Franck Riester déclarait hier au quotidien Le Monde qu’il y avait eu suffisamment de débats sur le projet de loi Création et Internet, on comprend son empressement à vouloir passer rapidement au vote une loi que peu de monde dans l’hémicycle comprend. Rappelons au passage que Création et Internet vise à réprimer les échanges peer to peer …. hummm le peer to peer, mais c’est quoi donc ? … pas de doute, les députés godillots sont en ordre de bataille prêts à voter un texte qu’il comprennent parfaitement … vous avez dit peer to peer ? Allez on s’en remet une couche, juste histoire de voir à quel point ils sont « prêts » nos députés :
Deux ou trois semaines de débats supplémentaires ne feraient finalement pas tant de mal que ça à nos députés finallement… entre ceux qui sont incapables de savoir ce qu’ils vont réprimer et ceux qui arrivent à se faire élire, en 2009, sans parler un traître mot d’anglais … il y a du boulot … allez Franck, une tournée de rattrapage pour tout le monde !
On vit vraiment dans un monde avec des gens qui sont en dehors de la réalité de leurs fonctions, c’est chaud …
Il y a plusieurs dimensions à prendre en compte à mon sens :
– Il y a un volet technique indéniable que très peu de députés maîtrisent à peu prêt (au moins dans les termes et les best practices). Pour les autres le cours de rattrapage ne servirait à rien (l’ordinateur c’est le travail des secrétaires qui tapent des courriers).
– Il y a ensuite un volet strictement légal et là on attend d’un législateur qu’il fasse son travail.
C’est là que le bazar commence :
Comme notre député ne comprend pas le volet technique et qu’il n’estime pas avoir à le faire pour prendre une bonne décision, il s’en remet à ce qui existe : le code de la propriété intellectuelle, le droit d’auteur … Il prend pour alibi cet existant, tout aussi respectable soit il, est pas du tout suffisant pour être transposé aux échanges numériques.
On ajoute à ça la jolie campagne de criminalisation des internautes en se lâchant un peu sur le vocabulaire :
Les pirates, les mafias, les terroristes … on crée dans l’inconscient collectif (tien c’est le nom de l’agence de communication de jaimelesartistes.fr) toutes les conditions nécessaires pour justifier un vote d’une loi à la constitutionalité douteuse.
Ce qui est plus rigolo c’est de voir l’entêtement avec lequel c’est fait… et ce que ça va rapporter aux artistes. On va y avoir droit à notre licence globale, les majors sont déjà en train de les négocier dans le dos des artistes.
Concrètement, le débat n’est pas très compliqué : on donne des moyens aux internautes, ils s’en servent (Riester n’a pas compris ça ou il ne veut pas le comprendre ?).
Après, si les majors ne savent pas (ou ne veulent pas) s’adapter, c’est un autre débat, non ?
La licence globale serait, « anéfé », un bon compromis… si les artistes touchent réellement quelque chose dessus. N’oublions pas que les majors (qui, pour moi, sont déjà morts) se prendront toujours une part non négligeable.
Si on regarde les artistes libres, ils laissent en download légal et gratuit leurs musiques, leurs compositions ou encore leurs films amateurs (non non je ne parle pas de p0rn hein, mais de vrais court-métrages qui sont bien sympas des fois). Ils mettent leurs oeuvres sous licence Creative Common par exemple, et après ? Après ils vendent des T-Shirts, des mugs, des places de concerts etc. et ne sont pas malheureux.
Ainsi, ils peuvent partager leur passion, se faire connaître (et ça change du bourrage de crane que l’on peut entendre à la radio ou à la télé), et, la plupart du temps, ils font salle pleine pour les concerts, et touchent les dons des personnes qui veulent en entendre plus.
Et c’est comme ça que ceux qui ont du talent continuent…
Donc, j’en arrive à la partie intéressante : pourquoi ne pas, tout simplement, virer les intermédiaires ? (mouahahahahaha (rire diabolique))
Imaginons que les artistes aient un site, sur lequel chacun peut faire un don, acheter ci ou ça, et comme ça les artistes seront rémunérés pour leur travail… et il n’y aurait pas que 2% de pseudo artistes qui pourraient vivre d’une passion qui n’est pas forcément la leur.
Ce qui sera drôle, c’est quand ils vont réellement comprendre que hadopi ne freinera ni le « piratage » ni les « michants pirates terroristes pervers », et relancera encore moins les ventes de CD/DVD. Qui a encore envie de s’encombrer de trucs qui prennent de la place ?
Mais bon, vouloir changer le monde (ou du moins la France) est une chose, le pouvoir en est une autre…