Alors que l’on nous annonce que la machine devrait se mettre en route très vite, il y a quelques petits points de détails qui restent problématiques. Le mot d’ordre, c’est la dissuasion, alors que loin d’être dissuasive, on se doute bien de l’effet que va produire la première vague de courriers électroniques :
- Une migration (encore plus) massive vers d’autres solutions de téléchargement que le peer to peer, encourageant une nouvelle économie illicite ;
- Des faux mails devraient eux aussi inonder vos boites mail et créer quelques petites congestions ;
- Des utilisateurs désorientés qui n’ont toujours même pas un petit site web où obtenir des informations claires ;
- Les modalités pratiques de contestation d’un avertissement n’ont pas même été effleurées ;
- Le processus de contestation va lui aussi assez sérieusement impacter la HADOPI car elle ne sera pas en mesure de les traiter correctement, ouvrant ainsi une brèche importante pour des ratios d’erreurs importants.
- La négligence caractérisée et le manque de diligence à sécuriser son accès Internet restent une vaste blague pour 99% des internautes français, mais je vais -encore- y revenir dans un prochain billet ;
- Free refuse de financer de sa poche le coût de l’identification des internautes là ou des opérateurs ne se cachent pas de collaborer docilement (c’est le cas de SFR et on se doute bien que Christine Albanel, nouvelle directrice des contenus d’Orange incitera le groupe à faire fuir les derniers jeunes abonnés qui restaient chez l’opérateur historique)… Le bras armé de la HADOPI pourrait donc ne pas fonctionner chez tous les FAI de la même manière, c’est une donnée assez intéressante à prendre en compte.
Et pourtant, vu le public visé, il y a fort à parier que la rentrée scolaire représente une date de coup d’envoi toute choisie. Alors, la HADOPI est elle vraiment prête ? La réponse est évidemment non. On attend aujourd’hui de la Haute Autorité plus qu’une elliptique plaquette distribuée en bordure d’autoroute pour prendre la mesure de l’applicabilité des décrets d’applications dont je persiste à dire que certains n’ont ni queue ni tête, faites le Quizz, vous verrez bien.
Les déconnexions d’internautes devraient rester très marginales cette année, le temps que la mécanique se mette en place et que l’on puisse mesurer l’impact desdits mails sur les internautes. Les ayants droit attendent beaucoup de cet impact psychologique, surement beaucoup trop. C’est en revanche dans les premiers mois de cette mise en place que ces mêmes ayants droit pourraient en toute logique commencer à se plaindre des migrations naturellement opérées par les internautes et hasard de calendrier, ça va tomber pile au moment des débats parlementaires sur la LOPPSI 2 et le filtrage des sites pédo-pornographiques que certains verraient très bien appliqués à certains sites, même si une partie de leur usage est parfaitement légal (megaupload, rapishare, dl.free.fr …). Pour le peer to peer, nous avons vu que ce n’était pas les usages légaux qui arrêtaient le législateur pour en faire un outil illicite. Qui sera le prochain sur la liste ?
Et pendant ce temps , nous avons :
- Une offre légale toujours aussi ridicule ;
- Des discussions avec les majors pour les contraindre à des facilités d’accès à leur catalogue au point mort, l’Etat a généreusement tout donné sans demander de contre-parties ;
- Apple qui commence à stresser l’industrie de la musique…
La HADOPI va donc devoir intervenir dans un contexte ou rien ne sera fait pour qu’on l’oublie, en pré-campagne présidentielle, ça peut donner des choses intéressantes, mai quoi qu’il en soit, la HADOPI va chercher à séduire pour tenter de sortir de son costume de douanier. Quelles armes préventives utilisera t-elle ? quelle sera la part budgétaire Répression/Prévention… et surtout, que sera t-elle en mesure de proposer comme offre légale ?