sur ce point est loin d’être tranchée, je ne nie pas qu’il existe des cas dramatiques, en revanche je trouve stupide de légiférer sur ce qui est techniquement absurde et dangereux (notre corpus législatif est déjà suffisant pour répondre aux problématiques de retraits de contenus diffamatoires ou portant atteinte à la personne). Je réagis à un tweet de @versac signalant qu’une consultation est actuellement en cours sur ce thème et dénonçant par là les « sécuricistes » … point sur lequel je le rejoins parfaitement, et voici pourquoi :

Primo, la problématique :

Oui certaines personnes, peu éduquées numériquement ont à souffrir de ce que la tendance marketing actuelle appelle la e-réputation. Il y a même des cas dramatiques (Cyndy Sanders si tu me lis…). Pour les gens comme tout le monde (… tout le monde n’a pas le don d’un Frédéric Lefèbvre pour se faire détester des internautes) tout commence par une confiance excessive sur les informations qu’ils diffusent sur le Net via des blogs, des réseaux sociaux ou autres. L’information peut être reprise, déformée et rediffusée… comme dans la vraie vie. Il y a bien des cas dramatiques qui existent, par exemple des mineurs s’exhibant devant des webcams et se retrouvant sur des sites malsains, mais là encore il s’agit d’un manque véritable d’éducation et les parents en sont au moins aussi responsables que les victimes elles mêmes.

De nombreuses questions autour de ce fumeux concept de droit à l’oubli :

  • Que sommes nous prêts à accepter pour pardonner la bêtise des uns et le manque d’éducation des autres ?
  • Comment faire pour sortir des informations qui sont entrées dans le réseau ?
  • Combien cela couterait-il ?
  • Qui appliquerait un blocage (les FAI ?) ou ferait appliquer un retrait de contenu ?
  • On le ferait sur demande de n’importe qui ou faudrait il que ce soit un juge qui ordonne pour un motif constitué légalement le droit à l’exercice de cette demande d’oubli ?
  • Est-ce que ça ne risque pas de nuire à des choses bien utiles comme le site Archive.org qui s’est donné pour mission d’être la mémoire du web ?

En pratique, faire retirer un contenu peut être envisagé comme la solution … sauf que le réseau des réseaux ne connaissant pas de frontière, l’information est répliquée et rediffusée hors de nos juridictions, elle est dans le cache des moteurs de recherche, sur les disques durs des gens qui l’ont visionné …. En soi, l’oubli sur Internet n’est donc techniquement pas possible, il est même complètement absurde. N’importe qui pourra l’archiver une information et la rediffuser des années après. On dit que les français n’ont pas de mémoire, c’est peut être aussi pour ça que le Net  un rôle sociétal à jouer.

Il m’est avi que ce droit à l’oubli est illusoir, c’est tout ce qu’un certain bisounours hémiplégique (Emmanuel Hoog, si vous ne voyez pas de qui je parle) a trouvé pour faire parler de lui … et il a réussit son coup. A quand une consultation publique sur l’engagement de l’Etat dans le déploiement d’un réseau fibré gigabit accessible aux particuliers (comme c’est déjà le cas en Corée du Sud) ?

Pour citer un ami qui se reconnaitra, « La France n’a pas les tuyaux de ses ambitions« , elle a en ce moment en revanche un faculté hallucinante à légiférer sur des âneries.

En complément d’information, je vous invite à lire le savant billet de Denis Ettighoffer avec lequel je me suis pourtant souvent opposé à l’époque où je n’étais qu’étudiant à l’ISTEC 😉

PS : Denis, je suis ravis de constater que vos positions sur le monde du logiciel libre ont évolué 😉

Torrent Poisoning : le p0c qui vient de tuer HADOPI

Comme prévu, même un peu en avance sur le calendrier, un code de Torrent poisoning est maintenant disponible, l’info vient d’être publiée ici. Répondant au doux nom de seedfuck, il sert à inonder les trackers Torrent de fausses adresses IP, tout comme The Pirate Bay l’avait promis. Le p0c est écrit en C Mono mais ne demande visiblement qu’à être porté.

