Filtrage du net : la déclaration de guerre de Nicolas Sarkozy

Je cherche à m’expliquer pourquoi Nicolas s’entête à tenir sous perfusion l’industrie du disque. Notre président à soit pété une pile, soit il y a une partie du gâteau du business de la culture qui doit atterrir dans les caisses de sa formation politique (si vous avez une explication plus rationnelle, svp, éclairez moi). Dans cet article de Numérama qui relate les vœux du président au monde de la Culture, on apprend que ce dernier appelle au filtrage, « sans délai » …  Voici ses propos exacts :

« que soit expérimentés sans délai des dispositifs de filtrage visant à dépolluer automatiquement les réseaux et serveurs de toutes sources de piratage »

C’est le genre de déclaration qu’on attend de la bouche d’un président chinois ou iranien, mais l’entendre de celle de Nicolas Sarkozy me fait froid dans le dos. Les premières informations avaient filtré via l’excellent blog d’Astrid Girardeau, et on pouvait déjà craindre le pire. Au début, je n’ai pas trop voulu y croire mais elle avait, une fois de plus, raison. Voici donc le menu pour 2010 :

Taxation des moteurs de recherche : dans le genre mesure débile et surtout dangereuse voici une perle. De la tête de qui cette aberration a t-elle pu sortir ? Taxer les moteurs de recherche …vous allez voir que dans pas longtemps avec ce genre d’imbécilité il faudra payer pour être indexer dans Google ou que le gouvernement communiquera l’ordre des résultats de recherche imposé aux moteurs de recherche. On sent bien ici se profiler une future incursion de l’Etat sur les problématique de référencement de l’offre légale, ou comment le gouvernement va demander à Google de positionner en premier sur certaines requête la liste des sites des petits copains du Fouquets. … vous trouvez que j’exagère ? Attendez un peu la suite, vous allez mieux comprendre la position de notre dictateur président …

Taxation des revenus publicitaires des éditeurs de services en ligne : directement issue du rapport de la mission des bras cassés Zelnik, cette mesure séduit le président. Elle est d’une imbécilité à toute épreuve puisqu’elle vise à taxer les revenus publicitaires des « services présents en France » … euh les gars … vous vous écoutez parler des fois pour sortir ce genre d’énormité ? Vous souhaitez taxer les revenus publicitaires de Google (plus grande régie publicitaire mondiale) au prétexte qu’elle a une adresse en .fr ou des locaux place de l’Opera ? Ça veut dire que si je suis monsieur Yahoo et que je n’ai pas envie de payer la taxe je fais quoi ? Je redirige le .fr sur le .be ? et ensuite ? … vous filtrez tout Yahoo car ce dernier n’aura pas voulu s’acquitter d’une taxe unique au monde ? Y’a t-il au moins une seule personne dans cette commission qui ai compris ce qu’était le Net ?… Zelnik, Cerruti, Toubon … les gars, sérieusement, la prochaine fois invitez dans votre groupe de lumières une personne qui sait comment fonctionne un DNS et le TCPIP.
Pendant ce temps aux USA, on récupère ceux que l’on fait fuir de France, on crée de la richesse là où en France, on met à point d’honneur à prendre le risque de passer à côté d’une forte croissance et la création des emplois de demain. Comment notre Président peut-il, sans aucune étude d’impact, soutenir ce genre d’orientation suicidaire ? Ces mesures populistes couteront cher à notre économie, nous sommes promis à prendre un retard considérable : les années Sarkozy seront les années noires de l’économie numérique, là où tous les autres pays affichent des croissances à 2 ou 3 chiffres… merci monsieur le Président … c’est brillant.

