La CADA donne son accord pour la transmission des documents relatifs au coût du site web de la Fondation #Carla Bruni #Sarkozy

Image-61-300x284C’est à la vigilance de @VincentGranier que nous devons cette information. La CADA (Commission d’Accès aux Documents Administratifs) a publié sur son site web un avis favorable à la transmission des documents de ce qui semble tout à fait être les documents relatifs à l’élaboration et la maintenance du site web de la fondation Carla Bruni Sarkozy. Si le demandeur comme le site web et la fondation ne sont pas explicitement nommés, il semble tout de même faire peu de doutes qu’il s’agisse bien du site de la fondation Carla-Bruni Sarkozy qui avait cet été défrayé la chronique et dont je vous avais largement parlé sur Rue89 comme ici ou encore .

Pour mémoire, le site web de la fondation aurait été largement financé par la Présidence de la République entre 2007 et 2012. L’examen technique du site faisait froid dans le dos et nous étions nombreux à ne pas nous expliquer un tel coût pour le contribuable correspondant à deux rubriques qui à en croire les explications de la fondation, n’existeraient même plus ! La Cour des Comptes avait confirmé ces informations.

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Ce nouvel épisode devrait donc lever le voile sur les mystères qui ont conduit la Présidence de la République à financer une partie d’un des WordPress les plus chers du monde.

Je vous copie donc ici l’avis complet de la CADA :

Présidence de la République

Avis 20133473 – Séance du 10/10/2013

Monsieur X a saisi la commission d’accès aux documents administratifs, par courrier enregistré à son secrétariat le 10 septembre 2013, à la suite du refus opposé par le secrétaire général de la Présidence de la République à sa demande de communication des documents suivants, relatifs à la création, l’entretien, la sécurité et le développement du site www.X.org, pour les années 2007 à 2012 :
1) la définition des besoins par la présidence, les organismes consultés avant le choix définitif des prestataires pour ce site et les avis d’appel d’offres ;
2) les équivalents temps plein des personnels de la présidence affectés à la réalisation et la tenue de ce site ;
3) les contrats de prestations et fournitures commandés et financés par la Présidence de la République ;
4) les factures correspondant à ces prestations ;
5) les prestations produites et les actes de « service fait » ;
6) les financements extérieurs de ce site, tels ceux en provenance de la fondation X-X.

La commission estime tout d’abord que, s’ils existent, les documents produits ou reçus par la Présidence de la République qui se rapportent au financement du site internet de la fondation X-X par des fonds publics, à des prestations financées sur fonds publics ou à des contrats passés par la Présidence de la République doivent être regardés comme se rapportant aux missions dévolues à l’Etat dans l’exercice de sa mission de service public au sens de l’article 1er de la loi du 17 juillet 1978 et présentent de ce fait le caractère de documents administratifs, sujets au droit d’accès prévu par l’article 2 de cette loi (cf jugement du tribunal administratif de Paris, 17 février 2012, n° 0920763). Il en irait notamment ainsi des documents mentionnés au point 6) s’ils existent et se rapportent à des financements privés qui auraient abondé le budget de l’Etat. Les documents mentionnés au point 6 qui se rapporteraient seulement au financement privé d’un organisme de droit privé tel que la fondation en cause devraient, en revanche, être regardés comme des documents privés dépourvus de caractère administratif au sens de la loi du 17 juillet 1978.

La commission considère ensuite qu’eu égard à l’objet des documents sollicités, leur communication, s’ils existent, ne paraît pas susceptible de porter atteinte à l’un des intérêts protégés par l’article 6 de la même loi, sauf en ce qui concerne les éventuelles mentions dont la communication porterait atteinte au secret en matière commerciale et industrielle et que pourraient comporter les documents correspondant aux points 3 à 5.

La commission estime donc, sous cette réserve, que les documents sollicités, s’ils existent, sont communicables à toute personne qui en fait la demande.

La commission précise que, conformément au troisième alinéa de l’article 2 de la loi du 17 juillet 1978, le dépôt aux archives publiques des documents sollicités qui sont communicables ne fait pas obstacle au droit à communication à tout moment de ces documents. Seuls les documents qui, compte tenu des mentions relevant du secret en matière commerciale et industrielle qu’ils comporteraient, ne seraient communicables à toute personne qui le demande qu’à l’expiration du délai de vingt-cinq ans fixé au a du 1° du I de l’article L. 213-2 du code du patrimoine ne pourraient être communiqués au demandeur qu’après délivrance de l’autorisation de déroger à ce délai prévue à l’article L. 213-3 du même code, si l’intérêt qui s’attacherait à une telle consultation ne conduisait pas à porter une atteinte excessive à ce secret. S’agissant de documents d’archives publiques émanant du Président de la République et dont le versement a été assorti de la signature du protocole prévu à l’article L. 213-4, cette autorisation de déroger au délai prévu à l’article L. 213-2 nécessiterait l’accord du signataire du protocole. Aux termes mêmes du premier alinéa de l’article L. 213-4, ce protocole ne s’applique pas aux documents qui, compte tenu des délais fixés à l’article L. 213-2, sont déjà communicables à toute personne qui le demande, et l’accord du signataire du protocole n’est pas requis pour leur communication.

La commission émet donc un avis favorable à la demande, sous les réserves précisées plus haut. Elle comprend de la réponse que lui a faite la directrice du cabinet du Président de la République que les documents sollicités ne sont pas détenus par ses services mais, s’ils existent, n’ont pu qu’être inclus dans le versement aux archives des documents émanant de l’ancien Président de la République. La commission l’invite donc, conformément au quatrième alinéa de l’article 2 de la loi du 17 juillet 1978, à transmettre la demande, accompagnée du présent avis, au service d’archives susceptible de détenir ces documents. »

Carla Bruni Sarkozy : Anatomie d’une cyber catastrophe à 410 000 euros pour le contribuable

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Errata :

Le site Politique.net infirme les précisions du nouvelObs reprises dans cet article. Effectivement, dans son article, le NouvelObs précisait en intertitre « 60 000 euros de fonctionnement », un fonctionnement qu’il détaillait en ces termes :

« A celle-ci s’ajoutaient tous les mois les facturations de deux prestataires externes assurant pour la Première dame la gestion d’un site internet pour un montant de 25.714 euros, soit une dépense mensuelle totale de plus de 60.000 euros », avait conclu Matignon. »

Je dois avouer que je n’ai pas spécialement vérifié cette information du NouvelObs, ce n’était d’ailleurs pas du tout l’objet de mon article qui se borne à des points techniques factuels en dehors des infos reprises. Il semblerait en fait que sur les 8 collaborateurs, seuls 2 étaient affectés à la gestion de contenu sur le site web de la première dame.

