Là encore on s’en doutait un peu, la publication des statelogs crée un buzz incroyable dans le monde. OWNI qui a assuré le live toute la journée (et même hier) est pris d’assaut par les internautes qui cherchent à éplucher les statelogs via l’application mise à disposition par l’entreprise française. Le site a été quelques minutes injoignable, mais la situation semble revenue à la normale, l’application d’analyse collaborative des statelogs est donc toujours disponible.
La presse internationale poursuit le grand déballage, dans une tribune sur le site du Monde, Charles Rivkin, ambassadeur des Etats-Unis en France, exprime la position officielle des USA, pas de grande surprise donc, le diplomate insiste sur le fait que cette fuite… ou plutôt cette explosion de canalisation… met des vies en péril. Une chose est désormais sure, la position diplomatique des USA vient d’en prendre un sacré coup.
On trouve dans les statelogs des révélations sur tout et n’importe quoi, depuis les attaques informatiques que Google a essuyé en Chine (le gouvernement chinois n’y serait pas étranger) jusqu’aux coulisses du pouvoir Iranien et les peurs des autres pays Arabe vis à vis de ce voisin un peu trop gênant (.. et non je n’ai encore rien trouvé sur Stuxnet), jusqu’aux pratiques des diplomates américains en terme de renseignement sur leurs homologues. Certes, que des diplomates soient des sources privilégiées des filières du renseignement n’a rien de nouveau, mais une foule de détails est donnée sur les informations que ces derniers sont invités à collecter.
Owni évoque l’application du Guardian et celle d’El Pais, qui proposent un mode de lecture cartographié assez intéressant et très complémentaire de l’application fournie par Owni.
En France, seuls TF1 et M6 n’ont pas été fichus d’évoquer le sujet, ce qui est tout bonnement incroyable et qui en dit long sur l’indépendance de ces deux chaines de télévision. Les internautes sauront s’en rappeler même s’il est vrai qu’il n’avaient pas besoin d’une démonstration supplémentaire de la partialité de ces médias.
Ça y’est, nous l’attendions tous, Owni vient d’ouvrir son application d’analyse collaborative des Statelogs. L’entreprise française avait été contactée directement par Julian Assange, le leader de Wikileaks pour développer une solution permettant d’exploiter les warlogs, première fuite majeure sur la guerre en Iraq.
Owni n’a pas fait qu’assurer le live, c’est aussi un énorme travail en amont de développement qui a été réalisé.
La nuit s’annonce courte sur le Net, Twitter est en effervescence. Il y a des pour, des contres, mais au fond on s’en fout. A l’heure où la France exige la transparence sur les attentats de Karachi, l’heure n’est plus à savoir si on est pour ou contre la publication des Statelogs, la question est de se préparer à faire face à ces révélations.
Wikileaks, c’est un site web, quelques gus dans leur garage aux quatre coins du monde, et c’est aujourd’hui ça qui est sur le point de changer durablement la face du monde.
Owni donne quelques éléments sur cette situation inédite dans un billet très intéressant : » »Comme le titre Der Spiegel, dont la couverture a déjà fuité sur Internet, les “Statelogs” dévoilent “comment l’Amérique voit le monde”. En substance, on y apprend que “Sarkozy est un roi nu”, que “Mahmoud Ahmadinejad est le nouveau Hitler”, et qu’Angela Merkel s’est vue surnommée d’un “Teflon”, déclinaison moderne de la “Dame de fer”.
CNN de son côté parle pour l’instant de documents extrêmement embarrassants
Un nouvel article vient d’être publié sur le Jerusalem Post et c’est une première bombe : selon l’organe de presse israélien la Turquie aurait aidé AlQaida
Wikileaks sur son blog précise que les attaques par déni de service distribué n’y feront rien, c’est bien ce soir que seront diffusées les premières fuites, même si le site est inaccessible, El Pais, Le Monde, Speigel, le Guardian et le New York Times diffuseront les premiers documents. Du côté de Wikileaks, sur le channel irc (qui subit aussi des attaques), l’attaque par déni de service du site est largement commentée, les administrateurs ne semblent pas penser qu’elle vienne des autorités américaines.
17h10 : Le site de Wikileaks ne répond plus. Certains miroirs non plus, on ne sait pour l’instant pas d’où vient le problème mais en l’absence d’erreur, ceci ressemble à un problème de charge serveur. N’oubliez pas que si vous êtes un peu bidouilleur, vous pouvez monter un mirroir de réplication de Wikileaks grâce au travail de Benoit Chesneau.
