#DCRI vs #Wikipedia : le secret défense à géométrie variable

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L’affaire qui a opposé la DCRI à Wikipedia la semaine dernière commence à prendre un tournure vraiment rocambolesque. Il semble maintenant avéré que la source d’information principale de Wikipedia était bien le reportage TV de TL7 (toujours en ligne). Vendredi dernier, Le Point nous apprenait que  le sous-officier Pierre Jeansac faisait maintenant l’objet d’une enquête conduite par la DPSD (Direction de la protection et de la sécurité de la défense). Les faits qui lui sont réprochés sont la « divulgation sans autorisation des matériels et des procédures secrets, concernant notamment la chaîne de transmission du feu nucléaire » nous apprend Le Point.

C’est en fait un ensemble de petites défaillances qui auraient conduit à l’apparition à l’image d’un petit boitier qui n’aurait pas du l’être. Le hic, c’est que l’armée s’est bien procurée avant sa diffusion une copie de ce reportage datant quand même de 2004. TL7 avait évidemment obtenu toutes les autorisations nécessaires pour la visite guidée et la diffusion de ce reportage. Mais que s’est il passé en 9 ans pour qu’au final les autorités militaires se réveillent et viennent s’adresser à un administrateur de  Wikipedia pour exiger le retrait d’un article alors que la vidéo de TL7, est, elle, toujours en ligne ?

Comment un magistrat ou des enquêteurs ont pu conclure que la page Wikipedia était plus illicite et constituait une infraction qu’il fallait faire cesser au plus vite alors que sa principale source était ce reportage de TL7… et qu’il est manifestement moins important supprimer d’Internet ? La chaine dit s’attendre à être censurée, mais vu la médiatisation de l’affaire, ceci n’aurait de toutes façons plus aucun sens. Des dumps de ce reportage ont du fleurir aux 4 coins du globe).

Le secret défense se joue t-il :

  • au nombre de visiteurs ? 
  • à la nationalité du proprio qu’on trouve dans le whois ?
  • au PageRank Google ?
  • à la territorialité des octets stockés ?

Ou est-ce tout simplement parce qu’un admin de Wikipedia sans carte de presse c’est toujours plus malléable qu’un journaliste ayant agi dans les règles de l’art ?

Le secret défense à géométrie variable… il fallait y penser. Mais voyons le bon côté des choses, outre le fait que la défense nationale ne devrait pas pâtir de ce petit raté, geeks et radioamateurs vont pouvoir inscrire dans leur 2do Foursquare une chouette destination où il semble faire bon skier.

DCRI vs Wikipedia : le retrait a été demandé dans le cadre d’une enquête préliminaire pour compromission

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Décidément, voilà une affaire qui fait couler beaucoup de pixels. Je m’étonnais déjà hier que l’on stigmatise la DCRI sans se poser de questions ultra basiques : « qui, pourquoi, comment ». Aujourd’hui pas mal de média reprenaient la dépêche AFP (et ses erreurs : Rémi Mathis n’est pas le président de Wikipedia France, qui n’existe pas, mais de Wikimedia France dont le rôle est de supporter et promouvoir Wikipedia). La presse s’est focalisée sur le troll du ministère « on ne peut pas parler de menaces« , passant totalement à côté de l’information essentielle dans sa déclaration :

« Dans un état de droit, on ne peut pas assimiler à une menace l’engagement d’une procédure judiciaire »

… Et oui il y avait bien une procédure en cours.

Le Point écrivait aujourd’hui :

« En voulant supprimer hors de tout cadre légal un article contenant des informations jugées sensibles, le contre-espionnage en a décuplé l’audience. »

Evidemment, ceci est une ânerie, on pouvait s’en douter. Il y a bien un cadre légal, la DCRI n’a pas joué les cowboys… On apprend ce soir que la DCRI est en fait intervenue dans le cadre d’une enquête préliminaire au motif de compromission conduite par la section antiterroriste du Parquet de Paris. Compromission de quoi ? D’un site abritant des activités sous couvert du secret défense. Et comme le souligne Le Point, cette fois justement, et comme je le soupçonnais déjà depuis hier, et comme je le ré-affirmais aujourd’hui : le motif invoqué par la DCRI, c’est probablement le motif qui lui a été fourni par le plaignant, probablement le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) qui répond directement du cabinet du premier Ministre.

la DCRI a agit dans le cadre d’une enquête judiciaire tout ce qu’il y a de plus « normale », même si les menaces (oui, ce sont bien des menaces) et les pressions dont Remi Mathis a été l’objet demeurent inacceptables.

