On savait que le CSA avait des vues sur la régulation des contenus sur Internet. Jusque là, l’institution avait pour rôle de réguler les contenus diffusés par les chaines de télévision. L’arrivée du streaming et des réseaux sociaux sur lesquels les internautes postent leurs propres contenus a donné une idée au CSA, celle de réguler les contenus diffusés par les particuliers.
C’est donc Michel Boyon, son président, qui, une fois de plus, monte au créneau pour faire valoir son institution une légitimité à censurer les contenus privés des internautes !
« Il est impossible que nous ne répondions pas à un souhait croissant des opinions publiques française et européenne, qui aspirent à une régulation des contenus audiovisuels privés sur internet »
Cette idée a de quoi inquiéter car le CSA se poserait alors en censeur des contenus postés par les internautes… difficile de ne pas y voir une atteinte à la liberté d’expression en ligne. Mais surtout, et c’est là où la position du CSA devient parfaitement hallucinante, l’autorité entend par ce biais lutter contre
- « les atteintes à la protection de l’enfance »;
- « le racisme, l’antisémitisme »;
- « les appels à la haine et à la violence ».
… et voilà qu’on nous refait le coup des nazipédoterroristes. Mais depuis quand une autorité de régulation se soustrait au pouvoir judiciaire pour lutter contre des infractions qui relèvent de la justice ? Que compte faire le CSA au juste lorsqu’il se trouve face à ce genre d’infraction ? Il compte censurer pour fermer les yeux ? Expliquer que le contenu mis en cause n’a jamais existé ? Leurs auteurs on en fait quoi ? On explique aux enquêteurs judiciaires que le contenu n’a jamais existé, et que de toute façon ça ne relève pas de leur compétence ? Cette nouvelle charge du CSA est tout bonnement stupide et délirante. L’autorité ne peut en aucun cas s’inscrire dans une logique de régulation des contenus privés des internautes au motif de la lutte contre des crimes et délits.
Le CSA milite aussi activement pour l’activation de filtres de controle parental « par défaut », opéré en toute opacité par les fournisseurs d’accès. Pour avoir étudié l’une d’entre elles en long en large et en travers, je pense être en mesure de vous dire que cette idée est tout simplement terrifiante. Opérant sur des mots clés ou directement sur des urls, ces solutions sont par définition bancales et responsables de sur-blocage. La protection de l’enfance passe par l’éducation, aux parents de surveiller leurs enfants quand ces derniers accèdent à Internet, aux parent de les avertir, de leur expliquer qu’Internet n’est pas un monde de « bisounours hémiplégiques ».
Si vous passez lire de temps en temps ce blog, vous avez probablement retenu qu’en ce moment, la question se posait d’une fusion CSA/ARCEP/HADOPI qui pourrait donner vie à une monstruosité administrative. Et c’est justement du côté de l’HADOPI qu’il faut creuser un peu pour se rendre compte du délire de Michel Boyon. Ce dernier milite de longue date pour la labellisation des sites web et des contenus des internautes. Et là, on ne vous parle pas du label PUR de l’HADOPI, on parle bien de labelliser vos sites, vos blogs, vos contenus postés en ligne. Imaginez sur ce blog un petit logo agréé CSA/HADOPI « interdit aux moins de 12 ans ». L’étape suivante, en toute logique pourrait par exemple être le déréferencement dans les moteurs de recherche des sites non labellisés. Se pose aussi en parallèle cette histoire devenue comique des moyens de sécurisation qui pourrait trouver un second souffle lulz dans les divagations de monsieur Boyon.
Le CSA s’aventure donc sur un terrain franchement hasardeux, la régulation des contenu des particuliers est par définition une atteinte grave à l’exercice de la liberté d’expression. Les motifs invoqués par Michel Boyon sont plus que fallacieux et ne sauraient sérieusement tenir la route dans un état de droit.
Bluetouff,
je crains que nous ne soyons plus vraiment dans un pays de droits depuis des lustres, enfin je m’explique, chaque citoyens(nes) n’as pas les mêmes droits que les autres (« que vous soyez riches et puissant … »), et le changement de maintenant nous savonne la planche. Aucun journalisme maintream ne met ce gouvernement devant ses écrits d’avant Mai 2012 quand ces preux chevaliers défendaient les libertés du bon peuple. Le bon peuple, qu’il paye et ferme sa gueule, et de toute façon s’il veux demander Justice, il faut qu’il paye de toute façon
Ce n’est pas la premiere fois que le csa veut controler le contenu sur le web..
http://goo.gl/Qiv3X
ils tannent pour revenir dessus
Il y a un truc qui me chiffonne. Comment ils envisagent de « labelliser » à l’échelon national ? Ne labelliser que des sites français ? Que faire des autres ?
Même à l’échelon européen, ça ne tient pas la route. A moins d’avoir d’un côté l’internet « sûr », labellisé, et d’un autre côté « le reste du monde », auquel cas ça serait un genre de protectionnisme pas très joli.
Et oui, niveau « état de droit » ça cloche complètement.