Une source que je considère comme parfaitement fiable vient de m’indiquer que les Statelogs pourraient bien modifier durablement les relations diplomatiques entre états. Une affirmation qui corrobore l’ambiance électrique dans les ministères et ambassades du monde entier, perceptible dans la presse internationale, alors qu’étrangement en France, c’est toujours le silence radio absolu. Je ne saurais trop exprimer mon étonnement face à ce mutisme.
Le Quai d’Orsay, contacté par Owni dit « n’avoir rien prévu pour le moment »… comme les médias audiovisuels français… amusant.
EDIT : Wikileaks est sous le coup d’une attaque DDoS
Comme on pouvait s’en douter, le site Wikileaks estr sous le coup d’une attaque par Deni de Service Distribué
Alors que la presse écrite internationale est sur le pied de guerre et qu »Internet n’a que les Statelogs sous le clavier, les télévisions françaises semblent bouder, voir boycotter ce qui ressemble de plus en plus à la plus grosse bombe diplomatique depuis le Watergate. Que fait la presse audiovisuelle française ? A t-elle recu des consignes de la part du Quais d’Orsay ou de l’Elysée ? Pas un seul mot à la télévision sur les chaines nationales, privées comme sur celles du service public… les Statelogs sont passés sous silence, tout comme les échanges diplomatiques entre pays qui ne cessent de s’intensifier.
Si les télévisions jugent aujourd’hui plus intéressant de parler du nouvel album de Sylvie Vartan, il faut qu’elles s’attendent à quelques railleries sur le Net, elles n’y couperont pas.
L’édition spéciale de Der Spiegel serait déjà en vente à Bâle, le quotidien allemand est donc le premier à avoir traité le sujet, l’information a été diffusée par un internaute allemand via son Twitter.
Owni nous relate les faits marquants relevés par Der Spiegel :
Les documents couvriraient une période qui s’étend de décembre 1966 au 28 février 2010
Il y aurait 50.000 mémos sur la seule année 2008, quand Barack Obama est arrivé au pouvoir
Les Etats-Unis en savent plus sur les secrets de la politique allemande que les politiciens allemands eux-mêmes.
“Barack Obama n’a pas de lien émotionnel avec l’Europe”
Les Etats-Unis ne s’intéressent plus à l’Europe, préférant se tourner vers la Chine
Le Live d’OWNI, toujours aussi passionnant fait état d’une dépêche Reuters qui met en exergue des allégations de corruption dans les anciennes républiques soviétiques d’Asie centrales qui devraient donc également être victimes de ces révélations.
Le porte parole du Département américain, PJ Crowley a déclaré que l’administration américaine était encore en train de tenter d’évaluer l’impact de cette fuite majeure et dit déplorer ce qui s’est passé : « Ces révélations sont nocives pour les États-Unis et nos intérêts. Elles vont créer des tensions dans nos relations »,
Owni semble aussi confirmer une annonce du quotidien allemand Der Spiegel : la publication serait prévue pour 22h30 ce soir, mais des informations devraient continuer à parvenir au compte gouttes dans la journée. Reuters semble plutôt dire que le Guardians et le New-York Times se coordonnent pour publier dans le courrant de la semaine prochaine. Enfin, la dépêche Reuters alimente encore le mystère sur le volume exact de documents et fait référence, cette fois, à plus de 400 000 pièces !
Ce nouvel épisode Wikileaks, comme pour les Warlogs, n’est pas non plus sans poser une problématique d’un nouveau genre aux grands quotidiens dans le secret. Soient ils publient une analyse sans complaisance aucune puisque tout les documents vont être lâchés sur le Net, soit ils ne publient rien du tout. Les rédactions pour l’instant dans le secret ont donc la quasi obligation de transparence dans leur analyse, et ça c’est une nouveauté. Le quotidien américain se serait d’ailleurs entretenu avec la Maison Blanche selon Le Soir.
Autre information importante, la grande majorité des documents seraient datés d’après 2004 et plus de 9000 seraient datées des deux premiers mois de l’année 2010. Nous devrions donc avoir une masse d’information très importante sur la politique et la diplomatie contemporaine, peut être de quoi enrichir de manière significative les ouvrages scolaires d’histoire qui couvrent cette période.
Dans cet article, on a quelques informations sur la classification de ces documents :
40,5% de ces documents sont classés comme «confidentiels»
6% d’entre eux, soit 15 652 document sont classifiés «secrets».