« La carte musique Jeune » : cette mesure me ferait sourire si elle n’était pas financée par le contribuable. Avec un ticket à 200 euros dont 50% sont directement financés par l’Etat, le cadeau fait à l’industrie du disque pour les remercier de leur incompétence et de leur incapacité à relever les défis du numérique ne sera pas non plus sans conséquence. A quand la « carte cinéma jeune », à quand la « carte presse jeune », à quand la « carte livres jeunes » …  combien va couter cette blague ? Je n’aime pas cette France qui encourage la médiocrité, le discours de Nicolas Sarkozy et ses positions sur l’industrie de la musique sont une insulte aux valeurs républicaines et une insulte à l’intelligence de toutes les corporations, particulièrement celle de la presse qui n’a pas hésité, elle à relever les défis qui lui sont lancés par le Net. En outre, si le secteur de la musique va si mal, par quel miracle arithmétique les sommes perçues par la SACEM poursuivent leur croissance ? C’est mal monsieur le président de prendre vos citoyens pour des cons. Il y a des secteurs qui sont véritablement en crise, et ce genre de « cadeau » fait à l’industrie du disque risque d’en émoustiller plus d’un.

Le filtrage du Net : Notre président à nous, le conseil Constitutionnel, il s’en bat les steacks. En appelant à « expérimenter sans délai des dispositifs de filtrage visant à dépolluer automatiquement les réseaux et serveurs de toutes sources de piratage », Nicolas Sarkozy semble frappé d’amnésie, il a sans doute besoin que le Conseil Constitutionnel lui rappelle que seules des mesures « strictement nécessaires à la préservation des droits en cause » peuvent être prises… Le filtrage par BGP c’est de l’éclatage de mouches au missile Sol/Air, ce type de filtrage est de l’avis de tous les spécialistes pointé du doigt comme étant non conforme aux orientations données par le Conseil des Sages … mais Nicolas, le Conseil des Sages … lui … il s’en cogne ! Les Canadiens ont ainsi réussi à plonger dans le noir 4500 sites web parfaitement légaux en l’utilisant pour ne filtrer qu’un seul site !
Peut être aussi que la France est tellement riche que notre président a juste envie de claquer un peu de fric (les fournisseurs d’accès ne financeront jamais ça de leur poche, c’est encore le contribuable qui va y passer), histoire de se casser les dents comme tous les pays qui ont testé le filtrage et qui ont du faire marche arrière.

En savoir plus :

Le Rapport de la Mission Zelnik … l’Internet

HADOPI 3 : la revanche du monstre mutant à 4 têtes

stupide hadopiDans un article publié ce matin même, Numerama revient sur les errements de la commission Zelnik sensée rendre un rapport au gouvernement en vue de la préparation d’HADOPI troisième du nom. Le problème d’HADOPI, c’est qu’à force de fausses couches et de consanguinité, on arrive vite à un texte à l’ADN mutant.

Pourquoi la commission qui devait rendre son rapport en décembre 2009 a t-elle pris autant de retard ? Vous allez me taxer de mauvaise langue mais je me demandais si à tout hasard, cette commission n’attendait pas les décrets d’application d’HADOPI pour mettre en œuvre une stratégie toujours basée sur le même triptyque (le beurre, l’argent du beurre et la crémière) :

1°  Je fais un beau coup de violon pour expliquer que les pirates égorgent les artistes et revendent leurs organes sur Ebay pour en faire des sacs contrefaits Louis Vuitton. Je demande plus de fermeté à l’égard de ces criminels et j’appelle au filtrage BGP.

2° J’explique que mon business va mourir, que je ne peux plus signer d’artistes et que même si mes bénéfices et mon chiffre d’affaire sont en nette hausse « faut pas se fier aux chiffres, on leur fait dire ce qu’on veut ».

3° Je demande une aide de l’Etat (même en bonne santé, une perfusion ça ne fait jamais de mal) sous forme de crédit impôt ou de crédit à la consommation, de « chèque cadeau pour les produits culturels numériques », des sortes de tickets de rationnement pour aller faire la queue devant une caisse de FNAC ou un cinéma… et hop je conserve le coup de la taxation des FAI sous le coude « Au cas ou HADOPI 3 ne marcherait pas » (parce que figurez vous qu’ils ont cru un jour que ça fonctionnerait !).

