Et si le Président pouvait couper Internet ?

On se calme ! L’idée ne vient pas d’un député français mais de sénateurs américains (… ah! Vous non plus ça ne vous rassure pas ?). En plus elle n’est pas vraiment nouvelle. Mais n’empêche quand on y pense, ça peut faire un peu peur.

On sait qu’Internet est au coeur de tous les systèmes d’information des entreprises, des administrations, des forces armées… cet état de fait rend vulnérable une nation à des attaques encore rares mais bien réelles, comme on a pu le voir avec la Georgie ou l’Estonie. Le Sénat américain propose donc que le président puisse avoir le loisir d’éteindre une partie du Net en cas d’attaque .. ou de diffusion d’une information pouvant mettre en danger la Nation. Typiquement la diffusion d’informations financières érronées destinées à faire plonger un cours de bourse en vue d’une OPA, ou, et là c’est plus sérieux, des informations classées défense.

« nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre un cyber 11 septembre avant que notre gouvernement réalise l’importance de protéger nos ressources informatiques » (Susan M. Collins)

Le projet de loi est principalement porté par le sénateur  Joe Lieberman qui le décrit comme un ensemble de mesures visant « à préserver les réseaux actifs et de notre pays et de protéger notre peuple ». C’est un discours qui nous est assez familier en Europe, car la censure, c’est bien connu, c’est toujours pour « vous protéger ». TechAmerica s’inquiète de dérives possibles et d’un risque de contrôle absolu de l’État sur le Net qui s’octroi par exemple le pouvoir « d’arrêter ou de limiter le trafic Internet sur les systèmes privés ».

Concrètement, le président disposerait du droit de contrôler l’Internet… un terme qui revient de plus en plus sur la table et qui passera probablement les frontières dans peu de temps. Contrôler un flux d’information est fort complexe, la meilleure solution reste donc celle du blackout pur et simple et c’est bien ce qu’envisage le Sénat américain. Le projet implique que toutes les entreprises, les moteurs de recherche, les réseaux sociaux, les sites d’information… devront se plier aux directives du DHS (Department of Homeland Security) qui prend la menace Internet de plus en plus au sérieux.

Rappelons que contrairement à la stratégie politique qui se dessine en France, les fournisseurs d’accès américains n’ont aucun droit d’exercer une surveillance des citoyens américains.

Cette proposition intervient dans un contexte international assez tendu pour les USA qui traquent activement le fondateur de Wikileak, Julian Assange et l’arrestation de Bradley Manning qui est soupçonné d’être la source du plus gros buzz de Wikileaks, une video assez horrible que je n’ai pas vraiment envie de diffuser ici. Filmée à Bagdad au coeur des affrontements depuis un hélicoptère de l’armée américaine, on peut y voir groupe de personnes (en fait un journaliste et des civils … même deux enfants) sur lequel l’hélicoptère ouvre le feu. C’est un carnage. Wikileaks assure le teasing d’une prochaine vidéo à venir et les autorités américaines sont sur les dents car cette histoire plonge l’administration dans un sérieux embarras, on peut les comprendre.

Si cette loi venait à passer aux USA, nous aurions donc de fortes chances d’hériter dans nos contrées de projets de loi similaires (même si elle ne passe pas d’ailleurs), la grande inconnue maintenant est la définition exacte du périmètre de la main mise des États sur le Net.

Orange : le logiciel de contrôle de téléchargement est retiré de la vente

Il s’est passé beaucoup de choses depuis dimanche dernier, je n’ai pas trop souhaité commenter quoi que ce soit tant qu’une réponse satisfaisante n’était pas apportée.

Aujourd’hui Orange a pris une décision courageuse dans un contexte particulièrement difficile. Dans un communiqué officiel, le fournisseur d’accès retire de sa boutique en ligne sa solution de contrôle de téléchargement.

Orange nous signale également que les données collectées par le dispositif n’étaient en aucun cas destinées à être transmises à la HADOPI. Elles restaient strictement chez le fournisseur d’accès. A ce sujet, je dois dire que même si j’ai eu des soupçons, je suis tout à fait disposé à croire Orange car je doute également que l’opérateur se compromette dans ce genre d’exercice de style qui serait une erreur sur les plans juridiques … et médiatiques.

