#PRISM, #MAINWAY, #MARINA, #NUCLEON… et ce n’est que le début de la liste

catchlonDepuis le début de la polémique autour de PRISM, avec Kitetoa, nous n’arrêtons pas de vous expliquer que PRISM est en fait un tout petit bidule qui fait partie d’un ensemble bien plus vaste, d’un programme de homeland security. Ce n’est pas pour vous effrayer que nous vous expliquons ça, c’est parce que nous savons que c’est vrai, que nous avons des documents qui prouvent ces propos, et Kitetoa profitera d’ailleurs de Passage en Seine pour vous montrer à quel point PRISM est un tout petit bidule perdu, quelque part, en bas à gauche, d’un machin bien plus gros.

En attendant, voici que le Washington Post qui n’attendra probablement pas Pas Sage en Seine commence à lâcher quelques noms, ainsi :

  • L’interception du contenu des communications téléphoniques atterrirait dans un système baptisé NUCLEON
  • Je vous parlais par exemple, citant Cryptome, de la rétention des métadonnées téléphoniques. Et PAN, le petit nom de cette base de données sous l’administration Bush, c’est MAINWAY

Capture d’écran 2013-06-16 à 15.39.22

Associated Press a le bon goût, comme nous l’avions nous même fait de rappeler que cette théorie du gros zizi (l’interception de masse), est la norme depuis les années 70.

Deep in the oceans, hundreds of cables carry much of the world’s phone and Internet traffic. Since at least the early 1970s, the NSA has been tapping foreign cables. It doesn’t need permission. That’s its job.

Et comme l’explique très bien Wikipedia, la NSA elle même l’avait avoué :

De 1945 à 1975, la National Security Agency (NSA) américaine a obtenu systématiquement des principales entreprises de télégraphie (RCA global, ITT World Communications et la Western Union) l’accès aux messages circulant par câble (Project SHAMROCK). L’interception des télécommunications se faisait au départ par la collecte de copies papier detélégrammes, puis par la remise de bandes magnétiques; elle se fait aujourd’hui par la connexion directe des centres d’émission aux circuits internationaux de communications. Selon la commission Church du Sénat américain (1975), la NSA sélectionnait environ 150 000 messages par mois, sur un total de 6 millions de messages par mois, pour en faire un compte rendu (soit 1 message sur 40). Des milliers de messages étaient transférés à d’autres agences de renseignement pour analyse. (source)

Et Associated Press d’enfioncer le clou sur ce que nous vous claironnons depuis le début :

The second and far murkier one is how Prism fits into a larger U.S. wiretapping program in place for years.

Sans blaaaaaague ?

 

#Prism : non @FleurPellerin, les données ne naissent pas et ne meurent pas sur des serveurs américains… elles circulent.

spy_gadget_phone_hidden_cameraJe vous donnais il y a quelques jours mon sentiment sur l’affaire Prism qui agite tant Internet, et juste Internet… Car oui au café du coin, Prism on a pas grand chose à faire. En rire ? Pas en rire ? J’ai personnellement pris le parti d’en rire. Ce n’est pas la première fois que j’explique et que j’écris noir sur blanc que Google est la première agence non gouvernementale de renseignement du monde. Ce n’est pas non plus la première fois que j’explique que l’illusion de gratuité que vous offre un Facebook ou un Google est quelque chose de dangereux. On peut me reprocher de ne pas toujours m’adresser à notre bonne vieille madame Michu sur ce blog ou sur Reflets, mais limiter à Internet ce champs d’action est hors de propos, attendu qu’il m’arrive également d’exprimer ce genre de craintes sur des médias nationaux.

Oui il est légitime de rire de ces réactions, par contre, très franchement, je commence à sérieusement m’inquiéter quand je lis les solutions avancées par certains dirigeants. Notre madame Michu, si elle se laisse bercer par les inepties du ministère du pognon des Internets… elle n’est pas sortie de l’auberge.

Dans un article publié sur 20minutes, Fleur Pellerin, notre ministre déléguée chargée des PME, de l’Innovation et de l’Économie numérique, nous avance une solution assez amusante. Le titre nous donne tout de suite le ton : « L’affaire Prism rend «pertinent» de localiser les data centers en France« . Et voici la déclaration exacte :

«L’affaire Prism, si elle est avérée, rend pertinent de localiser les data centers et des serveurs sur le territoire national afin de mieux garantir la sécurité des données».

Je ne doute pas qu’il arrive au cabinet de Fleur Pellerin de lire Reflets.info… Aziz Ridouan, si vous me lisez, c’est le moment de corriger le tir niveau communication, car notre ministre s’égare en commettant une grossière erreur technique.

Quand Fleur Pellerin parle de garantir la sécurité des données, elle omet un léger détail. Les données des citoyens français et européens, comme ceux du monde entier, ne naissent pas et ne meurent pas sur des serveurs américains. Ces données, à un moment ou à un autre, elles transitent sur le réseau Internet, un réseau public, sur lequel les agences du monde entier (je vous invite à vous rapprocher de la Direction du Renseignement Militaire pour connaitre ses pratiques en terme de renseignement d’origine électromagnétique… ou par exemple de lire cet article) s’adonnent à de l’interception. Au passage, inquiétez vous aussi du stockage de données biométriques par nos amis américains.

La pseudo nouveauté de Prism, ce n’est pas que ces données soient interceptées mais qu’elles soient, après interception, stockées pour une durée indéterminée et pour une utilisation à posteriori. Voici un petit schéma qui vous explique relativement clairement le problème de la vulnérabilité des données qui circulent en clair sur Internet :

ConnexionInternetNonSecure-413x550

La grosse blague du cloud souverain

Parmi les pistes envisagées par Fleur Pellerin, il y en a une qui m’a clairement fait rire, le gogogadgetocloud©… mais un cloud « souverain ». Alors ça ressemble à quoi un « cloud souverain ». Attendu que la France, comme le monde entier est un gros consommateur d’équipements chinois et américains, la question est légitime. Le « cloud souverain français », ça ressemble à ça :

Un cloud souverain français
Un cloud souverain français

«La nécessité d’avoir un cloud souverain se pose avec beaucoup d’acuité», comme un «moyen pour des entreprises qui détiennent des informations stratégiques de protéger leurs données», a-t-elle souligné.

Le gros des interceptions se réalisent sur des points de concentration du trafic, au cul des câbles sous marins très souvent. Si une « donnée sensible » est envoyée dans un « cloud français » (PS : données sensibles, cloud ?! WTF?!) sans que l’on prenne soin de les envoyer via un VPN (un tunnel chiffré de bout en bout), ces données auront fait 4 fois le tour du monde avant d’arriver dans notre cluster de minitels ultra sécurisés (notre cloud français… cocorico). Bref si vous me suivez jusque là, vous devez déjà avoir compris que la solution avancée par Fleur Pellerin, c’est de la foutaise.

