En France, on a pas peur du ridicule, vraiment pas. Le délit de négligence caractérisée est une émanation de la Loi n°2009-669 du 12 juin 2009 favorisant la diffusion et la protection de la création sur Internet, plus connue sous le nom guignolesque d’HADOPI (Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet). La négligence caractérisée vient donc d’être définie dans le « Décret n° 2010-695 du 25 juin 2010 instituant une contravention de négligence caractérisée protégeant la propriété littéraire et artistique sur internet« . C’est un « petit » décret, avec pas trop de mots, juste ce qu’il faut pour définir l’indéfinissable, et surtout pour éviter de passer pour encore plus débile qu’il ne l’est déjà.
Avant de rentrer au coeur du troll, je vous invite à jeter un oeil sur ce que les députés qui ont voté HADOPI n’ont pas lu…
Alors ça raconte quoi ?
Ça raconte en gros que madame Michu va devoir sécuriser « sa connexion ». Mais le législateur se garde bien de définir ce qu’est une connexion à Internet… ça parait tout con comme ça mais, si je sais sécuriser ma machine, il m’est par exemple impossible de sécuriser la box de mon fournisseur d’accès, je n’en ai d’ailleurs pas le droit. Et quand je signale des horreurs sur les sites de certaines personnes pouvant conduire à la compromission de ma propre machine, ces derniers n’ont souvent même pas la courtoisie élémentaire de me répondre… La négligence des uns s’arrête t-elle là où commence celle des autres ?
Allez on va jouer un peu ensemble. Pour m’assurer que vous avez tous bien compris les tenants et les aboutissants de ce décret, je vous propose un petit quizz :
Question pour un champion numéro 1 : où s’arrête la connexion Internet que je suis sensé sécuriser ?
- Réponse A : à ma machine ?
- Réponse B : à ma box ?
- Réponse C : au noeud de raccordement de mon opérateur ?
- Réponse D : au site web que je visite ?
Question pour un champion numéro 2 : où sont les spécifications du dispositif de sécurisation que la HADOPI devait agréer ?
- Réponse A : parties chez Orange avec Christine ?
- Réponse B : sur un post-it accroché à la machine à café de la rue de Texel ?
- Réponse C : DTC (Dans Ton Cloud) ?
- Réponse D : la réponse D ?
Question pour un champion numéro 3 : Si ma machine est infectée par un trojan, un keyloger ou un backdoor malgré les 5 euros par mois que je paye à mon fournisseur d’accès et que moins d’un an après mon premier avertissement, elle est réutilisée à des fins de contrefaçon je suis :
- Réponse A : un internaute comme les autres ?
- Réponse B : une victime ?
- Réponse C : un coupable ?
- Réponse D : un con ?
Question pour un champion numéro 4 : Pour HADOPI, Nathalie Kosciusko Morizet a :
- Réponse A : bien fait son travail et j’ai lu tous ses tweets ?
- Réponse B : j’aime bien les pépitos ?
- Réponse C : été quasi neutre ?
- Réponse D : Natha qui ça … ah … la soeur de Pierre ?
Question pour un champion numéro 5 : Le délit de négligence caractérisée est :
- Réponse A : une incongruité spatio-temporelle mais étonnamment subtil ?
- Réponse B : une bonne chose car tout le monde va se mettre à OpenBSD ?
- Réponse C : l’occasion rêvée pour le gouvernement d’introduire le Deep Packet Inspection « pour vous protéger » ?
- Réponse D : l’occasion d’écrire un beau billet sur S.C.A.D.A pour ridiculiser un peu plus ce décret ?
Question pour un champion numéro 5 : En l’absence de dispositif de sécurisation agréé, je peux sécuriser ma connexion en :
- Réponse A : mettant du web sur ma Wi-Fi ?
- Réponse B : me payant un VPN chiffré SSL ?
- Réponse C : balançant mon ordinateur par la fenêtre ?
- Réponse D : la réponse D ?