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Politique.net nous explique que :

« Or, c’est faux. Le Nouvel Obs a mélangé deux informations distinctes : d’un côté, il y avait 8 collaborateurs, de l’autre, il y avait un site web. Si le coût total du cabinet de Bruni est bien de 60 000 euros, ni la Cour des comptes, ni Matignon n’ont précisé que les 8 collaborateurs étaient en charge de la gestion du site de Carla Bruni. La preuve ? Valérie Trierweiler a cinq collaborateurs mais pas de site web. Il faut donc croire qu’ils ont autre chose à faire…« 

Cette information ne retire cependant rien à la démonstration faite dans l’article ci-dessous. J’irais d’ailleurs plus loin en estimant le coût réel de ce site (développement, graphisme, gestion de projet inclus) à environ 25 000 euros, soit environ la somme déboursée par le contribuable chaque mois pour l’entretien de ce site. Je serais au passage curieux de savoir de combien ce budget mensuel a été revu à la baisse depuis qu’il est assumé par la fondation et non plus par le contribuable.

Second point maintenant qui me semble important de préciser à l’occasion de cet errata. L’hébergeur du site n’est probablement pas la société qui doit occuper le plus gros du budget. Je prendrai à titre de comparaison un site, lui aussi reposant sur WordPress, d’un grand hebdomadaire français que j’héberge : sans aucun plugin de cache, sans load balancer, sans Squid, sans Varnish, sans autre chose qu’un serveur Apache correctement configuré pour accueillir sans broncher plusieurs milliers de visiteurs simultanés (soit certainement bien plus que ce que doit encaisser le site de la fondation Carla Bruni), revient à moins de 200 euros par mois. Si on le facture avec une marge à x5, on le facture environ 1000 euros HT, reste donc 24 714 euros dont on se demande bien dans quelle poche ils ont pu atterrir et surtout à quel motif.

Si l’on veut mettre un administrateur système à plein temps (faut pas rêver, ce n’est certainement pas le cas… un admin à plein temps pour ce seul WordPress : ce serait parfaitement ridicule et surréaliste), on ajoutera un budget de 5000 euros par mois, toutes charges incluses, avec tickets restau, 13e mois et arbre de noël à l’Elysée pour ses 4 gamins. Ce qui fait quand même grimper la facture à 7000 euros par mois… ok… et bien il en reste encore 18 000 !

Je continue de m’interroger sérieusement sur ces coûts quand je le mets en perspective de ce que j’ai observé.

Merci à Politique.net pour ces précisions.

Note : J’ajouterai qu’une petite erreur s’est également glissée dans l’article de Politique.net, ce ne sont pas 15 000 lectures que l’article accuse (rien que pour Rue89), mais plus de 165 000.

Note 2 : Cet article n’était initialement pas fait pour « buzzer », et pour tout vous dire je préférerais voir un tel engouement sur les articles plus sérieux que nous produisons sur Reflets.info que cette polémique sur un site web de merde, même s’il demeure scandaleux que le contribuable en soit la victime… Et si on met Carla en tag sur nos articles Amesys, vous croyez qu’on pourra enfin « buzzer » sur des choses qui en valent le coup ?

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Début de l’article initial :

Depuis deux jours, ça troll assez sec sur Twitter au sujet du site web de Carla Bruni Sarkozy. A l’origine,un rapport de la cour des comptes (pdf), et un article publié sur Politique.net qui révèle que le site de l’ancienne première dame aurait coûté 410 000 euros au contribuable. A ce prix, là on s’attend naturellement à une véritable merveille, d’une qualité de code irréprochable, d’un design somptueux, d’une horde de hackers chinois qui met à jour le site toutes les heures… bref quelque chose de bling bling et bien vivant.

Je suis donc naturellement allé jeter un œil, et assez rapidement, j’ai pu prendre la mesure de la catastrophe.

Première surprise, à ce prix là, on s’attend à une technologie exotique avec de nombreux développements spécifiques… et paff, on tombe sur un WordPress, le même CMS utilisé pour ce blog, ou que nous utilisons également pour Reflets.info. Si je devais chiffrer techniquement le développement d’un site comme Reflets.info, ce dernier n’excéderait pas les 4000 euros pour une petite semaine de customisation de skin et modules. Comment celui de Carla Bruni Sarkozy a t-il pu être facturé 100 fois plus cher ?… Nous allons tenter d’essayer d’y répondre.

Visiblement, ce coût exorbitant n’est pas imputable aux postes infogérance (semble t-il réalisée par Integra à en croire les DNS et le whois de l’ip du serveur qui héberge le site) et maintenance applicative. Car, c’est une autre surprise de taille, le WordPress n’est techniquement pas maintenu. Le fichier readme.html arbore fièrement une version 3.0.4. Une version qui date quand même du 29 décembre 2010. Depuis 2010, le WordPress à 410 000 euros, financé par nos impôts, n’a pas été mis à jour. A titre d’information nous en sommes, à l’heure où nous écrivons ces lignes, à la version 3.5.2 !

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Troisième surprise (et pour le coup vu la seconde, ce n’est pas franchement une surprise), le site de Carla Bruni Sarkozy est une véritable passoire. On en déduira donc que les 410 000 euros du budget de ce site ne sont  pas non plus imputables à des audits de sécurité réguliers. C’est un véritable festival niveau vulnérabilités…

Quand on part d’une base aussi moisie, on se doute bien que niveau plugins, ça doit un peu être la fête du slip string…Bingo !

On arrive dans le plus violent avec ce module très populaire NextGEN Gallery, ici, comme le montre le fichier changelog.txt du module, dans sa version 1.3.5 datée du 17 juillet 2009. Aujourd’hui, nous en sommes à la version 1.9.13. Évidemment ce plugin, dans cette version antédiluvienne, est vulnérable à quelques joyeusetés

Le site utilise un autre plugin vulnérable à un XSS, le plugin Subscribe2.

Si les 410 000 euros n’ont ni servi à l’infogérance, ni à la veille sécurité, ni à l’administration système et aux mises à jour pro-actives, ni aux développements spécifiques de fonctionnalités extraordinaires, ce budget à peut être servi à autre chose, comme le design. La skin aurait donc été développée par Zeni (site aujourd’hui disparu mais dont on trouve encore des traces sur la waybackmachine), « concepteur de sites web complexes » aujourd’hui racheté par Keyrus, spécialiste en « business intelligence« .

Comme le montre ce joli full path disclosure renvoyé par une fatal error, le nom du thème est TAMAYA-V2.

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Mouais… ben ça fait quand même un peu cher la skin.

Il y a bien un petit hack du plugin zdmultilang comme en atteste le répertoire zdmultilang-forked dans le répertoire de plugins, mais quand on voit comment il a été utilisé, on se dit que même si le fork a représenté du développement, c’était en pure perte, de simples pages statiques intelligemment nommées auraient parfaitement fait l’affaire.

Il nous reste donc la gestion de contenus : le site est encore mis à jour mais aux frais de la fondation cette fois ci. Politique.net nous explique que ce site a coûté au contribuable la bagatelle de plus de 25000 euros par mois ! Mais combien étaient ils pour poster des billets dans un WordPress !