Je voulais aussi vous parler du reverse du client lui même … Avec fo0 nous l’avons examiné, cherché à comprendre les motivations et ce que nous avons trouvé nous a plutôt rassuré. que vous dire sinon que je suis admiratif de la vitesse à laquelle ceci a été fait et de la qualité du billet posté sur fulldisclosure. L’exploit lui même est un modèle du genre, payload obfuscated, le packaging, la poésie Ruby… les personnes qui ont fait ça ne sont manifestement pas animées de mauvaises intentions, d’autres indices me poussent même à affirmer qu’il n’attaqueront pas et que cet advisory est à pur titre informatif… et ils sont définitivement trop doués pour être idiots.

Cependant, il faut être conscient qu’un risque subsiste pour les personnes qui ont installé le logiciel, Orange est en train de contacter la vingtaine de clients concernés depuis hier après-midi pour leur expliquer l’arrêt de l’offre et les aider à désinstaller le logiciel

  1. Si vous avez installé le logiciel, désinstallez le. Il est vulnérable à des attaques permettant d’exécuter du code malicieux.
  2. Si vous êtes abonné Orange et que vous recevez un mailing vous invitant à télécharger ce logiciel (même gratuitement), renvoyez aussitôt ce mail en pièce jointe avec ses en-têtes complets à [email protected] : il s’agit d’une tentative de phishing visant à infecter votre machine.

Mon sentiment profond, vous le connaissez surement. Ce genre de solution ne peut créer plus de sécurité pour les utilisateurs, l’histoire nous a maintes fois démontré le contraire. D’autres dispositifs existent, j’ai par exemple des soupçons de modules intégrés directement sur les DSLAM chez d’autres opérateurs… mais pas de preuves pour étayer cette hypothèse. J’espère simplement qu’ils auront l’honnêteté de communiquer sur le type de dispositif mis en place, les données collectées ainsi que leur traitement.

Pour conclure je retire un enseignement de tout ça qui me fait fait chaud au cœur, il y a une véritable communauté de hackers en France que je pensais morte. J’espère que les entreprises en prendront bonne note et tenteront de s’en rapprocher, pour ouvrir un dialogue sur les bons usages en termes de respect de la vie privée et de sécurité. Pourquoi ne pas par exemple nous donner tous rendez-vous pour le prochain Pas Sage en Seine ?

HADOPI : Le Firewall OpenOffice est maintenant une réalité

C’est fait, le premier firewall Openoffice est maintenant une réalité, il a vu le jour hier soir. Son géniteur, Pollux, nous a procuré un moment de bonheur intense avec ce chef d’oeuvre d’humour et d’ingéniosité.

Inutile de revenir sur les origines de ce firewall, vous les connaissez sans doute, pour ceux qui étaient sur une autre planète pendant les débats parlementaires sur HADOPI, vous avez droit à une piqure de rappel :

Mieux, l’oeuvre de Pollux n’est pas une vaporware … il fonctionne bel et bien. Son architecture est clairement spécifiée sur son blog. Codé en Python, utilisant PythonUno, Nfqueue, une feuille de calcul OpenOffice comme interface graphique, et surtout Netfilter, ce qui ne devait être qu’une blague pour geek filtre bel et bien des paquets !

Vous pouvez le télécharger ici,

Merci Pollux, tu r0x !

Google et les retraits de contenus: j’en enlève deux et je t’en donne 1000

Je suis un peu gêné, car je ne sais pas trop comment vous présenter cette information, je n’ai pas envie de taper sur qui que ce soit dans cette histoire mais juste de pointer du doigt un truc que j’ai vraiment trouvé surprenant. J’ai un peu de mal à m’expliquer le concept pour tout vous dire :

  • soit Google a beaucoup d’humour,
  • soit la loi américaine est ainsi et  là, c’est encore plus drôle.

Ce soir, j’ai eu la surprise de tomber, en pied de page d’une recherche Google, sur un truc assez hors du commun. Voici le message en question :

Google indique que sur demande d’un ayant-droit, il a du retirer de sa recherche 2 résultats, et propose un lien « à titre informatif ». Naïvement, je clique en m’attendant à tomber sur quelques lignes explicatives… mais voilà sur quoi je tombe :

Il s’agit de la plainte en question reçue par Google, elle comporte non pas de 2 liens comme l’évoque Google, mais l’intégralité des liens déclarés par la Twentieth Century Fox Film Corporation, en date du 4 mai 2010. En clair, pour avoir retiré deux liens de sa recherche, Google publie une liste de plus d’un millier de liens tous frais sur des contenus copyrightés.