Ajoutons à ça que le principe d’un cloud sécurisé inclu la notion de résilience (DNS, connectivité, infrastructure physique, risque juridique…) et implique donc une présence dans plusieurs pays… nos datas dans notre cluster de minitels, elles circuleront de pays en pays. Ces données, mêmes chiffrées seront interceptées et stockées par la NSA. Et on se doute bien comme expliqué sur Reflets, qu’un jour où l’autre elle seront déchiffrées.

Un autre point au passage, la France n’a pas attendu les déclaration d’un ministre pour disposer de datacenters… dieu merci. Des entreprises comme Iliad, OVH, LDCom et bien d’autres ont réalisé des investissements très importants pour se doter de datacenters de qualité.

London’s loling

En allant plus avant dans la lecture de l’article de 20minutes la dépêche AFP reprise sans la moindre once de réflexion sérieuse, on se rend vite compte à quel point il est néfaste pour Internet de dépendre de Bercy. La sortie téléguidée de Fleur Pellerin s’inscrit dans la droite lignée de celle d’Arnaud Montebourg sur le Made in France. Sauf que pour le coup, les solutions évoquées en plus d’être techniquement à côté de la plaque, peuvent poser quelques problèmes d’ordre plus … subjectif ?

Les groupes SFR et Bull (Numergy), puis Orange et Thales (Cloudwatt), ont chacun lancé fin 2012 de grands projets concurrents pour proposer aux entreprises et aux administrations françaises des solutions de «cloud computing» assurant le stockage sur le territoire national les données sensibles et qu’elles ne soient pas soumises au Patriot Act.

« Faisez confiance à Bull et Thalès qui eux au moins n’interceptent rien du tout, mettez vos données sensibles en sécurité chez les fous furieux dont l’un des coeurs de métier est … l’interception massive ou judiciaire… et qu’ils vendent à des Kadhafi« . On imagine bien nos camarades européens avoir une confiance aveugle en notre cloud souverain… particulièrement les anglais qui depuis l’UKUSA hébergent des bases d’interception du réseau Echelon sur leur territoire.

Donc oui… je le réaffirme. Nos politiques se payent joyeusement notre tête quand ils miment de découvrir que les américains ont accès à nos données, qu’ils tombent des nues en faisant mine de découvrir le Patriot Act en 2013… et ils se foutent carrément de nous quand ils nous balancent leurs solutions à 2ct.

#Prism : pourquoi ce pseudo scandale m’en touche une sans faire bouger l’autre ?

catchlonVous êtes plusieurs à m’avoir demandé une réaction aux récentes révélations sur ce qui a gentiment débuté par le pseudo scandale Verizon. Je n’en avais pas particulièrement envie car je trouve tout ce foin complètement ridicule. Entre les américains indignés, les européens qui jouent les vierges effarouchées (les anglais qui accueillent des bases relais d’Echelon sur leur territoire doivent bien rigoler), et la presse qui fait ses choux gras de cette information vieille d’une douzaine d’années, j’estimais ne pas avoir de choses particulièrement intéressantes à vous raconter. D’ailleurs, je ne suis toujours pas convaincu que ce qui va suivre sera vraiment intéressant pour nombre d’entre vous… vous voilà avertis. Je ne m’étendrai d’ailleurs pas bien longtemps sur PRISM, car une autre information me semble tout de même un peu plus intéressante.

Depuis quelques jours, il faut l’avouer, je rigole allègrement. Je rigole de la naiveté patriotique candide des américains, je rigole de toute cette presse qui fait semblant de s’étonner, je rigole des réactions des politiques européens qui miment de tomber des nues… car oui, c’est soit disant nouveau, tout ce petit monde peut enfin mettre un sobriquet sur Big Brother : PRISM. Enfin, ça, c’est ce que tout le monde pense, la réalité est toute autre et c’est Kitetoa (désolé pour le ComicSansMS) qui vous l’exposera à l’occasion de Passage en Seine. Prism n’est en fait qu’une infime partie d’un programme bien plus vaste.

Merde ! Les adeptes de la conspiracy theory avaient raison alors ? Ben ouais ils avaient raison…wow le scoop !

C’est quand même pas faute de vous en avoir rabâché les oreilles ici ou ailleurs, pas plus tard que le mois dernier dans ce billet où je vous expliquais qu’un ancien du FBI avait craché le morceau au sujet de la traque des frères Tsarnaev. Il me semble bien avoir écrit en toute lettres que les autorités américaines interceptaient et stockaient toutes les communications… mais bon. #spapossib’ me dit-on. Ce billet est d’ailleurs passé relativement inaperçu, aucun média n’a repris ce qui constituait pourtant une information tout à fait crédible, d’une source qui ne l’est pas moins… mais non, un mois plus tard  12 ans plus tard, tout le monde semble tomber des nues.

Ce billet d’ailleurs m’avait valu les interrogations de certains

« Mais comment ki font ! »;
« Bluetouff tu dis de la merde »;
« Même pas cap les ricains »;
« T’imagines pas la taxe sur la copie privée en achat de disques durs ! » 

Et à votre avis ? Quand on hurlait comme des putois sur l’AFP qui cause gentiment sur Skype avec ses sources et qui l’écrit dans ses dépêches, des fois qu’Oncle Sam n’avait pas tapé la bonne requête dans sa base de données pour identifier la source de l’agence de presse… c’était juste pour rire ? Pour troller sur Twitter avec un bot qui crache les dernières dépêches ? Pour le plaisir de se fritter par blogs interposés ? Ou parce que tout indique depuis des années déjà que les américains interceptent non seulement les communications téléphoniques des américains mais aussi à peu près tout ce qui ressemble à une communication à l’exception peut-être d’un protocole encore mal maitrisé, décrit dans la RFC 1149 ?

  • Qui me fera gober que la presse américaine ne s’est pas interrogée sur les dispositions pratiques issues du Patriot Act dont l’acronyme signifie « Loi pour unir et renforcer l’Amérique en fournissant les outils appropriés pour déceler et contrer le terrorisme » ?
  • Qui me fera gober que le Parlement Européen, après les antécédents d’Echelon ne s’est jamais penché sur ce que les USA écoutent, interceptent et stockent…?
  • Qui me fera gober que la presse française pensait que les SMS et les conversations de Dominique Strauss Khan ont été tirés du chapeau de Bozo le clown ?

Oui, très franchement, je suis mort de rire, c’est un peu comme si tout ce que la planète compte de faux-culs s’était donné rendez-vous sur la time line du hashtag #Prism…

Les américains, qui ont tous soutenu, le Patriot Act au lendemain des attentats du 11 septembre étaient ils assez naifs pour croire que les autorités américaines allaient contrer une menace intérieure en écoutant uniquement ce qu’il se passe à l’extérieur ?