Court, mais efficace, ce papier 🙂
facile: fermer complètement l’internet, et faire un « super internet français » avec une ou deux passerelle vers le réseau mondiale qui pourraient en plus être surveillées pour notre bien, évidemment… Ah, mais j’y pense, c’est pas un peu ce que font les chinois?
Au mieux, on refait (revient) au minitel.
Il fut un temps où Internet n’était pas aussi utilisé par le public et donc ça ne faisait pas vraiment peur aux entreprises ou politiques. Ils se sont rendu compte qu’Internet permet de redonner un peu le contrôle au reste de la population et je pense que c’est que ce qui dérange. Ils ne peuvent pas détruire Internet, alors ils vont tous faire pour le censurer ou le contrôler avec les trucs qu’ils utilisent assez souvent (les enfants, le terrorisme, le racisme etc). Tous les excuses sont bons pour qu’ils se mettent une bonne partie de la population dans la poche et le meilleur moyen reste assez souvent les enfants. Quand on parle d’enfants ou autre moyens qui provoquent de la peur ou de la haine, les gens ne réfléchissent plus et laissent simplement les personnes sans scrupules faire.
Et le peu de personne qui ne trouve pas sa normal, on les considére comme des terroristes ou des personnes à surveiller. Pour le moment, nous pouvons encore dénoncer les dérives via Internet … mais quand nous ne pourrons plus, que ferons nous ? Et c’est ça que ses gens veulent faire, ils veulent faire taire les gens qui réagissent contre un systéme qui dérive de plus en plus en n’importe quoi …
Les pouvoirs autoritaires ne comprennent qu’un seul langage:
Celui des BOMBES !
Bonjour,
Observateur « libertaire » du développement et des dérives de l’informatique depuis 35 ans ; J’ai essayé activement gérer sans filtrages ni flicages, l’accès de mes gosses à ces « choses », je peut affirmer que c’est vain et hypocrite de croire que l’information et l’éducation suffisent et brandir le drapeau de la liberté est un prétexte. Je préfère au fond, prendre le risque d’être moi fliqués , que continuer à faire prendre des risques inconsidéré à notre jeunesse
Libre à vous d’utiliser un filtre parental dans votre installation personnelle, on peut même éventuellement le recommander, mais ce qui n’est pas acceptable c’est de laisser ce pouvoir de filtrage à un organisme au fonctionnement opaque sur lequel aucun citoyen n’a de pouvoir ni de droit de regard, et qui, partant, impose un schéma de pensée et une compréhension unique des contenus.
Cher Philippe. C’est de la responsabilité de chacun de surveiller et de mettre en place les solutions nécessaires à ce genre de problème. Ces solutions existent et chaque parent doit en être informé et prendre ses propres responsabilités, mais l’ingérence du gouvernement y est intolérable.
Ces solutions sont inefficaces et ingérables c’est faux, ca sert tout juste a donné bonne conscience. J’ai jamais rencontré, personne qui me l’ai démontré. Donc pour l’instant que l’état face sont travail !!!!
Alors, si j’ai bien compris, (a) on ne peut pas configurer son propre réseau et empêcher ses gamins de tomber sur des contenus choquants sur le web. Par contre, (b) il faudrait que l’état « face sont travail » (qui commence à mon sens par une sensibilisation à la langue française), en censurant à l’entrée du territoire français tout contenu impropre à la consommation des enfants?
1- Sur Internet, personne ne sait que tu es un chien, encore moins si tu es un chien majeur ou mineur. Donc on interdit tout ce qui est choquant pour un enfant à TOUTE la population? C’est ça? Et on brûle aussi les libres de Sade, de Vian, de Burgess parce qu’il contiennent des scènes sadiques?
2- Un octet, c’est composé de 0 et de 1. Alors, savoir si c’est du 0 sexuel ou du 1 aux propos racistes, c’est pas évident! À ma connaissance, les techniques de filtrage appliquées aux média produisent encore beaucoup de faux positifs. En voulant censurer (c’est le bon mot, si Anastasie), on élimine forcément des données qui n’ont rien de sensible. Si tu appliques une telle censure chez toi, sur les flux vidéo en direction du PC des gamins, c’est pas grave. Si tu appliques ça a grande échelle, c’est une catastrophe.
3- Ca va passer quand même. Internet, c’est du many to many, qu’on le veuille ou non. Ca sera peut-être envoyé par mail depuis la machine du meilleur copain de ton fils. Ca sera peut être hébergé sur une machine parisienne d’un botnet russe, ou par la machine perso du curé de ton village.
4- Par contre, il est beaucoup plus facile de réagir sur des flux texte (mail, html simple), ou des requêtes d’url que d’analyser des vidéos. En échange d’une lutte inefficace contre d’hypothétiques pédobears, nous allons rendre possible un super fichage de tous les citoyens.
Tu peux, si tu le souhaite, installer un squidgard ou un dansguardian pour faire un peu de filtrage local. Ça réduira bien les risques de tomber sur de la merde par hasard. Néanmoins, quand tes enfant en chercheront, ils en trouveront!
La protection de l’enfance passe par l’éducation, aux parents de surveiller leurs enfants quand ces derniers accèdent à Internet, aux parent de les avertir, de leur expliquer qu’Internet n’est pas un monde de « bisounours hémiplégiques