Ces menaces sont le fruit d’un bug de procédure inhérent à Internet et met en exergue l’encapsulage un peu manqué de cette demande dans le bundle LCEN. La loi sur la Confiance dans l’Economie Numérique qui décrit le mécanisme de retrait d’un contenu manifestement illicite, et implique qu’une demande de retrait soit motivée par des faits précis et probants. Dans notre cas, l’absence d’explications précises et probantes a conduit, logiquement, la Wikimedia Foundation (US) à refuser le retrait. Il ne s’agit pas à proprement parler d’un vide juridique mais d’un cas assez particulier sur lequel l’avis d’un juge pourrait lui seul nous éclairer…

Partant de là, on peut raisonnablement supposer, en restant très prudent, que les menaces subies par Rémi Mathis émanent du plaignant, la DCRI ne s’en faisant que le porte parole.

Voici enfin une thèse qui expliquerait pourquoi nous en sommes arrivés à cet effet Streisand, un effet certainement bien connu de la DCRI, mais probablement bien moins connu du SGDSN ou d’un autre service moins rompu à la culture Internet.

 

#DCRI vs #Wikipedia : traitement médiatique indigne et fantasmes paranoiaques

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Quand on voit le traitement médiatique réservé à l’affaire Wikipedia vs DCRI et les commentaires qui fleurissent avançant la théorie du complot, on se rend compte qu’un climat de défiance malsain est en train de s’installer entre les autorités et les citoyens. Quelque chose ne tourne pas rond. Je vous expliquais hier que je commençais à m’alarmer d’observer le traitement médiatique fait à cette affaire sans que personne ne semble vouloir se poser des questions les plus basiques pour juger de la légalité de l’action de la DCRI. Une immense majorité de la presse semble n’avoir que faire de ces questions et préfère se focaliser sur l’effet Streisand engendré par ce qui demeure, j’en suis convaincu, de l’ordre de la boulette d’une entité tierce (que je soupçonne plutôt grande et plutôt muette).

Comment la taupinière a t-elle accouché d’une montagne ?

Ça commence par de multiples imprecisions : la presse martèle que la demande de la DCRI ne s’appuyait sur aucune justification légale et que la DCRI n’avait argué que du sacro saint secret défense. Combien de journalistes ont mis en perspective le fait que des explications plus appuyées à la Fondation US Wikimedia reviendraient à révéler le secret défense (ou à donner de sérieux indices) qui est justement l’objet de sa demande ? Il y a ensuite ce petit détail qui semble échapper à tout le monde; la place Beauvau dans son communiqué en réaction à la dépêche AFP précise :

« Dans un état de droit, on ne peut pas assimiler à une menace l’engagement d’une procédure judiciaire »

Allo la presse ? une « procédure judiciaire » ! Chère presse, tu dis un peu de la merde quand tu fais passer la DCRI pour des cowboys. Si cowboy il y a, peut être faut-il gratter un peu pour savoir qui a vraiment pris la décision d’écouter Wikimedia France qui n’a aucun autre rôle que de promouvoir et soutenir Wikipedia, une personne physique et non morale, dont le seul tort était d’avoir les droits d’administration du site et donc le pouvoir de retirer une page. Un pouvoir bien dérisoire quand on connait un peu l’organisation et le mode de fonctionnement de Wikipedia puisque la page est très vite revenue en ligne et à même été traduite dans plusieurs langues.

Chère presse, pourquoi ne te demandes tu pas s’il y a une plainte de déposée et de qui elle émane ? Pourquoi ne te demandes tu pas pourquoi Wikimedia n’a pas fait l’objet d’un référé judiciaire, comme il est de coutume quand on veut gérer l’urgence ?

