Consultation sur le droit à l’oubli numérique … Fail again

Je vous ai parlé de mon point de vue sur le droit à l’oubli numérique dans un billet précédent, une absurdité technique revenant à vous demander si vous êtes pour ou contre la mort derrière laquelle on sent se profiler la censure de Wikipédia ou de Archive.org. Et en donnant l’url de la consultation gouvernementale sur ce thème, tous mes interlocuteurs sont étrangement tombés sur un message leur indiquant qu’ils avaient déjà voté …

Voici le lien en question :

http://www.prospective-numerique.gouv.fr/place-publique/votez/etes-vous-favorable-la-mise-en-place-d-un-droit-l-oubli-numerique.html

Currieux de comprendre comment ce ci est possible, j’opte pour la solution du proxy (avec un autre navigateur et une IP turque toréfiée) en me rendant sur cette page :

http://www.prospective-numerique.gouv.fr/place-publique/

Puis en clicant au bon en droit vers le bas à gauche sur « Etes vous favorable à la mise en place du droit à l’oubli numérique », voilà que l’on me prose de voter.

Je clique et hop … il semblerait que cette consultation nationale passionne la Turquie puisqu’on me renvoi ce message : « Vous avez déjà voté depuis cette adresse IP »… et moi qui m’attendait à me faire jeter pour « fabricage d’IP pas de chez nous »…

Du coup je me demande si vous, internautes, pouvez être consultés …

  • Arrivez vous à voter ?
  • Quelle url transmettre pour que les gens puissent voter ?

EDIT : Bon voici le résultat des premiers tests de ce qu’il convient de désigner comme une consultation nationale étendue :

  • Impossible de voter depuis une IP française #lol
  • Impossible de voter depuis une IP turque
  • Impossible de voter depuis une IP tchèque
  • Impossible de voter depuis une IP finlandaise
  • Impossible de voter depuis une IP suisse
  • Possibilité de voter depuis une IP canadienne
  • Possibilité de voter depuis une IP américaine
  • Possibilité de voter depuis une IP suédoise
  • Possibilité de voter depuis une IP danoise
  • Possibilité de voter depuis une IP japonaise
  • Possibilité de voter depuis une IP brésilienne
  • Possibilité de voter depuis une IP allemande
  • Possibilité de voter depuis une IP ukrainienne
  • Possibilité de voter depuis une IP bulgare
  • Possibilité de voter depuis une IP indienne
  • Possibilité de voter depuis une IP malaisienne
  • Possibilité de voter depuis une IP chinoise

On relance le débat sur l’identité nationale ?

Droit à l’oubli numérique : pourquoi c’est crétin ?

Attention, malgré un titre provocateur, ma position sur ce point est loin d’être tranchée, je ne nie pas qu’il existe des cas dramatiques, en revanche je trouve stupide de légiférer sur ce qui est techniquement absurde et dangereux (notre corpus législatif est déjà suffisant pour répondre aux problématiques de retraits de contenus diffamatoires ou portant atteinte à la personne). Je réagis à un tweet de @versac signalant qu’une consultation est actuellement en cours sur ce thème et dénonçant par là les « sécuricistes » … point sur lequel je le rejoins parfaitement, et voici pourquoi :

Primo, la problématique :

Oui certaines personnes, peu éduquées numériquement ont à souffrir de ce que la tendance marketing actuelle appelle la e-réputation. Il y a même des cas dramatiques (Cyndy Sanders si tu me lis…). Pour les gens comme tout le monde (… tout le monde n’a pas le don d’un Frédéric Lefèbvre pour se faire détester des internautes) tout commence par une confiance excessive sur les informations qu’ils diffusent sur le Net via des blogs, des réseaux sociaux ou autres. L’information peut être reprise, déformée et rediffusée… comme dans la vraie vie. Il y a bien des cas dramatiques qui existent, par exemple des mineurs s’exhibant devant des webcams et se retrouvant sur des sites malsains, mais là encore il s’agit d’un manque véritable d’éducation et les parents en sont au moins aussi responsables que les victimes elles mêmes.

De nombreuses questions autour de ce fumeux concept de droit à l’oubli :

  • Que sommes nous prêts à accepter pour pardonner la bêtise des uns et le manque d’éducation des autres ?
  • Comment faire pour sortir des informations qui sont entrées dans le réseau ?
  • Combien cela couterait-il ?
  • Qui appliquerait un blocage (les FAI ?) ou ferait appliquer un retrait de contenu ?
  • On le ferait sur demande de n’importe qui ou faudrait il que ce soit un juge qui ordonne pour un motif constitué légalement le droit à l’exercice de cette demande d’oubli ?
  • Est-ce que ça ne risque pas de nuire à des choses bien utiles comme le site Archive.org qui s’est donné pour mission d’être la mémoire du web ?

En pratique, faire retirer un contenu peut être envisagé comme la solution … sauf que le réseau des réseaux ne connaissant pas de frontière, l’information est répliquée et rediffusée hors de nos juridictions, elle est dans le cache des moteurs de recherche, sur les disques durs des gens qui l’ont visionné …. En soi, l’oubli sur Internet n’est donc techniquement pas possible, il est même complètement absurde. N’importe qui pourra l’archiver une information et la rediffuser des années après. On dit que les français n’ont pas de mémoire, c’est peut être aussi pour ça que le Net  un rôle sociétal à jouer.

Il m’est avi que ce droit à l’oubli est illusoir, c’est tout ce qu’un certain bisounours hémiplégique (Emmanuel Hoog, si vous ne voyez pas de qui je parle) a trouvé pour faire parler de lui … et il a réussit son coup. A quand une consultation publique sur l’engagement de l’Etat dans le déploiement d’un réseau fibré gigabit accessible aux particuliers (comme c’est déjà le cas en Corée du Sud) ?

Pour citer un ami qui se reconnaitra, « La France n’a pas les tuyaux de ses ambitions« , elle a en ce moment en revanche un faculté hallucinante à légiférer sur des âneries.

En complément d’information, je vous invite à lire le savant billet de Denis Ettighoffer avec lequel je me suis pourtant souvent opposé à l’époque où je n’étais qu’étudiant à l’ISTEC 😉

PS : Denis, je suis ravis de constater que vos positions sur le monde du logiciel libre ont évolué 😉