Il y a quelques années, avant que Wikipedia ne déchaine les passions, les personnes de ma génération qui s’intéressaient au sujet de la surveillance de masse fréquentaient les newsgroups ou des sites web comme Cryptome. Cryptome qui révélait déjà des choses pas jolies jolies sur les durées de rétention d’informations concernant les communications des américains.

☠ Spapossib’®

Dans le pire scénario que j’avais évoqué il y a déjà bien longtemps, j’expliquais que si la France avait envie d’écouter hors de tout cadre légal et de manière massive les communications électroniques, elle opèrerait ces interceptions depuis l’étranger. Là encore, les réactions à mes « élucubrations » étaient les mêmes : #spapossib’.

Ben oui, mais voilà… non seulement c’est tout à fait possible, mais voilà que le Monde, par la plume de Laurent Borredon et de Jacques Follorou appuie maintenant ma thèse avec des affirmations qui se font un peu plus pressantes et plus précises. Dans un article daté d’hier et intitulé « En France, la DGSE au cœur d’un programme de surveillance d’Internet « , Le Monde pointe les installations souterraines de la DGSE situées boulevard Mortier à Paris. Mais Le quotidien lâche surtout le morceau qui semble passer totalement inaperçu tout obnubilés que nous sommes par PRISM :

La France dispose-t-elle d’un programme de surveillance massif proche de celui mis en place par l’Agence américaine de sécurité nationale (NSA) ? La réponse est oui. La direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), les services secrets français agissant au-delà de nos frontières, examine, chaque jour, le flux du trafic Internet entre la France et l’étranger en dehors de tout cadre légal. 

☠ Etkomentkifon ?

Là encore je vous avais déjà parlé de la bénédiction que representent certains points de concentration du trafic, et plus particulièrement les câbles sous-marin. Mais ce n’est probablement le gros du dispositif. Allez, je vous la récapitules avec des mots très simples. Imaginez une entreprise française qui vend à un dictateur un système d’interception des communications électroniques dimensionné à l’échelle d’une nation. Imaginez que cette entreprise soit, étrangement, aidée par des personnes de la direction du renseignement militaire pour former les équipes sur place. On vend ensuite ce système à d’autres nations, pas franchement connues pour leurs aspirations démocratiques, mais toutes étrangement situées sur une dorsale de trafic Internet stratégique (suivez les câble sous-marins).

☠ Tagada tsoin tsoin …

Et vous obtenez tout simplement un système d’interception stratégique, situé hors de nos frontières, distribué, résilient, suffisamment backdooré pour que nos services puissent y accéder en fonction de leurs besoins et mener des interceptions massives pour extraire une poignée d’informations.

Et ce scénario, comme je vous le disais :

Allez, je vous la refais :

 voici comment je m’y prendrais si je voulais écouter massivement, à moindre coût, et surtout discrètement.

  • J’appuierai, au plus haut niveau de l’Etat, une société privée (un fusible comme on dit dans le jargon), spécialisée dans l’interception de masse, pour que cette dernière exporte ses jouets sur le territoire national des gens que je souhaite écouter. Je leur vendrai le bébé comme une arme de guerre électronique, à part que cette dernière n’est pas répertoriée légalement en tant que telle, et donc, non soumise à un contrôle strict des exportations.

  • J’en profiterai pour surdimensionner un peu le système en prévision d’une utilisation non documentée (un backdoor).

  • J’enverrai ensuite, au nom d’une « fraternelle coopération » des officiers du renseignement militaire pour former les équipes du « client » (comprenez le dindon de la farce). Cette opération de « formation » permettrait en outre de paramétrer le jouet vendu afin que ce dernier soit accessible à distance par les services du renseignement extérieur, avec un accès complet aux interceptions réalisées par le « client »… évidemment à son insu.

  • Ce qu’il y a de bien avec TCIP/IP et BGP, c’est que l’on peut router du trafic à peu près où on le désire. En clair, nul besoin de disposer d’outils sur le territoire français pour écouter les communications des ressortissants français.

  • Si je multiplie cette « opération commerciale » avec des « partenaires » géographiquement bien choisis, je m’offre une sorte de cloud de l’interception, financé par des puissances étrangères. Peu importe si elles ne sont pas franchement reconnues comme les plus grandes démocraties. Peu importe si leurs dirigeants sont connus comme des terroristes ou des fous furieux. L’éthique ce n’est pas franchement le fond du problème.

  • En cas de pépin, pas de souci; l’Etat pourrait ainsi se défausser de toute responsabilité. Notre entreprise privée est le fusible, c’est à elle de sauter. Mais évidemment, comme elle demeure « stratégique », je lui offre une porte de sortie en bidonnant une cession d’activité à une société tierce, créée par elle même. Elle pourrait ainsi, par exemple sous drapeau Qatari, continuer à vendre ses petits jouets et la collaboration entre les services extérieurs et cette « nouvelle société » qui ne renaît que des cendres de la première, pourrait ainsi continuer de plus belle et s’attaquer tranquillement à d’autres « marchés ».

  • Si une bande de cyber-beatniks venait à poser des questions au Gouvernement sur la présence avérée d’officiers du renseignement, il suffirait de brandir la menace terroriste et d’expliquer que ces « armes » n’en sont pas, qu’elles sont en fait du matériel grand public.

 

 

 

Dis, ça ressemble à quoi un Internet tout pourri ?

ahmadinejadVous n’aurez probablement pas manqué que nous nous intéressons en ce moment pas mal à l’Iran sur Reflets. Les quelques recherches que nous y avons fait nous ont conduit tout droit à la TCI (Telecommunication Infrastructure Company). Déjà spotté par le BlueCabinet ce fournisseur d’accès national concentre à lui seul tout le trafic Internet du pays. La TCI est LE point de centralisation rêvé pour surveiller Internet en Iran.

Pour bien visualiser ce qu’est la TCI, je vous propose de vous pencher sur ces graphs générés par le splendide outil mis à disposition par le Berkman Center for Intenet & Society de l’université d’Harvard (thx Wizasys) :

Capture d’écran 2013-06-05 à 15.54.48

Capture d’écran 2013-06-05 à 15.56.17

Ces schémas mettent en évidence un point de centralisation dont toutes les adresses IP iraniennes dépendent, la marque de fabrique d’un Internet tout pourri, ultra surveillé et passablement censuré.

Ce point de centralisation, c’est l’AS12880, celui sur lequel nous avons trouvé de très intéressantes machines, à savoir 4 ZTE ZXSS10 B200 et 2 HP H3C SR8808 équipés de modules dédiés au filtrage applicatif. Vous trouverez plus d’informations sur ces trouvailles dans l’article publié cet après midi sur Reflets.info.