Pour tout vous dire, je soupçonne cette industrie d’être tellement maligne et inquiète des retards parlementaires pris qu’elle essaye de faire jouer le calendrier en sa faveur. Vous allez voir que si les décrets sont censurés, ou tout simplement inapplicables (comme c’est de toutes façons le cas), le rapport de la Commission Zelnik pourrait tout à fait être en mesure de revenir sur l’abandon de cette taxation. Donc en attendant, on souffle un peu le chaud et le froid, sans trop rien dire, en guettant le Journal Officiel pour savoir quelle réponse technique et financière préconiser pour HADOPI 3.

Le fond du problème, c’est que la commission Zelnik est tétanisée, car elle se rend compte, peu à peu, que la fin des téléchargements, c’est pas demain la veille. Préparer HADOPI 3 c’est être au bord du gouffre et faire un grand pas en avant, du coup on tente, comme un mauvaise élève, de regarder par dessus l’épaule du voisin avant de rendre sa copie. Autre raison plausible, des accords confidentiels entre les ayants droit et le gouvernement ont été conclus et ce dernier aurait promis des petits aménagements dans ses décrets d’application pour compenser le retard pris suite à l’échec HADOPI 1, connue aussi sous le nom d’Epic Fail. Les premiers décrets publiés officialisent la création de la Haute Autorité vachement indépendant (y’a qu’à voir le pédigrée … je vous parlais de consanguinité tout à l’heure … le premier résultat c’est un problème de dyslexie arithmétique qui a poussé 9 gus à investir 1107 m2 dans le 14e arrondissement de Paris). Mais le plus gros des décrets, ceux où la pilule risque d’être plus compliquée à faire passer, concerne l’application technique et définit les procédures. Ce sont les décrets de tous les risques, ceux ou il est impossible de faire quelque chose de cohérent tant le texte est en décalage avec la réalité d’Internet, tant les chiffres ont été bidonnés.

Si vous suivez mon raisonnement, vous allez vite comprendre que la commission Zelnik cherche à regarder par dessus l’épaule du plus mauvais élève de la classe… et elle en est consciente. Dans son état de panique et de psychose, elle est très disposée à faire n’importe quoi, donc elle est prudente. Aujourd’hui (ça ne sera probablement plus le cas une fois la pilule HADOPI 2 avalée), la taxation des FAI selon elle, « parasiterait le message », un doux euphémisme pour qualifier ce vol organisé à la redistribution particulièrement opaques (on ne serait pas étonnés qu’elle alimente quelques caisses noires)  qu’est la taxation des supports vierges légalement désignée comme « taxation pour la copie privée » … si on vous taxe pour de la copie privée c’est bien qu’elle est légale non ? Et bien non, on vous taxe pour copier de manière privative un cd que vous avez déjà … au cas où vous voudriez faire un backup … c’est bien connu. Si vous avez du mal à comprendre la logique implacable de cette taxe, selon la commission Zelnik, il n’y a aucune chance que les internautes comprennent qu’une taxe sur le chiffre d’affaire des FAI ne soit pas purement et simplement une licence globale avec un nez rouge et donc … une invitation à télécharger.

Le message est brouillé depuis longtemps entre l’industrie des biens culturels et les internautes. Ces approximations, ces hésitations, ces contre-temps à répétition, attestent qu’HADOPI 3 sera une nouvelle bataille de tranchée avec deux camps qui s’opposeront, l’un caricaturant l’autre, qu’une fois de plus les artistes seront les grands perdants, qu’une fois de plus les solutions techniques visant à combattre des usages numériques sont nulles et non avenues. On s’oriente donc inéluctablement vers une surenchère des mesures répressives avec des réponses des internautes chaque fois plus violentes… c’est triste.

Image récupérée sur http://www.cetace.org

HADOPI : Patrick Zelnik et Rémi Bouton, un point de vue comme un autre mais une piètre argumentation

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Hier, dans le Monde, est paru un papier co-signé de Patrick Zelnik et Rémi Bouton. Une fois de plus, des lobbystes parlent au nom des artistes, c’est quelque chose d’assez récurent en ce moment de voir des producteurs qui touchent 80% du produit de la vente d’un fichier mp3 prendre la défense des pauvres artistes qui en touchent même pas 20… ils sont bien placés pour savoir à quel point ces artistes manquent de financement. Nous allons donc prendre le temps de répondre avec des faits objectifs.

