3615 Militello Show

gagadopiVous vous souvenez peut être de Muriel Marland Militello qui expliquait que ce n’était pas les internautes qui comptaient dans une démocratie mais les concitoyens (toi l’internaute qui me lit, tu es un citoyen en carton), ou encore de ses prestations dans l’hémicycle pendant les débats sur HADOPI… moi, anéfé, je me souviens parfaitement d’une incompétence crasse d’un élu en service commandé qui soutenait des positions martiennes argumentées par un néant abyssal. Ses précieux avis font d’HADOPI un texte inapplicable … et inappliqué… Madame Militello n’en est pourtant pas peu fière, et passer de la protection des animaux à Internet semble vécu par la député comme une promotion naturelle et bien méritée (il est acquis qu’Internet étant peuplé de zoophiles, il ne s’agit là que d’une extension de son combat au numérique).

Dans sa dernière sortie, Muriel Marland Militello s’en prend au référé de FDN devant le Conseil d’État que je vous laisse découvrir ici. Je vous invite à le mettre en perspective de ce splendide billet, qui aussi inconsistant soit-il, a le mérite de mettre en exergue, une fois de plus le décalage qui existe entre les promesses d’un texte vide : « on va sauver les artistes », et la réalité « on chouchoute la SCPP et quelques organismes parasites… et on laisse crever les artistes». J’aimerais sincèrement, madame le député, que vous m’expliquiez comment votre oeuvre sauve les artistes que les pirates flagellent à coup de modem, à en croire l’illustration de votre magnifique billet. Tous les artistes que je connais n’attendent rien de votre texte. Pouvez vous donc nous développer ce que vous soutenez avoir à leur offrir ?

Vous noterez que j’ai eu la courtoisie d’attendre vendredi pour répondre à ce billet, je ne troll que ce jour là. L’ami Spyou a d’ailleurs su réagir plus vite, de mon côté, j’ai du me résoudre à me calmer un peu avant d’écrire ce billet, tant il est compliqué de ne pas répondre à la bêtise par la bêtise

En voiture Muriel !

Madame Marland Militello commence dans son billet par nous rappeler que sa grande expertise d’Internet et du numérique lui a valu le poste de « rapporteure pour avis » sur la loi HADOPI (un peu comme si on m’avait nommé hier chirurgien). Certains y verront l’une des raisons de l’inapplicabilité de ce texte, je me contenterai ici de souligner sa chance car l’avis des gens qui y connaissent quelque chose n’a, lui, jamais été pris en compte.

Dans un Etat de droit… où on fait tout de travers

J’aime beaucoup le couplet de madame le député sur l’État de droit qu’elle a visiblement un peu compris de travers, où elle assimile la protection de la propriété intellectuelle à un concept effrayant, le « cleanternet»…  Je le retourne sous tous les sens… rien à faire, je ne comprends pas comment madame Militello arrive à la conclusion qu’HADOPI (allez je vous le redis encore une fois pour que ça rentre… toujours inappliquée et inapplicable) « contribue à développer un Internet civilisé, respectueux des libertés et des droits et devoirs de chacun ». N’oubliez pas que pour que tout ce petit monde soit civilisé, ça passe forcément par restreindre la liberté de la presse. A ce jour, outre un climat délétère que madame Militello aime à entretenir, HADOPI contribue surtout à enrichir des marchands d’octets au kilo.

Madame le député, il y a ici deux choses particulièrement choquantes dans cette petite éructation de pixels bien peu inspirée :

  • vous entérinez le fait qu’HADOPI est un dispositif de surveillance visant à rendre une jungle civilisée (vous avez du confondre avec la LOPPSI, HADOPI n’est qu’une coûteuse machine à spam… qui n’a toujours pas envoyé un seul mail). Vous offrez là une caricature parfaite qui colle à une certaine classe d’élus et qui est la principale raison de l’échec qui vous attend sur ce dossier.
  • vous affirmez ensuite, qu’HADOPI contribue au développement de l’offre légale… vous avez du louper l’épisode Jiwa, soit, mais j’aimerai vraiment ici que vous me citiez UNE SEULE mesure visant à développer l’offre légale dans HADOPI… on ne doit vraiment pas vivre sur la même planète, ou alors c’est que nous n’avons pas le même texte sous les yeux.

C’était là vos deux seuls arguments, c’est franchement léger pour une personne qui se gargarise ainsi d’avoir contribué à sauver la « création sur Internet » si je me fie au titre de la rubrique dans laquelle se trouve votre chef d’oeuvre.