Ces machines sont situées sur les plages IP attribuées à TCI. Le BlueCabinet de Telecomix rappelle que TCI s’est justement doté d’une infrastructure de surveillance dans laquelle on retrouve tous les grands noms, et qu’au coeur de ce système, on trouve bien du ZTE :

« Mahmoud Tadjallimehr, a former telecommunications project manager in Iran who has worked for major European and Chinese equipment makers, said the ZTE system supplied to TCI was « country-wide » and was « far more capable of monitoring citizens than I have ever seen in other equipment » sold by other companies to Iran. He said its capabilities included being able « to locate users, intercept their voice, text messaging … emails, chat conversations or web access. »‘…

Nous en savons donc maintenant un peu plus sur l’infrastructure de surveillance iranienne, nos questions sont remontées jusqu’à Palo Alto, nous vous tiendrons naturellement informés des réponses des intéressés.

Le business model de la filière disque expliqué en 140 caractères

ripUne décennie de perdue pour découvrir ce soir, en 140 caractères, le business model de la musique. Des heures de débats parlementaires complètement débiles pour accoucher d’un texte tellement con, que même le gouvernement actuel n’ose plus y toucher de peur de faire une boulette… raison pour laquelle il a chargé Pierre Lescure, un homme de télé, pour confier les prérogatives de la haute autorité Internet au CSA. Quelle monumentale erreur de casting… pas le CSA hein ! Pierre Lescure.

Pierre Lescure aura eu besoin d’un rapport de 486 pages et 2,3kg, là ou Pascal Nègre, en moins de 140 caractères et moins de 1ko apporte la solution à tous les maux de la culture en France. C’était pourtant tellement évident ! C’est ces cons d’artistes qui veulent pas crever qui tuent l’industrie du disque ! Du coup, quand il y en a un qui passe l’arme à gauche, et bien le Pascal, il débale son business model. C’est simple, concis et efficace :

Pascal Nègre Moustaki

Petite rétrospective

  • Ces belles années 70 : la drogue coule à flot : LSD, héroine… le tout arrosé d’alcool… ces temps bénis pour l’industrie musicale ou rien que la première année, en 1970, Jimi Hendrix et Janis Joplin ont eu la décence de mourir.
  • Ah les années 80, ces cons de beatniks étaient tellement raides qu’on pouvait leur faire écouter n’importe quoi. Du reggae (ah les cancers du poumon ce que c’était bon pour le chiffre d’affaires… mais ce n’était rien en comparaison des cancers du foi des punks ou des AVC des danseurs de disco, dus à des surdoses de coke… putain ce que c’était bien les années 80 ! On produisait de grosses merdes, pas cher, avec un synthé en guise philharmonique, et ça se vendait !
  • Les années 90 ont marqué un tassement du chiffre d’affaires : voilà que des mecs se mettent à faire de la musique dans leur chambre et à gober des ecstasy ou du speed… visiblement pas assez coupé pour contrecarrer le danger Internet qui se profile.
  • Puis arrivent ces satanées années 2000… là c’est le déclin. Voilà que ces imbéciles d’artistes ne veulent plus crever. Ils arrêtent de fumer, commencent à bouffer moins gras, ils font du sport, ils ne se droguent même plus. Impossible de trouver de vrais professionnels.

Alors le business model d’Universal pour les années 2010, le voici :

  • Si vous êtes vieux ;
  • Si vous êtes malade ;
  • Si vous vous droguez ;
  • Si vous êtes alcoolique ;
  • Si vous avez du cholestérol ;
  • Si vous ne faites pas de sport…

… veuillez contacter @PascalNegre de toute urgence, pour un contrat d’exclusivité comprenant production, distribution et têtes de gondoles garanties pour vos « compiles tribute ». Le cercueil et la cérémonie sont négociables à la signature… suicidaires acceptés.

Artistes, soyez pros, soyez rentables, crevez bordel !

L’Internet Iranien vu de l’intérieur

iran-flag-1A l’approche des élections iraniennes, Internet y est plus que jamais sous surveillance. Je suis donc parti visiter cet Internet tout pourri et j’y ai fait quelques trouvailles intéressantes (US). Je vais tenter de vous les expliquer ici, et avec un peu de chance, nous devrions nous offrir une bonne tranche de rigolade.

Internet est particulièrement filtré et surveillé en Iran, ça nous le savons. En revanche ce que nous savons un peu moins, c’est comment cette censure et cette surveillance sont opérées, et par qui. Quels sont les moyens mis en oeuvre, est-ce efficace etc … autant de questions qui titillent en ce moment pas mal ma curiosité. Du coup, je suis allé voir…

Voici ce qu’il se passe quand un internaute iranien tente d’accéder à Youtube, Facebook ou Twitter par exemple :

XS5.ar2313.v3.6.1.4866.110330.1248# ping facebook.com
PING facebook.com (10.10.34.34): 56 data bytes
^X
--- facebook.com ping statistics ---
8 packets transmitted, 0 packets received, 100% packet loss

La requête s’arrête directement sur une ip LAN : 10.10.34.34 et n’aboutit donc pas, Facebook y est censuré (un blocage sur le DNS, un ping sur l’ip de Facebook passe lui sans problème)

Quand on lance un traceroute ver le vrai Internet pas censuré depuis là bas toujours on obtient ceci :

nas

Tout passe par un un VPN en premier hop : vpn.naslco.net, une adresse tenue par ITC avec probablement un DNS menteur. Soyons donc un peu patients, mais ça risque d’être drôle… Je vous explique pourquoi :

Attention, c’est là que ça devient drôle. Ce matin je me rends compte que ce domaine n’est pas déposé… ce que je m’empresse de faire. Et devinez quoi ? http://vpn.naslco.net \o/

$ host 172.31.255.254
Host 254.255.31.172.in-addr.arpa. not found: 3(NXDOMAIN)

et hop :

$ host vpn.naslco.net
vpn.naslco.net is an alias for noway.toonux.com.
noway.toonux.com has address 88.190.52.71

Et voilà maintenant ce que ça donne depuis chez eux :

XS5.ar2313.v3.6.1.4866.110330.1248# ping vpn.naslco.net
PING vpn.naslco.net (172.31.255.254): 56 data bytes
64 bytes from 172.31.255.254: icmp_seq=0 ttl=64 time=2.6 ms
64 bytes from 172.31.255.254: icmp_seq=1 ttl=64 time=2.4 ms
64 bytes from 172.31.255.254: icmp_seq=2 ttl=64 time=2.4 ms
64 bytes from 172.31.255.254: icmp_seq=3 ttl=64 time=2.4 ms
64 bytes from 172.31.255.254: icmp_seq=4 ttl=64 time=2.4 ms

En revanche :

XS5.ar2313.v3.6.1.4866.110330.1248# ping naslco.net
PING naslco.net (88.190.52.71): 56 data bytes
64 bytes from 88.190.52.71: icmp_seq=0 ttl=39 time=149.5 ms
64 bytes from 88.190.52.71: icmp_seq=1 ttl=39 time=147.5 ms
64 bytes from 88.190.52.71: icmp_seq=2 ttl=39 time=147.2 ms
^X64 bytes from 88.190.52.71: icmp_seq=3 ttl=39 time=147.9 ms

Si vous m’avez suivi, il est fort probable que dans les heures à venir, on se paye une bonne tranche de rigolade 😉

naslco

T’as bien la trouille là ? Tu vas l’acheter ma suite Norton Antivirus 2014 Cafetière Edition ?