« Au moment précis où la droite et la gauche, ensemble, dénoncent l’ultralibéralisme et la déréglementation, et préconisent d’une même voix la régulation du marché, certains intellectuels (de gauche ?), économistes, politiciens s’acharnent contre le projet de loi, qu’ils qualifient de répressif et liberticide »

Rassurez vous, à droite ou encore à droite, au centre comme à gauche, les lois liberticides (oui LIBERTICIDE, Constitution article 13 entre autres) ne sont jamais très appréciées. La loi Création et Internet fait jaser tous bords confondus, quelques recherches et un minimum de suivit des débats de l’Assemblée Nationale auraient attiré votre attention là dessus … et vous auraient évité de tomber dés le premier paragraphe dans une grotesque caricature.

Effrayante, cette démagogie ignore en bloc le fonctionnement de l’économie de la musique, le système de rémunération des auteurs et des artistes, ou la problématique d’investissement des éditeurs et des producteurs
Tout de suite les grands mots… Qu’y a t-il de plus effrayant ? Proposer un système de rémunération qui profite aux artistes ou camper sur la commercialisation de galettes que tout le monde sait mortes (une mort que vous avez précipité à coup de DRM). Oui la filière disque, telle que vous la connaissez aujourd’hui est appelée à s’éteindre, désolé de vous le dire aussi brutalement, mais les artistes l’ont compris, la musique dématérialisée, légale ou pas, aura raison de la filière disque… imprimerie, moines copistes, tout ça … je n’insulterai pas votre intelligence en vous disant que vous n’avez pas compris ceci depuis 10 ans, je sais que c’est faux. Votre plus grosse peur est de ne plus pouvoir vous placer en intermédiaire entre les artistes et leur public, rassurez vous … cette peur est légitime ! Il va être de plus en plus dur de justifier votre position, c’est moche mais c’est comme ça, la mort c’est toujours moche et pourtant elle est inéluctable, comme la disparition de milliers d’emplois dans la filière disque… il n’y a que Pascal Nègre pour penser que ça va prendre 30 ans, mais vous et moi savons très bien que ça n’en prendra même pas un tiers. Oui perdre des centaines d’emplois, c’est triste, mais vous ne pourrez pas l’éviter au détriment du net qui en crée par milliers chaque années. Et si vous ne vouslez pas les perdre, adaptez les à l’ère numérique, toutes les professions l’ont fait, pourquoi pas vous ?

en espérant que des « business models » émergent sur les ruines et qu’en attendant, auteurs et artistes interprètes puissent vivre de leurs économies…

Il y a une douzaine d’années, je travaillais pour un distributeur, nous avions mis en garde les majors (Universal notamment) que l’horloge tournait, nous leur avions aussi expliqué que la fermeture de Napster ne marquait que le prélude d’une bataille qu’elles ne pouvaient pas gagner (satanée GPL). Des tentatives de plate-formes de vente en ligne lancées par les majors (Universal et Sony principalement) n’ont fait que reproduire les erreurs commises en points de vente (hors de question de mélanger les catalogues, prix excessif, utilisation de formats numériques propriétaires … un festival de tout ce qu’il ne fallait surtout pas faire pour établir une position dominante). Le bilan, c’est les flops à répétitions que nous avons connu jusque là pendant que l’offre p2p prospérait : le MP3 plébiscité, des moteurs de recherche qui se fichent de savoir qui a produit les titres, un catalogue mondial qui ne connaît nulle chronologie des médias, accessible moyennant un niveau technique proche du néant… et le tout en utilisant une architecture légère mettant à contribution les internautes pour alléger le coût de fonctionnement … pwn3d !
Le « business model », comme vous dites, ça fait bientôt 15 ans qu’il est écrit noir sur blanc, libre à vous de ne pas vouloir y jeter un œil, c’est dommage car c’est assez intéressant pourtant. Souvent, on a tendance a analyser le pourquoi du comment d’un succès, la filière disque a toujours refusé de le faire s’arrêtant à la « gratuité », c’est triste pour les artistes que vous représentez.
Ces ruines ne sont que le fruit de votre obstination à détruire toute initiative de progrès, nous l’avons vu avec l’arrivée des radios, des K7 audio, des graveurs de cd … nous commençons à avoir l’habitude de vos jérémiades. Vous pointez du doigt des problèmes sans apporter de solution, tout simplement parce que vous êtes le problème messieurs.