4330 documents, les plus embarrassants sont classifiés « Noforn », ne pouvant être divulgués à des étrangers..
Dernière information, il semble que l’Italie par le biais de son ministre des Affaires étrangères Franco Frattini, ait demandé une enquête sur Wikileaks, une information émise originellement par le il Corriere des la Sera et relayée dans la presse espagnole par l’agence ABC. Le vent de panique semble donc s’étendre d’heures en heures, on sait que l’administration américaine contacte actuellement de nombreux dirigeants pour tenter de préparer le terrain. Ces échanges diplomatiques sont assez significatifs et tombent assez mal pour que Franco Frattini déclare : « Il n’y a aucun complot, personne n’en a jamais parlé, mais je suis préoccupé par la combinaison de facteurs distincts les uns des autres qui une fois mis ensemble pourraient nuire à l’image de l’Italie et à notre intérêt national. » Le ministre fait ici référence à une affaire de corruption supposée impliquant Finmeccanica, le géant de la défense italien. Le Figaro donne un peu plus de détail sur le climat de tension qui règne en Italie ou le pouvoir semble craindre une réaction vive de l’opposition.
Owni a repris son live ce matin, et le site d’information aussi auteur d’une application destinée à éplucher les milliers de documents issus des warlogs se fait l’écho de quelques nouvelles informations intéressantes, à commencer par l’analyse de la Pravda en Russie, qui, signe des temps, joue la carte de l’apaisement entre Wikileaks et le Département d’État américain.
Owni relate également que le Dailymail révèle qu’on trouve dans les Statelogs des propos peu flatteurs sur Nelson Mandela ainsi que d’autres chefs d’États africains. Les révélations ne s’en tiennent pas là et pourraient même devenir un plus embarrassantes encore pour l’administration Bush qui aurait ignoré les appels des Nations Unies à la retenue en Iraq parce que le Secrétaire général d’alors, Kofi Annan, était noir (c’est du moins une position qu’aurait soutenu Nelson Mandela).
Toujours via le Dailymail, on apprend l’existence de plus de 800 notices émanant de l’ambassade américaine de Grande-Bretagne assez critiques, voire hostiles, à l’encontre de Gordon Brown et de son gouvernement. David Cameron, son successeur ne serait pas non plus épargné à en croire le quotidien anglais.
Certaines de ces notices feraient également référence à l’attentat de Lockerbie.
Les documents que Wikileaks s’apprête à révéler sont issus du SIPRNet. Ce réseau partagé par 2,5 millions de membres de l’administration américaine recèle de nombreuses notices classifiées « secret » (second niveau de secret) et sont considérées comme pouvant provoquer des dommages importants pour la sécurité nationale américaine. Aux USA, on hésite pas à parler d’irresponsabilité, un argument déjà avancé lors de la publication des warlogs. Cependant, à ce jour, les warlogs n’ont causé aucun dommage humain. Loin de moi l’idée de tenir une comptabilité morbide, mais ce qu’a démontré les warlogs, c’était que le score en pertes humaines collatérales incombait bien plus aux militaires en poste dans le moyen-orient que la fuite elle même ne pourrait jamais prétendre à en faire.
La position britannique, selon des insiders de la défense, semble cependant délicate et certaines sources n’hésitent pas à dire que la sécurité nationale du pays pourrait être «mise en péril» en faisant référence à des opérations en territoire afghan ou iraquien.
Notons cependant, dans que le Dailymall, à l’instar de la presse canadienne, sonde ses lecteurs en posant la question de manière un poil orientée, du coup, si les canadiens se montraient favorables à presque 85% à cette publication, les résultats dans le Daylimail sont bien plus contrastés :
Le Dailymail désigne Bradley Manning, jeune soldat américain interpellé par les autorités, suite à la publication des Warlogs, comme responsable probable de cette fuite majeure. Pour l’instant sa culpabilité concernant cette fuite n’est pas avérée. Rappelons que même Wikileaks, n’est pas sensé savoir d’où vient cette fuite puisque sa procédure de collecte des informations est particulièrement respectueuse de l’anonymat de ses informateurs (tous les échanges sont chiffrés de bout en bout et tout est fait pour garantir l’anonymat de l’émetteur). Plus encore, le Dailymail parle de documents classés « top secrets » que Manning se serait procuré, alors que la position officielle de l’administration américaine est de dire qu’aucun document classifié top secret (le plus haut niveau), n’ont été dérobés. Information semble t-il corroborée par Der Spiegel : 15.652 mémos sont classifiés “secret ».
