Vous vous demandez peut être pourquoi je ne cause que très rarement de la LOPPSI ici ? C’est tout simplement parce que j’en cause un peu plus par là. Et aujourd’hui c’était le grand retour de la LOPSSI devant le Sénat, en session extraordinaire s’il vous plait.
Brice Hortefeux en a profité, comme ça, dés le premier jour, alors que personne ne lui avait encore rien fait, pour plaider sans réserve en faveur d’un blocage des sites web sans l’intervention d’un juge. Et ceci a le don de m’agacer au plus haut point, car on sait depuis longtemps que les techniques de blocage en plus d’être inefficaces entrainent un important risque de sur-blocage. Et quand on lui demande comment contester un blocage si ce dernier fait 300 victimes en plus du domaine ciblé ?… On obtient une réponse pleine de lucidité et de bon sens bien politique d’une personne pour qui taper un email est un travail de secrétaire : « A posteriori ! ».
Une atteinte à vos libertés individuelles ça va, c’est quand il y en a plusieurs qu’on a des problèmes
Comprenez que si votre Magento qui cartonne à mort est sur le même serveur mutualisé OVH ou 1&1 que le site de Jean-Kevin qui s’essaye à la fabrication de détonateurs sur son blog, le ministère de la police, en ordonnant, le filtrage de l’adresse IP du serveur qui héberge Jean-Kevin, rendra votre gagne pain inaccessible. Et vous pourrez vous plaindre par courrier recommandé à une Haute Autorité de circonstance en expliquant que ce sur-blocage a ruiné votre entreprise… de toutes façons, tant qu’il n’y aura pas eu de martyres, ça ne rentrera pas dans le crâne…
J’en viens presque à espérer que la LOPPSI passe dans sa version la plus hardcore pour assister à la boucherie de la mise en application.
C’est très symptomatique de ce gouvernement, ça va dans le même sens que la suppression du juge d’instruction.
Un juge, ça mène une enquête, une enquête ça recherche la vérité, pour pouvoir condamner avec justesse.
Ce gouvernement n’aime pas la vérité, il n’aime pas la mémoire, il n’aime pas qu’on réfléchisse, il joue sur la mémoire de poisson rouge des citoyens !
Et puis, un débat contradictoire, un procès, ça prend du temps, et c’est pas spectaculaire. Par contre condamner à la va-vite, couper des accès, fermer des sites, coller des gens en taule, ça, c’est bien, c’est spectaculaire, c’est du résultat !
C’est du résultat sale, hein, c’est du travail bâclé, ça éclabousse de partout, mais c’est pas grave, de toutes façons, les sites qu’on a fermé, les gens qu’on a condamné, il ne font pas partie de la bande, et n’avait pas vocation à y entrer, de toutes façons…
Avec un président parjure dés la première minute de son mandat, il fallait s’attendre à ça.
Je vous recommande l’écoute de la dernière émission de Daniel Mermet, ou il reçoit les deux sociologues Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon, qui ont étudié le président, c’est édifiant !!!
http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1981
@emma
je pense que ce qui fait la crédibilité de bluetouff comme pcinpact, readwrite ou numérama est la non politisation des débats (pas sur d’ailleurs que la gauche aurait mieux fait avec l’acta par exemple). Les emissions de Mermet, intéressantes (pour certaines) car elles permettent un autre son de cloche, elles représentent tout de meme la frange la plus a gauche, voir extremiste de l’échiquier. le risque est de tomber dans le travers en disant que les opposants a ce type de loi : ACTA, LOPPSI ou HADOPI ne sont que des dangereux gauchistes (ce que par exemple je ne pense pas être) et faire tourner court le débat a coup de points godwin.
Je suis d’accord avec toi sur certain points. (Entres autres sur le fait que « la gauche » aurait mieux fait que « la droite » sur Acta ou Loppsi).
En revanche, je suis bien moins d’accord sur la non politisation de gens comme Bluetouff, Fabrice Epelboin, Guillaume Champeau, Benjamin Bayart ou d’autres chroniqueurs…
Par « Politisation » j’évoque le sens étymologique, c’est à dire (grossièrement) « s’intéresser à la vie de la Cité » (polis); et pas « appeler à voter pour truc plutôt que machin ».
Internet faisant partie de la vie courante de la « cité », internet est politique. Et donc, en parler est politique.
Quand à Mermet, je ne le défends pas, il sait le faire lui même, et quand à son orientation politique, il ne s’en cache pas. (Même s’il n’appelle pas à voter pour truc plutôt que machin ^^ ).
Bluetouff a aussi son orientation politique, même que ce n’est pas la même que moi ^^ On peu quand même discuter sans sortir Godwin de la Naphtaline.
Les blogs et interventions de nos amis ‘Touff, Fabrice, Guillaum, Ben jusqu’à Jérémie ou encore roux et teymour de RegardsCitoyens sont à 200% politisés et politiques. Au sens éthymologique, cela va de soit, car finalement il n’y en a pas d’autres.
Mais la question de la neutralité du net est une question politique forte, car c’est bien la façon dont nous pourrons nous exprimer, débattre, apprendre et partager qui est en cause.
Maintenant, tof a raison sur un point, aucun de ces intervenants ne prend de position encartée. Toutefois, chacun d’entre eux sont aussi des citoyens qui ont leur opinion propre, et leurs engagements politiques restent des sujets personnels, dont il font clairement abstraction lorsqu’il s’agit de se prononcer pour une cause qui concerne plus que leur « petite » personne.
De plus, Bayard, lors d’une de ses conférences minitel 2.0 a parlé de ce que change l’apprentissage via Internet. En effet, par la multiplication des sources d’information et de connaissance sur le net, on apprend vite à faire la synthèse de ces connaissances et s’affirmer sa propre connaissance. Ainsi, tout internaute qui se respecte a des idées et des opinions très tranchés qui ne correspondent pas aux représentations proposées.
Et je pense que c’est cet aspect de nous, internautes, qui fait qu’on a un impact autre sur les institutions que peuvent l’avoir d’autres groupes de personnes, venant d’une culture différente dans notre société.
De toute façon, le blocage en France, ça existe déjà… et c’est un échec. Après, si certains politiciens ne veulent pas constater la réalité, c’est un autre problème.
C’est toujours le même problème de la tour d’ivoire, qui isole de la réalité une élite. Alors, soit l’élite redescendant sur terre, ou soit elle continue de planer au-dessus de la réalité (mais dans ce cas-là, il faut aussi faire attention à la chute… tomber de haut, ça peut faire mal).