On parle beaucoup d’HADOPI sur ce petit blog, déjà parce que nous sommes en France et qu’HADOPI est la cyber griffe de notre exception culturelle française, un petit peu aussi parce qu’elle va finir par être drôle tellement elle est ridicule… mais ça ne veut pas dire que rien ne se passe en dehors de nos frontières autour du bridage des libertés numériques. Il y a bien évidemment le Paquet Télécom que nous suivons avec attention depuis de longs mois et que l’amendement 138, ou amendement Bono (pas le chanteur, le député européen) a rendu relativement populaire.
Mais beaucoup plus discrètement, on peut même dire secrètement, l’ACTA laisse se profiler des menaces bien plus inquiétantes que ce qui se passe à Bruxelles. L’ACTA (Anti-Counterfeiting Trade Agreement), qui comme son nom l’indique est un traité international de libre échange visant à … tuer les échanges libres de produits culturels qui enfreignent les copyrights, fait l’objet d’obscures tractations entre les USA et l’Union Européenne depuis plus d’un an et le peu d’informations qui filtrent ne sont pas faites pour nous rassurer. Très peu de sources d’informations francophones vous proposent de suivre, la plus fiable étant comme bien souvent, celle fournit par le collectif de la Quadrature du Net. Au menu de l’ACTA : riposte graduée et filtrage du Net, deux thèmes qui ont fait d’HADOPI un précurseur dans la stratégie de l’échec.
Pourquoi l’ACTA fait-il donc l’objet de tant de mystère ? La première raison évoquée par la presse américaine est qu’il serait impossible d’arriver à un accord avec chaque pays tant son contenu a de quoi faire froid dans le dos. De nombreux pays quitteraient la table des négociations à l’exposé même des pistes envisagées… plus exactement, Ron Kirk, en charge pour les USA de mener les négociations aurait confessé « The reason we can’t make it public is people would walk away from the table ». L’ACTA serait même classifiée Secret Défense pour les USA, et pour cause, on y parle quand même de filtrage du Net généralisé au niveau international … L’Union Européenne elle même soupçonne l’administration Obama d’être instrumentalisée par les lobby des industries culturelles.
Si le sujet vous passionne, je ne saurais trop vous recommander de fouiller dans les entrailles de Wikileak, assurement la ressource internationale la plus prolixe et fiable sur le sujet. Au niveau calendaire, il ne faut pas s’attendre à voir quelque chose éclore avant fin 2010 ou début 2011.