Une attitude responsable consiste à soutenir ce projet de loi en tant que première étape nécessaire à la construction d’une politique culturelle numérique audacieuse.
Une étape préalable est de proposer un projet de loi qui ne soit pas

  • Anticonstitutionnel ;
  • Inapplicable ;
  • Inconsistant et inutile pour les créateurs qu’il prétend défendre ;
  • Liberticide ;
  • Édicté par des lobbystes sans prendre en compte les 99% de la population qui la subiront ;
  • Ignorant du droit européen ;
  • Ignorant de la logique économique ;
  • Ignorant de 90% des artistes qu’il prétend défendre.

… la classe quoi.

Que la France se déchire autour d’un texte de loi, sous l’œil intéressé des nations du monde entier, qui cherchent elles aussi une réponse à cette révolution numérique, pourrait avoir un avantage : celui de construire le débat.

En un mot … lol ! En plusieurs : non la France ne se déchirera pas pour vous messieurs, il faut arrêter de vous prendre pour le centre de l’univers, les français ont des problèmes bien plus sérieux que vos petites misères … et parlons un peu de l’œil « intéressé » de nos amis étrangers sur la Loi Création et Internet, il y a beaucoup à dire :

Brigitte Zypries, Ministre allemande de la justice : « Je ne pense pas que (la Riposte Graduée) soit un schéma applicable à l’Allemagne ou même à l’Europe. Empêcher quelqu’un d’accéder à Internet me semble être une sanction complètement déraisonnable. Ce serait hautement problématique d’un point de vue à la fois constitutionnel et politique. Je suis sûre qu’une fois que les premières déconnections se produiront en France, nous entendrons le tollé jusqu’à Berlin. ».

Le Ministre de la Culture Lena Adelsohn Liljeroth et le Ministre de la Justice Beatrice Ask :
“La proposition dans le rapport Renfors de donner aux FAI le droit et l’obligation de couper les abonnements à internet des internautes dont la connexion a été utilisée de façon répétée pour des violations du copyright a été fortement critiquée. Beaucoup ont noté que la coupure d’un abonnement à Internet est un sanction aux effets puissants qui pourrait avoir des répercussions graves dans une société où l’accès à internet est un droit impératif pour l’inclusion sociale. Le gouvernement a donc décidé de ne pas suivre cette proposition.”
(…)
les lois sur le copyright ne doivent pas être utilisées pour défendre de vieux modèles commerciaux

Ou le ministre britannique en charge de la propriété intellectuelle qui taille lui aussi un costard sur mesure au projet de loi Création et Internet …

Pw3nd combo !

On ajoute à ça l’abandon d’un projet similaire en Nouvelle Zélande

… et il nous reste un coq qui piaille les deux pieds dedans : la France … on peut être fiers, aucun doute là dessus, vous avez bien fait de nous le faire remarquer… Oh que oui, le monde nous regarde… y’a des jours comme ça on a envie de porter une cagoule !

Malheureusement celui-ci se limite à quelques préjugés anti-show-business en ignorant – ou feignant d’ignorer – les métiers de la musique et du cinéma. Les entrepreneurs culturels, qui investissent leur capital personnel et prennent des risques ne pourront survivre sans un retour sur investissement. Le risque est la justification morale du profit, le contraire de l’argent facile.

C’est amusant, j’avais pas l’impression jusque là que seuls ces métiers nécessitaient de la part des entrepreneurs un investissement sur leur capital personnel et une prise de risque. Par exemple, moi je suis Net entrepreneur, et figurez vous que j’ai les mêmes problèmes que vous, je prends des risques et je ne peux pas survivre sans un retour sur investissement… C’est moi où vous découvrez ce qu’est le métier d’entrepreneur ?

