Si l’on devait compter sur la nature humaine pour faire preuve de la plus élémentaire des morales dans le business, on trouverait bien une entreprise française ou allemande pour aller déployer une centrale nucléaire en Corée du Nord ou en Iran. Si les armes numériques sont moins médiatiquement « dignes d’intérêt » que les centrales nucléaires, jusque là, il faut bien avouer que dans certains pays elles ont fait surement bien plus de victimes.
Il fallait bien une loi pour moraliser ce business d’armes qui ne sont pas même reconnues comme telles. C’est finalement le parlement européen qui envisage de légiférer sur les exportations de ces « jouets » à des gens comme Kadhafi ou Bachar El Assad. Ce n’est pour l’instant qu’une résolution visant à encadrer légalement les exportations d’outils de censure et de cyber surveillance aux régimes autocratiques… un premier pas.
Je suis en revanche profondément choqué par la méprisable indifférence de la classe politiques française sur ce sujet, en dehors d’une infime poignée, à l’image de Christian Paul, personne ne s’est soucié des morts et des torturés grâce à nos belles technologies françaises, financées à coups de millions par le fond stratégique d’investissement pour ne citer que lui. Plus cynique encore, la dizaine de questions de parlementaires n’aura trouvé comme réponse qu’un Gérard Longuet, qui après avoir fait chevalier de la légion d’honneur l’un de ces vendeurs de mort (le PDG d’Amesys/Bull), se paye le luxe de lire dans l’hemicycle un communiqué de presse rédigé par sa propre fille, directrice de la communication chez Bull.
Je me sens assez partagé sur cette résolution du parlement européen. Je suis dans un premier temps déçu qu’il faille une loi pour ça et que les commerciaux capables de telles ventes arrivent à se regarder dans un miroir. D’un autre côté, j’ai l’impression que le travail fourni avec les copains de Reflets, Telecomix, FHIMT, ou d’Owni pour démonter ces business nauséabonds n’aura peut être pas été du temps perdu. Et on se prend à rêver qu’une loi épargnera quelques vies… Merci au Parlement européen pour cette initiative.
J’ajouterais que ceci est très certainement en grande partie financé par nos impôts, par des mécaniques tels que le crédit impôt recherche dont des sociétés comme Amesys ont du bénéficier.
Au passage, je salue également le travail de ceux qui ont permis de lever cette affaire
On me souffle dans l’oreillette qu’à Aix ou Montpellier, les entreprises IT se dont une spécialité de l’usage de ces crédits impôt recherche…
Légiférer sur les ventes d’outils genre DPI à l’étranger est une chose, mais quid de ces mêmes outils utilisés dans leur pays d’origine ???? Vive les demi-lois… :o$
Il serait temps que l’Europe fasse quelque chose et surtout se dépêche. L’éthiopie est en train de devenir un état totalitaire, du moins sur Internet, grâce à la France et son bras armé France Telecom.