Ton Internet est plus souverain que le mien ? Mon cul !

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Avez-vous confiance en chacun de ces points ?

Assez régulièrement, de manière directe ou indirecte, personnelle ou impersonnelle, j’ai le droit au couplet Google vs privacy. Ce n’est d’ailleurs pas comme si je n’avais jamais abordé la question, comme si je ne m’étais pas moi même questionné sur le bien fondé d’utiliser tel ou tel service pour tel ou tel usage. Derrière Google qui motive les interrogations de certains, se cache souvent notre propre incurie en matière de nouvelles technologies. On peut retourner le problème dans tous les sens et penser qu’on détient la vérité parce qu’on utilise tel ou tel outil, mais Internet est là pour nous rappeler qu’au final, nous sommes nous même un maillon d’une chaine que l’on voudrait croire de confiance.

Si je devais définir Internet aujourd’hui (ce ne sera surement plus le cas demain), je dirais que c’est ce qui part de vos doigts et qui s’affiche sur mon écran. Ce que je lis, ce par quoi je communique, l’intelligence comme l’outil sont fournis par tout ce que je ne maitrise pas. Internet est donc par définition pour moi « ce que je ne peux pas maîtriser ». Ce qui me conforte dans cette définition que je me fais d’Internet, c’est que je croise régulièrement des gens qui m’expliquent qu’utiliser tel ou tel service, quand on s’appelle Bluetouff, ou Reflets, c’est incohérent, paradoxal, stupide, hypocrite… En général, les personnes qui m’adressent ce genre de remarques ne le font pas par le biais d’un pigeon voyageur, ni même d’un mail sur-chiffré, ils le font sur un réseau bien public, contrôlé par une entreprise américaine dont une bonne partie de l’infrastructure se trouve hébergée chez… Google.

La question du contexte, que je martèle depuis quelques années est donc largement éludée. Ce n’est pas forcément un « troll », mais le reflet brut de notre méconnaissance d’autrui. Combien sommes nous à opiner du chef avant de cliquer « j’accepte de me faire baiser la gueule en gobant toutes vos conneries sur la protection de ma vie privée tellement elles sont bien rédigées par un putain d’avocat qui déchire sa mère ? »

La question de la souveraineté d’un service que l’on utilise sur Internet est une connerie sans borne. Quand je tape le mot souverain dans Google images, voici ce que l’intelligence mondiale me répond… voyez y un signe… ou pas. Moi ce que j’y vois, c’est l’illustration de l’interdépendance la plus forte qui soit de nos jours. Il n’y a rien de plus censurable, de moins sécurisé, de moins résilient (yes comment j’ai bien réussi à le placer celui là), de moins quantique, de moins hipster… et de moins hypocrite… qu’un service souverain. Vous m’objecterez quoi ? Qu’un fournisseur d’accès souverain c’est souverainitude absolue ? … oui probablement… enfin sur son LAN.

Les tuyaux comme l’intelligence qui acheminent vos informations d’un bout à l’autre de la planète sont tout sauf souverains, c’est pour ça qu’on les voudrait neutres. Vous pourrez stocker vos données dans un cloud quantique souverain, quand ça bouchonnera entre l’AS de Free et celui de votre cloud souverain, vous passerez probablement par un routeur chinois pas souverain, par un câble anglais pas souverain, par une appliance allemande pas souveraine… le tout envoyé depuis une machine dont le seul truc souverain que vous pourrez revendiquer sera le taux de TVA applicable sur la facture papier de la FNAC. Notez que je vous épargne l’aspect business du machin souverain filiale d’un fond de pension américain.

La défense de nos droits à la vie privée ne passe pas par Internet mais par les urnes… mais que nous reste t-il quand ces urnes nous mentent ? Internet n’est que la première banderole mondiale, à nous d’y inscrire un truc intelligent, à nous de croire qu’elle pourra être lue par tous aux quatre coins de la planète, certifiée par le cachet x509 d’un tiers de confiance.

6 réponses sur “Ton Internet est plus souverain que le mien ? Mon cul !”

  1. Petite faute ici : « ce que je ne peut pas maîtriser » paragraphe 2
    Tu peux supprimer ce message ensuite 😉
    Bonne continuation

  2. Bon, pourquoi pas. Mais si on pose la question dans l’autre sens ? Un hébergement maîtrisé, en France, et aussi une connexion sécurisée c’est encore possible. Par exemple un dédié, ou un mutualisé (typiquement, associatif) chez un hébergeur local (si possible) pour être sur que le contenu est sauf ; un redirect permanent vers la version SSL/TLS du site pour être tranquille sur la neutralité du tuyau entre tes/vos doigts et mon écran… Ce n’est pas du 100% mais disons que c’est facile de faire un pas de géant, pour que tes/vos lecteurs soient sûrs de qui ils lisent.
    Alors contexte ou pas, qu’est-ce que ça coûte quand on est militant comme toi/vous de faire plutôt comme ça, alors que c’est tellement plus cohérent avec le discours ?

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