A cette occasion, Matignon avait glissé qu’auparavant, deux prestataires externes assuraient la gestion du site de Carla Bruni, pour un coût de… 25 714 euros par mois

Mais ce n’est pas tout, car, oui, , il a bien fallu faire vivre les contenus du site et là, c’est le NouvelObs qui nous annonce la couleur, soit 8 collaborateurs pour une rémunération nette globale de plus de 36 000 euros. Soit en tout 60 000 euros par mois pour faire fonctionner un WordPress qui n’a jamais été mis à jour.

Les services du Premier ministre avaient complété cette réponse d’une comparaison avec le dispositif dont bénéficiait Carla Bruni-Sarkozy, qui n’était pas nommément citée : « huit collaborateurs étaient affectés au service de la Première dame en janvier 2012 pour une rémunération mensuelle nette globale de 36.448 euros ».

« A celle-ci s’ajoutaient tous les mois les facturations de deux prestataires externes assurant pour la Première dame la gestion d’un site internet pour un montant de 25.714 euros, soit une dépense mensuelle totale de plus de 60.000 euros », avait conclu Matignon.

Bref… Pour avoir vu un paquet de sites WordPress, du modeste blog à l’Intranet de la mort avec des tonnes de développements spécifiques, je dois dire que je reste sidéré de constater le coût pour le contribuable de ce site si mal entretenu.

Je suis en train d’essayer de me contenir, mais voilà, il faut que ça sorte, le contribuable s’est fait escroquer, c’est pour moi une évidence. Les ingrédients pour arriver à ça sont :

  • Des prestataires multiples ;
  • Une gestion de projet qui respire l’incompétence ;
  • Des choix techniques douteux (des hacks de plugins qui ne sont plus maintenus et qui empêchent les mises à jour) ;
  • Une folie des grandeurs ;
  • Et un doigt tendu bien haut au contribuable.

 

#Snowden, #Assange : cette France qui conchie ses principes fondateurs

FreedomNous vous avons expliqué comment Amesys avait réussi son petit tour de passe passe pour exiler (tout en gardant la propriété) Eagle, son outil de surveillance de masse aux Emirats Arabes Unis, il y a quelques mois de ça. Aujourd’hui en refusant d’accorder à Edward Snowden l’asile politique, ou du moins en montrant une grande frilosité à se poser la question, la France conchie les libertés fondamentales inscrites dans sa Constitution, elle conchie ce qui est censé être notre ciment social.

Comme Julian Assange, Edward Snowden est physiquement menacé. Les informations qu’ils ont révélé sont classifiées aux USA et au motif du délit de « conspiracy » et d’espionnage, tous deux risquent la peine de mort, au mieux, comme le prévoit le Patriot Act, de finir leurs jours à Guantanamo, sans même être jugés.

La France, sur le papier, pays des droits de l’Homme et de la liberté d’expression, préfère donc couvrir l’exile financier et technologique de ses produits de surveillance de masse « made in France », plutôt que d’octroyer à ces deux personnes, auxquelles nous devons une prise de conscience mondiale, leur droit le plus élémentaire : celui de vivre.

Il faut bien comprendre que sous notre droit à nous, Edward Snowden comme Julian Assange n’ont commis aucun délit en publiant des informations classifiées aux USA car elles ne le sont pas du tout en France.

Du point de vue du droit « connu » de nos citoyens (que l’on opposera à des accords secrets), rien ne s’oppose donc à ce que Snowden et Assange puissent bénéficier de la protection de la France, ce serait même parfaitement légitime, humain et dans la droite lignée des valeurs que notre République dit défendre.

Cette frilosité, mise en perspective avec la fuite incompréhensible et innacceptable des activités d’Amesys qui lui valent pourtant aujourd’hui une enquête pour complicité de tortures en Libye sous le régime de Kadhafi, donne un très mauvais signal. Si notre gouvernement cherche à ressouder les citoyens français, qu’il le fasse avec les valeurs inscrites dans notre Constitution. Qu’il ne se dérobe pas derrière des accords secrets passés avec les USA ou toute autre puissance. A l’heure où notre pays a besoin d’envoyer un message fort pour unir un pays en proie à la crise, au doute, à la défiance de la classe politique, il a une occasion unique d’enfin parler d’une seule voix en faisant bloc derrière des valeurs fortes, des valeurs humaines.

Aussi, nous pouvons, nous devons interpeler nos élus sur cette question. Nous avons le devoir, en tant que citoyens, de comprendre ce qui empêche notre gouvernement de donner son accord pour accueillir Edward Snowden et Julian Assange, nous avons le devoir de lui rappeler que les valeurs de la République ne sont pas exclusivement des produits d’exportation.

Amesys et la surveillance de masse : du fantasme à la dure réalité

bull-amesys-longuetSuite à une conversation sur Twitter, je me suis rendu compte que beaucoup de gens nous prenaient encore pour des illuminés quand nous évoquions les questions de surveillance globale des réseaux. Il y a plusieurs raisons à cela. Elles sont à la fois techniques, économiques et juridiques. Nous allons donc tenter d’en faire brièvement le tour, pour ensuite vous dresser un scénario fiction, que nous comparerons enfin avec des faits, eux, bien réels.

En ce qui concerne les barrières techniques à la surveillance massive, à l’échelle d’une nation, nous avons déjà abordé le sujet en long en large et en travers dans nos rubriques Saga Amesys et Saga Deep Packet Inspection sur Reflets.info. Techniquement, nous parlons d’un système capable d’agréger les interceptions réalisées en plusieurs points de centralisation du trafic :

  • Coeur de réseau des FAI
  • Points d’atterrissement des câbles sous-marins
  • Quelques tronçons nationaux de fibres bien identifiés

Une fois les données interceptées, il faut ensuite les stocker et les indexer dans une sorte d’énorme base de données sur laquelle on pourra à posteriori lancer des requêtes, portant sur un internaute (ex : un nom, une adresse IP, une adresse mail, un pseudonyme…) ou un thème plus générique (ex : Al Qaida, AQMI …).

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Ces outils ne sont pas des outils de science fiction, c’est par exemple ce qu’Amesys a vendu au régime de Kadhafi, sur mesure, à une échelle certes plus modeste et surtout plus centralisée que la capacité et l’architecture nécessaire pour réaliser la même chose en France. Mais tout ceci n’est qu’une question de moyens. La Libye, c’est un POC (un proof of concept), vite rentabilisé par la suite par le biais d’une vente d’un système équivalent au Qatar… et à d’autres pays.

Des barrières techniques, découlent des barrières économiques. Combien ça coûterait d’écouter toute une nation ? Pour un pays comme la France, on parlerait de quelques centaines de millions d’euros, beaucoup moins qu’un sous-marin nucléaire moderne.

Ces deux points brièvement balayés vont nous amener sur le cadre légal et malheureusement… à une pratique supposée, mais plausible, de contournement. Dans cet article sur la plateforme nationale d’interceptions judiciaires, j’avais évoqué la différence entre les interceptions judiciaires (sur demande d’un juge), et les interceptions administratives, plus opaques.

Je vais donc poser aujourd’hui ouvertement la question : existe t-il un troisième niveau d’interceptions s’appuyant sur une architecture décentralisée, hors du territoire français, opérées par la direction du renseignement militaire ?