Pourquoi ne te demandes tu pas si la boulette ne peut pas venir d’ailleurs que la seule DCRI ? C’est parce que c’est la DCRI qui s’est occupée de l’affaire et que généralement, on aime bien mettre la DCRI au centre de tous les lulz avec pour référent culturel les Barbouzes que l’on aime associer à des pieds nickelés ?

Tu ne crois pas un instant plausible qu’une autre instance de l’état, ou même qu’un magistrat ait pu se fourvoyer au point d’ignorer ce qu’est un effet Streisand (et par là même en sortant de ses prérogatives qui n’ont jamais été de faire cesser une infraction) ? Tu te crois plus geek que les enquêteurs de la DCRI pour penser qu’ils ne connaissent pas ce genre d’effet sur Internet alors que tu n’as pas toi même un quart de leur compétence technique ?

Ou peut être t’amuses tu tout simplement d’un raté sans avoir l’honnêteté de mettre en perspective les 99% d’affaires dont tu n’entendras jamais parler… et oui quand la DCRI fait bien son travail, elle ne te passe pas un coup de fil pour te dire « mission accomplie », c’est donc bien facile pour toi de la stigmatiser attendu que ce n’est certainement pas elle qui te demandera un droit de réponse.

Quand tu claironnes qu’il s’agit d’une « tentative de censure injustifiée », c’est à croire que tu es dans le secret des dieux. Pourquoi ne parles tu pas des FAITS, à savoir une tentative de censure (ou plutôt de retrait abusif de contenu)  non motivée, non expliquée, qui ne pointe pas du doigt un contenu manifestement illicite, de manière précise et probante pour l’hébergeur sommé de retiré le contenu litigieux.

Pas un seul journaliste, pas un… pour évoquer un probable bug de procédure du à l’insistance d’une instance qui tait son nom et qui serait à l’origine de ce monumental fail médiatique ?

La théorie de l’écran de fumée

Cette théorie est probablement celle que l’on relève de plus dans des centaines de commentaires. Elle me semble tout bonnement ridicule et ce à plusieurs titres :

Si la DCRI avait envie de créer des écrans de fumée pour détourner l’attention des scandales qui agitent la classe politique en ce moment, elle n’utiliserait certainement pas Internet comme fondement du dit écran de fumée. Elle choisirait une histoire bien plus en vue qui ne se cantonne pas au petit monde des geeks, et désolé de le dire : au petit monde d’Internet.  Attention, scoop : Internet n’est pas le centre de l’univers, il en serait plutôt les extrémités.

Malheureusement, cette théorie conspirationniste particulièrement tenace n’est qu’une réponse logique aux errements de certains politiques qui jouent les traders off-shore. Un climat de défiance malsain qu’on ne manquera pas de retrouver à toutes les sauces, pour d’autres affaires et ici à mes yeux entretenu par de nombreux articles de presse.

Quelqu’un a bien merdé

Quelqu’un, quelque part a bien merdé, c’est un fait. Pointer du doigt la DCRI qui agit dans le cadre d’une enquête judiciaire est la solution de la facilité, celle qui fera loler allègrement tout le monde… mais cette solution n’est fort probablement pas celle qui ira dans le sens de la manifestation de la vérité judiciaire. Pire, elle entretiendra un climat de défiance vis à vis de l’autorité, un climat malsain du genre « tous pourris la DCRI aussi » qui au final, fait le jeu des extrêmes.

 

L’effet DCRI

dcriVous n’avez probablement pas manqué le surprenant épisode de cette fin de semaine entre la DCRI et l’encyclopédie collaborative Wikipedia. La Direction du Renseignement Intérieur a convoqué le président de la Fondation Wikimedia France pour exiger de lui le retrait de l’article concernant la station hertzienne de Pierre sur Haute. Celui ci n’a eu d’autre choix que de s’exécuter sous la menace (on va reparler de ce mot) de poursuites à son encontre. La station hertzienne de Pierre sur Haute assure les communications militaires inter-armées et jouit à ce titre d’un statut particulier car elle accueille bien évidemment des activités classées secret défense. La défense nationale, ce n’est pas quelque chose avec lequel on transige.

