HADOPI 2 a la bénédiction du Conseil Constitutionnel

C’est une fort mauvaise surprise, Le conseil constitutionnel entérine le texte HADOPI 2. Les conclusions sont fort surprenantes, seul l’article 6.II concernant les domages et intérêts au civil a été censuré.

Les sages on jugé Constitutionnels les autres points malgré les nombreux points d’inconstitutionnalité relevés par des professionnels du droit.

Le plus étrange dans cette décision est ce point :

« L’article 7 instaure une peine complémentaire, délictuelle, de suspension de l’accès à internet. Cette instauration ne méconnaît ni le principe de nécessité des peines ni le principe d’égalité devant la loi. Elle n’est notamment pas caractérisée par une disproportion manifeste entre l’infraction et la peine encourue. Son instauration relevait donc du pouvoir général d’appréciation du législateur. »

On observe un curieux revirement du Conseil Constitutionnel sur la question de la coupure d’accès au Net reconnu pourtant la première fois comme un outils nécessaire à l’exercice de la liberté d’expression.

Mais vous savez le plus drôle dans tout ça ? C’est que maintenant il va falloir l’appliquer.

Voici ci dessous l’intégralité de la décision :

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Loi relative à la protection pénale

de la propriété littéraire et artistique sur internet

Décision n° 2009-590 DC du 22 octobre 2009

Le 22 octobre 2009, par sa décision n° 2009-590 DC, le Conseil constitutionnel a examiné le recours dont il avait été saisi par plus de soixante députés à l’encontre de la loi relative à la protection pénale de la propriété littéraire et artistique sur internet dite « Loi Hadopi 2 ».

À la suite de la loi du 12 juin 2009 dite « Hadopi 1 », partiellement censurée par le Conseil constitutionnel (n° 2009-580 DC du 12 juin 2009), la loi « Hadopi 2 » poursuit deux orientations principales. D’une part, elle soumet le jugement des délits de contrefaçon commis sur internet à des règles de procédure pénale particulières. D’autre part, elle institue deux peines complémentaires, délictuelle et contraventionnelle, de suspension de l’accès à un service de communication au public en ligne.

Les députés requérants contestaient ces orientations et soulevaient des griefs à l’encontre des articles 1er, 6, 7, 8 et 11. Le Conseil a rejeté l’ensemble de ces griefs à l’exception de celui dirigé contre l’article 6.II de la loi. Il a, sur ce point, censuré la disposition relative au prononcé de dommages et intérêts civils par le juge de l’ordonnance pénale.

I – L’article 1er de la loi porte sur la HADOPI et les pouvoirs de ses membres et de ses agents. Les requérants soutenaient que ces dispositions étaient obscures et ambiguës et demandaient au Conseil constitutionnel de les interpréter. Le Conseil a écarté ce grief au regard des termes clairs de la loi qu’il incombera aux autorités judiciaires d’appliquer.

L’article 6 institue une procédure pénale spécifique applicable aux délits de contrefaçon commis par internet (jugement à juge unique et procédure simplifiée de l’ordonnance pénale). Le Conseil constitutionnel a déjà eu l’occasion de juger cette procédure conforme à la Constitution (Décision n° 2002-461 DC du 29 août 2002). Il a confirmé cette jurisprudence et écarté les griefs des requérants contestant cette procédure pénale.

L’article 7 instaure une peine complémentaire, délictuelle, de suspension de l’accès à internet. Cette instauration ne méconnaît ni le principe de nécessité des peines ni le principe d’égalité devant la loi. Elle n’est notamment pas caractérisée par une disproportion manifeste entre l’infraction et la peine

encourue. Son instauration relevait donc du pouvoir général d’appréciation du législateur.

L’article 8 instaure la même peine complémentaire de suspension de l’accès à internet en matière contraventionnelle. Il reviendra au pouvoir réglementaire de définir les éléments constitutifs de cette infraction, dont le Conseil constitutionnel n’est pas saisi. Dès lors, le grief ne pouvait qu’être écarté.

II – Le Conseil constitutionnel a censuré les dispositions de l’article 6.II de la loi permettant au juge de statuer par ordonnance pénale sur la demande de dommages et intérêts. Il a jugé que rien ne s’opposait à cette orientation mais qu’il incombait alors au législateur de fixer dans la loi les règles applicables et non de les renvoyer au décret. L’article 34 de la Constitution réserve en effet à la loi le soin de fixer les règles de procédure pénale. En l’espèce, le législateur a méconnu sa compétence ne fixant pas lui-même les précisions nécessaires à l’application de la loi. En conséquence, le Conseil constitutionnel a censuré, pour incompétence négative, à l’article 6.II de la loi, le deuxième alinéa de l’article 495-6-1 du code de procédure pénale.

HADOPI 2 : le conseil constitutionnel tranchera aujourd’hui

La décision du Conseil Constitutionnel est très attendue, elle devrait nous parvenir aujourd’hui après 17h, soit dans un peu plus d’une heure. Les points d’inconstitutionnalité pointés par les détracteurs de la loi suffiront-ils, selon les Sages, à invalider le texte. Comme beaucoup je commence à trépigner d’impatience.

Rafraîchissons nous la mémoire, sans avoir la prétention d’être exhaustif, voici quelques points sur lesquels HADOPI 2 devrait se casser une seconde fois les dents devant le Conseil des Sages :

Les ordonnances pénales : elles sont usuellement préconisées si des preuves irréfutables sont collectées (ce qui comme chacun le sait est loin d’être le cas d’une adresse IP) pouvant attester de l’infraction. Elle se dispensent d’une procédure contradictoire, elle inverse, comme HADOPI 1, la charge de la preuve, n’offrant aucune garatie à la Défense du droit à un procès équitable.

La suspension de l’accès internet : déjà reconnue par le Conseil constitutionnel comme une entrave à l’exercice d’une liberté fondamentale, la liberté d’expression.

La négligence caractérisée : et là pour le coup on confine au stupide en inventant une nouvelle infraction donc 97% des internautes se rendent coupables (bien épaulés par Microsoft qui est capable de livrer des rustines pour son OS 7 ans après la divulgation de la brêche). Selon RSF, ce seul point violerait plusieurs points de constitutionnalité.

… la liste et en fait bien plus longue

Comment 5 gus dans un garage ont ils réussi à tuer HADOPI ?

Dans la multitude de bourdes de communications produites par le Ministère de la Culture, l’une des préférées des internautes est celle des 5 gus dans un garage, terme utilisé par le Ministère pour désigner selon lui la image-41poignée d’agitateurs et opposants  à son texte, qui, martèle t-il, est le résultat d’un « large consensus » … Au fil des semaines, on sentait bien que le large consensus se rétrécissait… et tout ça à cause de 5 gus dans un garage qui envoient des mails à la chaîne en fabricant de fausses adresses IP !

Voici la nécrologie rapide d’HADOPI :

Le ministère de la culture passe d’une main de fer dans un gant de téflon à une main de fer dans un gants gonflable, prêt à éclater au premier impact.