Pour faire simple, voici comment ça fonctionne : on génère de fausses IP créant de l’activité sur un Hash (identifiant unique d’un fichier) donné, ces fausses ip génère du trafic et des events (donwload complété par exemple ou octets restants à télécharger).

Rappelons que la HADOPI surveillera une liste donnée d’oeuvres par leur Hash, ce qui veut dire que le bruit généré sur ces oeuvres surveillées va créer un sacré bazar.

… pire, un binaire Windows serait même déjà prêt !

On risque donc, aux premiers envois de mails de se payer de bonnes barres de rire, en retrouvant par exemple les IP de la rue de Valois dans les plus gros téléchargeurs.

Le code source est disponible ici.

Net Neutrality : Suite et fin de la réunion d’anciens combattants de la guerre de 3615

Reprise des débat un peu lente cette après-midi pour le colloque Net Neutrality de l’ARCEP. Bien moins animé que ce matin à l’exception de quelques interventions assez marquantes :

Celle de Maxime Lombardini qui n’aura pas manqué d’être l’occasion de quelques tweets acides sur le patron d’Iliad/Free et d’une pique d’Hervé Le Borgne (vice président de l’UFC Que Choisir) à qui on aura reproché d’être un peu misérabiliste se plaignant de taxes d’une fiscalité d’exception… et il n’a pourtant pas tout à fait tort (Taxes pour compenser la publicité sur les chaines du service public, taxe CNC, …). Outre ceci Maxime Lombardini a réaffirmé son opposition au rôle de gendarme que le gouvernement veut faire jouer aux FAI et s’est offert l’HADOPI en long en large et en travers, c’était particulièrement drôle, le patron d’Iliad n’a pas mâché ses mots, se raillant ouvertement d’une HADOPI bien loin d’être en mesure d’envoyer ses premiers emails d’avertissement. Autre information : aucun fond n’a encore été débloqué pour la mise en place des dispositifs, et Iliad n’est pas prêt de concéder la moindre avance … HADOPI, c’est donc pour 2012.

Et c’est justement avec le représentant de l’HADOPI, Jean Musitelli, qui nous a lâché un splendide et rogardien « La neutralité ne peut pas être l’alibi de l’illégalité« , que le débat a touché le fond et s’est transformé en réunion d’anciens combatants de la guerre du 3615, soutenu dans le débat suivant par le représentant du CSA à la recherche d’une légitimité nouvelle sur Internet. Légitimité qui à n’en pas douter sera appuyée par le gouvernement … il ne reste plus qu’à lui trouver un rôle.

Et c’est bien là la conclusion, beaucoup de choses se sont dites et on a de quoi avoir assez peur de ce qui risque d’en sortir une fois passé devant le Parlement. Plusieurs fois évoquée la notion d’Internet « Premium » me fait froid dans le dos, des intervenants n’ayant de cesse de faire des parallèles stupides avec le réseau routier et confondant le réseau avec leur voiture ! Peut-être garderons nous en tête que la publicité mensongère de l’Internet mobile illimité est en train de vivre ses dernières heures.

Ce colloque me laisse un arrière gout de frustration, comme si le gouvernement avait lancé une consultation pour poser des question auxquelles il a déjà des réponses et qu’il imposera : une régulation du réseau, une régulation des régulateurs et une Net Neutrality vidée de son sens. Evoqué également, cette transparence à laquelle peu de spécialistes peuvent croire, tant sur l’interconnexion que les dispositifs de régulation de trafic. La régulation amputera de fait des briques de réseau, car ce colloque a fait la monumentale erreur de convier moines copistes de DVD et anciens combattants de la guerre du 3615 avec leur conception toute particulière d’un réseau qu’ils ont de leur aveux du mal à définir.

Petits moments de réconfort tout de même pendant les interventions Catherine Trauttman et du sénateur Bruno Retailleau, brillant, maîtrisant bien son sujet et déclarant par exemple que « la liberté de choix est constitutive d’Internet » ou encore « La net Neutralité ne doit pas être négociable ».