Les internautes se trompent de cible : ce sont les « tuyaux » qui s’enrichissent, aux dépens des artistes et des producteurs.

Pourquoi diable ne pas vous arranger avec eux pour trouver un mode de rémunération et foutre la paix aux internautes, qui, chez les téléchargeurs, sont tout à fait prêts à contribuer financièrement à la création : demandez à tous ceux qui payent une vingtaine d’euros par mois pour accéder aux newsgroups … vous croyez qu’il ne préféreraient pas vous filer cette somme somme au lieu de la payer à des sociétés américaines ?

La régulation du Net est incontournable, sauf à considérer que tout produit qui peut se numériser, se copier et s’échanger deviendrait de fait gratuit.

Vous vous égarez là, la gratuité est un modèle, mais ce n’est pas du tout le seul modèle, en tout cas ce n’est pas du tout celui que les internautes vous proposent. Vous parlez de régulation d’un environnement que vous ne connaissez pas, vous allez réguler du sable dans le Sahara en vous y prenant de cette manière et en insultant l’intelligence des internautes qui sont aussi vos clients. Régulez vos clients, régulez leur espace et vous courrez à votre perte, un peu plus vite encore. Si le Net avait besoin de régulation, ce serait sur des choses sérieuses comme la protection de l’enfance et les risques sanitaires, sûrement pas de sur la « régulation du téléchargement de mp3 à la petite semaine »…

Au-delà de la musique et du cinéma, les services par abonnement des télévisions payantes ou de vidéos à la demande disparaîtraient également.
Ne comparez pas l’industrie de l’image à la vôtre, c’est très maladroit et ça les fâche en plus, il n’aiment pas vraiment que le disque soit comparé à leur industrie : « ces cons du disque » comme ils disent…

Personne ne souhaiterait aujourd’hui revenir au temps où les voitures pouvaient traverser les villages à 100 à l’heure et où les passants n’avaient qu’à se pousser.

Personne n’a non plus l’envie de revenir à la calèche …

Il faudra du temps, nous en sommes conscients, pour trouver un consensus sociétal sur la musique comme il en a fallu sur les comportements routiers.

Franchement, vous croyez pas qu’il y a des choses plus importantes que la musique niveau consensus sociétal ?

Mais il est urgent d’agir pour la musique et le cinéma. Les détracteurs de la loi l’ont caricaturée grossièrement.

Ah non messieurs, là encore, la grossière caricature du pauvre producteur qui défend les gentils artistes devant les méchants internautes pédo violeurs nazi terroristes qui fabriquent des IP et des faux médicaments, c’est pas de nous 😉

Elle est pédagogique, préventive et dissuasive.

Elle est aussi répressive, contournable, anachronique, obsolète et inapplicable.

Elle est nécessaire et vitale, car elle fera comprendre au public qu’il ne faut pas mettre à la disposition de tous des œuvres que l’on n’a pas soi-même créées, au risque de ruiner leurs auteurs et tous ceux qui sont intervenus sur leur création. Ces 1 001 métiers de la musique méritent salaire !

Encore une fois nous vous proposons de VRAIS modèles de rémunération, vous n’en voulez pas, tant pis pour vous. Vous reviendrez pleurer, comme Monsieur Petitgirard, d’ici quelques mois… vous êtes dramatiquement prévisibles.

Une fois la loi votée, il sera plus que temps de construire les nouvelles bases des industries culturelles en France et en Europe en organisant dans six mois des Etats généraux de la création pour aborder sans tabou les questions laissées en suspens par la loi, notamment le financement de la création et de la production. Ce sera aussi l’occasion de dresser un premier bilan de son efficacité et d’éventuels effets pervers, d’ordre éthique notamment.

Ah en fait non, on ne va pas vous attendre quelques mois, le cul de la crémière est donc au programme de la saison 2 … dramatiquement prévisibles disais-je … donc répression des internautes + licence globale + taxe sur la copie privée … c’est quoi la saison 3, du pay per play sur SDcard ?