Mais pourquoi ce billet ?

En se réjouissant de la sorte, la député Militello se rappelle aussi au bon souvenir du Président de la République pour lui signifier qu’elle a été un bon soldat… je pense que le message est passé pas de problème là dessus… enfin pas de problème s’il y avait une seule once d’argumentation, une seule référence valide… pour infirmer un FAIT : HADOPI favorise le commerce illicite d’oeuvres culturelles sur le dos des artistes :

  • En enrichissant Megaupload, Rapidshare etc …
  • Si vous preniez le métro vous découvriez même que grâce à HADOPI, on peut s’y offrir toutes les dernières productions hollywoodiennes en Divx pour un coût dérisoire (au moins ça permet à quelques personnes de vivre…. mais surement pas les artistes).

Bravo madame Militello d’avoir tué l’échange de fichiers sur les réseaux P2P pour encourager une économie criminelle, nous n’y serions pas parvenu sans vous.

La moindre des choses quand on lance ce genre de billet d’humeur est de l’argumenter un minimum pour qu’il ne soit pas perçu comme une stupide provocation totalement inutile. Enfin, se réjouir d’une conclusion affirmant l’inutilité de consulter l’ARCEP est ici encore d’une grande maladresse, je doute que le gendarme des télécoms apprécie ces gargarismes.

28 réponses sur “3615 Militello Show”

  1. Petite note personnelle :

    le fait d’avoir «  » »tué le p2p » » » permettra, via une autre loi (genre LOPPSI pour ne pas la citer) de bloquer les sites de DDL (certes, temporairement, au moins 10 minutes le temps que les solutions de contournement se mettent en route)….
    Dans tous les cas ce sera plus simple à gérer (du moins en théorie dans l’esprit brumeux de ces néophytes vous servant de législateurs)…

    ++

    T.

    PS: typos détectées :
    – Madae Militello n’en est pourtant pas peu fière. (Madame)
    – crever les artistes. J’aimerais (manque un  » fermant)
    – grande expertise d’Internet est du numérique (.. et du numérique ..)
    – l’inutilité de consulter l’ARCEP et ici encore (l’ACERP est …)

  2. N’est-il pas temps que les internautes descendent dans la rue : puisque tu auras beau disserter, décrire, fouiller, analyser, ils n’en ont rien à foutre, et avancent tête baissée vers un but dicté il y a déjà des années.

    1. Qui se souviendra d’une manifestation antihadopi dans 1 ou 2 ans ?
      Les écrits eux restent : les français n’ont pas de mémoire, c’est pour ça qu’on a inventé Internet. 😉

          1. Même si ça passait à la télé, personne ne le verrait : la majorité des français sont collés devant TF1 la bouche ouverte..

  3. Tiens, son site est filtré par ma société comme « Political organisation ». Et donc inaccessible. J’y perds quelque-chose ?

    C’est cocasse de voir l’effet du filtrage se retourner contre un de ses créateur.

    coquille: gargarise ainsi d’avoir contribuer<< é

    1. Marrant effectivement 😀
      Enfin ce blog n’a rien de politique, je n’y vois rien au service des citoyens, j’y vois plus un message du type « électeurs de plus de 70 ans… réélisez moi »

      *coquille… argh ça va vraiment finir par se voir que je ne me relis jamais 😉

      Merci

  4. Je suis allé sur son blog (pour la première fois), elle n’accepte pas les commentaires. C’est courant ça chez les politiques ? Je sais que la modération peut prendre des tournures cauchemardesques mais quand on a un blog en tant que député, on devrait pouvoir échanger avec les citoyens, non ?

      1. Non sérieux 😀
        Vraiment sympa comme truc. Bon tu me dira, il vaut mieux se tenir au courant de ce que disent ces plus proches opposants.

  5. Moi ce qui me tue là dedans c’est la manière dont tous les politiciens se chargent de « sarkasme » et de mauvaise fois…
    On parle d’une société où l’on ne fait plus ce que la majorité de la population souhaite… je m’explique :

    Admettons demain, on fait un Référendum où la question est la suivante :
    « Aimeriez vous pouvoir télécharger sur internet ce que vous voulez ? »
    Je pense que la réponse est sans appel, un 90% passé pour le oui.