Le Parlement a maintenant du pain sur la planche, il devra organiser la régulation, un rapport lui sera remis fin juin, espérons qu’il n’en profitera pas pour faire passer l’inacceptable pendant que les parlementaires seront en vacances.

A lire sur PCInpact « Milice moi tranquille« 

Colloque ARCEP sur la Net Neutrality

Aujourd’hui se tient le Colloque Net Neutrality de l’ARCEP. Les deux premières tables d’intervenants de ce matin étaient fort instructives. Ca va du très mauvais à l’excellent comme on s’y attendait. Passons tout de suite aux choses intéressantes. La seconde table ronde réunissait :

  • Stéphane RICHARD directeur-général de France Telecom
  • Benjamin BAYART président de French Data Network
  • Emmanuel FOREST vice-président et directeur général délégué de Bouygues Télécom
  • Matthew KIRK directeur des affaires publiques de Vodafone (Royaume-Uni)
  • Martin ROGARD directeur France de Dailymotion
  • Richard WHITT directeur des relations institutionnelles de Google monde (Etats-Unis)

Il y a eu deux temps forts :

Le premier étant comme on l’attendait l’intervention de Benjamin Bayart qui a lâché un pavé d’ampleur constitutionnelle en déclarant en réponse à l’intervention de Richard WHITT et surtout en réponse à  Winston MAXWELL avocat et lobbyste du copyright qui participait à la table ronde précédente : « La liberté d’expression est essentiellement en France un produit d’exportation« . Winston MAXWELL avait précédemment déclaré qu’aux USA, les débats sur la liberté d’expression passaient au second plan.

Second temps fort : l’intervention de Nathalie Kosciusko-Morizet, elle aussi attendue (et qui est arrivée fort en retard loupant la première partie des débats), déclarant que les internautes devaient accéder librement aux contenus « légaux ». Seul problème, pour qualifier sur un réseau un octet de légal ou pas, il faut mettre en place des mesures de filtrage, et plus particulièrement une technologie : le DPI (Deep Packet Inspection). Il y a donc un grand risque de voir cette technologie revenir dans les débats du parlement car NKM ne s’est pas cachée du fait que se colloque servirait au gouvernement à légiférer sur la neutralité des réseaux. On notera en revanche que NKM a réaffirmé son attachement à une neutralité au niveau des acteurs et met le doigt sur le développement vertical des acteurs du réseau.

Il s’agit, qu’on le veuille ou non d’une atteinte au fondement de la neutralité du Net : on a jamais demandé à la Poste d’achemenier uniquement des lettres « légales » car ceci impliquerait qu’elle ouvre le courrier des correspondants. Pourquoi accepter sur Net ce que nous n’accepterions jamais dans la vie réelle ?

Enfin, dernier point, je m’interroge sur la signification de la présence physique des membres de la HADOPI dans ce débat. J’y vois comme un très mauvais signal.

Suite des débats à 14h30, vous pouvez les suivre ici.

Neutralité du Net + Pascal Rogard® (SACD©) = ☠

Toujours suite à cette magnifique série d’interviews réalisée par l’ARCEP, en voici une qui a de quoi faire bondir n’importe qui. Même sans être internaute ou pire, « absolutiste de l’Internet » pour reprendre l’expression de Frédéric Mitterrand, on sent que Pascal Rogard s’empêtre dans le schéma désormais devenu un classique : celui du moine copiste de DVD Vs les internautes qui sont tous des voleurs et qui tuent des artistes … même s’il n’est toujours pas fichu de nous communiquer une étude sérieuse sur le sujet… vu que les études sérieuses et de sources indépendantes disent exactement le contraire… Même s’il ne veut pas entendre parler d’étude d’impact faisant le bilan de la débilité de la politique menée jusque là, j’ai nommé les DRM.

Avant toute chose, histoire de ne pas me qualifier de pirate absolutiste anonyme travestissant les propos de personnes de super bonne foi, je vous demanderais de visualiser avec attention cette vidéo.

