Dans la tête d’un Apple Fan Boy, et de l’inutilité de chercher à argumenter

Il y a quelques temps maintenant, j’ai blasphémé. J’ai osé émettre un commentaire sur l'(in)utilité d’investir 1200 euros dans un smartphone. Vous devinez probablement lequel. Je vais avoir la courtoisie de ne pas vous embarquer dans une lecture trop longue en vous le confirmant : oui c’est un énième troll Android vs Apple. Tout est parti d’un post d’un pote sur un réseau social bien connu (NB : le thread a été supprimé). Venant du monde Android, il est passé sur un iPhone X. Les 12 premières vagues d’Apple fan boys (AFB) le félicitant passées, ivre, je poste un avis un peu plus critique sur Facebook (oui, j’ai blasphémé, par deux fois et j’expie). Cet avis, que j’ai eu le malheur d’argumenter un peu, se résumait en 3 points :

  • l’obsolescence programmée ;
  • la confidentialité douteuse ;
  • la fermeture.

Bref, on a un truc dont on peut parfois sortir, on y perd son intimité, c’est fermé et cher… à vue de nez, on parlerait presque d’une cellule pénitentiaire au tarif horaire d’une suite impériale au Ritz.

De l’obsolescence programmée

Mon postula est de partir du fait que l’on garde en moyenne un téléphone entre 2 et 3 ans⁽¹⁾, ce qui en fait donc un bien de consommation, jetable (ou recyclable). Qu’il s’agisse d’un téléphone coréen, (ex. un Samsung à 800 euros), chinois (de la marque que vous voulez, basé sur un chip Mediatek, Qualcomm ou un Kirin de Huawei plus ou moins récent) à moins de 300 euros, ou re chinois à 1200 euros mais avec une pomme « designed in the US » dessus. L’un des participants à la conversation, utilisateur d’iPhone convaincu, confesse lui même dans l’un des commentaires qu’il change d’iPhone tous les deux ans et qu’il revend son smartphone à 50% de son prix d’achat. Il existe plusieurs facteurs pouvant expliquer cette durée de vie relativement courte (ne vous souvenez vous pas avoir conservé votre Nokia 3310 4 ou 5 ans ?) :

  • Un smartphone est plus fragile que nos anciens GSM (écrans plus grand, composants internes plus nombreux, plus petits et donc globalement plus fragiles) ;
  • le smartphone est devenu un objet hype (presque) sans distinction d’âge, que nous avons intégré dans notre quotidien, et comme tout doudou numérique accessoire de mode, on est souvent facilement tenté d’en changer. J’ai même eu vent de personnes capables de faire la queue pendant des dizaines d’heures devant un pomme’store pour être le premier à tenir le Saint Graal entre ses mains. Une curieuse pratique que l’on ne retrouve pas (encore) dans le monde Android… faire la queue pendant des heures pour se faire soulager de 1200 euros, seul Apple y parvient.
  • on ne va pas se le cacher, ce qui tire par le haut le « besoin » de ressources en terme de puissance CPU, GPU ou de RAM, ce n’est pas le fil d’actualité, la météo, les emails, les MMS ou passer un coup de fil à tata Jacqueline… les jeux et autres applications gourmandes en ressources (comme se transformer en caca emoji dansant), sont rarement indispensables au quotidien pour une immense majorité des utilisateurs. Que ce soit chez Google ou Apple, on aura une tendance naturelle à optimiser son OS  pour une architecture à venir, pas même encore commercialisée, peu importe si ça rame un peu sur une configuration qui a 18 mois⁽²⁾.

De la confidentialité douteuse

Un AFB vous le jurera, Google c’est le diable (jusque là on est sensiblement sur la même ligne), mais Apple ça c’est le bien, parce que Apple lui il respecte ta confidentialité, ne récupère aucune données personnelles. Évidemment, un AFB a rarement conscience de l’écosystème qui gravite autour de son jouet, notamment les développeurs d’applications qui sont eux friands de données biométriques puisque je cite « Apple n’a pas ces données et ne les partage puisque tout est stocké crypté dans mon iPhone« … ben voyons. Comme l’écrit le Washington Post, non seulement Apple accède à vos données biométriques quand vous vous transformez en caca emoji qui danse le twerk, mais en plus de ça, il les partage avec des développeur tiers.