Si la France venait un jour à utiliser l’interception massive, ce serait probablement dans le but de surveiller une population autre que sa propre population (pour des raisons de sécurité intérieure, de menace terroriste, d’espionnage économique…).  Tout comme les USA espionnent de longue date les communications Européennes, mondiales, … et même nationales.

Le scénario qui tue

Encore une fois, et ce n’est là que pure fiction issue d’une réflexion datant d’ il y a bientôt deux années, thèse qui est malheureusement en train de faire son chemin… voici comment je m’y prendrais si je voulais écouter massivement, à moindre coût, et surtout discrètement.

  • J’appuierai, au plus haut niveau de l’État, une société privée (un fusible comme on dit dans le jargon), spécialisée dans l’interception de masse, pour que cette dernière exporte ses jouets sur le territoire national des gens que je souhaite écouter. Je leur vendrai le bébé comme une arme de guerre électronique, à part que cette dernière n’est pas répertoriée légalement en tant que telle, et donc, non soumise à un contrôle strict des exportations.
  • J’en profiterai pour sur-dimensionner un peu le système en prévision d’une utilisation non documentée (un backdoor).
  • J’enverrai ensuite, au nom d’une « fraternelle coopération » des officiers du renseignement militaire pour former les équipes du « client » (comprenez le dindon de la farce). Cette opération de « formation » permettrait en outre de paramétrer le jouet vendu afin que ce dernier soit accessible à distance par les services du renseignement extérieur, avec un accès complet aux interceptions réalisées par le « client »… évidemment à son insu.
  • Ce qu’il y a de bien avec TCP/IP et BGP, c’est que l’on peut router du trafic à peu près où on le désire. En clair, nul besoin de disposer d’outils sur le territoire français pour écouter les communications des ressortissants français.
  • Si je multiplie cette « opération commerciale » avec des « partenaires » géographiquement bien choisis, je m’offre une sorte de cloud de l’interception, financé par des puissances étrangères. Peu importe si elles ne sont pas franchement reconnues comme les plus grandes démocraties. Peu importe si leurs dirigeants sont connus comme des terroristes ou des fous furieux. L’éthique ce n’est pas franchement le fond du problème.
  • En cas de pépin, pas de souci; l’Etat pourrait ainsi se défausser de toute responsabilité. Notre entreprise privée est le fusible, c’est à elle de sauter. Mais évidemment, comme elle demeure « stratégique », je lui offre une porte de sortie en bidonnant une cession d’activité à une société tierce, créée par elle même. Elle pourrait ainsi, par exemple sous drapeau Qatari, continuer à vendre ses petits jouets et la collaboration entre les services extérieurs et cette « nouvelle société » qui ne renaît que des cendres de la première, pourrait ainsi continuer de plus belle et s’attaquer tranquillement à d’autres « marchés ».
  • Si une bande de cyber-beatniks de députés venait à poser des questions au Gouvernement sur la présence avérée d’officiers du renseignement, il suffirait de brandir la menace terroriste et d’expliquer que ces « armes » n’en sont pas, qu’elles sont en fait du matériel grand public.

Et maintenant, la réalité qui pue

Vous trouvez que cette petite fiction fait froid dans le dos ? C’est probablement parce que vous n’avez pas mis bout à bout les pièces du puzzle Amesys. S’il y a bien une partie de fiction dans le scénario que je vous sers ici, il se base sur des faits on ne peut plus réels. Reprenons depuis le début..

  • En 2004, la société Bull est privatisée. Didier Lamouche, prend sa tête en 2005. Toujours en 2004/2005 Amesys (alors I2E) est en quête d’un partenaire capable de lui fournir des sondes pouvant opérer sur un trafic important pour faire de l’interception « légale ». La société se rapproche donc du LIP6 qui était en train d’accoucher d’une autre société, Qosmos.
  • A cette époque, Philippe Vannier est alors PDG de I2E qui allait, en 2006, donner naissance à Amesys.
  • C’est aussi à cette période qu’I2E se rapproche des autorités libyennes par l’entremise d’un certain Ziad Takkiedine, homme d’affaire franco libanais, et accessoirement marchand d’armes, même s’il préfère le terme d’intermédiaire. Nom de code : Candy. Candy, c’est donc le petit nom de la vente d’un Eagle (la partie Software) et d’un beau gros Glint (la partie Hardware). Une véritable arme électronique, d’ailleurs à l’époque vendue en tant que telle. Amesys n’est évidemment pas seule, un mystérieux vendeur de routeurs « pas loin d’être français », aurait pris part à cette vente. Evidemment, au plus haut niveau, on est au courant, et on appuie cette vente. Commence alors un curieux manège dont les acteurs ne sont autres que Claude Guéant (CG), Brice Hortefeux (BH) et Ziad Takieddine (ZT), c’est le début du contrat Homeland Security comme le révèlera Jean-Marc Manach dans son excellent ouvrage sur le sujet « Au Pays de Candy ».