On commence en plongeant directement dans la caricature grotesque, histoire de ne pas perdre de temps et de poser des bases solides à ce qui va suivre : «il y a ceux qui disent que tout doit circuler librement et qu’Internet est une zone de non droit». Ah… voici une première information interessante sur la perception que Pascal Rogard a du Net… Depuis quand la libre circulation de l’information fait d’Internet une zone de non droit ? La liberté d’expression fait-elle d’une démocratie une zone de non droit ? La libre circulation des personnes a t-elle fait de l’Europe une zone de non droit ? La vision de Pascal Rogard sur ce point me laisse pantois. Comment une personne d’apparence si instruite peut elle faire ce genre d’amalgame pitoyable ?

Maintenant que le ton est donné, tout y passe, à commencer par la plus grosse énormité que j’ai pu relever jusque là dans cette excellente série d’interviews de l’ARCEP: «le Net est destructeur de valeur pour la création». Comme je sais par ailleurs que Pascal Rogard est tout sauf un imbécile, on va mettre ça sur le compte d’un bon mot, d’une phrase choc, directement à destination des pouvoirs publics dont il abuse allègrement de l’e-gnorance pour obtenir le beurre, l’argent du beurre (pour ça c’est déjà dans la poche), et maintenant le cul de la crémière. Pour répondre simplement à Monsieur Rogard, je lui signifierais quelque chose qu’il sait parfaitement : si dans 2 ans son business n’est pas sur Net, c’est qu’il est appelé à mourir. Ne croyez pas ceux qui vous disent que mourir n’est pas facile. On notera également l’aberration économique qui est la confusion (volontaire) entre la notion de valeur et de profit financier… ou alors il faut m’expliquer par quelle loi anti-gravitationnelle un téléchargement d’oeuvre parvient à en réduire sa valeur. Parlons justement profit financier, comment les sociétés de gestion collective comptent expliquer ceci. C’est assez facile de crier à la crise à cause de l’Internet, de virer des salariés, et de s’octroyer de substantielles augmentations … c’est de la faute d’Internet ça aussi ? Ou c’était juste de petites augmentations pour fêter Hadopi ? J’y vois comme un certain contraste quand Pascal Rogard dit défendre la création … et les créateurs.

Puis, histoire de bien prouver à tout le monde qu’il ne sait pas de quoi il parle, Pascal Rogard affirme que : «non je n’ai pas de définition de la Net Neutralité, par contre je sais que la Net Neutralité ça peut pas être la Net impunité». Ca c’est la seconde phrase choc ! A traduire par « ce n’est pas parce que je ne sais pas de quoi on parle que je n’ai rien à dire ».

Sur la question des enjeux du débat : Pascal Rogard découvre le Net «le centre de la valeur sur Internet n’est ni chez les réseaux, ni chez les créateurs»… là encore pour répondre simplement à Monsieur Rogard, s’il y avait une centralisation de la valeur sur Internet, on appellerait ça le minitel. Internet, acentré, valeur aux extrémités du réseau, … Benjamin Bayart explique ça très bien, il serait de bon ton que Monsieur Rogard s‘instruise une petite heure pour éviter de dire ce genre d’ineptie.

Ensuite, on retrouve une idée que tout le monde s’étonnait d’entendre de la bouche de Nicolas Sarkozy : «c’est pour ça que par exemple je vais proposer la mise en place d’une taxe sur des entreprises qui font de la recherche et que je trouve que ces gens là ont beaucoup de ressources et financent peu la création» … Si besoin en était, on sait maintenant qui bourre le mou présidentiel … Pascal Rogard oublie un léger détail, il n’est pas élu de la République, il n’a donc rien à proposer en matière fiscale.