Da-pedo-nazi-mixerCette fois, c’est là fin ! Oui encore une fois ! La fin de la cyber paix, Internet est bientôt en guerre. Et ça va être une véritable boucherie, la cyber apocalypse. Rien n’y résistera, ni les centrales nucléaires, ni le respirateur artificiel de belle-maman, ni le pacemaker du chat, ni votre frigidaire, pas même votre cafetière ! La fin des internets tels que nous les avons connus jusque là. C’est Reuters qui le dit, c’est forcément du lourd, d’ailleurs si la presse reprend cette information, c’est que la menace est sérieuse et imminente non ?

Les spécialistes de la cybersécurité connaissent d’innombrables moyens par lesquels des hackers peuvent semer le chaos en piratant des infrastructures essentielles ou en infiltrant les systèmes informatiques d’entreprises pour dérober des données ou procéder à de l’espionnage industriel, mais c’est ce qu’ils ignorent encore qui les inquiète le plus.

Des spécialistes de la cybersécurité inquiets de ce qu’ils ignorent, des hackers qui sèment le chaos… on est tous foutus. Si même les experts de la cybersécurité ont peur, c’est qu’on est dans une sacrée merde, c’est moi, Reuters, qui vous le dit ma p’tite dame.

Cette gangrène, rien ne pourra l’arrêter, c’est même surement déjà trop tard :

Les experts s’interrogent en effet sur les bombes à retardement qui pourraient infecter-ou même avoir déjà contaminé- certains réseaux informatiques.

Même le boss de la NSA est d’accord, c’est dire !

Pour Keith Alexander, directeur de l’Agence de sécurité nationale américaine (NSA), il ne fait aucun doute que les cyberattaques vont gagner en ampleur.

Gagner en ampleur ?! Dis moi pas que c’est pas vrai ! C’est nouveau ça ! Avant les cyberattaques elles ne gagnaient pas en ampleur hein dis Reuters ! Il plaisante le monsieur de la NSA, c’est pas vrai hein dis ?! Merde, le Figaro aussi le dit !

« Les attaques à visée de perturbation ou de destruction dirigée contre (les Etats-Unis) vont empirer », a-t-il déclaré lors du sommet sur la cybersécurité organisé par Reuters cette semaine. « Retenez bien ceci: cela va aller en s’aggravant. »

Merde, alors c’est vraiment du lourd, si même au Defcon ils en ont pas parlé et qu’ils en parlent chez de vrais spécialistes (à une sauterie organisée par Reuters), c’est que c’est la fin des Intertubes ! Et ça va « aller en s’aggravant ! » retenez le bien ! C’est bon là ? C’est imprimé ?

Je sens que t’as pas encore assez la trouille pour sortir le chéquier. Je vais t’en remettre une petite couche. Savais-tu que l’ennemi est invisible, et qu’il est partout autour de toi ?… que tu es cerné !

« Le ‘connu inconnu’, c’est ce qui m’inquiète », a dit la secrétaire à la Sécurité intérieure Janet Napolitano.

C’est vrai que quand on y pense bien… un truc qu’on connait mais qu’on connait pas, c’est flippant quand même… non ? Genre un jour t’es sur le canapé, dans ton salon, tranquille, tu mattes « Les chtis marseillais contre les robots mixeurs mutants venus de l’espace II » que tu viens de choper en VOD grâce à la PUR sélection que ton FAI te propose,  et là… sans prévenir, ta femme que tu connais depuis avant ton premier CDRom AOL, rentre de chez le coiffeur, teintée en blonde ! Le truc connu inconnu quoi, tout flippant. D’ailleurs elle t’explique bien le truc Janet :

« Par exemple, nous ne connaissons pas l’identité de l’ensemble de nos adversaires qui tentent de commettre des crimes ou d’agir sur les réseaux informatiques. Ce que nous connaissons, nous pouvons le gérer. C’est ça le ‘connu inconnu' », a-t-elle expliqué.

Les agents du chaos, qu’on ne connais pas, en fait, on peut pas trop les gérer. Par contre les agents du chaos qu’on connait, ça on peut. Donc on a moyen la trouille de ceux qu’on peut gérer, mais ceux qu’on connait pas, comme les hackers chinois d’AQMI réfugiés politiques en Iran, ceux là, ils sont vraiment, vraiment flippants ! On ne sait pas trop s’ils existent, mais imagine un peu qu’ils existent, hein ?! Comment tu fais hein ?!  Dis !?

Mais il y a encore pire… et ouais ! Débranchez vite vos frigos et vos cafetières nous risquons une cyber apocalypse !

Une autre menace à prendre en compte est celle qui résulte de l’essor des appareils connectés, une évolution qui élargit le champ des cibles potentielles.

C’est clair que si en plus des hackers chinois d’AQMI réfugiés politiques en Iran, les frigos et les cafetières s’y mettent, personne n’y survivra.

« Très bientôt votre cafetière et votre réfrigérateur seront eux aussi des vecteurs d’attaques parce qu’ils seront raccordés à internet », a prévenu Michael Daniel, coordinateur de la politique de cybersécurité à la Maison blanche.

D’ailleurs, moi aussi un jour, j’ai vu un nabaztag, c’était un vecteur d’attaque, je ne le savais pas au debut, je l’ai appris quand ma femme me l’a collé en travers de la tronche le jour où j’ai mis un cron pour lui demander de servir l’apéro à 19h30… on ne se méfie jamais assez des vecteurs d’attaque avec une gueule de lapin crétin…

Les pédonazis, ça au moins, c’est connu, mais les mixeurs pédonazis ?! Hein ?! Tu fais quoi contre les mixeurs pédonazis terroristes ? OpenOffice compile même pas dessus !