    Je ne me sens plus français depuis un moment, j’arrive au stade du dégout…
    Même si certains disent que la Marseillaise est un chant de guerre violent, je me pose de plus en plus la question à savoir si quelques pavés dans la gueule de certains ne seraient pas une bonne chose…

    1. France à deux vitesse, ceux qui la vive, et ceux qui la gouverne….je sais pas mais je suis d’accord avec l’autre potiche, je me sent citoyen du monde (internaute) et pas citoyen français.

  6. Tu vois comme elle est aimée des internautes quand tu vois son score Web of Trust (extension archi-über-usefull pour FF) qui frise le -42 Absolu !!

    Crédibilité : ~1.5/10

    Fiabilité commerciale : 0/42*10^Googleplex

    Confidentialité : 0/10

    Sécurité des mineurs =D : ~1.5/10

  7. C’est tellement triste, de voir que des personnes ne connaissant qu’une partie d’internet, se permettent de le critiquer allégrement le travail de personnes l’ayant inventé, au sens large.
    Quand je ne connais pas quelque chose, je ne commente pas.
    Sinon, à Nice, sans vouloir faire d’amalgame, niveau politiques au pouvoir, ils sont pas gâtés, ils se sont toujours tapés des malades ( un peu à leurs images ).
    Enfin, l’aboutissement d’une loi morte née, création d’un pouvoir qui ne fait que dans la communication et dont les scandales ne font que chasser d’autres scandales, est à l’image de l’ensemble de la politique de notre gouvernement. J’aimerais être un député, et demander ce que la loi Hadopi va faire contre le p2p nouvelle génération, du genre OneSwarm.

    1. Sympa le commentaire gratuit sur les Niçois… Même si le commentaire sur les politiques dans cette ville n’est pas dénué de tout fondement.

      Btw OneSwarm quesaco? Ca marche vraiment?

      1. Ben, pour les niçois, je me suis mal exprimé, j’ai oublié un « ? », puisque c’est normalement les electerus qui élisent leurs politiques, mais quand on regarde dans le temps, tout leurs élus font un peu peur, du genre estrosi qui veut un programme d’automatisation de prévention du terrorisme en étudiant certains signes, du genre si tu as une capuche et que tu sue dans un aéroport, tu peut te faire arréter( c’est caricaturale mais on en est là) .
        Sinon, ben Oneswarm, c’est le tor du p2p, c’est en théorie impossible à tracer, mais bon, comme tor, plus il y a d’utilisateurs, plus le réseau est rapide.

  8. Franchement, vu les thèmes qu’elle traite, madame Minitello, et la façon dont elle les traite… elle n’aurait pas besoin d’un psy, par hasard ?

  9. [quote]
    Dans un Etat de droit, il est normal que des recours puissent être examinés et tranchés par la plus haute juridiction administrative.

    Dans un Etat de droit, il est également normal que la propriété intellectuelle soit protégée, y compris sur Internet.
    [\quote]
    il manque : dans un Etat de droit, la justice n’est pas automatisée par des robots envoyant 150000 notif/jour mais par des juges reconnus par le peuple.

  10. Pcinpact publie le rapport de la cnill sur TMG et en fait un petit compte rendus.

    http://www.pcinpact.com/actu/news/59439-hadopi-surveillance-p2p-automatisme-cnil.htm

    [quote]La question de l’holomogation des constats vs des audits internes

    Autre critique : la solidité des constats. Le rapporteur de la CNIL avait exigé une certification des constats effectués via les relevés de TMG « Votre rapporteur considère qu’il serait préférable que le système de collecte soit « homologué » par un tiers de confiance pour renforcer la sécurité juridique des constats. Cette recommandation de la Commission pourra être précisée aux SPRD par le biais des lettres de notification qui accompagnent les autorisations. Cette information pourra également, le cas échéant, figurer sur la communication de la CNIL sur son site internet ».

    Une note de bas de page révèle que « les seules procédures d’audit prévues sur le système de TMG sont des audits internes trimestriels par les SPRD ». Autant dire un système interne où juge est partie, où le contrôlé est également le client du contrôleur.

    Tout automatique, jamais de vérification manuelle

    Le rapport indique encore que tout sera automatisé, impérativement : « les dossiers de 2005 faisaient apparaître la possibilité pour les agents assermentés de faire des constats manuels en allant eux-mêmes sur les réseaux pair-à-pair, ce qui n’est plus le cas dans les nouvelles demandes ».

    C’est donc une justice robotisée qui se dessine sous nos yeux où le jugement humain n’a pas sa place.[/quote]

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