VISITE DE Claude Guéant le 22/09/2005 à Tripoli by rewriting

Homeland Security by rewriting

  • <message subliminal>Toujours à cette période, Nicolas Sarkozy est alors ministre de l’intérieur, en campagne pour les présidentielles de 2007, il est comme tout candidat, en recherche de financements </message subliminal>
  • « le 26 avril 2006, à 18h54, Bruno Samtmann signe en effet une feuille de calcul estimant le montant du matériel à livrer à la Libye à 39 973 000 euros.  A 22h27, Ziad Takieddine en enregistre une deuxième version, pour un montant total de 51 847 000 euros, soit 30% de plus… pour la même prestation. » (Source)Bruno Samtmann, est le directeur commercial d’Amesys, qui déclarait ne pas être au courant d’un tel contrat, ou encore, qu’il n’était pas en poste à l’époque. C’est tout de même étrange que les métadonnées du fichier excel nous renvoient à son nom…
  • 2007, c’est aussi la date de la création d’Amesys, issue d’une fusion entre deux entreprises du groupe Crescendo Industries, I2E et Artware.
  • La mise en place du projet Candy va nécessiter pas mal de temps, les sondes ne fonctionnent pas comme prévu, le paramétrage est complexe, il faut former les équipes du chef de projet local : Abdallah Al-Senoussi, condamné en France pour actes de terrorismes et recherché par la Cour Pénale Internationale. Et ça, Amesys aura beau nier, nous avons un faisceau de présomptions suffisant pour être en mesure d’affirmer qu’Amesys, tout comme les autorités françaises, ont menti en niant savoir qu’elles ont traité avec cet homme.
  • Novembre 2009, Bull annonce la prise de contrôle d’Amesys. C’est le début d’un rocambolesque retournement de situation qui conduira à l’éviction de Didier Lamouche de la tête de Bull et de la prise de contrôle de Bull par Crescendo Industries, puis par Amesys.
  • Mai 2010, Philippe Vannier prend alors « naturellement » la tête de Bull attendu que Crescendo Industries détient maintenant plus de 20% du capital de Bull, loin devant France Telecom, le second actionnaire avec ses 8%. L’opération aura alors couté la somme de 102 millions d’euros à Bull, dont 72 millions en émission d’actions. Un coût sur lequel les analystes émettront tout de même quelques réserves. Le petit vient de croquer le gros.
  • Février 2011, à quelques jours à peine du soulèvement libyen, je révèle sur Twitter que la France s’apprêtait à vendre un système de surveillance massif et global à la Libye de Kadhafi. Mes informations sont alors plus précises, mais elles nécessitent quelques vérifications. Il s’agissait d’un « upgrade » de la solution déjà vendue quelques années plus tôt. Philippe Vannier est alors sur le territoire libyen, en personne, pour cette opération commerciale.  Nous révèlerons plus tard sur Reflets des pièces attestant de sa présence en Libye à ce moment là.
  • Le clan Kadhafi est acculé, Saif Al Islam, un des fils du Colonel, évoque alors une somme de 50 millions de dollars donnée à Nicolas Sarkozy pour financer sa campagne présidentielle de 2007. Personne n’y prête vraiment attention, pourtant, ses accusations sont tout à fait crédibles.
  • Le décret du 13 juillet 2011 élève au rang de Chevalier de la Légion d’Honneur, monsieur Philippe Vannier. Le tout sur recommandation du Ministre de la Défense, Gérard Longuet, dont la fille n’est autre que la directrice de la communication du décoré… tout va bien.
  • Août 2011, le Wall Street Journal apporte les preuves matérielles de l’existence du projet Candy. Maintenant le monde entier sait. Mais candy n’est que le premier fil de la pelote, et ça chez Reflets ou chez Owni, nous le savons très bien.
  • Devant les accusations qui se font de plus en plus précises, Amesys est obligée de s’exprimer. Philippe Vannier, qui a pourtant personnellement suivi le dossier, envoie au feu son directeur commercial, Bruno Samtmann, l’homme qui n’était pas là à l’époque de la conclusion du contrat mais dont la proposition commerciale serait comme par magie sortie de son ordinateur. Il justifie cependant cette vente par un bien curieux argumentaire. Selon lui, la vente de cet Eagle, c’est pour traquer le bien connu nazi pedo terroriste libyen… et comme ils sont très nombreux, hop, on dimensionne le Eagle pour… 5 millions d’internautes.

Amesys Bull contre les pédophiles ! from fhimt.com on Vimeo.

  • Paul Moreira enfonce peu après le clou en réalisant un documentaire exceptionnel, Traqué, qui révèlera une partie des dessous de ce qui ressemble de plus en plus à un contrat d’état à état, et non de la vente à un état par une entreprise privée. Le témoignage de l’un des intervenants techniques du projet est on ne peut plus explicite. La mission était se lon ses propos, « une opération typique, très encadrée par les services extérieurs ». Et ce n’est pas la première fois que nous avons ce son de cloche, comme par exemple avec cet article du Figaro ou un ancien militaire raconte comment il a mis 5 millions de libyens sur écoute
  • Avril 2012, Nicolas Sarkozy déclare :

« Permettez-moi de vous dire que s’il y a un chef d’Etat qui, dans le monde, n’a pas frayé avec M. Kadhafi et est responsable de son départ et de ce qui lui est arrivé, je pense peut-être que c’est moi ».

  • Un peu piqués au vif par ce que nous savons alors du dossier, nous publions sur Reflets un document exceptionnel montrant l’un des fils Kadhafi, Saadi Kadhafi, en pleine séance de shopping chez Thalès et Panhart. Nous sommes alors en Juin 2006, période à laquelle Ziad Takieddine introduit les autorités françaises et Amesys/I2E aux autorités libyennes. Notre vidéo le montrera ensuite en réception officielle avec Michèle Alliot-Marie. On ne sait alors pas trop qui fraye avec qui, mais la France est bien en train de vendre des armes, et pas qu’électroniques, à Kadhafi, là encore, notre vidéo ne laisse pas l’ombre d’un doute sur la nature de cette visite.

Nos travaux sur Reflets, loin de nous cantonner au seul cas libyen, nous ont fait voyager dans des pays qui nous font rêver. Depuis le financement à hauteur de plus de 100 000 euros du festival mondial des Arts nègres par Amesys à la vente d’autres Eagles au Maroc, au Qatar ou Gabon… jusqu’à la revente des activités liées à Eagle à une entité crée par Amesys elle même maintenant domiciliée aux Emirats Arabes Unis, Advanced Middle East System, il faut se rendre à l’évidence, nous avons de plus en plus d’éléments qui nous indiquent que la réalité est en train de dépasser la fiction.

Ce sentiment est encore renforcé quand Laurent Fabius reprend quasi mots pour mots le communiqué de presse déjà récité dans l’hémicycle par Gérard Longuet et rédigé par sa propre fille : « circulez il n’y a rien à voir, la vente de ces systèmes, c’est du matériel informatique grand public ». L’affaire Amesys c’est la boite de Pandore que personne ne souhaite ouvrir.

Sauf que ce matériel informatique là et ces logiciels… ont fait des morts.

Nous sommes au cœur d’un scandale d’état, personne n’a intérêt à ce qu’il éclate, c’est la politique diplomatique de la France que l’on peut lire en filigrane derrière l’affaire Amesys, mais pas uniquement. C’est aussi un scandale politico-financier impliquant des personnalités politiques, au plus niveau de l’état. Et vous l’aurez compris, ce scandale, contrairement à certains, il ne nous fait pas vraiment rire.

Ripouxblique : le bel exemple de courage politique d’Henri Guaino

UMP-LOLQuel bel exemple que nous donne là l’UMP. Convoqué pour être entendu par la police suite à ces propos à l’encontre du juge Gentil, Henri Guaino prend à témoin 105 députés pour appuyer son refus de répondre à la police.

On peut dire que ce n’est pas le courage politique qui l’étouffe le Henri. Mais par delà cette couardise politique le message d’Henri Guaino et des 105 députés signataires de la « lettre de dispense » est clair :

« Justice, moi élu, je suis au dessus des lois et je t’emmerde toi et ta procédure »

Un petit délinquants ne s’y prendrait pas mieux. Quel magnifique message ! Des députés qui votent des lois et s’opposent à une procédure judiciaire en mode « chat bite »… 105 députés pour cautionner la couardise d’Henri Guaino… Bravo ! Si je devais me faire une idée du déshonneur de la République, c’est justement à ça qu’il ressemblerait.

Voici la liste des 105 députés UMP signataires qui font bloc derrière Henri Guaino :

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#MariagePourTous : Le site cartonrougepourtaubira.com est-il un honeypot ?

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Je viens de vous parler du site du collectif FamilleMariage.org qui redirige sur l’application web cartonrougepourtaubira.com et qui souffre manifestement de quelques courants d’air.

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Une information émanant de plusieurs sources parlementaires m’ indique qu’aucun mail émanant du site cartonrougepourtaubira.com n’aurait été reçu par les sénateurs. Et vu que ce site, hébergé aux USA, semble être une passoire à données personnelles, je commence sérieusement à me poser la question si ce site web n’est pas en fait un splendide pot de miel destiné à surfer sur la vague MariagePourTous en vue de récupérer vos données personnelles et en faire commerce, ou à des fins de propagande de nos amis de l’internationale des catho extrêmistes.