Il existe cependant une différence notable entre les approches de Google et d’Apple. Le premier est un aspirateur à données personnelles qui est logiquement tenté d’en faire commerce et qui en tire la majeure partie de ses revenus, le second dont le core business est concentré sur le hardware et qui est en toute logique moins tenté de faire commerce de ces données personnelles, et depuis Siri, biométriques. Sauf que tout ça, c’est de la théorie. Si Google en assume la pratique, du côté d’Apple, ce sont les développeurs d’applications qui sont tentés d’exploiter ces données. Vous vous souvenez l’écosystème. Pire, ces écosystème, bien que concurrents, sont intimement liés. Et soyez en convaincus : toutes les erreurs que fait l’un, l’autre les fera (et les amplifiera)

Car oui… toi aussi utilisateur Android tu auras un jour ou l’autre un smartphone coréen ou chinois qui te transformera en caca emoji qui gigote sur ton écran, toi aussi tes données biométriques seront partagées (ou vendues) à des développeurs d’applications tierces. Et toi aussi AFB, tu te feras aspirer plein de données personnelles par Google. Ah non, pardon, ça c’est déjà le cas. Quel est le dernier iPhone n’utilisant pas au moins un service Google que vous avez croisé vous ?

Les deux stratégies, d’apparence bien distinctes, convergent miraculeusement sur un point : vos données personnelles. L’un introduit toujours « l’innovation hardware du siècle » qui va créer une brèche que son propre écosystème et que le second exploiteront. Grâce à nos deux frères « ennemis », nous arrivons à cette époque charnière où vos données de géolocalisation, de santé, biométriques, politiques ou sexuelles s’entremêlent dans les tuyaux et finissent toujours par copuler dans le cloud de l’un ou de l’autre, pour être cédées à des tiers qui les referont copuler dans un autre cloud avec d’autres données… bref ils vécurent heureux et eurent beaucoup de big data.

De la fermeture : cachez ce code libre et ouvert que je ne saurais voir, c’est pour votre sécurité

Il existe autant d’AFB que d’utilisateurs, je n’ai pas spécialement envie de rentrer dans une catégorisation insultante pour les uns et les autres, on va dire que c’est généralement un utilisateur qui n’aime pas ou n’a pas le temps d’administrer correctement et de comprendre en profondeur son système d’exploitation. Comme sur tous les OS, il y a des gens qui aiment avoir une compréhension intime de leur système, d’autres qui pensent avoir cette compréhension intime et enfin encore d’autres qui s’en cognent et qui veulent que ça fonctionne quand ils cliquent partout. Et quand un AFB se délecte à railler un Android, GNU Linux ou un Unix libre, vous pouvez être convaincu qu’il s’agit du second type d’utilisateur, celui qui a un copain qui bosse chez Kaspersky (et un beau frère flic).

L’argument avancé qui m’a laissé pantois est un grand classique d’il y a 15 ans : « un code source accessible à tous, oui une passoire quoi« … Et oui, en 2018, il y a encore des personnes qui sont convaincues qu’un OS libre ne peut pas être un OS sécurisé. Ignorance étant mère d’absurdité, on saupoudre avec le bon mot emplis d’assurance qui tue « la preuve regarde tous les antivirus qu’il y a sur Android« .

Alors attention démonstration (sans parler du paramètre de criticité) sur le sempiternel troll « IOS c’est plus secure qu’Android » :

Vous allez voir, ici c’est encore plus flagrant

L’open source, hérésie sécuritaire ? Vraiment ? Mais dans ce cas, pourquoi l’immense majorité des architectures critiques tournent sur des OS libres (avec une immense majorité de GNU Linux) ? Pourquoi quand un AFB appelle tata Jacqueline il a 99% de chances que son appel soit routé par GNU Linux et non par Windows ou OSX ?

⁽¹⁾ Selon une infographie de l’UFC-Que Choisir datée de juillet 2016, les 67% des utilisateurs qui disposaient précédemment d’un smartphone, une majorité a déclaré en avoir changé au bout de 3 ans. NB : depuis la déferlante des smartphones chinois low cost, ce durée de renouvellement pourrait tendre à être revue à la baisse… ou pas. Les prochaines études risquent d’être intéressantes.
⁽²⁾ Toujours selon l’infographie de l’UFC-Que Choisir, 31% des personnes qui avaient renouvelé leur smartphone l’ont fait pour des raisons liées à ses performances et/ou pour acquérir de nouvelles fonctionnalité comme la 4G.