Après cette terrifiante lecture, en tant que citoyen, j’ai décidé de réagir en écrivant une question parlementaire pour mon député, à destination de Fleur Pellerin, de François Hollande, de la Navy , des hackers chinois et des forces inter-armées de l’Empire :

L’absence de régulation financière a provoqué des faillites. L’absence de régulation des chipsets électroménagers provoque chaque jour des victimes ! Combien faudra-t-il de  pizzas décongelées pour que les autorités réagissent ? Combien faudra-t-il de morts suite à DDoS sur des pacemakers ? Combien faudra-t-il d’adolescents brulés au 3e degré suite à une infection du chauffe-eau ? Combien faudra-t-il de fours micro-ondes explosant aux quatre coins du monde ? Combien faudra-t-il de créateurs ruinés par le pillage du minibar de leur limousine ? Il est temps, mes chers collègues, que l’on backport OpenOffice sur NespressOS pour réguler ce mode de communication moderne envahi par toutes les mafias du monde.

What else ?… Comment ça du FUD ?

Thx @eth0__ pour la tranche de rigolade du soir 😉

Amesys et la surveillance de masse : du fantasme à la dure réalité

bull-amesys-longuetSuite à une conversation sur Twitter, je me suis rendu compte que beaucoup de gens nous prenaient encore pour des illuminés quand nous évoquions les questions de surveillance globale des réseaux. Il y a plusieurs raisons à cela. Elles sont à la fois techniques, économiques et juridiques. Nous allons donc tenter d’en faire brièvement le tour, pour ensuite vous dresser un scénario fiction, que nous comparerons enfin avec des faits, eux, bien réels.

En ce qui concerne les barrières techniques à la surveillance massive, à l’échelle d’une nation, nous avons déjà abordé le sujet en long en large et en travers dans nos rubriques Saga Amesys et Saga Deep Packet Inspection sur Reflets.info. Techniquement, nous parlons d’un système capable d’agréger les interceptions réalisées en plusieurs points de centralisation du trafic :

  • Coeur de réseau des FAI
  • Points d’atterrissement des câbles sous-marins
  • Quelques tronçons nationaux de fibres bien identifiés

Une fois les données interceptées, il faut ensuite les stocker et les indexer dans une sorte d’énorme base de données sur laquelle on pourra à posteriori lancer des requêtes, portant sur un internaute (ex : un nom, une adresse IP, une adresse mail, un pseudonyme…) ou un thème plus générique (ex : Al Qaida, AQMI …).

Capture d’écran 2013-05-18 à 19.54.16

Ces outils ne sont pas des outils de science fiction, c’est par exemple ce qu’Amesys a vendu au régime de Kadhafi, sur mesure, à une échelle certes plus modeste et surtout plus centralisée que la capacité et l’architecture nécessaire pour réaliser la même chose en France. Mais tout ceci n’est qu’une question de moyens. La Libye, c’est un POC (un proof of concept), vite rentabilisé par la suite par le biais d’une vente d’un système équivalent au Qatar… et à d’autres pays.

Des barrières techniques, découlent des barrières économiques. Combien ça coûterait d’écouter toute une nation ? Pour un pays comme la France, on parlerait de quelques centaines de millions d’euros, beaucoup moins qu’un sous-marin nucléaire moderne.

Ces deux points brièvement balayés vont nous amener sur le cadre légal et malheureusement… à une pratique supposée, mais plausible, de contournement. Dans cet article sur la plateforme nationale d’interceptions judiciaires, j’avais évoqué la différence entre les interceptions judiciaires (sur demande d’un juge), et les interceptions administratives, plus opaques.

Je vais donc poser aujourd’hui ouvertement la question : existe t-il un troisième niveau d’interceptions s’appuyant sur une architecture décentralisée, hors du territoire français, opérées par la direction du renseignement militaire ?

Si la France venait un jour à utiliser l’interception massive, ce serait probablement dans le but de surveiller une population autre que sa propre population (pour des raisons de sécurité intérieure, de menace terroriste, d’espionnage économique…).  Tout comme les USA espionnent de longue date les communications Européennes, mondiales, … et même nationales.

Le scénario qui tue

Encore une fois, et ce n’est là que pure fiction issue d’une réflexion datant d’ il y a bientôt deux années, thèse qui est malheureusement en train de faire son chemin… voici comment je m’y prendrais si je voulais écouter massivement, à moindre coût, et surtout discrètement.

  • J’appuierai, au plus haut niveau de l’État, une société privée (un fusible comme on dit dans le jargon), spécialisée dans l’interception de masse, pour que cette dernière exporte ses jouets sur le territoire national des gens que je souhaite écouter. Je leur vendrai le bébé comme une arme de guerre électronique, à part que cette dernière n’est pas répertoriée légalement en tant que telle, et donc, non soumise à un contrôle strict des exportations.
  • J’en profiterai pour sur-dimensionner un peu le système en prévision d’une utilisation non documentée (un backdoor).
  • J’enverrai ensuite, au nom d’une « fraternelle coopération » des officiers du renseignement militaire pour former les équipes du « client » (comprenez le dindon de la farce). Cette opération de « formation » permettrait en outre de paramétrer le jouet vendu afin que ce dernier soit accessible à distance par les services du renseignement extérieur, avec un accès complet aux interceptions réalisées par le « client »… évidemment à son insu.
  • Ce qu’il y a de bien avec TCP/IP et BGP, c’est que l’on peut router du trafic à peu près où on le désire. En clair, nul besoin de disposer d’outils sur le territoire français pour écouter les communications des ressortissants français.
  • Si je multiplie cette « opération commerciale » avec des « partenaires » géographiquement bien choisis, je m’offre une sorte de cloud de l’interception, financé par des puissances étrangères. Peu importe si elles ne sont pas franchement reconnues comme les plus grandes démocraties. Peu importe si leurs dirigeants sont connus comme des terroristes ou des fous furieux. L’éthique ce n’est pas franchement le fond du problème.
  • En cas de pépin, pas de souci; l’Etat pourrait ainsi se défausser de toute responsabilité. Notre entreprise privée est le fusible, c’est à elle de sauter. Mais évidemment, comme elle demeure « stratégique », je lui offre une porte de sortie en bidonnant une cession d’activité à une société tierce, créée par elle même. Elle pourrait ainsi, par exemple sous drapeau Qatari, continuer à vendre ses petits jouets et la collaboration entre les services extérieurs et cette « nouvelle société » qui ne renaît que des cendres de la première, pourrait ainsi continuer de plus belle et s’attaquer tranquillement à d’autres « marchés ».
  • Si une bande de cyber-beatniks de députés venait à poser des questions au Gouvernement sur la présence avérée d’officiers du renseignement, il suffirait de brandir la menace terroriste et d’expliquer que ces « armes » n’en sont pas, qu’elles sont en fait du matériel grand public.

Et maintenant, la réalité qui pue

Vous trouvez que cette petite fiction fait froid dans le dos ? C’est probablement parce que vous n’avez pas mis bout à bout les pièces du puzzle Amesys. S’il y a bien une partie de fiction dans le scénario que je vous sers ici, il se base sur des faits on ne peut plus réels. Reprenons depuis le début..