En effet, l’agence de communication OpusFidelis, loin d’inspirer confiance, est spécialisée dans le marketing. Il s’agit d’une entreprise de droit américain répondant à une législation bien plus laxiste que la France en matière de collecte, de traitement et de revente de données personnelles.

Vous êtes donc maintenant avertis, cette « pétition » présentée sous forme d’immense machine à spam ne semble rien envoyer aux parlementaires, si vous êtes allés la remplir, c’est en pure perte de temps et ceci présente un risque potentiel important pour vos données personnelles qui expriment dans ce cas précis des opinions politiques et religieuses.

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#MariagePourTous : Carton rouge pour Frigide Barjot et vos données personnelles

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La radicalisation orchestrée des extrémistes à l’origine des manifestations anti mariage pour tous qui dégénèrent m’énervent.

Frigide Barjot vous promet du sang ?

Et bien moi je vous promets du lulz. Le lulz devant le ridicule d’un nouveau site web, hébergé aux USA, sans déclaration CNIL et qui s’est payé les services d’une agence de comm’ spécialisée dans le Social Hub Marketing….  Ce site c’est http://cartonrougepourtaubira.com/ réalisé par les burnes d’OpusFidelis.

Le marketing c’est bien, les USA c’est super, une déclaration CNIL c’est mieux, s’offrir les services de personnes qui savent coder c’est parfait.

D’ailleurs la personne affichant en seule signature « collectif famille mariage » et qui a déposé le domaine cherche visiblement à masquer son identité à en croire le whois :

Registrant Contact:
 Whois Privacy Protection Service, Inc.
 Whois Agent ()

 Fax: 
 PMB 368, 14150 NE 20th St - F1
 C/O cartonrougepourtaubira.com
 Bellevue, WA 98007
 US

Edit :

Opus Fidelis est prestataire pour le Vatican & de http://catholicmarketing.com  plus amusant, il s’agit d’un des principaux opposants au Mariage Pour Tous aux USA… nous sommes donc devant une internationale extrêmiste catho…

A en croire le site Chretiennete.info, le Collectif Famille Mariage a été lancé par Guillaume de Thieulloy (secrétaire général) aux côtés de personnalités comme Béatrice Bourges pourte parole du Collectif pour l’enfant et Charles Millon

En attendant, si vous faites partie des 265 674 blaireaux qui sont allés balancer leurs données personnelles chez RackSpace aux USA en faisant confiance à ce collectif qui cherche manifestement à esquiver les bonnes pratiques dictées par la CNIL, sachez qu’elles ne sont pas en sécurité.

Celle-ci Fridige, elle est pour toi :

Capture d’écran 2013-04-15 à 13.36.19

frigide

Allez Frigide, faut partir maintenant.

#UnBonJuif : L’UEJF commence à me tanner

twitter-black

C’était l’affaire du siècle, en fait un splendide effet flamby… Un hashtag sur Twitter dont personne n’aurait entendu parler (#UnBonJuif) si ce dernier n’avait pas été pointé du doigt par une association probablement en mal de communication et qui a décidé de le sur-médiatiser. Les tweets accompagnant ce hashtag étaient probablement manifestement antisémites (je dis probablement car je ne les ai moi même pas vu). Il était donc normal d’agir mais d’agir en faisant en sorte que ceci demeure discret. Le hic, c’est que la Ministre a suivi attirant les stroboscopes sur ce qui allait vite devenir un ouragan dans un verre d’eau.

L’affaire est pourtant bien moins grave que les appels au meutre du GUD, mais deux poids deux mesures, la lutte contre l’homophobie n’est pas une priorité pour Fleur Pellerin, la lutte contre l’antisémitisme méritait des mesures bien plus fortes… En attendant les « casseurs d’homos » on leur fout la paix, et ils continuent, impunément sur Facebook à véhiculer la haine.

Aujourd’hui, l’UEJF découvre la censure géolocalisée de twitter et reproche à Twitter de ne pas avoir retiré les tweets incriminés pour le monde entier. En pratique, les tweets incriminés ne sont pas visibles pour les utilisateurs déclarant résider en France mais le sont pour les utilisateurs déclarant résider ailleurs dans le monde. Et c’est normal attendu que Twitter, entreprise de droit américain, avec ses moyens, fait cesser l’infraction, là où elle est reconnue comme infraction, là où il y a une plainte. En outre, il faut comprendre qu’aussi bêtes que soient ces tweets, ils n’en sont pas pour autant illégaux dans de nombreux pays, dont les USA.

L’action de censurer ces tweets aux personnes se déclarant françaises sur le réseau social ce n’est pas assez pour l’UEJF qui comme le rappelle Numerama, demandait 38,5 millions d’euros de dommages et intérêts !! … Ça fait cher le tweet et le hashtag à la con.

L’UEJF a décidé de déposer une nouvelle plainte. Outre que les effets de communications là dessus commencent à me taper sur le système, outre que j’ai un peu de mal à digérer les cyber patrouilles associatives de Twitter qui se substituent à des OPJ, je commence à être blasé de ces associations qui pensent qu’elles vont se mettre à imposer leur morale ou même la législation française au monde entier.

Au lieu de poursuivre son action en accentuant la pression pour contraindre Twitter à fournir les identités des personnes se rendant coupable de propos manifestement illicites, l’UEJF continue sa campagne de communication, vous allez voir, tout est dans les mots :

« Les associations requérantes viennent de découvrir avec stupéfaction et un profond dégoût que la société Twitter avait menti au juge des référés et aux médias en affirmant avoir rendu inaccessibles les tweets en cause« .

« L’intégralité des tweets litigieux demeurent encore aujourd’hui accessibles depuis le territoire français pour quiconque se déclare de nationalité non française lors de l’ouverture ou de la modification d’un compte Twitter« 

Et Numérama de rapporter :

« Twitter fait preuve d’un rare mépris et d’une singulière arrogance » en limitant la portée de la décision française aux usagers français

De la stupéfaction, du dégoût, le « mensonge » de Twitter (qui s’efforce avec ses moyens de faire cesser l’infraction sans devenir censeur mondial), du mépris, de l’arrogance…l’UEJF ne manque pas de superlatifs. Si toi internaute tu ne te sens pas indigné après avoir lu ce communiqué, c’est que t’es un gros antisémite.

Bref l’UEJF va trop loin et tout le foin autour de cette non affaire commence à devenir ridicule. Il existe probablement des moyens plus efficaces pour contraindre Twitter à exécuter une décision de justice que ce genre de communiqués de presse comprenant des positions franchement discutables et lancés à tour de bras.

Google paye sa tournée de cacahuètes à la presse française

google-mysteryC’était l’information à la con de la semaine, j’hésitais un peu à en causer tellement c’est pitoyable. Google a finit par débloquer une enveloppe de 60 millions d’euros à la presse française. Un accord ridicule pour une problématique qui l’est tout autant mais qui épargnera un moment encore aux parlementaires des maux têtes. Quand on voit le niveau de compréhension d’Internet de certains d’entre eux, on se dit qu’au final, ce n’est probablement pas un mal. Je vais à tout hasard tenter de me lancer dans une explication un peu détaillée de ce à quoi nous échappons pour le moment.