Je ne connais pas assez bien la législation américaine et le DMCA, ni s’il y est d’usage de publier les plaintes d’ayants-droit ainsi que les listes de contenus sur lesquels « il ne faut pas se rendre » mais j’ai trouvé ça vraiment extraordinaire dans la manière de procéder. A l’heure où l’on parle de listes de sites à filtrer en France, on imagine mal Google observer ce genre de pratiques ici. Sauf que l’on parle d’Internet avec tout ce que ceci implique en terme de douaniers dans routeurs (ça rentre pas dans la boîboîte) et l’air de rien, ce genre de petit décalage philosophico juridique risque de poser quelques soucis un jour ou l’autre. Il va falloir harmoniser un peu les usages car on imagine mal voir ce genre de listes publiées de par chez nous. La défense aveugle du copyright mène a des absurdités, en voilà un bel exemple.

HADOPI et failware de « sécurisation » Orange

La sécurité par l’obscurantisme est de l’avis de tous les spécialistes une erreur stratégique. L’épisode d’hier sur le logiciel de « sécurisation » HADOPI était malheureusement dramatiquement prévisible. D’ailleurs Cédric Blancher, il y a quelques jours, signalait l’important risque qui planait autour de ces solutions de « sécurisation » et rappelait de tristes épisodes où ce genre de failwares se sont illustrés.

Et bien l’histoire s’est répétée à croire qu’il ne pouvait pas en être autrement…

Mais quand on y pense c’est quand même assez surprenant :

  • Ensuite parce qu’il semble que des internautes aient trouvé des choses vraiment très suspectes, comme ce HadopiTechnicalServlet qui laisse planner un doute sur ce que deviennent les données collectées par ce logiciel de « sécurisation ».
  • Enfin je me sens assez partagé entre colère, incompréhension et espoir. La colère pour la désinformation et ce n’est pas la première fois que l’opérateur nous fait le coup, l’incompréhension car ceci ne peut profiter à personne, ni aux artistes qui n’y gagneront rien, ni aux internautes qu’on prend manifestement pour des crétins (vous achèteriez une camera de video surveillance municipale à placer dans votre salon vous ?), et l’espoir qu’un jour ou l’autre, tout le monde ouvrira les yeux sur le danger HADOPI.

Mais voyons le bon côté des choses :

La sécurité à deux euros par mois, ça n’existe pas, la sécurité est un ensemble de process, pas un produit.

Orange vous sécurise … ayez confiance !

Si une personne d’Orange pouvait me contacter SVP… il y a un très gros problème avec votre web-console, oui oui … celle du mouchard HADOPI…

EDIT : il semble que Orange et Nordnet aient rapidement réagi, c’est à porter à leur crédit.

On savait que le soft de sécurisation HADOPI allait être un moment bien rock’n roll,et bien voilà, c’est fait ! Les ip de ses clients sont accessibles sur le Net, ça donne vraiment envie qu’Orange vous « sécurise » non ? Il manque plus qu’un OpenOffice en remote et on est blindés 😉

Le logiciel proposé à la vente par Orange est sensé vous prémunir de l’utilisation de logiciels susceptibles de vous valoir les foudres de la HADOPI. En clair, vous payez 2 euros pour ne plus avoir le droit d’utiliser un logiciel P2P, même si ce que vous souhaitez télécharger est légal. En soit le concept est assez crétin. Mais là, le comble c’est la mise en place. Le logiciel communique avec un serveur distant, un servlet java en fait situé sur l’ip 195.146.235.67. Tout transite en clair, et tout est PUBLIC… on a même les IP des clients qui ont activé et acheté ce soft, comme les ip des simples visiteurs de cette page qui va devenir culte.

Pour obtenir l’ip de ce serveur, nous avons « sniffé » les sorties de ce soft avec Wireshark sur notre propre réseau local, du coup, nous n’avons pas eu trop de mal à trouver ce servlet… très drôle non ? C’est pas ça une négligence caractérisée ?