Sur le fond tout le monde sera d’accord : si la sécurité nationale est menacée par une publication il n’est pas choquant que l’Etat en demande le retrait. C’est bien sur la forme que Wikimedia France a exprimé son malaise. Mais jusque là, nous n’avions qu’un seul son de cloche. La dépêche AFP reprise par toute la presse, a entrainé une réaction de la place Beauvau. Du coup, on en sait un peu plus. Le passage incriminé dans l’article concernait « l’organisation de la composante nucléaire de la défense nationale »… et là effectivement, on comprendra que ça puisse poser problème.

Reprenons depuis le début

Le renseignement intérieur est lui même composé de plusieurs services, avec leur prérogatives respectives, ce petit détail à son importance dans cette affaire mais nous allons y revenir un peu plus loin à la lumière des nouveaux éléments dont nous disposons depuis la réaction de la place Beauvau. La violence perçue par la Fondation Wikimedia provient de plusieurs facteurs :

  • Le fait que ce soit la DCRI qui soit saisie de l’affaire : elle est pourtant légitime puisque la station de Pierre sur Haute est une installation appartenant à l’Etat français. La défense des intérêts de la nation, c’est parfaitement dans le scop de la DCRI.
  • Le fait que ce soit le président de Wikimedia France qui soit incriminé alors qu’il n’est ni auteur de l’article, ni hébergeur de Wikipedia, ni même ne pouvant revendiquer un statut officiel d’éditeur attendu que les éditeurs sur Wikipedia sont par définition les contributeurs.

En toute logique, et c’est bien ce qui a été fait, la demande aurait du s’adresser à la Wikimedia Foundation, de droit américain. Devant le refus de cette dernière, la DCRI s’est donc retournée vers Wikimedia France. Est-ce normal ou pas ? La réponse à cette question est ici plus compliquée. Compliquée car nous ne connaissons pas les dessous de l’affaire, pire, nous ne savons pas quel service de la DCRI a été chargé de l’affaire, ni même dans quel contexte juridique. Les questions à se poser sont les suivantes :

  • Y a t-il eu une plainte ? De qui ?
  • La DCRI agit-elle dans le cadre d’une enquête judiciaire ?
  • La convocation de Remi Mathis a t-elle été décidée par la DCRI elle même ou par un magistrat ?

Sans des réponses précises à ces questions il est impossible de se faire une opinion juste pour critiquer sérieusement l’action de la DCRI, ni même les répercussions médiatiques que l’on connait aujourd’hui.

Pour l’instant le communiqué de la place Beauvau laisse à penser qu’il y a bien eu une plainte et qu’un magistrat chargé d’instruire le dossier a demandé à la DCRI de convoquer Rémi Mathis, donc que la DCRI agirait dans le cadre d’une enquête judiciaire. Attention ce ne sont la que des supputations extrapolées de cette déclaration :

« Dans un état de droit, on ne peut pas assimiler à une menace l’engagement d’une procédure judiciaire »

Il y aurait donc une procédure judiciaire, la DCRI n’aurait pas agit façon cowboy, il semble important et honnête de le préciser. Et ce petit détail pourrait bien changer pas mal la perception de beaucoup dans cette affaire : la DCRI n’aurait alors qu’exécuté une requête d’un magistrat pas trop geek qui n’a jamais entendu parler de l’effet de Streisand.

EDIT : @Maitre-Eolas souligne que le rôle d’un juge d’instruction n’est pas de mettre fin à une infraction et que pour y mettre fin, la bonne méthode aurait été un référé, la fondation Wikimedia se serait alors probablement exécutée.

Pourquoi Wikimedia France et l’opinion ont assimilé cette convocation à des menaces ?

  • Quand on parle de la DCRI, on le voit dans certains commentaires faisant écho aux articles qui ont relayé l’information, ceci réveille les fantasmes de certains, et les acerbes critiques d’autres. Le caractère secret inhérent aux activités de la DCRI n’est pas étranger à ces « sur-réactions ».
  • Wikimedia France est une association française de loi 1901 dont le rôle est de soutenir et de promouvoir Wikipédia. Et là, on comprend que Wikimedia marque son étonnement car la fondation ne peut en aucun cas être assimilée à un intermédiaire technique aux yeux du droit français.