☠ Why Google is evil

Google est connu comme étant LE moteur de recherche plébiscité par une immense majorité d’internautes. Mais il est aussi à l’origine de dizaines de services en ligne et de quelques produits qui rythment le quotidien de millions de gens à travers le monde. Google est également le plus gros aspirateur à données personnelles du monde. Ce qui a permis à Google de tant prospérer, c’est Internet. Et Internet, on ne le répètera jamais assez, vous allez voir que ce détail à son importance pour ce qui va suivre, c’est une machine à copier de l’information. Chaque mot que vous lisez actuellement se copie de routeurs en routeurs, de serveurs en serveurs, pour finir copié quelque part sur votre disque dur, à minima, dans un cache obscur.

Internet, en plus d’être une machine à copier des informations, est un réseau public. La notion de réseau public est quelque chose qui échappe pas mal à la presse.

Ce qui a fait le succès de Google, c’est qu’il a utilisé Internet en lui demandant de faire ce qu’il sait faire de mieux, copier des informations pour les rendre plus facilement accessibles, plus facilement copiables par d’autres. Google, à grand renfort d’algorithmes a ensuite hiérarchisé les informations qu’il avait copié.

Il faut bien comprendre ce que la presse reproche à Google, le comble du ridicule étant de stigmatiser Google qui affiche dans sesrésultats de recherche les titres des actualités, éventuellement une photo en illustration et les quelques mots du début de l’actualité. Les éditeurs de presse y voient un vol, un transfert manifeste de valeur et une atteinte au droit d’auteur. Une page de résultats de recherche affichant un titre et quelques mots, c’est insupportable à leurs yeux.

Google est aussi montré du doigt pour sa position hégémonique.

☠ L’erreur de la valeur

C’est quelque chose que je répète assez souvent, mais visiblement pas suffisamment. Internet étant une machine à copier, doublée d’un réseau public d’échange (sous-pesez bien ces mots avant de lire la suite), il faut comprendre que ce sont les internautes qui tolèrent les « commerçants » sur Internet, pas le contraire.

  • La valeur d’un réseau se définit très bien par la loi de Metcalfe qui énonce « L’utilité d’un réseau est proportionnelle au carré du nombre de ses utilisateurs« .
  • La valeur d’une information peut en toute logique se calculer en fonction du nombre de noeuds du réseau Internet sur lesquels elle aura été répliquée… copiée.

Nous venons de voir ensemble qu’une page de resultats de recherche Google contient le titre d’une information, quelques mots d’introduction et quand l’information apparait dans gooogle actu, la première affiche même une image. Ça ressemble à ceci :

google search

L’ordre sous lequel ces pages apparaissent, c’est la recette interne de Google, autre fois appelé pagerank, aujourd’hui Panda, il s’agit d’une suite d’algorithmes prenant en comptes de nombreux paramètres qui ont pour fonction de déterminer une pertinence d’affichage des résultats. Fréquentation, nombre de liens pointant vers la page ou le site en question, âge et fréquence des mises à jour du site (…)

Si ces algorithmes ne sont pas publics -et on comprendra pourquoi- ces derniers évoluent régulièrement et ont pour objectifs d’assurer une certaines « neutralité »… et non je sais un algo n’est jamais « neutre ». Mais au moins, la règle est la même pour tous.

La dernière grosse évolution, le passage à Panda, a été quelque chose de « dramatique » pour de nombreux sites marchands. Là où ils apparaissaient en première page sur certains mots clés, ils se sont vu relégués en 4e ou en 10e page sur les mêmes mots ou produits. Là on comprend bien la problématique de la valeur d’un référencement Google puisqu’elle impacte directement le portefeuille des commerçants. Google a sacrifié la rentabilité de certains au profit des internautes, pour leur offrir des résultats de recherche plus pertinents. Les marchands ont beau gueuler, on s’en fout, Google est chez lui, il fait ce qu’il veut, aux marchands de ne pas concentrer l’intégralité de leur CA sur ce moteur de recherche.

Commençons par une lapalissade : plus les actualités ou les pages de votre site apparaissent dans les premières positions, plus votre site a des chances d’être visité.

C’est là que nous abordons les arguments fallacieux des éditeurs de presse. Selon eux, et ça les agace particulièrement sur Google News… Il y aurait un « transfert de valeur ».  :

google news

Google News est un agrégateur de titres d’informations, il affiche un titre avec le lien vers la news, quelques photos, et toujours notre description. La différence avec Google Search la plus évidente, c’est les algorithmes qui accordent une importance plus grande à la fraicheur de l’information.

L’autre différence notable, et ça nous allons y revenir, c’est que tous les sites n’apparaissent pas dans Google News. Par exemple, si vous connaissez nos travaux sur Reflets à propos d’Amesys, vous vous dites que Reflets devrait très naturellement apparaitre dans Google News. Et bien non, ce n’est pas le cas. Reflets a beau être un média très lu, avoir le dossier le plus complet sur Amesys, être à l’origine des révélations sur la vente par cette société d’un système d’écoute global taillé sur mesure pour Kadhafi… Reflets n’apparait pas dans Google News. Il est en revanche en bonne position dans Google Search.

Voici pour Google News

Capture d’écran 2013-02-10 à 09.05.10

Et voici pour Google Search

amesys google search

Conclusion 1 : Google choisi lui même (sur quel critère ?) qui va apparaitre dans Google News. Et donc qui est éligible à une part de la cagnotte de 60 millions ?

Conclusion 2 : le transfert de valeur dont les éditeurs de presse parle, Reflets en est victime puisque Google ne daigne pas afficher les articles de Reflets dans Google News alors que la presse elle même se goinfre régulièrement de nos actualités ou de nos infographies sans même prendre soin de nous citer.

Question : Faut sucer qui pour apparaitre dans Google News ?

C’est cette même presse qui accuse donc Google, via ses pages de résultats de recherche de lui « voler de la valeur ». Et là… désolé mais je me marre car si la presse se sentait si lésée que ça, elle mettrait en place un robots.txt pour interdir les bots de Google qui indexent son contenu. La presse veut le beurre, l’argent du beurre, et le cul de la crémière. En d’autres termes, elle veut

  • Etre visible pour être visitée et donc générer des revenus publicitaires,
  • Etre rémunérée pour avoir mis sur un réseau public de partage une information accessible au public  (SIC!). En fait, c’est un peu comme si le gratuit Métro déposait des exemplaires de son gratuit dans les transports en commun et demandait à la SNCF ou la RATP de passer à la caisse !

Déjà, vu d’ici, ça sent le foutage de gueule…

Google est le site qui draine le plus de trafic, même si ceci est de moins en moins vrai et ça aussi nous allons y revenir pour que vous preniez conscience de l’hypocrisie de ces gens là.