Toujours à propos du soft de « sécurisation » Hadopi par Orange, et surtout du servlet distant, il y a bien pire… un truc ahurissant nous a été signalé sur Twitter, mais nous ne le publierons pas…

LOPPSI : Hortefeux prépare un sale coup, et c’est pour mercredi prochain

Je viens d’apprendre à l’instant via Le Point que Brice Hortefeux aurait déclaré à l’hebdomadaire, que la LOPPSI, loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure,  qu’on nous annonçait repoussée aux calendes grecques (pour une soit disant surcharge de travail) serait finalement présentée dés mercredi en commission au Sénat (et hop la surcharge de travail n’est plus qu’un mauvais souvenir). Ca se passera donc le mercredi 2 juin au Sénat salle 216 comme on peut le voir ici, la commission examinera le rapport de Jean-Patrick Courtois :

« – Examen du rapport de M. Jean-Patrick Courtois et du texte proposé par la commission pour le projet de loi n° 292 (2009-2010), adopté par l’Assemblée nationale, d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure. »

Et devinez quoi ….

« Le délai limite pour le dépôt des amendements auprès du secrétariat de la commission ([email protected]) est fixé au lundi 31 mai 2010 à 12 heures. »

On se demande donc tout de suite pourquoi cet empressement alors que notre pays glisse doucement vers une crise sociale profonde … et peut être même … une récession. Et comme par hasard, d’un coup LOPSSI devient une priorité. D’un côté, mieux vaut que les lois répressives soient votées avant l’annonce d’un plan d’austérité pour calmer la populasse me direz vous.

Pas encore de calendrier plus précis sur la navette parlementaire mais ceci ne laisse rien augurer de très bon car cette précipitation intervient dans un contexte assez particulier, rappelons que le 1er juin c’est le rapport Gallo qui sera mis au vote à la JURI du Parlement européen .

La date du Mercredi 2 juin est peut être sans rapport avec ACTA, mais cette empressement soudain ne présage rien de bon, ca sent le passage en force. Il y a aussi ces rumeurs de remaniement ministériel qui peuvent entrer en compte. Entamer l’examen d’un texte foutoir où tout y côtoie n’importe quoi à la veille d’un remaniement n’est peut être pas non plus anodin.

On sait d’où viennent les ordres, reste maintenant à découvrir la stratégie qui sera employée pour faire passer la pilule de l’inacceptable.

Brice Hortefeux le promet « Il y aura autant de lois, de décrets, de textes, de plans d’action qui seront nécessaires pour y faire face » … et plus encore si affinités.

Restons donc très vigilants.

Le secrétariat d’Etat à l’économie numérique va t-il disparaitre ?

Peut être vous souvenez-vous, il y a quelques mois, des questions que je me posais sur le rôle de Nathalie Kosciusko-Morizet au sein de son secrétariat d’Etat à l’économie numérique, c’était certes un peu violent, mais l’histoire me donne raison et c’est loin de me faire plaisir. La conjoncture actuelle m’invite à revenir sur le bilan de NKM (ca va être rapide) et sur le devenir de son secrétariat d’Etat qu’elle chercherait actuellement à quitter, et ça aussi on va tenter de comprendre pourquoi.

Commençons par le bilan : craintes confirmées, NKM a brillé par son absence systématique de tous les débats sur lesquels les internautes attendaient de sa part des propositions concrètes pour endiguer les ardeurs d’une frange minoritaire du Parlement qui compte mettre Internet sous le coup de lois martiales comme HADOPI ou LOPPSI. NKM a également été totalement absente sur le déploiement du très haut débit ou sur les débats sur le registre général d’interopérabilité (RGI) qui visait entre autres à standardiser les formats ouverts d’Open Office pour les administrations dans le cadre du plan de modernisation de l’Etat… là encore … rien… Côté ACTA, c’est encore pire, pas un mot, mais là me direz vous c’est normal puis que c’est plutôt du côté de l’Union européenne que ça se passe… Oui enfin n’empêche que Mme Gallo fait bien partie de la même majorité que NKM et c’est bien elle qui defend bec et ongle la ligne la plus dure de l’ACTA, elle est donc bien placée pour aller expliquer que la dictature du copyright sur Internet c’est le meilleur moyen de le tuer.

Conclusion sur ce bilan : NKM a échoué sur LE point qui pourri l’internet, LE seul qu’on lui demandait de régler, celui qui est la cause de la riposte graduée, de la politique stupide de repression coûteuse et n’apportant strictement rien aux artistes, cette même politique qui instaure le filtrage et le blocage des sites … un échec total … sur toute la ligne. NKM n’aura pas pu éviter que le gouvernement s’oriente vers une société de surveillance et de répression.

