DRM : on confine toujours à l’absurde

Les DRM ou Digital Right Management sont un échec assez emblématique de la politique de fermeture par les constructeurs au nom du copyright des contenus dématérialisables. Les DRM sont arrivés dans notre corpus législatif par le biais de la loi DADVSI (elle-même issue d’une transposition d’une directive européenne, l’EUCD) qui sanctionnait jusqu’à 6 mois de prison et 30 000 euros d’amende toute personne diffusant ou facilitant la diffusion d’un logiciel destiné à casser ces mesures techniques de protection de médias. Décriés depuis le début, ils ont été en grande partie responsables de l’accélération du déclin du disque en France puisque de nombreux acheteurs de disques se retrouvaient frustrés de ne pouvoir lire ce CD dans leur voiture ou sur leur ordinateur pour le mettre dans leur baladeur MP3… une véritable invitation au téléchargement illicite.

Ici l’usage justifiait le contournement de ces mesures de protection pour pouvoir disposer d’un bien pourtant légalement acheté. Ainsi, il devenait souvent plus aisé de télécharger les MP3 sur les réseaux peer to peer que s’amuser à tenter de contourner une mesure technique de protection.

Pendant les débats sur la HADOPI, de nombreuses voix se sont faites entendre pour que, comme promis par le gouvernement de l’époque, une étude d’inpact du DADVSI soit publiée. Réponse du gouvernement « l’heure n’est plus à ça, passons à autre chose« . Si j’étais mauvaise langue, je dirais que cette étude nous aurait peut être permis de faire l’économie d’une mauvaise HADOPI.

Aux USA, les DRM sont aussi allègrement contournés. Fin juillet dernier, un tribunal américain légalisait même le jailbreak de l’iPhone, c’est à dire le contournement de ses mesures de protection pour en prendre le contrôle.

Aujourd’hui la justice américaine s’apprête à publier une liste de protections pouvant être légalement contournées. Un son de cloche très différemment perceptible de la part des négociateurs de l’ACTA qui plaident pour la généralisation de ces mêmes DRM entre d’autres frictions avec l’Union Européenne..

Peut-on dire pour autant que ceci sonne le glas du DRM ? Malheureusement non, et je prédis qu’en France certains ayants-droit ne sont pas prêts d’en démordre, ils nous resserviront du DRM en complément d’autres mesures absurdes et coûteuses du même cru avec un résultat toujours aussi nul sur la création.

7 réponses sur “DRM : on confine toujours à l’absurde”

  1. Dans le document public mais à ne pas diffuser de la HADOPI sur les spécification de son mouchard, il est écrit textuellement:

    Page 13
    « Un antispam : tant qu’il n’y a pas de DRM standard, ou de technologie d’identification de signature standard et largement développée, cette application n’appartient pas à cette catégorie. »

    Page 21
    « Ce module réalise en temps réel une analyse contextuelle et syntaxique des flux du contenu (sans analyser le contenu sémantique des fichiers, dans la mesure où ne sont pas analysés à ce jour les attributs de DRM ou les empreintes des contenus des fichiers légaux) ».

    On sent bien un regret de ce que les DRM soient tombés en désuétude, et un espoir de les voir revenir…

    Sur le document précité, c’est Numerama qui avait levé le lièvre le 30 juillet dernier:
    http://www.numerama.com/magazine/16363-exclusif-le-document-secret-de-l-hadopi-sur-les-moyens-de-securisation.html

  2. Sans vouloir défendre le principe des DRM, il faudrait quand même rappeler qu’ils ne sont jamais vraiment tombés en désuétude…

    Dans le secteur de la musique, à la rigueur, il y a eu en effet tellement de dysfonctionnements que les majors ont dû faire une belle com sur le thème « retrait général de nos DRM », je pense à Fairplay par exemple. Au moins maintenant, les projets de DRM cherchent à être fonctionnels, comme Ultraviolet même si on y croit pas beaucoup vu que les plus grands acteurs ne participent pas.