La licence globale telle qu’elle était conçue était légitime dans son principe, mais inapplicable et injuste. Elle aurait déterminé une fois pour toutes le prix de la musique en fonction d’un abonnement à Internet. Mais cette licence trop globale, qui était sortie par la porte, revient en force – par la fenêtre, sous forme de licences bilatérales conclues entre les majors et les fournisseurs d’accès. Ces accords sont la réplique exacte de la licence globale, car ils prévoient une rémunération forfaitaire pour l’utilisation des contenus.

Une licence « trop globale », des majors, des FAI (oh tien des FAI qui financent des productions cinématographiques), un « prix de la musique ». Je ne vois pas où vous voulez en venir … donc du coup vous arrêtez de produire les machins ronds en plastiques DRMisés, vous n’y croyez plus non plus ? … je croyais que Création et Internet allait relancer les ventes de CD, Pascal Nègre nous aurait menti ?.

Il est impératif que les artistes et les indépendants puissent bénéficier automatiquement desdits accords bilatéraux actuellement négociés par les majors. Un droit de licence serait incorporé aux droits d’auteur et aux droits voisins (droits des producteurs). Les artistes et les producteurs s’approprieraient ainsi le droit d’utilisation de leur création sur Internet. Un tel mécanisme permettrait d’assurer l’égalité des chances entre les majors et les indépendants, atténuant ainsi les effets de la concentration sur le Net.

Ça, les droits voisins, ils vont déguster un jour ou l’autre si vous ne prenez pas les devants des majors qui négocient dans votre dos avec les interlocuteurs qui devraient être les vôtres, c’est pas nouveaux, ça fait 15 ans qu’on vous le dit.

La reprise du marché suppose en effet l’existence et le développement, à côté des grands groupes de communication, d’un tissu de petites et moyennes entreprises culturelles indépendantes – acteurs incontournables de la diversité.

Non, la reprise dépend de ce que les artistes produisent, quand ACDC sort un album, on l’achète, quand Dany Boon fait un film, on va le voir… si vous faites du caca, l’internaute il achète pas (ou il achète, allez savoir pourquoi … le marché est irrationnel, celui de l’art l’est encore plus … c’est finit les années 80, faut tomber la permanente maintenant)… Concernant les « grands groupes » je ne partage pas non plus votre opinion, si vous attendez encore après eux c’est que vous êtes en train de creuser votre tombe. Ce qu’il manque c’est une offre accessible en terme de simplicité, de choix et de coût (les français ne roulent pas sur l’or en ce moment, la crise tout ça … ils achètent à manger avant d’acheter des disques, mais on vous expliquera ça un jour … ou vous le découvrirez, même si je ne vous le souhaite pas).

Le financement du droit de licence serait assuré par les FAI (fournisseurs d’accès à Internet), en prenant garde qu’il ne soit pas répercuté sur les internautes. Quant à son prix, il ferait l’objet d’une négociation entre les FAI, les producteurs et les artistes. Mais faute d’arbitrage des pouvoirs publics, les fournisseurs d’accès s’opposeront à toute nouvelle contribution financière s’ajoutant à la nouvelle taxe destinée à financer l’audiovisuel public (pour compenser la réduction des recettes publicitaires des chaînes publiques).

Ben voyons, dites donc là en fait vous allez nous faire croire dans votre prochaine tribune que vous avez inventé le mécénat global non ? Vous allez voir, nous allons tomber d’accord un jour ou l’autre, une fois que Création et Internet aura été le flop auquel elle est promise.

Comment sortir de cette impasse ? Existe-t-il un modèle « gagnant-gagnant » qui puisse satisfaire à la fois les fournisseurs d’accès, les opérateurs mobiles et les producteurs de contenus ?

Mais oui il existe ouvrez les yeux 🙂

En 1985, la filière musicale a su créer le consensus qui lui a permis de prospérer pendant vingt ans.

20 ans à se reposer sur ses lauriers, quel dommage …

A propos, Jack Lang est favorable à la loi Création et Internet…

C’est qui lui ? Ah le gars qu’on a vu une seule fois à l’Assemblée Nationale cette année, je me souviens de lui maintenant, il est heuuuuuu …. formidable ?.

/-)