NKM nous aura laissé un Net à feu et à sang en nous baladant avec sa risible consultation sur le droit à l’oubli numérique et ses conclusions sur la Net Neutrality au colloque de l’ARCEP qui invitent tout simplement au DPI, le deep packet inspection, la forme de filtrage la plus odieuse, intrusive et irrespectueuse de la vie privée  (le coup de l’octet légal, désolé mais je le digère toujours pas), chose qu’elle se défendait d’envisager. Oui je suis déçu et c’est peu de le dire. Surtout qu’on l’a senti venir de loin.

Les 4,5 milliards qu’elle a récupéré sur le grand emprunt pour le Numérique sont son seul fait d’arme… mais dés qu’on regarde d’un peu plus près, on se rend compte que d’une part avec la crise, il y a des chances que ce budget soit revu à la baisse, et que de toutes manières, ils représentent 15% du montant qu’il faudrait pour déployer la fibre optique.

Du coup, c’est sur Hack45 qu’un bon coup de pied dans le cocotier a été donné initialement. On y découvre 3 hypothèses sur le devenir du secrétariat d’Etat à l’économie Numérique … et ça fait froid dans le dos :

Hypthèse 1 (on peut toujours rêver) : il va se transformer en ministère du numérique, dans lequel le Ministre sera saisi des dossiers que Nicolas Sarkozy a pris l’habitude de faire voter sous la menace (Comme HADOPI ou LOPPSI) à un mariais de godillots, en leur demandant de voter aveuglément un texte d’une inconsistance et d’une stupidité rare. On imagine alors une république parfaite, dans laquelle les responsables politiques s’impliquent dans le mandat qui leur a été confié… et font leur travail correctement car on leur en donne les moyens.

Hypothèse 2 (la plus plausible) : on ne touche pas au secrétariat d’Etat et on trouve un autre pantin que l’on pourra agiter devant les Geeks, en gardant une bonne vielle habitude : celle de ne lui confier aucun des dossiers qui affairent pourtant directement à la fonction, en lui demandant en plus de se taire ! Bref on ne change rien du tout. Si cette solution venait à être choisie, il n’y a pas grand monde à droite pour assurer cette fonction … mon petit doigt me dit qu’ils sont en fait deux en liste et je ne vous citerai pour le moment qu’un seul nom, celui de Laure de la Raudière, député de la 3e circonscription d’Eure-et-Loir qu’on aurait vraiment aimé voir prendre part un peu plus aux débats sur lesquelles elle avait, comme les autres députés de la majorité présidentielle, consigne de voter aveuglément (et oui je parle bien d’HADOPI). Toujours est-il que s’il y a bien une personne capable de briguer ce poste ou celui évoqué au dessus dans l’hypothèse 1 … c’est bien elle. Mais dans le cadre de cette seconde hypothèse, j’y réfléchirai à deux fois à sa place. Soit elle assurera un rôle volontariste et impliqué parce qu’on lui en donne les moyens. Soit elle se retrouvera cantonnée à jouer la NKM 2 pour servir un peu plus la politique présidentielle susurrée par les lobby, ce qui serait indécent quand on connait la pertinence de Laure de la Raudière et sa compétence indiscutable sur les questions du numérique.

Hypothèse 3 : (très certainement la pire et malheureusement très plausible également) diluer ce secrétariat d’Etat à la faveur de deux ministères :

  • Le ministère de l’Industrie et l’expert Christian Estrosi (c’est un expert, à n’en pas douter : demandez aux niçois combien d’années d’avance ils ont sur cette niche très prisée des caméras numériques de flicage de la population … pardon, de « video-protection »)
  • Le ministère de la culture : si la présidence cherche un bon pantin bien inutile, avec assez de casseroles aux fesses pour être tenu en respect, et surtout ne disposant pas des connexions synaptiques nécessaires pour mener une réflexion et conduire des actions pour stimuler l’économie numérique, il est vrai que le ministère de la culture a déjà fait ses preuves, Nicolas Sarkozy n’aura aucun mal à imposer l’absurde pour servir d’autres cadeaux indécents à l’industrie du disque ou à placer l’internet français sous le coup de la censure du CSA (une idée initialement véhiculée par l’intarissable Frédéric Lefèbvre et qui continue à faire son chemin dans une certaine classe politique nostalgique de l’ORTF).

Si la nomination de Laure de la Raudière me réjouirait, c’est vrai qu’elle a de quoi s’inquiéter de la marge de manoeuvre que l’Elysée lui laissera, et comme je le disais en parlant de NKM, si c’est pour avoir la consigne de se taire systématiquement sur tous les dossiers chauds qui touchent au numérique, ce n’est même pas la peine d’accepter ce poste.

