Ventes de disques en chute libre pour juin 2010

Numerama revenait hier sur le plongeon qu’accusent les ventes de disques en juin 2010 : les ventes dans les Grandes Surfaces Spécialisées (GSS) dégringolent très nettement, avec un recul de 20 % en volume et -17,7 % en valeur. Il faut mettre en perspective cette superbe dégringolade avec la croissance des ventes sur les plates-formes légales de téléchargement. Mais manque de bol, même Internet fléchit et accuse une baisse de 3 % en volume et 3,7 % en valeur.

Ces chiffres contrastent fortement avec les gargarismes de Pascal Nègre qui jubilait en martelant qu’HADOPI allait avoir un effet positif très perceptible sur les ventes de galettes en phtalocyanine. Le président d’Universal nous expliquait même que les réseaux sociaux serviraient de support pour diffuser la terreur que tout internaute se doit de ressentir à la réception d’un email de la HADOPI.

En toute logique, HADOPI 3 nous réserve l’institution d’une taxe sur les fournisseurs d’accès que la commission Zelnik se refusait d’envisager, ainsi qu’une hausse de la taxe sur la copie privée (vous savez, cette taxe qui taxe un truc interdit …). Tout ceci était dramatiquement prévisible et les majors ont réussi un tour de force en terme de manipulation des politiques. Les politiques (une poignée d’entre eux) ont été assez crétins pour envisager qu’Internet était la cause de tous les maux. Au lieu de s’orienter vers des solutions dictées par la raison, le législateur s’est entêté dans une logique de protectionnisme, tournant le dos au principe du fair use et tendant à instaurer un dictat du copyright, bien en phase avec l’ACTA.

Aujourd’hui, force est de constater que les ayants-droit ont mentis aux politiques, la Cour des Comptes américaine commence d’ailleurs à s’intéresser aux chiffres gonflés du piratage. En France, point encore de tel scandale, et on se souvient pourtant de Christine Albanel en train de marteler que la France était championne du monde du piratage (une albânerie de plus). Non seulement HADOPI à l’effet d’un moustique s’écrasant sur la coque d’un porte-avion, mais les mensonges des lobbys de la culture de masse commencent à se voir, et ça à terme, ça signe l’arrêt de mort des perfusions institutionnalisées.

Le constat pour les artistes risque d’être amer, car on peut se demander qui mène qui par le bout du nez. Les politiques ne seraient-ils tout simplement pas servis d’eux pour imposer des restrictions importantes sur les libertés des internautes et commencer à imposer une surveillance généralisée du Net ? Une fois que la boite à outil technique et juridique de l’Etat sera prête, ces derniers seront les grands oubliés, et ils auront réussi le tour de force de passer complètement à côté d’une juste rémunération que proposait la licence globale.

12 réponses sur “Ventes de disques en chute libre pour juin 2010”

  1. Les artistes français souffrent plutot de ne pas être téléchargés, même gratuitement.

    C’est plutot ce constat qui déprime nos lobbies franco-français.

    Dans leurs rêves, ils auraient voulu un controle du net qui aurait permis d’imposer les **quotas** d’oeuvres françaises.

    Coupé la radio et la tv: les artistes français disparaissent.

    Si on me colle les quotas sur Internet, je retourne sur mon Minitel 😉

  2. Tout ceci était effectivement prévisible, et ce n'est que le début. Alors oui on pourrait : "hého HADOPI n'est pas encore en place", mais voilà c'est trop tard, HADOPI traine des pieds pour pointer le bout de son nez et personne n'inversera la tendance quand les premiers e-mails vont arriver (un jour)

    Et pour revenir à Facebook, ce n'est pas la terreur qui va se propager via le réseau social, mais plutôt comment contourner HADOPI…

    <hors sujet>
    Un homme a égorgé son voisin hier soir car il faisait trop de bruit à 2h du mat'
    Ca ne peut plus durer : INTERDISONS LES COUTEAUX !
    </hors sujet>

  3. Hum…. Arretez moi si je me trompe, mais la copie privée, c'est toujours autorisé ;), ca consiste a faire une copie de sauvegarde d'un jeux/musique, ou de le prêter à l'intérieur du cercle de la famille ou des amis.

    Et non, je crois pas qu'on peut considérer tous les gens d'un tracker comme étant nos amis 😉

    1. Tu mélanges deux choses. On peut diffuser une oeuvre dans le cercle familial (regarder un DVD en famille ou avec des amis) mais pas en publique. La copie privée, c'est la possibilité (pas le droit) de faire une duplication d'un support à titre de sauvegarde. Pas pour le prêter à tes amis. Quand tu as un DVD ou un jeu, si tu le prêtes, tu prêtes aussi le droit de jouer/lire le DVD. Et pendant ce temps, tu n'as plus toi-même ce droit. Car quand tu as un DVD ou un jeu, tu as un droit de le voir, mais l'oeuvre ne t'appartient pas…

      1. exact ! c'est le support original qui confère les droits d'utilisation. Si tu prêtes le support original, tu prêtes les droits associés à ce support et tu n'en bénéficie plus.

  4. Moi j'attends avec impatience le jour ou les majors vont se faire bien bai*** la gueule (pardonnez moi l'expression) et ou les artistes qui les ont soutenu en allant jusqu'à chouiner comme quoi c'est le piratage qui les tue se retrouverons sans rien … C'est un peu méchant mais ca sera bien fait pour leur tronche. A trop vouloir jouer avec le feu, on se brule.

  5. Bravo pour la pertinence de cet article. Clairement tout le monde s'est fourvoyé dans cette affaire HADOPI. La license globale est la seule viable a long terme. Les sommes dépensées par les internautes pour acquérir l'anonymat sont considérables, sans compter sur les débrideurs payants et autres moyens de contournement. C'est autant d'argent qui échappe aux ayant-droit, qui par veulerie ont pensé que la répression rapporterait plus que la conciliation.

  6. Je pense que si l'industrie du divertissement continue à jouer à l'autruche face à l'évolution des modes de consommations, alors ce seront des projets et entreprises privées qui prendront le pas pour distribuer "comme il faut" les fichiers culturels dans nos foyer, à l'image de Spotify pour la musique ( qui reviens peu ou prou à une license globale : pour 10e, accéder à " " toute " " la musique que l 'on veut, et partout ( PC + Smartphone …) ) ).

  7. merci pour cet article instructif, ça m' a fait penser à l'époque des chevaux de traits qui ont été remplacés par les voitures et tous ces changements de paradigme de ces dernières années avec internet! Les temps changent et il est vrai que ça fait belle lurette que je n'achète plus de CD. Si tout le monde fait comme moi l'industrie de la musique va disparaître, mais je ne vois pas ensuite comment on va pouvoir trouver de la bonne musique. Heureusement qu'on a ladygaga pour assurer la relève!

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