    Mais pour les films et surtout les jeux vidéos, ça n’a jamais été plus verrouillé qu’aujourd’hui, et cela provoque encore des bugs de fou… absurde, c’est presque trop gentil comme qualificatif ! !

  3. Bonjour,
    Quel rapport entre les DRM et le jailbreak de l’iPhone ? Les DRM restreignent l’usages de contenus, pas d’un OS, non ?

    1. On considère ici que le DRM est une mesure de protection, visant à défendre un copyright.
      Techniquement vous avez raison, mais juridiquement c’est la même chose visiblement.

  4. salut

    DRM ? moi je croyais que c’était un truc de sécurité routière …
    tu vois : un truc pour pas qu’on puisse écouter certains chanteurs sur les autoradios des voitures …

    non c’est pas un troll 🙂

  5. Je peux témoigner du ridicule & non-conforme des DRM. Ayant acheté le DVD du « Choc des titans », j’ai tenté de télécharger ma copie privée légale. 1er parcours du combattant : aller sur le site Warner, s’enregistrer, télécharger & installer le soft sans lequel on ne peut pas obtenir la copie (Divx+ pour ne pas le nommer). 1/2 heure après (si si, avec un dual-core & 3Go de RAM), compter encore autant pour télécharger le film proprement dit (connexion ADSL 10Mo). Comment imaginer que la ménagère de 40 ans (à fortiori le jeune de – de 20 ans !) va se faire ch… de cette manière pour avoir une copie qui ensuite n’est même pas lisible sur son lecteur de salon ? Une incitation au P2P, ni plus, ni moins, je confirme.

  6. Hardcore gamer devant l’éternel, ce qui me met hors de moi, ce sont ceux qui sont implémentés dans les jeux vidéo.

    Le pire étant sans doute steamWork (après la bouse d’ubisoft of course) une usine à gaz sans nom qui a le vent en poupe puisque de plus en plus de titres sur support physique sortent avec ce type de GDN, qui sous couvert de vous rendre la vie soit-disant plus facile, est en fait une véritable aliénation des droits du consommateur.

    En parlant de steam j’ai d’ailleurs posé la question suivante, cette semaine, au support technique qui ne semble visiblement pas pressé de me répondre:

    ——————————–
    J’ai acheté le jeu Empire: Total War en version boite (sur support PHYSIQUE donc ) et il s’avère que la clé CD étant liée à mon compte steam, cela m’empêche de revendre ledit support, en dépit de l’Art. L. 122-3-1 du Code de la propriété intellectuelle (directive communautaire du 22 mai 2001 et loi française de 2006, cf. épuisement du droit de distribution) qui sauf erreur de ma part me garantit qu’aucune licence d’exploitation ne peut s’opposer à la revente sur le marché de l’occasion, d’une œuvre de l’esprit sur support physique, dans l’espace européen.

    Je souhaiterais donc que la clé cd du jeu, susmentionné, ne soit plus associée à mon compte steam « xxxx » et ce afin que je puisse faire valoir mon droit à la revente d’occasion.

    A cet effet, j’ai bien compris qu’à titre de preuve je dois vous fournir ma clé cd, par contre concernant la fourniture d’un ticket de moins de 3 mois, ca n’est pas possible pour la simple raison que la date d’achat de ce jeu remonte au 4 mars 2009.

    Quelle est donc la procédure à suivre dans mon cas ?

    ———————————

    J’attends encore la semaine prochaine avant de me tourner vers une assoc de consommateur, pour voir ce qu’il est possible de faire, parce que j’avoue en avoir vraiment ras le bol d’être de plus en plus mal servi et rouler dans la farine en permanence ou presque, alors que d’un autre côté on a un gouvernement qui entend nous faire la morale et nous traiter comme des délinquants, en nous gavant avec le droit des industries, alors qu’il crache en permanence sur nos droits de consommateur, en refusant ou en cautionnant des sujets aussi variés que la Class action, la vente liée d’OS, les DRM et j’en passe…

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