Pascal Rogard nous fait ensuite la splendide démonstration Myardienne, de manière fort habile, qu’Internet c’est le mal. Car vous ne le saviez peut être pas mais Pascal Rogard milite « en faveur de la protection de la vie privée« , et son Internet à lui, comme celui de Jacques Myard, le profile, le piste, le trojanise, l’oppresse, le viole et le vole… bref encore une personne qui confond Internet avec le tandem Windows/Internet Explorer (bien connu sous le nom générique d’ « aspirateur à spywares et autres virus »).  Et oui Monsieur Rogard, vous seriez surpris de voir à quel point « mon Internet à moi » est plus propre que le votre… Allez je vous donne une piste et une autre, et encore une autre pour encore plus de propreté.

On attaque ensuite un truc super en rapport avec la Net Neutrality  : «ceux qui piratent c’est quand même une énorme lâcheté, très très lâche, parce que  ce sont des gens qui sont cachés, ils ne seraient même pas capables d’aller voler quelque chose dans un magasin, ils utilisent des outils technologiques  (…) il m’interpellent dans les blogs et sont cachés par des pseudos (…) ce qui caractérise la piraterie c’est la lâcheté». Et hop, voilà qu’on nous ressert le couplet des internautes lâches et anonymes qui ne font rien que diffamer des gens toujours irréprochables. Vivement une police internationale de l’Internet, vivement une nationalisation de l’Internet !

Alors premièrement Monsieur Rogard, vous avez tendance à assimiler tous les internautes qui vous interpellent à des pirates, comme s’il fallait être un « pirate » pour relever les âneries que vous débitez à flux tendu et prendre la mesure de toute la mauvaise foi dont vous êtes capable. Et comme on n’en est plus à un amalgame idiot près, vous nous sortez le couplet réchauffé de l’anonymat très relatif des internautes qui vous interpellent. Etrangement, quand Nadine Morano veut savoir qui se cache derrière une adresse IP ou derrière un blog, elle y arrive.

Et quand on demande à Pascal Rogard ce qu’il attend, c’est avec un formidable aplomb qu’il nous lâche «j’attends que les lois de la République soient appliquées» … S’il n’y avait pas là une petite subtilité sémantique de votre part, nous serions parfaitement d’accord… mais non Monsieur Rogard, ce que vous attendez c’est qu’on fasse des lois rien que pour vous et que l’on tienne votre profession sous perfusion, c’est exactement ce que vous avez tenté de faire avec HADOPI 1, ce que vous avez réussi très partiellement avec HADOPI 2, ce que vous nous préparez avec HADOPI 3, et ce que vous venez de nous dire très explicitement avec votre « taxe Google ». Et le plus drôle là dedans, c’est que vous vous faites passer pour assez naif en émettant l’idée que des mails de l’HADOPI (Autorité que vous êtes au passage le seul à qualifier de  «compétente», ce qui ne manquera pas d’en faire rire plus d’un) puissent partir prochainement. Permettez moi d’écraser une larme, je vous garantis que c’est pas demain la veille … vu l’équipe de bras cassés qui rédige les décrets d’application ou qui va devoir se taper les spécifications du logiciel de « sécurisation » sans lequel aucun mail ne partira (rendez vous en juillet 2012).

Vous avez quand même le bon goût de conclure sur l’offre légale, mais quel crédit vous donner quand celle ci a été absente de l’intégralité des débats d’HADOPI 1 et HADOPI 2 ?

On vous a vu franchement plus en forme Monsieur Rogard.

Nadine Morano veut une police internationale de l’Internet

Commençons ce billet par une citation de Praagma :

[10:39]  <praagma> De mon expérience, sur les sujets techniques, les gens qui ne comprennent rien, se comprennent entre eux

On connait les positions bien tranchées de Nadine Morano sur Internet, elle n’en est pas à son coup d’essai. Il faut dire qu’elle n’en loupe pas une quand il s’agit de taper sur le Net sur lequel elle n’hésite pourtant pas s’exhiber comme dans ce pitoyable Lipdub (il y a des personnes pour lesquelles le droit à l’oubli devient vraiment vital).

