RGI et François Fillon : c’est en faisant n’importe quoi … qu’on fait n’importe quoi

Image 3Après deux années de bataille acharnée et de multiples rebondissements autour du RGI (Référentiel Général d’interopérabilité), François Fillon a finit par lever définitivement le voile sur ce que le gouvernement entend par « Interopérabilité », à savoir  un truc qui n’existe même pas encore, payant, propriétaire, fermé et détenu par une petite PME américaine qu’il convient évidemment d’encourager à occuper une position monopolistique … Microsoft. Comment ne pas entrevoir là l’œuvre d’un lobbying acharné de la firme de Redmond qui a finit par payer ?

En donnant une légitimité normative dans les administrations au format de Microsoft, François Fillon réussit la prouesse de redéfinir le concept d’interopérabilité… à croire qu’il a pris des cours du soir avec Franck Riester. On savait Microsoft très fort en lobbying, mais à ce niveau, la supercherie est flagrante. On peut ouvertement parler de manipulation si on se souvient de l’abstention surprise de l’AFNOR suite à une intervention Elyséenne qui n’avait pour but avoué que d’offrir un boulevard à Microsoft. Mais comme ODF était plébiscité par les administrations et déjà en production, d’un standard (qui par définition revient à s’arrêter sur un seul format … ) on se retrouvait avec 2 formats dont celui de Microsoft, volontairement non interopérable avec celui d’OpenoOffice… cherchez l’erreur. Ce type d’interventionnisme est ridicule, pitoyable et profondément injuste pour tous les utilisateurs de logiciels libres. On peut parler de norme discriminante (exception culturelle française quand tu nous tiens), ni plus ni moins. Le gouvernement suit une ligne d’acharnement manifeste sur le logiciel libre… un très mauvais calcul que nos administrations paieront comptant un jour ou l’autre.

Pour résumé nous avons :

  • d’un côté un format ultra standard, OpenOffice (non Christine s’il te plaît n’en rajoute pas), ODF (Open Document Format), interopérable, propre et qui a le bon goût d’être ouvert, gratuit … en un mot libre. Gros avantage sur son concurrent, lui, n’est pas un vaporware, il existe bel et bien et est en production dans de nombreuses administrations.
  • De l’autre côté, un format spécifié par Microsoft, qui n’existe pas encore officiellement et qui devrait arriver avec la suite Office 2010 (bref une version béta, non testée en production): OXML. Évidemment, dans la plus pure tradition de Microsoft, il s’agit d’un format fermé, non interopérable (on va pas le rendre compatible avec des trucs libres qand même hein! Sion comment on fait pour refourguer nos licences à l’Etat français ?) … vous me suivez là ? … version béta … Microsoft … sécurité … non interopérable … licences suite Office… toussa …
  • Au milieu nous avons les gens « qui décident » … des politiques … qui prennent des décisions … politiques… sur des trucs techniques auxquels ils ne pannent strictement rien, exactement comme pour HADOPI.

Tout ceci devient blasant et criant d’incompétence partisane. Et nous avons, nous, utilisateurs de logiciels libres, des raisons de nous élever contre cette décision stupide, grâce à Francçois Fillon, nous ne serons pas en mesure d’accéder à certains services publics en ligne, comme l’explique très bien l’APRIL, c’est une discrimination évidente et inacceptable qu’a validé le Premier Ministre.

Le mécénat de Microsoft avec l’Etat Français avait bien une contrepartie

Il s’agit d’une opération de lobbying sauce Microsoft sans précédent à laquelle l’administration Sarkozy à foncé à tête baissée annonçant déjà une splendide gabegie de l’argent public. Brutalement, voilà que Bercy cherche à imposer les formats propriétaires de Microsoft à l’administration française

Le Référentiel Général d’Interopérabilité (RGI) est au centre de l’affaire, ce référenciel commandité par la DGME (Direction Générale de Modernisation de l’Etat), serait donc devenu une urgence alors qu’il était bloque depuis octobre 2007. Méthodologie, formats de fichiers et choix logiciels sont les trois points autour desquels s’articule le RGI.

Marc Meyer, Chef de service « Développement de l’Administration Electronique » de la DGME, a reconnu dans une communication interne le 16 avril 2008 que le blocage était directement lié à un gros défaut de conception du RGI : le seul format bureautique accepté était OpenDocument (ODF, norme ISO 26300). Exit Microsoft et sa suite Office 2007, utilisant le format Office OpenXML. Inacceptable pour l’éditeur américain… qui finance peu ou prou tant de partenariats para-publics (notamment dans l’éducation nationale) et était, il y a peu encore, dirigé par le seul chef d’entreprise reçu en chef d’Etat en France.

… comprenez simplement que comme Bill Gates donne de l’argent à l’Etat français, ce dernier lui doit évidemment de lui confier ses contrats et donc de lui acheter les solutions équivalentes à ce qui ne coûtait rien à l’état. On a donc bien du mal à occulter cette manipulation que nous avions pourtant annoncé sur Toonux.org et que ne nous surprend même pas. Ce qui nous surprend plus en revanche, c’est la docilité avec laquelle l’administration s’execute …

La Commission Européenne a d’ailleurs lancé une enquête sur les conditions douteuses de vote qui ont permi au format de Microsoft d’obtenir récemment une certification ISO, on se souvient que malgré ses positions initiales (contre), l’AFNOR s’était finalement abstenue ouvrant ainsi la brèche… un revirement de situation fort suspect.

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