Alors que la confusion règne toujours sur les circonstances de la diffusion des câbles des diplomates américains, la France a exprimé sa solidarité à Washington. Et pourtant, nous n’en sommes qu’au début. Quid des révélations chocs promises par Julian Assange lors de sa visioconférence de presse d’hier dans laquelle le leader de Wikileaks promettait à propos des assassinats au Timor Oriental ou sur les agissements des banques américaines.
N’était-ce là que des amuse-gueules ? Il y a fort à parier que oui. Pourtant, Wikileaks semble avoir changé de stratégie et la perspective de voir arriver de nouvelles révélations au comptes goutte marque un intéressant revirement de situation. Tout le monde s’attendait à un lâché de casseroles d’anthologie, il va donc falloir attendre encore un peu.
Le temps de revenir sur la supposée source de cette fuite. Le monde semble désigner Bradley Manning, jeune militaire en poste en Iraq qui a pu accéder aux réseau militaire et au réseau diplomatique du SIPRNet.Bradley Manning a été arrêté peu après la diffusion par Wikileaks d’une video qui avait fait grand bruit, dans laquelle un hélicoptère de l’armée américaine ouvrait le feu sur un groupe de civils… une bavure de guerre, une frappe un peu trop chirurgicale…un carnage.
Bradley Manning est décrit comme une jeune homme désoeuvré, un idéaliste… c’est limite si la presse ne le taxe pas de niais. Et pourtant, Manning a accédé sans aucun problème à des informations sensibles, et les a semble t-il diffusé sans grand mal, sans que personne ne s’en aperçoive. Aujourd’hui, l’Administration américaine a annoncé de nouvelles mesures de sécurité relatives à l’accès au SIPRNet.
Dis… c’était comment avant ?
Et bien c’était assez rock’n roll, se confiant à Lamo (un célèbre hacker qui s’est fait pincer et qui, anxieux de se voir inquiété, a aussitôt prévenu les autorités de ses échanges avec Manning) , Manning explique que c’est un peu la fête du slip, mots de passe faibles, accès au réseau physique ultra laxiste. Le jeune militaire décrit à Lamo « des serveurs faibles, des mots de passe faibles, une sécurité matérielle faible, un contre-espionnage faible, une analyse bâclée… » C’est ce qu’on appelle chez nous en France depuis Hadopi un « délit de négligence caractérisée ».
Des pratiques sécuritaires en question
La presse allemande ne s’est pas privée de pointer du doigt les défaillances qui ont donné la possibilité à Manning de faire fuiter une telle masse de documents. Nous avons vu il y a quelques semaines qu’il pouvait être relativement aisé pour une personne mal intentionnée de mettre la main sur des informations d’apparence anodines, qui mises bout à bout avec une ou deux failles non patchées par manque de moyens ou tout simplement par manque de volonté, pouvait donner accès à des choses plus ou moins embarrassantes.
Et pendant ce temps en France…
Une telle fuite serait-elle possible en France ? C’est une question qu’on est en droit de se poser. Je serai tenter de vous dire que non, du moins pour les informations qui concernent la défense ou la diplomatie. Je suis en revanche beaucoup plus réservé sur l’éventualité de voir un jour sur le Net apparaître certains fichiers plus ou moins licites de certaines officines. Rappelons qu’il est déjà arrivé qu’au moins une fois, une personne non acréditée accède au réseau interministériel Rimbaud (ou ISIS). J’en connais qui ferait bien de tenir leur gosse à l’oeil.
Mais bon, notre problème à nous en France, ce n’est pas ce genre de choses, nous préférons nous concentrer sur madame Michu pour nous assurer que sa connexion ne serve pas à télécharger le dernier tube de René la Taupe. Notre pays est d’une étonnante subtilité.