Google n’est pas qu’un agrégateur d’information ou un moteur de recherche, il est aussi et surtout, c’est son fond de commerce, la plus grande régie publicitaire du monde. Et c’est à ce titre que nos amis de la presse d’en haut pourraient justifier d’un transfert de valeur. Car dans leur tête, les lecteurs sont tellement cons, qu’ils s’arrêtent à la lecture du titre et de la description affichée sur Google News. Faut dire que le lecteur il en a un peu raz la casquette de lire des dépêches AFP remixées… mais non, le coupable pour elle, c’est Google.

En « captant » les lecteurs dans ses résultats de recherche, la presse affirme donc que Google s’octroie des revenus publicitaires qui lui sont destinés… OH WAIT ! Il n’y a PAS DE PUB sur les pages de résultats de Google News !!

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Mais alors ? S’il n’y a pas de publicité sur les pages de Google News, comment peut-on affirmer que Google « vol » des revenus publicitaires à la presse alors que Google facilite l’accès aux dépèches AFP remixées de cette même presse pour qu’elle puisse se goinfrer avec sa régie publicitaire qui dans bien des cas est … Google. Et voilà la boucle bouclée.

Conclusion : Tranfert de valeur… MON CUL !

☠ Des cacahuètes pour calmer la presse française

L’affaire était tellement sérieuse que la présidence de la République elle même est intervenue pour négocier avec Google un sachet de cacahuètes (une enveloppe de 60 millions d’euros sur 3 ans), histoire de calmer la presse d’en haut. C’était ça ou une loi. Une loi Google… Une loi qui aurait été un naufrage parlementaire, une loi qui aurait porté un grave coup à Internet, cette machine à copier, ce réseau d’échange ouvert.

Car après Google Facebook, après Facebook, Twitter, puis comme le réseau social chinois QQ Zone ne paye pas, on aurait, pourquoi pas… décidé de bloquer les informations de la presse française sur la Chine… tant et si bien qu’Internet ne serait plus Internet mais un ensemble de réseaux locaux régis par des accords commerciaux entre réseaux sociaux friands de partage d’information et sites de presse. Le FFAP donne le ton, toujours en arguant d’un transfert de valeur (WTF?!), et vous verrez que ce n’est que le début… une bande de vautours décomplexés.

☠ Et si la presse rémunérait sa vraie source de valeur… comme Google le fait pour elle ?

Google n’est pas le seul à générer du trafic. Les internautes qui partagent des informations sur Facebook et sur Twitter … voilà l’origine première de la valeur des sites des presse aujourd’hui, car ce sont eux qui permettent à la presse d’accroitre le plus considérablement leurs revenus publicitaires. Est-ce pour autant que la presse va décider de reverser une partie de ses revenu publicitaires aux internautes qui partagent le plus leur information ? Ceci serait pourtant légitime…

L’enveloppe de 60 millions, c’est un moindre mal. C’est une fleur de Google, rien ne l’y obligeait, et si l’affaire était portée devant les tribunaux, je ne donne personnellement pas cher de la presse française. D’autres pays européens vont suivre et malheureusement, une loi c’est bien ce qui nous pend au nez. Et une loi, ce sera forcement une tragédie pour Internet.

Et quand loi il y aura, Google sera en véritable position de force, car il pourra, comme il l’avait fait en Belgique, déréférencer les sites de presse de Google News et peut peut-être référencer des sites comme Reflets.info qui ne lui demandent rien et qui ne passent pas leur temps à remixer des dépêches AFP.

Là où ça sera plus coton, ça va être pour des sites comme Facebook qui regorgent de pub. Oui sur Facebook, la presse a un coup à jouer, c’est même surprenant qu’elle s’en prenne à Google et non aux utilisateurs de Facebook ou de Twitter qui comme Google, contribuent à sa valeur… mais eux, avec de la pub, donc un pseudo transfert de valeur.

Des milices associatives pour faire la police sur Twitter ?!

BlackTwitterIconOn se demandait ce qu’elle allait bien pouvoir nous pondre notre Fleur Pellerin. La polémique faisait rage puisqu’une poignée de gros malins a trouvé opportun de médiatiser des hashtags à caractère raciste. Du coup, des hastags dont on avait jamais entendu parler ont été relayés par toutes les chaines de télévision… tandis que ça par exemple la télé et bien elle s’en fout, tout comme Bercy d’ailleurs. Cette polémique m’agaçait déjà car elle stigmatisait Twitter. Comme si la bêtise humaine s’était donnée rendez-vous sur Twitter et nul part ailleurs.

Une fois tout ceci copieusement médiatisé, il fallait bien trouver une « solution » à un problème monté en épingle de toute pièce. Et la « solution », je la découvre sur Numérama ce matin. Mon écran et mon clavier en sont encore tout maculés de café.

Pourtant un problème, il y en a bien un. Twitter est connu pour être peu enclin à collaborer avec les autorités françaises lorsqu’il s’agit de fournir des données sur un utilisateur. Twitter se cachait derrière son petit doigt en arguant qu’elle est une entreprise américaine répondant au droit américain. Mauvaise défense… car Twitter délivre un service de communication au public tel que définit dans la loi de Juin 2004 sur la confiance en l’économie numérique (LCEN).

Mais le plus grave n’est pas là, en fait le vrai  problème, c’est la « solution » trouvée par le gouvernement. La solution, c’est donc de contraindre Twitter prioriser les demandes de retraits de contenus litigieux émanant d’associations(!). A aucun moment au gouvernement une personne ne semble avoir eu l’idée de faire appliquer la loi… tout simplement.

Des associations ? Lesquelles ? Pour des délits qui relèvent du pénal ? WTF !?

Les insultes, les injures, les incitations à la haine raciale dont des délits qui relèvent du pénal. La jurisprudence est déjà bien fournie, la justice dispose de tout les outils nécessaires pour poursuivre un internaute. Au lieu de poursuivre les personnes se rendant coupables de délits qui relèvent du pénal, le gouvernement a choisi de se masquer les yeux : la censure, le retrait de contenu. Les associations concernées (tiens lesquelles d’ailleurs ? Comment sont elles choisies ? Par qui ? Est-ce que je pourrai monter ma propre association pour dénoncer les tweets discriminants anti GNU Linux et à la gloire de Lèpre OS ? Twitter va vraiment procéder à des retraits de contenus, de la censure, sur simple dénonciation d’une association ? sans intervention d’un juge ? pour des délits relevant du pénal ?

Suis-je le seul à voir là une inquiétante dérive ? Là on ne parle pas de haute autorité avec un collège composé de magistrats. On parle de personnes qui vont « juger » au doigt mouillé les tweets, « juger » de l’opportunité d’entraver la liberté d’expression et de communication des internautes. C’est un précédant qui m’inquiète sérieusement. La régulation d’Internet se fait par les internautes, les exemples de comptes abjectes sur twitter qui disparaissent en quelque minutes sur simple signalement des utilisateurs sont légion. En quoi des associations visées et tamponnées par le gouvernement seraient elles plus aptes que les internautes eux-mêmes à signaler des contenus ?