HADOPI dénoncée par les godillots qui l’ont voté

Dans un ouvrage intitulé « Déjeuners avec des ministres sous pression », Anne Rovan et Nathalie Segaunes, qui ont recueilli les confessions de ministres de sa Seigneurie, on en apprend de belles. On ne va pas repasser sur l’ensemble de l’oeuvre de Nicolas Sarkozy, mais simplement nous arrêter, comme l’a fait Numérama, sur cette splendide mobilisation de neurones dont Christine Boutin a fait preuve en expliquant aux deux auteurs qu’avec Hadopi « Sarkozy s’est fait avoir comme un bleu« . Peu avare en confidences, Christine Boutin qui comme une grande majorité de godillots, savait que ce texte était entièrement dicté par le lobbying des majors et que les chiffres claironnés par Christines Albanel dans l’hémicycle étaient ceux fournis par les majors (quel crédit leur accorder ?). Et elle n’est pas tendre Christine Boutin, visiblement très remontée : « Les majors, ces fricards, ces salopards, ils savent très bien ce qu’ils font. Ce sont les grandes industries du disque qui ont fait défiler les artistes dans le bureau du président et dans ceux des médias » confie t-elle. Evidement, nous n’apprenons pas grand chose de plus, Christine Boutin ne fait que confirmer ce que toutes les personnes qui ont suivi les débats savaient déjà depuis le début.

Numerama rappelle également que Christine Boutin n’en est pas à son coup d’essai, elle avait fomenté une rebellion contre DADVSI et s’était opposée à cette politique de répression des internautes. Mais voilà, pour HADOPI, elle a préféré courber l’échine comme la quasi totalité des députés UMP.

Nous regrettons tous que :

  • Christine Boutin ai raté l’occasion de briller une fois de plus en s’opposant aux délires autocratiques de Nicolas Sarkozy ;
  • Qu’elle soit la seule, à de rares exceptions près, à dénoncer une politique fondée sur le chantage et la menace ;
  • Les députés acceptent de ne pas faire leur travail en votant les yeux fermés, sur ordre, un texte qu’ils ne comprennent pas mais dont ils savent au fond à quel point il peut être néfaste ;
  • Le système Sarkozy tienne encore malgré les évidentes preuves de dénis démocratiques.

Que va donc devenir HADOPI ?

Hadopi est bien mal barrée, le premier décret d’application est à l’image du reste, c’est un torchon inapplicable qui omet le seul élément pouvant constituer une preuve, les hashs identifiants les fichiers échanges sur les réseaux P2P (même si ce dernier est également falsifiable, tout comme une adresse ip).

  • Hadopi sera un gouffre financier
  • Elle ne sera probablement pas appliquée  ou le sera très peu de temps quand on s’appercevra qu’elle engorge les tribunaux et coûte plusieurs dizaines (centaines) de millions d’euros. Comme elle ne rapportera rien aux créateurs, les majors iront demander en plus d’Hadopi une licence globale (le cul de la crémière), Nicolas Sarkozy, au pied du mur à la veille des présidentielles ne pourra donner de suite favorable à cette requête, s’il le fait il signe sa non ré-élection.
  • De même, HADOPI ne sera surement pas appliquée avant l’été 2012, déconnecter des internautes aujourd’hui  serait un suicide politique (mais qui sait, peut être notre président cherche t-il à se faire virer pour bénéficier des assedics ….) ;
  • Hadopi se limitera donc à 7 gus dans un 1100 m2 en plein Paris aux frais du contribuable …

Les accointances de Nicolas Sarkozy pour le blingbling showbiz est resté en travers de la gorge de nombreux députés, les pressions exercées sur ces derniers ont laissé des cicatrices à vif, ils ont maintenant deux options :

  • Continuer à se laisser piétiner par l’Elysée en occupant de manière quasi fictive un siège dans l’hémicycle (quand ils nous gratifient de leur présence) ;
  • Faire leur travail correctement en examinant les textes qui leur sont proposés et les voter en leur âme et conscience, histoire de pouvoir se regarder dans une glace le matin.

Il est temps que les députés servent les citoyens et non plus Nicolas Sarkozy.