Conséquence inéluctable de l’inadaptation des majors face aux défis de l’Internet, elles sont en train de perdre la bataille de la distribution dématérisalisée. Le grand vainqueur, pour le moment, c’est Apple avec son iTunes store, ce qui agaçait déjà la SACEM il y a bientôt deux ans. C’est maintenant à EMI d’y aller de son petit couplet contre le géant américain à l’occasion de la publication de son rapport financier. EMI met en garde contre « la dépendance substantielle envers un nombre restreint de magasins de musique en ligne, en particulier l’iTunes Store (…)» Et ZDNet de souligner qu’EMI n’a rien à proposer et ne reverra sans doute pas les montants exhorbitants qui sont demandés à de nouveaux acteurs pour que ces derniers puissent accèder au catalogue.
Bref les majors se plaignent d’une situation dont elles sont les seules responsables, et très franchement, c’est pas moi qui vais m’apitoyer sur leur sort. J’en viens même à espérer qu’elles continuent à donner dans le répressif sans rien proposer en contrepartie, à ce rythme, on en sera débarrassé définitivement dans quelques années.
Un article clair et concis comme on les aime 🙂
Travaillant dans le milieu des accords ayant-droits cinéma/tv, je ne peux que confirmer ce genre de chose. Le plus drôle, c'est que depuis pratiquement 2 ans, nous mettons le hola avec mon associé sur l'arrivée de l'iPad auprès des majors; Ils étaient comme des dingues "ouah! cool, on pourra avoir un itunes version vidéo".
On avait beau leurs répéter qu'ils auraient des problèmes si la masse critique de contrat-accords avec Apple dépassait un certain ratio (pour faire simple: plus y'a de contrats, plus y'a de contenus, plus y'a de contenus, plus y'a de potentiels clients; et plus y'a de potentiels clients, plus y'a de contrats… et ainsi de suite) et qu'après cela, ce n'était plus eux qui allaient faire le jeu, ce ne serait même plus les clients; mais cela sera Apple; et qu'avant de signer quoique ce soit avec Apple, ils devaient trouver des prestataires "concurrents" et signer avec eux aussi (concurrence, limité le monopole toussa).
Résultat des courses: des signatures à tout-va avec Apple pour la vidéo et personne en face. Et depuis, ils pleurent. Et ce n'est pas faute de leurs répéter: "trouvez des p#%$ de concurrents!"; Leurs seules réponses: « Nous savons … mais on fait pas confiance aux nouveaux ». (Ce qui est idiot: personne ne veut concurrencer Apple hormis les petites boites un peu fofolle et qui n'ont rien à perdre)
Nous avons donc ainsi un monopole. C'est beau; franchement parfois, je me dis que je devrais ouvrir un blog avec les réunions avec les ayant-droits tellement c'est hilarant. j'aurais de quoi concurrencer VDM.
Et encore, j'ai pas raconté ceux avec l'univers du livre: les mêmes bêtises.
C'est marrant que tu abordes l'univers du livre, j'ai hésité à faire un parallèle avec la taxe Google et je me demandais intérieurement quand on allait nous servir une "taxe Apple"' 🙂
Ceci dit, le syndicat du livre est probablement le seul a avoir timoré la loi HADOPI lors des Assises de la loi Création et Internet. Ce sont les seuls (si mes souvenirs toussa) a avoir dit qu’avec la loi HADOPI, cela allait attaquer les mêmes gens qui « consomment » régulièrement.
Moi j’adore cette univers, franchement, tu vois plein de truc complètement fou. C’est comme l’un des commanditaires de la loi HADOPI qui crache sur le droit d’auteur en arrière-plan et quand cela les arrangent (dixit plusieurs réal que j’ai pu rencontrer)
Plusieurs réactions à ce court article :
– Je ne vais effectivement pas pleurer sur le sort des Majors, qui creusent leur propre tombe ! Bon débarras, on vous a assez vu !
Un peu de satisfaction de ce coté la, donc.
– je suis un peu amusé de voir que les Majors, à force de se battre « contre » leur public, contre leurs clients, vont se faire bouffer tout cru, non par le piratage, mais par Apple, qui pour le coup, se comporte vraiment comme un flibustier !
(Il y a eu du progrès, l’abandon des DRM, mais le fait qu’on doit donner son N° de CB, et qu’il soit enregistré dans les bases de données d’Apple, ça me défrise le sous-bassement, même si je dois bien reconnaitre que c’est très fort d’un point de vue marketing ! Le client pouvant être soudain pris d’une volte face au moment de passer à la caisse !)
– Un peu d’inquiétude par contre, face à l’hégémonie d’Apple, qui semble se concrétiser… les monopoles, c’est pas bon…
Le commentaire -fort intéressant – de Benjamin, ci dessus, me fait craindre à terme un phénomène semblable dans le cinéma.
Faisant partie d’un Ciné club associatif, j’ai souvent des écho des négociations avec les distributeurs… des Flibustiers, aussi? Oui! oui!
A force de vouloir sauvegarder un modèle économique périmé, les Majors courent à leur perte. je ne m’en affligerais pas, si l’après Major n’avait comme appellation, Apple… (Rien de personnel, ce serait pareil avec Microsoft ou Creative, ou Archos, ou Moulinex…)
Comment leur faire entrer ça dans le crane?
A savoir que sur Apple tu n’es pas obligé de donner ta CB pour créer un compte.
C'est sûr qu'Apple avec son chiffre d'affaire dans tous les domaines attire les convoitises. Mais ils ont été plus malin que les majors qui encore une fois n'ont rien vu venir. Ils n'ont volé personne non plus. On verra quand google fera la même chose ce qui se passera pour les majors.
C’est vrai que côté distribution, elles ont tout fait aussi pour éliminer le moindre site au potentiel important, d’abord en tuant la concurrence des diffuseurs potentiels dans l’oeuf (Spotify est revenu de loin), et au final pour proposer des contrats exorbitants aux peu qui restent. Tu le soulignes bien.
En revanche, les majors doivent continuer de percevoir un pourcentage sur chaque titre vendu car il ne me semble pas que l’ouverture de leurs catalogues à un intermédiaire les en empêche ; ce qui est loin de les faire crever dans quelques années… Ou alors, j’ai loupé une saison en économie 😉
En fait, ce qu’elles détestent, et, ce pourquoi elles pleurnichent, c’est surtout le fait qu’elles aimeraient éviter de partager la part du gâteau avec Apple, qui sait à son tour se servir. Elles n’avaient juste plus l’habitude du partage des gains, et faire grimper le prix du titre pour rattraper ce manque habituel ferait plus que faire grogner les clients (déjà que c’est cher…)
Oui,c’est vrai, tu as parfaitement raison, leurs disparition totale n’est pas pour demain, j’ai été un peu vite en besogne !
C’ets marrant, le partage n’est vraiment pas au gout du jour !
http://www.emimusic.com/wp-content/uploads/2010/02/MCL_AR_09101.pdf
ça vaut le coup d’être lu en entier.