La fuite est jugée assez sérieuse pour que l’ambassadeur américain en poste à Londres, Louis Susman, prenne une initiative sans précédent : se rendre à Downing Street pour informer les fonctionnaires britanniques sur ce qu’elle a baptisé le « contingency planning ». De son côté Hilary Clinton avouait que la situation était « extrêmement embarrassante pour les USA« .
Les échanges entre diplomates ne sont jamais que des anecdotes, oui mais pas n’importe lesquelles, ces anecdotes sont celles qui guident une politique internationale, font ou défont des relations commerciales et impliquant la croissance et l’emploi de nations entières. Des révélations sur des enjeux cachés de certaines négociations ou de certaines positions embarrassantes entre états peuvent ainsi semer le trouble entre deux pays. Sans aller jusqu’au conflit armé, des rancoeurs peuvent naître, comme de nouvelles alliances qui paraissaient jusque là improbables.
Les diplomates du monde entier sont sur les dents depuis quelques jours… et il y a que quoi : le site Wikileaks qui n’en est pas à son coup d’essai, serait sur le point de diffuser pas moins de 251 287 documents secrets issus du réseau SIPRNet (Secret Internet Protocol Router Network) de l’administration américaine. Le documents ont déjà été transmis par Wikileaks à de grands journaux internationaux, selon une méthode éprouvée lors de la publication des Warlogs. Ce sont pour l’instant 5 médias qui seraient en possession de ces documents : le New York Times, Der Spiegel, le Guardian, El Pais et Le Monde.
En plus des USA, de nombreux pays sont concernés par ce qui ressemble à la plus grosse fuite que l’histoire n’ai jamais connue : le Royaume-Uni, l’Australie, le Canada, le Danemark, la Norvège, Israël, la Russie, la Turquie, l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis, la Pologne, la Finlande, l’ Afghanistan, l’Inde, la Chine et la France (la liste s’allonge d’heures en heures). Rien que pour la France, Owni rapporte que ce serait entre 500 et 1000 documents qui devraient être publiés par Wikileaks. Owni fait référence à des échanges entre les autorités britanniques et américaines susceptibles de vexer la France, visiblement en proie à certaines railleries de la part des alliés anglo-saxons.
La plus grosse catastrophe diplomatique de l’histoire
Selon Jean-Marc Manach, on s’orienterait tout droit vers la plus grosse catastrophe diplomatique de l’histoire. Les lignes téléphoniques des ambassades du monde entiers sont encombrées, l’administration américaine, se préparant au pire, contacte en ce moment même les diplomates de très nombreux pays. De son côté, la presse britannique affirme que les documents seraient, pour ce qui concerne le Royaume Unis, plus embarrassants que dangereux pour le précédent gouvernement. Concernant les autres pays, il se pourrait bien que les choses soient un peu plus qu’embarrassantes, les ambassades craignent par exemple pour la sécurité de leurs civils et de leurs troupes dans certaines zones à risque. Chaque message issu du SIPRNet se compose de la date, de l’auteur, du destinataire, de la classification et enfin du message lui même. Le corps des messages contiendraient pour certains les noms des informateurs.
L’administration américaine mise en déroute par son propre bébé : Internet
Le Département d’État américain est en train de faire les frais, à grande échelle, d’un signe des temps. Les vieux internautes le savent bien, Internet a une influence directe sur nos sociétés, une influence bien perceptible qui sort du cadre de l’Internet lui même et qui modifie des pans entiers de nos usages, de nos conventions dans la vie réelle. Une telle fuite, sans un outil comme Internet, n’aurait jamais pu être rendue possible. Du coup, dans le monde, les réactions sont partagées, si les américains sont globalement furieux, à l’image du cofondateur de Wikipedia, Larry Sanger, qui hurle comme un putois sur Twitter que Wikileaks est l’ennemi du peuple américain. Dans d’autres pays, on est plutôt massivement favorable à la publication des Statelogs. Ainsi au Canada, un sondage réunissant plus 50 000 votants est sans appel : ce sont presque 85% des votants qui sont favorables à la divulgation de cette fuite majeure.
Peu importe le contenu de ces documents, Wikileaks aura prouvé une fois de plus qu’Internet est en train de changer la face du monde et que nul ne peut l’en empêcher, pas même ses géniteurs.
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