Pourquoi la DCRI a convoqué Remi Mathis ?

Ce qui a causé sa convocation est probablement un autre point d’incompréhension entre les deux parties. Remi Mathis jouissait des droits d’administration de Wikipedia comme beaucoup d’autres personnes. Sa « particularité » est d’être président de Wikimedia France. Il est donc à ce titre visible et identifiable et a la capacité « technique » de supprimer l’article au moment où il est convoqué. Sauf que sur Wikipedia, ça ne se passe pas comme ça. Cette encyclopédie collaborative mondiale répond à un diagramme organisationnel plus complexe ou les utilisateurs sont placé au centre de toutes les décisions. L’encyclopédie appartient aux utilisateurs et Wikimedia France n’a aucunement le « droit » de censurer un article de manière unilatérale. Chaque décision de retrait doit être expliquée aux utilisateurs, elle doit donc être motivée par des faits précis et argumentés. C’est sur ce point que la DCRI n’a pas pu faire plus qu’elle n’avait déjà fait et là encore on peut comprendre sa position puisque motiver plus précisément la demande sur un point qui vise à la sécurité national la conduirait à révéler des informations sensibles… Et c’est là que le dialogue de sourd s’installe.

Ce n’est pas parce qu’il est président de Wikimedia France que Rémi Mathis a subi la pression de la DCRI justice mais c’est parce qu’il était identifiable et qu’il avait les droits d’administration. N’importe quel autre administrateur de Wikipedia aurait pu se retrouver à sa place.

Peut-on parler de menaces ?

La définition d’une menace dans la langue française, c’est un

« signe qui indique quelque chose que l’on doit craindre ».

Dans sa définition, le Littré énonce :

« Parole ou geste dont on se sert pour faire craindre à quelqu’un le mal qu’on lui prépare ».

Quand des agents de la DCRI exposent les faits à Remi Mathis, sous peine de poursuites à son encontre, quoi qu’en pense la place Beauvau, en français on appelle ça des menaces.

« Si tu ne supprimes pas l’article alors tu t’exposes à des poursuites » : il s’agit bien d’une menace puisque tu risques une condamnation. Un juriste trouvera peut-être une interprétation différente du mot « menace », mais en français, on peut le retourner sous tous les angles, c’est bien une menace.

Cette amicale convocation était-elle bien inspirée ?

Cette question touche plus à la polémique autour de l’affaire qu’à l’affaire elle même. Les agents de la DCRI ne sont pas des crétins, je pense être en mesure d’affirmer qu’elle comporte en son sein quelques nerds qui ne pouvaient ignorer ce qu’est un effet Streisand. Ce point m’invite à penser que la convocation de Remi Mathis et les menaces qui lui ont été faites ne sont pas du seul fait de la DCRI. Le buzz généré par cette convocation et par les pressions exercées sur le président de Wikimedia France n’était pas que prévisible, il était inéluctable.

Le fait que ce dossier touche à des questions « secret défense » n’en faisait qu’une plus belle proie, d’une splendide ironie.

Même si la procédure est « normale », une petite analyse de la situation aurait probablement conduit les autorités à agir de manière différente. Bref, à mon sens, il y a eu un dysfonctionnement décisionnel, ou pour être plus clair, une splendide boulette qui a conduit à un naufrage médiatique.

Le comble du ridicule dans cette histoire, c’est qu’au final, Rémi Mathis a été convoqué pour une seule raison : parce qu’il avait les droits d’administration. La pirouette pour se dégager de toute responsabilité et de se « protéger » des foudres de la justice, c’est tout simplement d’abandonner ses privilèges administrateur sur le site. Cette situation est parfaitement ubuesque au regard du travail fait par les admins de Wikipédia qui oeuvrent bénévolement pour la culture et le savoir.

On aurait difficilement pu imaginer plus mauvaise pub pour la DCRI, mais il y a fort à parier qu’elle n’est pas la seule responsable de ce qui reste aux yeux du grand public une belle boulette.