  • En 2004, la société Bull est privatisée. Didier Lamouche, prend sa tête en 2005. Toujours en 2004/2005 Amesys (alors I2E) est en quête d’un partenaire capable de lui fournir des sondes pouvant opérer sur un trafic important pour faire de l’interception « légale ». La société se rapproche donc du LIP6 qui était en train d’accoucher d’une autre société, Qosmos.
  • A cette époque, Philippe Vannier est alors PDG de I2E qui allait, en 2006, donner naissance à Amesys.
  • C’est aussi à cette période qu’I2E se rapproche des autorités libyennes par l’entremise d’un certain Ziad Takkiedine, homme d’affaire franco libanais, et accessoirement marchand d’armes, même s’il préfère le terme d’intermédiaire. Nom de code : Candy. Candy, c’est donc le petit nom de la vente d’un Eagle (la partie Software) et d’un beau gros Glint (la partie Hardware). Une véritable arme électronique, d’ailleurs à l’époque vendue en tant que telle. Amesys n’est évidemment pas seule, un mystérieux vendeur de routeurs « pas loin d’être français », aurait pris part à cette vente. Evidemment, au plus haut niveau, on est au courant, et on appuie cette vente. Commence alors un curieux manège dont les acteurs ne sont autres que Claude Guéant (CG), Brice Hortefeux (BH) et Ziad Takieddine (ZT), c’est le début du contrat Homeland Security comme le révèlera Jean-Marc Manach dans son excellent ouvrage sur le sujet « Au Pays de Candy ».

VISITE DE Claude Guéant le 22/09/2005 à Tripoli by rewriting

Homeland Security by rewriting

  • <message subliminal>Toujours à cette période, Nicolas Sarkozy est alors ministre de l’intérieur, en campagne pour les présidentielles de 2007, il est comme tout candidat, en recherche de financements </message subliminal>
  • « le 26 avril 2006, à 18h54, Bruno Samtmann signe en effet une feuille de calcul estimant le montant du matériel à livrer à la Libye à 39 973 000 euros.  A 22h27, Ziad Takieddine en enregistre une deuxième version, pour un montant total de 51 847 000 euros, soit 30% de plus… pour la même prestation. » (Source)Bruno Samtmann, est le directeur commercial d’Amesys, qui déclarait ne pas être au courant d’un tel contrat, ou encore, qu’il n’était pas en poste à l’époque. C’est tout de même étrange que les métadonnées du fichier excel nous renvoient à son nom…
  • 2007, c’est aussi la date de la création d’Amesys, issue d’une fusion entre deux entreprises du groupe Crescendo Industries, I2E et Artware.
  • La mise en place du projet Candy va nécessiter pas mal de temps, les sondes ne fonctionnent pas comme prévu, le paramétrage est complexe, il faut former les équipes du chef de projet local : Abdallah Al-Senoussi, condamné en France pour actes de terrorismes et recherché par la Cour Pénale Internationale. Et ça, Amesys aura beau nier, nous avons un faisceau de présomptions suffisant pour être en mesure d’affirmer qu’Amesys, tout comme les autorités françaises, ont menti en niant savoir qu’elles ont traité avec cet homme.
  • Novembre 2009, Bull annonce la prise de contrôle d’Amesys. C’est le début d’un rocambolesque retournement de situation qui conduira à l’éviction de Didier Lamouche de la tête de Bull et de la prise de contrôle de Bull par Crescendo Industries, puis par Amesys.
  • Mai 2010, Philippe Vannier prend alors « naturellement » la tête de Bull attendu que Crescendo Industries détient maintenant plus de 20% du capital de Bull, loin devant France Telecom, le second actionnaire avec ses 8%. L’opération aura alors couté la somme de 102 millions d’euros à Bull, dont 72 millions en émission d’actions. Un coût sur lequel les analystes émettront tout de même quelques réserves. Le petit vient de croquer le gros.
  • Février 2011, à quelques jours à peine du soulèvement libyen, je révèle sur Twitter que la France s’apprêtait à vendre un système de surveillance massif et global à la Libye de Kadhafi. Mes informations sont alors plus précises, mais elles nécessitent quelques vérifications. Il s’agissait d’un « upgrade » de la solution déjà vendue quelques années plus tôt. Philippe Vannier est alors sur le territoire libyen, en personne, pour cette opération commerciale.  Nous révèlerons plus tard sur Reflets des pièces attestant de sa présence en Libye à ce moment là.
  • Le clan Kadhafi est acculé, Saif Al Islam, un des fils du Colonel, évoque alors une somme de 50 millions de dollars donnée à Nicolas Sarkozy pour financer sa campagne présidentielle de 2007. Personne n’y prête vraiment attention, pourtant, ses accusations sont tout à fait crédibles.
  • Le décret du 13 juillet 2011 élève au rang de Chevalier de la Légion d’Honneur, monsieur Philippe Vannier. Le tout sur recommandation du Ministre de la Défense, Gérard Longuet, dont la fille n’est autre que la directrice de la communication du décoré… tout va bien.
  • Août 2011, le Wall Street Journal apporte les preuves matérielles de l’existence du projet Candy. Maintenant le monde entier sait. Mais candy n’est que le premier fil de la pelote, et ça chez Reflets ou chez Owni, nous le savons très bien.
  • Devant les accusations qui se font de plus en plus précises, Amesys est obligée de s’exprimer. Philippe Vannier, qui a pourtant personnellement suivi le dossier, envoie au feu son directeur commercial, Bruno Samtmann, l’homme qui n’était pas là à l’époque de la conclusion du contrat mais dont la proposition commerciale serait comme par magie sortie de son ordinateur. Il justifie cependant cette vente par un bien curieux argumentaire. Selon lui, la vente de cet Eagle, c’est pour traquer le bien connu nazi pedo terroriste libyen… et comme ils sont très nombreux, hop, on dimensionne le Eagle pour… 5 millions d’internautes.

Amesys Bull contre les pédophiles ! from fhimt.com on Vimeo.

  • Paul Moreira enfonce peu après le clou en réalisant un documentaire exceptionnel, Traqué, qui révèlera une partie des dessous de ce qui ressemble de plus en plus à un contrat d’état à état, et non de la vente à un état par une entreprise privée. Le témoignage de l’un des intervenants techniques du projet est on ne peut plus explicite. La mission était se lon ses propos, « une opération typique, très encadrée par les services extérieurs ». Et ce n’est pas la première fois que nous avons ce son de cloche, comme par exemple avec cet article du Figaro ou un ancien militaire raconte comment il a mis 5 millions de libyens sur écoute
  • Avril 2012, Nicolas Sarkozy déclare :

« Permettez-moi de vous dire que s’il y a un chef d’Etat qui, dans le monde, n’a pas frayé avec M. Kadhafi et est responsable de son départ et de ce qui lui est arrivé, je pense peut-être que c’est moi ».