Si c’est la 3e hypothèse qui se confirme, il y a de grandes chances pour que la situation dégénère, tant du côté des internautes que des professionnels qui n’accepteraient pas de se trouver sous la houlette technocrate et parfaitement e-gnarde du ministère de l’Industrie, ou sous la coupe non moins e-gnarde de celle du Ministère de la culture.

Les rumeurs font état d’une volonté de NKM de quitter ce poste. Il faut dire que l’Elysée ne l’a pas gâté en envoyant au front une Christine Albanel en perdition dans un hémicycle où elle a été raillée tant de ses confrères que des internautes. Nkm, elle, avait consigne de se taire, et parfois c’est intenable. je demeure convaincu que c’est une femme très compétente et je lui souhaite d’exprimer ses talents à un poste où elle en aura le droit… malgré ma lourde déception.

En attendant de savoir qui sera nommé ministre du minitel … ACTA la Vista NKM.

La victimisation de Wawa-Mania m’énerve

Je viens de tomber sur la vidéo du NouvelObs de la descente de la ligue ODEBI et Wawa-Mania à l’ALPA (Association de Lutte Contre la Piraterie Audiovisuelle), je vais encore me faires des copains, ce billet risque de vous surprendre de ma part, mais voilà ce que j’en pense : c’est un chef d’oeuvre de désinformation partisane qui discrédite au plus haut point les travaux accomplis de manière citoyenne par les anti HADOPI.

Zac, l’administrateur de Wawa Mania, accompagné d’une poignée de personnes de la Ligue ODEBI, rebaptisée pour l’occasion en ATILD (Association pour le téléchargement sur Internet et la Libre Diffusion) investi les locaux de l’ALPA. Aurelien Bloch est présenté comme le leader de l’ATILD, c’est également une personne très investie dans les actions et même le « cercle » de la ligue ODEBI.

Comprenons nous bien, je ne défend pas un instant l’ALPA qui reste à mes yeux un organisme parasite qui n’a pas sa place dans une société du 21e siècle qui souhaiterait vraiment que les artistes vivent de leur art. Ou plutôt si, elle a sa place, pour tomber sur le râble de personnes comme Zac, et je vais ici vous expliquer pourquoi.

Mais d’abord, voici la vidéo en question :

On se replace dans le contexte

Wawa-Mania est principalement articulé autour d’un forum sur lequel Zac diffuse des liens de téléchargement d’oeuvres copyrightées. Petite subtilité qu’il omet de préciser dans la vidéo du NouvelObs, Zac truffe de publicité l’accès à ses liens, ce qui couplé à un trafic important (on parle de 500 000 membres sur le forum), lui apporte de substantiels revenus. Dans une interview qu’il accordait à France 2, la police le soupçonne d’encaisser  4000 euros par mois ! Je serai même curieux de savoir ce qu’il a reversé au fisc. Tout ça en diffusant des matériaux qui ne lui appartiennent pas. Si ces oeuvres étaient matérialisées, on appellerait ça du recel, purement et simplement. Le plus dingue, c’est qu’il raconte ça avec un grand sourire devant les cameras en se faisant passer pour un Robin des Bois… mais qu’a t-il reversé aux artistes dont il a allègrement exploité commercialement les oeuvres ?

Voici la vidéo du reportage de Envoyé Spécial dans lequel Zac fanfaronne devant les caméras en disant qu’il ne risque rien puisque son serveur est au Pays-Bas … à mourir de rire. Quelques mois plus tard, c’est bien un an de prison en détention provisoire qu’il risque, et du coup il fait moins le malin.

En ce qui me concerne, Zac est un usurpateur, et représente ce qui existe de pire pour les personnes qui défendent la licence globale ou des alternatives à la repression stupide et aux croisades du copyright. Je suis simplement consterné de voir que Ligue Odebi se compromette dans ce genre d’affaire qui n’a plus rien à voir avec le téléchargement par un particulier dans un cadre strictement privé. La ligue ODEBI soutien ouvertement ici un voleur … ni plus ni moins, si elle souhaitait jeter le discrédit sur tout le travail accomplis jusque là … c’est gagné. Soutenir Wawa-Mania c’est soutenir un échange bien commercial et non le partage !