Mais comme c’est le printemps, notre Nadine Morano, pimpante, invitée de Christophhe Barbier sur LCI nous livre une fois de plus le fond de sa pensée sur la rumeur, sur Internet qui amplifie cette rumeur et surtout sur la nécessité de créer une police internationale de l’Internet (contre la rumeur ?) … c’est original ça chère Nadine. On va finir par croire que vous avez suivi le même cursus que l’ami Jacques Myard. Et puis après tout, si on applique ce genre de chose à l’Internet, pourquoi pas une police internationale anti rumeur dans les bars ?

Ca devient assez exaspérant de constater que des politiques n’arrivent toujours pas à comprendre qu’il se passe sur le Net exactement ce qui se passe dans la vie réelle et que ce n’est pas en faisant des lois applicables uniquement à l’Internet que l’on rendra service à l’Etat de Droit.

Attention, tenez vous bien, je cite :

« J’ai toujours pensé que par rapport à ce monde du réel que nous avons et ce monde du virtuel qui maintenant existe dans nos vies, il nous faudrait nous organiser d’une manière internationale parce que Internet n’a pas de frontière, nous n’avons pas les mêmes législations, et ce qu’on y trouve est à la fois fabuleux et profondément dangereux et au delà des rumeurs bien entendu, des blogs qui sous couvert d’anonymat déversent un torent de boue et d’insultes d’injures et de mensonges je crois qu’il nous faudrait un jour une police internationale d’Internet. »

Afin que l’on ne m’accuse pas de travestir la vérité, je tiens simplement à vous faire visionner cette vidéo :

NKM prête à défendre la Net Neutrality … oui mais …

Le concept de Neutralité du Net commence à faire son chemin et il semble que des dirigeants commencent à s’en émouvoir. C’est en tout cas ce que laisse entendre Nathalie Kosciusko-Morizet dans cette interview accordée à Ecrans.fr. Notre secrétaire d’Etat à l’Economie Numérique se dit par exemple « fermement opposée à ce qu’un fournisseur d’accès puisse par exemple favoriser ses propres contenus via une intégration verticale » se dressant ainsi contre la stratégie de la majorité des fournisseurs d’accès Internet français. C’est assez courageux, bravo.

Seule ombre au tableau (on parlera plutôt de zone de floue), Nathalie Kosciusko-Morizet aborde le problème du blocage des sites pédophiles et de la régulation du trafic (le trafic shaping). Je ne vais pas revenir sur le blocage des sites qui diffusent des contenus pédophiles et de l’hypocrisie de cette démarche, mais sur la question qui est de savoir si un FAI doit ou non protéger son réseau afin que celui ci fonctionne, il est évident pour moi que la condition numéro pour la Net Neutrality, c’est un Net qui fonctionne, donc un réseau régulé en cas d’attaque massive… la question ne se pose même pas. En revanche, celle qui se pose, c’est la définition même du champs d’action et ce qui caractérise un réseau « en danger », et là, il convient d’être prudent et de bien définir le champs d’action de ces derniers. Le filtrage ou le blocage d’un protocole dans son intégralité reste une atteinte manifeste à la Net Neutrality s’il n’est pas motivé par une cause réelle et sérieuse (le seul coût de la bande passante en est il une ?).

Revenant sur la décision de la cour d’appel fédérale sur l’affaire opposant la FCC (l’ARCEP américaine) à Comcast, NKM rappelle que c’est la forme qui a été jugée et non le fond, comme expliqué ici, la question de la Neutralité du Net va très vite revenir sur le tapi au USA.

Sur la question d’HADOPI, je me permettrais simplement de rappeler à notre secrétaire d’Etat que le projet initial du gouvernement était de se passer du juge et que le compromis trouvé est très loin d’être satisfaisant, une ordonnance pénale ne laissant pas aux utilisateurs le loisir de se défendre dans de bonnes conditions. Pire, même le logiciel de pseudo sécurisation sans lequel les courriers d’avertissement ne pourront pas partir est une vaste fumisterie et ça commence à se voir sérieusement.

Tout ça pour vous dire que oui, madame la ministre, j’ai été surement un peu trop violent avec vous dans ce billet, et je vous dois des excuses à ce sujet. Même si défendre Hadopi reste à mes yeux une monumentale erreur de votre part.