  • Un peu piqués au vif par ce que nous savons alors du dossier, nous publions sur Reflets un document exceptionnel montrant l’un des fils Kadhafi, Saadi Kadhafi, en pleine séance de shopping chez Thalès et Panhart. Nous sommes alors en Juin 2006, période à laquelle Ziad Takieddine introduit les autorités françaises et Amesys/I2E aux autorités libyennes. Notre vidéo le montrera ensuite en réception officielle avec Michèle Alliot-Marie. On ne sait alors pas trop qui fraye avec qui, mais la France est bien en train de vendre des armes, et pas qu’électroniques, à Kadhafi, là encore, notre vidéo ne laisse pas l’ombre d’un doute sur la nature de cette visite.

Nos travaux sur Reflets, loin de nous cantonner au seul cas libyen, nous ont fait voyager dans des pays qui nous font rêver. Depuis le financement à hauteur de plus de 100 000 euros du festival mondial des Arts nègres par Amesys à la vente d’autres Eagles au Maroc, au Qatar ou Gabon… jusqu’à la revente des activités liées à Eagle à une entité crée par Amesys elle même maintenant domiciliée aux Emirats Arabes Unis, Advanced Middle East System, il faut se rendre à l’évidence, nous avons de plus en plus d’éléments qui nous indiquent que la réalité est en train de dépasser la fiction.

Ce sentiment est encore renforcé quand Laurent Fabius reprend quasi mots pour mots le communiqué de presse déjà récité dans l’hémicycle par Gérard Longuet et rédigé par sa propre fille : « circulez il n’y a rien à voir, la vente de ces systèmes, c’est du matériel informatique grand public ». L’affaire Amesys c’est la boite de Pandore que personne ne souhaite ouvrir.

Sauf que ce matériel informatique là et ces logiciels… ont fait des morts.

Nous sommes au cœur d’un scandale d’état, personne n’a intérêt à ce qu’il éclate, c’est la politique diplomatique de la France que l’on peut lire en filigrane derrière l’affaire Amesys, mais pas uniquement. C’est aussi un scandale politico-financier impliquant des personnalités politiques, au plus niveau de l’état. Et vous l’aurez compris, ce scandale, contrairement à certains, il ne nous fait pas vraiment rire.

#Cyberdéfense : ceci n’est pas un manifeste, ceci est Internet

cyberpeaceAujourd’hui se tient au Sénat français un colloque sur la cyber défense. L’utilité même d’un tel colloque est inquiétante pour tout Internet et surtout pour les internautes, nous tous, nous Citoyens. Internet est un bien commun trop précieux pour être confié à des politiciens, des militaires, des diplomates, des commerçants, des marchands de « sécurité »… à n’importe quelle caste qui a toujours prouvé qu’elle ne savait agir que pour assurer sa propre survie en brandissant une menace terroriste.

Internet survivra à vos castes,

Internet est par définition auto-immunisé.

Nulle chance pour vous d’y introduire de nouvelles formes de cancers,

Qu’elles se nomment cyber commerce, cyber sécurité, cyber défense, cyber dissuasion, cyber terrorisme, cyber guerre ;

Internet, c’est le cyber échange qui ne peut conduire qu’à la cyber paix… et à la paix tout court.

Vous aurez beau réintroduire vos concepts qui ne conduisent nos états qu’à toutes les formes de guerres que l’homme puisse imaginer, et Dieu sait que les hommes sont imaginatifs pour se trouver des raisons de se faire la guerre….

Vous aurez beau essayer de séparer les peuples en tentant de poser des frontières sur Internet, et Dieu sait que les politiques y ont un intérêt pour tenter de légitimer leur illusion de pouvoir…

Vous n’y arriverez pas.

La cyber répression ou la cyber surveillance… au nom de ce que vous pourrez imaginer comme fumeux cyber concepts, n’est garante que de votre petite mort.

La somme des intelligences qui transitent dans les tuyaux d’Internet, c’ est un raz de marée.

Nager à contre-courant, c’est pour vous le meilleur moyen de mourir rapidement, et douloureusement.

La douleur s’exprimera dans vos concepts obsolètes de « république » ou de « démocratie » qui vous échappent octet après octet transitant sur Internet.

Peu importe comment vous appelez vos concepts politiques, diplomatiques ou militaires, en votant des lois qui restreignent jour après jour les libertés des citoyens, ou en essayant de dresser les peuples les uns contre les autres.

Si les états pouvaient autrefois s’immuniser contre leur propre peuple, sachez qu’aujourd’hui, ce temps est révolu. Le peuple a élu domicile sur Internet. Cet Internet, c’est chez lui. Internet c’est le peuple.

Vous voulez réguler Internet, vous voulez civiliser Internet ?

Alors que vous n’êtes pas même capables de moraliser vos propres castes ?

Vous vous exposez bêtement sur le réseau en y introduisant des systèmes critiques au nom du profit, pour ensuite voler les libertés des citoyens, pour tenter de préserver les intérêts vos cyber boutiques, vos cyber banques, de vos cyber infrastructures critiques… qui par définition n’ont rien à y faire.

Internet est un iceberg qui répond aux mêmes principes que la poussée d’Archimède,

Continuez à essayer de l’enfoncer, et vous le reprendrez en pleine figure.

A force de vouloir surveiller tout le monde, vous n’entendez plus personne.

Entendez Internet, ou Internet tuera vos états.

TMG accueille t-il le nouveau régulateur avec de nouveaux partenariats ?

Office de Minitellisation du Web Français
Office de Minitellisation du Web Français

Ce qu’il y a de bien avec TMG, c’est qu’ils sont tellement doués pour configurer un serveur web qu’on découvre toujours des trucs amusants quand on visite leur site web… Et des trucs moins amusants quand on va se balader sur leurs ranges IP.

Je souhaitais aller regarder si notre PME nantaise préférée allait accueillir avec bienveillance le rapport Lescure qui préconise de confier les prérogatives de l’HADOPI au Conseil supérieur de l’audiovisuel. Si les mesures de Pierre Lescure sont appliquées, qu’adviendra t-il de cette charmante startup chère à notre coeur qui communique pas souvent… et qui ne communique d’ailleurs pas non plus ses bilans.

Capture d’écran 2013-05-13 à 22.29.21

Le site de TMG étant très minimaliste, il m’a un peu laissé sur ma faim. Mais voilà …. il semble que les nouvelles chaînes de la TNT intéressent TMG. Le CSA passe de la télévision à Internet, je n’ose espérer que TMG puisse passer d’Internet à la télévision :