Non Zac n’est pas emblématique de la lutte contre la répression numérique, il n’y a même pas sa place, sa place pour le moment c’est dans le box des accusés pour des faits d’enrichissement personnel sur le dos des artistes … de la vraie piraterie au sens Litrée du terme, je cite « celui qui s’enrichi aux dépends d’autrui« . Je n’ai aucune sympathie pour lui, et je condamne vivement aussi bien ses pratiques que la démagogie de la Ligue ODEBI sur ce point précis.

Le Sénateur Masson vs l’anonymat des blogs … xptdr … lol 2.0 #proxy #vpn #offshorehosting #tor

stay anonymousUn peu d’histoire

Je confesse volontiers que j’ai mis un peu de temps à venir mettre une petite quiche sur le coin du crâne du Sénateur Masson suite à son délirium sur l’anonymat des blogueurs hexagonaux. Comme beaucoup, au début, je me suis dit « tien, en voila encore un qui cherche des nouveaux followers sur Twitter et des copains à superpoker sur Facebook » (c’est gagné, il a réussi à faire parler de lui dans le monde entier, et comme à chaque fois en matière d’Internet, on passe pour des cons)… mais le mal était plus profond. De mal remonte à des temps que nombre d’entre nous n’ont pas connu … je dépoussière mon bouquin d’histoire et je remonte en des temps immémoriaux, en cette France paradisiaque d’après guerre, en pleine reconstruction, avec à sa tête un président … enfin un général volontariste et charismatique, à cette époque ou on ne passait pas 45 minutes à regarder le programme télévision … il n’y avait qu’une seule chaîne, l’ORTF … raaah la la ! Que c’était bien ce temps là ! Au moins quand on était à l’ORTF on ne risquait pas de se faire apostropher publiquement par une personne du « peuple ». Bon ok, les mauvais esprits ne manqueront pas de demander « comment on appelle un pays dirigé par un militaire et qui n’a qu’une seule chaine de télévision ?« . Mais maintenant avec son Internet « tout pourri » le peuple peut apostropher les hautes sphères publiquement et se faire « retweeter » tout en balançant des vidéos sur Youtube avec son téléphone portable… comme si l’ORTF donnait la parole aux citoyens entre deux interventions du général.

Les castes 2.0

Ce sont ces temps que certains députés et maintenant sénateurs semblent regretter. Car figurez vous que sous couvert d’anonymat, ces satanés blogueurs, qui comme le rappelle fort justement Murielle Marlan Militello, ne sont pas des citoyens, se permettent des familiarités avec une classe politique toujours irréprochable. Parmi les dangereux fauteurs de troubles, on se souviendra par exemple cette mère de famille, anonyme elle aussi, convoquée au commissariat de police pour avoir osé écrire en commentaire d’une vidéo sur un réseau social une injure de gros calibre à l’encontre de Nadine Morano, attention âmes sensibles ne lisez pas ce qui va suivre : « hou la menteuse« . Je sais pas si vous me suivez jusque là, mais je viens de dire « anonyme » et juste après, « convoquée au commissariat » … mais on va y revenir. Une telle preuve d’irrespect envers les plus hautes fonctions de la République est intolérable, vous le comprendrez bien, ça mérite au moins d’aller jusqu’au tribunal. Quand un président dit « casses toi pauvre con » à un citoyen lambda, c’est bien fait pour la tronche du citoyen qui n’avait qu’à pas être un « lambda ». Par contre quand un lambda s’en prend à la caste d’anciens combattants de la guerre 3615, il faut … légiférer ! Quitte à écrire un monceau de conneries comme pour HADOPI, … il faut légiférer… comme s’il n’y avait en ce moment pas de sujets plus importants à traiter. Vous voyez si j’avais l’esprit tordu, je dirais que Monsieur Masson a reçu l’ordre de balancer son projet de loi pour faire diversion… tant que les blogs restent loin de la crise économique et de la pré campagne de notre présipaute, tout va bien.

Le sénateur Masson et Jacques Myard ont le « même prof d’Internet ».

Quand on est sénateur, usuellement, on est sensé connaitre un minimum les texte qu’on a voté, c’est comme ça que notre Parlement est fichu, mais même comme ça, et bien ça ne fonctionne pas toujours comme ça devrait au niveau des connexions cérébrales. Visiblement, le sénateur Masson, lui, n’a pas lu le texte de la LCEN. Du coup il est persuadé que les internautes sont de vils couards anonymes et qu’une loi les obligeant à aller se présenter en préfecture avec leur carte d’identité biométrique avant ouverture d’un Skyblog va regler les problèmes de cet Internet « tout pourri » (© 2009 J.Myard), vous savez, « la pire des choses que l’homme n’ai jamais inventé » comme le soulignait le brillant professeur es sciences cognitives Jacques Seguela.