 

5 réponses sur “Dans la tête d’un Apple Fan Boy, et de l’inutilité de chercher à argumenter”

  1. Oui enfin on peut quand même dire qu’Apple assure toujours les mises à jour sur l’iphone 5s sortit en 2013… que certaines personnes gardent leur smartphone plus longtemps… si on changent plus rapidement nos smartphone que nos ancien Nokia c’est aussi parce qu’on les utilises beaucoup plus au quotidien pour de multiplies usages… que l’iphoneX est clairement pour les fanboys, pas de surprise ici… les iphones 6s, 7, Se… sont d’excellents appareils, robustes, qui peuvent durer très longtemps si on en prends soin et qu’on change la batterie au bout de 2 ans… quoi qu’on en dise ces téléphones s’ouvrent très facilement pour peu qu’on s’en donne la peine.
    Mais après chacun est libre de ses gouts… pour moi les iphones sont plus chers à l’achat mais le suivit, malgré les procès fait à Apple, est quand mème meilleur qu’en face…
    A chacun de voir… un cheap phone qu’on changera plus souvent ou un truc plus cher qu’on garde plus longtemps ( sans tomber dans des prix abusifs … j’ai un SE ça en dit sur ma limite tarifaire… et c’est un super smartphone ) 🙂 Cordialement

    1. Et puis les gens qui commentent cherchent toujours a donner raison a Apple. A rajouter dans l’article. Cordialement.

    2. Bonsoir

      J’ai laissé un commentaire hier mais il n’apparait pas 🙁
      Alors je réitère 😉

      Bon oui, pour ce qui me concerne j’ai le Jolla 1. Evidemment, ce n’est plus un foudre de guerre. mais il est sorti fin 2013 et il est toujours maintenu. Je viens de recevoir la version 3.0.0.8. Et pour ouvrir le Jolla 1 pas besoin de décolleuse !!! Juste ces mains et pour ensuite un tournevis pour le reste. Tout cela pour environ 250 € à l’époque.

      Tout le monde oublie ce système. Même si pas complètement libre, c’est quand même plus joyeux que la concurrence des mastodontes 🙂

  2. Peut-être que si on pouvait encore changer les batteries, toute cette fine électronique ne serait pas renouvelée tous les 2 ans par les utilisateurs.

    Pour ma part, mon débilophone est un Nokia E72 de 2009… Eh oui, bientôt 10 ans! Niveau OS/fonctionnalités (mais je m’en fous un peu, seul le GPS me servirait sans doute mais il est lent/inutilisable: On est à destination avant qu’il ait accroché sans data/A-GPS! Un gag ce truc!) et surtout convivialité (ça je m’en fous moins et explique la chute de Nokia) ça date un peu mais j’ai pu changer la batterie (moins mise à rude épreuve) tout les 3 ans. On en trouve encore. Et en 2mn chrono, sans aucun outil. Il tiens sans problème 3/4j en usage modéré et la semaine si on s’en sert vraiment peu. Quel modèle actuel assure cela? Aucun.

    Bon, je passerais bien à un truc plus récent mais chaque fois que j’essaie d’utiliser un clavier tactile j’ai du mal d’une part (avec le temps, à voir), d’autre part je refuse d’acheter un modèle dont la batterie n’est pas amovible… puis enfin, quoique certains en disent (pour se rassurer), la taille compte (de manière inversée ici): Bordel, un téléphone qui tiens pas dans une poche, c’est juste pas pour moi et je ne pense pas être seul! Et on ne trouve presque plus que des débilophones qui sont à la téléphonie mobile ce qu’est le SUV à la bagnole: Des trucs inutilement gros, consommant trop, qui seront en rade de batterie quand j’en aurais besoin.
    Presque plus rien dans les 4″, voir 5 mais à condition que les bordures soient vraiment fines.
    Alors faute d’offre à moins de 5″ (poche de jean approved… et là hélas Apple convenait encore: Ils sont les seuls a faire encore de petits débilophones) avec batterie amovible et qui coûte pas un bras (là Apple est out!), je reste avec mon clou.

    J’ai espéré récemment que le Nokia1 convienne (batterie amovible, ~80€) mais ses 5″ à grosse bordure sont déjà trop gros pour ma poche. Si ca continue, je vais racheter un E72 d’occase, le clavier du miens donnant des signes de faiblesse… Ce qui est ballot, car on en trouve encore en pièces détachées, mais pas trouvé en mode azerty et Nokia, décidément défavorablement connu jusqu’à la fin pour son matos top hélas pétri de soft moisi, ne permet pas de configurer cela.

  3. pas besoin d’aller chez Apple pour avoir un vrai suivi : mon Jolla 1 sorti en novembre 2013 est toujours maintenu et je viens de recevoir la version 3 de Sailfish OS. Ma batterie est d’origine. Un des tous derniers smartphones conçu et développé en Europe (Finlande). Selon mes moyens j’envisage quand même bientôt de changer. Et ce sera un sony Xperia X sous Sailfish OS.

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