Et oui sauf que notre mère de famille qui a eu l’outrecuidance d’injurier Nadine Morano avec un si vulgaire « hou la menteuse » se croyait anonyme elle aussi. Jusqu’à ce que Nadine Morano ne décide (sûrement aux frais de la République d’ailleurs, mais à vérifier) de savoir qui se cachait derrière ce pseudo. Dans ces cas là, on commence par consulter un avocat, qui fait une belle lettre à Youtube, Youtube vous envoi sur les roses car tant qu’il n’y a pas une demande formalisée par un juge, il se fout complètement de vos demandes. On obtient donc ce qu’il faut au bout de quelques jours et quelques milliers d’euros et hop Youtube se décide enfin à vous filer l’adresse ip de l’auteur de cet abjecte commentaire « hou la menteuse »… mais l’enjeu en valait bien la chandelle non ? Il ne nous reste maintenant plus qu’à aller voir le fournisseur d’accès Internet pour lui demander quel était la personne qui se cachait derrière telle adresse ip à telle heure…. « You don’t mess with Nadine ! ». Quelques milliers d’euros pour un « hou la menteuse », la République pouvait bien se l’offrir, après tout Nadine Morano « le vaut bien ».

Notre Sénateur Masson, vous venez de le constater, fait une première erreur très « basique ». Non en France, les internautes ne sont pas réellement anonymes, il sont identifié par une adresse IP (puisque la HADOPI vous dit que c’est un élément fiable d’identité et que vous avez voté pour, vous devriez lui faire confiance monsieur le Sénateur), voir un. Cet anonymat relatif qui est ici la règle est une bonne chose car il représente un point d’équilibre entre liberté d’expression et efficacité d’une enquête judiciaire. Mettre fin à l’anonymat tout relatif des blogueurs c’est aussi le meilleur moyen de mettre en faillite tous les hébergeurs français et de rendre sourds et aveugles tous les services de renseignement (et oui, on va s’amuser quand il va falloir reconnaitre un flux toréfié de /bin/laden entre les flux torréfiés de khorben, de ReadWriteWeb, du blog de Morandini (ah non pas lui il parait que c’est un professionnel donc il a pas le droit à l’anonymat), du blog de l’amicale philatéliste  Saint-Albanaise…).

L’anonymat et les fantasmes d’une classe politique au bord de la crise de nerf

L’anonymat c’est un peu comme les frites Mc Cain c’est toujours ceux qui en savent le moins qui parlent le plus. On cherche donc des manières un peu smart pour calmer les ardeurs des blogueurs dissidents. c’est exactement le rôle de ce texte crétin sur le droit à l’oubli (on attend un texte sur le devoir d’être moins cons quand on est devant le Net), qui va permettre à nos hautes castes 2.0 de virer les casseroles affichées sur leur page Wikipedia. La fin de l’anonymat des blogs c’est un peu pareil, sur le papier on va vous le présenter comme un « droit » pour vous « protéger », en pratique, seuls les entreprises et les puissants de ce monde pourront se payer un avocat pour broyer un petit blog pour une broutille.

En clair, il faut vraiment que les politiques se trouvent dans une épouvantable détresse pour accoucher de ce type de  dangereuses absurdités. La fin de l’anonymat sur Internet, c’est la fin de 80% de ses contributions… enfin en France car un proxy ou un vpn, un hébergement gratuit à l’étranger … et hop le blogueur redevient anonyme en quelques secondes.

Si un tel projet de loi voit le jour en France, je vous fait la promesse de tuer ce blog pour en ouvrir un autre quelque part, dans une ile du Pacifique, où quelques une de mes machines seront ravies d’accueillir les blogs de tous mes copains (à la louche comme ça je dois avoir assez de place pour un bon millier de copains qui refuseront de se plier à cette absurdité). Si ce truc arrive dans l’hémicycle, ce blog tel que vous le connaissez disparaitra de la toile hexagonale et réapparaitra sous un autre nom, de manière anonyme cette fois, et il distribuera les baffes que je me retiens chaque jour de distribuer depuis plusieurs années.

En attendant un billet bien saignant de Maître Eolas sur ce sujet, je vous invite à signer cette pétition de Wikio qui s’oppose au projet de loi du Sénateur Masson.