Statelogs Wikileaks : le grand déballage est prévu pour 22h30

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Le Live d’OWNI, toujours aussi passionnant fait état d’une dépêche Reuters qui met en exergue des allégations de corruption dans les anciennes républiques soviétiques d’Asie centrales qui devraient donc également être victimes de ces révélations.

Le porte parole du Département américain, PJ Crowley a déclaré que l’administration américaine était encore en train de tenter d’évaluer l’impact de cette fuite majeure et dit déplorer ce qui s’est passé : « Ces révélations sont nocives pour les États-Unis et nos intérêts. Elles vont créer des tensions dans nos relations »,

Owni semble aussi confirmer une annonce du quotidien allemand Der Spiegel : la publication serait prévue pour 22h30 ce soir, mais des informations devraient continuer à parvenir au compte gouttes dans la journée. Reuters semble plutôt dire que le Guardians et le New-York Times se coordonnent pour publier dans le courrant de la semaine prochaine.  Enfin, la dépêche Reuters alimente encore le mystère sur le volume exact de documents et fait référence, cette fois, à plus de 400 000 pièces !

Ce nouvel épisode Wikileaks, comme pour les Warlogs, n’est pas non plus sans poser une problématique d’un nouveau genre aux grands quotidiens dans le secret. Soient ils publient une analyse sans complaisance aucune puisque tout les documents vont être lâchés sur le Net, soit ils ne publient rien du tout. Les rédactions pour l’instant dans le secret ont donc la quasi obligation de transparence dans leur analyse, et ça c’est une nouveauté. Le quotidien américain se serait d’ailleurs entretenu avec la Maison Blanche selon Le Soir.

Autre information importante, la grande majorité des documents seraient datés d’après 2004 et plus de 9000 seraient datées des deux premiers mois de l’année 2010. Nous devrions donc avoir une masse d’information très importante sur la politique et la diplomatie contemporaine, peut être de quoi enrichir de manière significative les ouvrages scolaires d’histoire qui couvrent cette période.

Dans cet article, on a quelques informations sur la classification de ces documents :

  • 40,5% de ces documents sont classés comme «confidentiels»
  • 6% d’entre eux, soit 15 652 document sont classifiés «secrets».
  • 4330 documents, les plus embarrassants sont classifiés « Noforn », ne pouvant être divulgués à des étrangers..

Dernière information, il semble que l’Italie par le biais de son ministre des Affaires étrangères Franco Frattini, ait demandé une enquête sur Wikileaks, une information émise originellement par le il Corriere des la Sera et relayée dans la presse espagnole par l’agence ABC. Le vent de panique semble donc s’étendre d’heures en heures, on sait que l’administration américaine contacte actuellement de nombreux dirigeants pour tenter de préparer le terrain. Ces échanges diplomatiques sont assez significatifs et tombent assez mal pour que Franco Frattini déclare : « Il n’y a aucun complot, personne n’en a jamais parlé, mais je suis préoccupé par la combinaison de facteurs distincts les uns des autres qui une fois mis ensemble pourraient nuire à l’image de l’Italie et à notre intérêt national. » Le ministre fait ici référence à une affaire de corruption supposée impliquant Finmeccanica, le géant de la défense italien. Le Figaro donne un peu plus de détail sur le climat de tension qui règne en Italie ou le pouvoir semble craindre une réaction vive de l’opposition.

Filtrage du Net : petit Sarkozy peut-il devenir un grand Berlusconi ?

censure en italieLes bras m’en tombent, l’Italie  vient de voter la loi la plus débile de l’histoire de l’Internet européen (encore un domaine ou la France n’arrive pas à innover, et c’est pas faute d’essayer). Un décret impose à compter du 27 janvier 2010 une autorisation du ministère italien des communications pour pouvoir publier des vidéos sur le Net ! C’est l’une des plus fantastiques entraves à la Neutralité du Net qu’il nous est donnée de voir pour le moment près de chez nous… c’est vraiment tout près là, à tel point que ça risque de donner des idées à certains… d’ailleurs Copé l’a bien annoncé : « Il faudra qu’un jour ou l’autre on assume un débat public sur internet et la liberté ». « Cet immense espace qu’est internet, dans lequel on peut finalement diffuser n’importe quelle image, la tronquer dans tous les sens… » dormez tranquilles internautes français, les politiques s’occupent de tout, c’est pour vous protéger on vous dit.

DADVSI, HADOPI, LOPPSI … faut dire que ça sonne bien rital tout ça !

J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle :

  • La bonne : la France n’a pas le monopole de la cyber connerie.
  • La mauvaise : on pourrait très bien être les prochains.

Explication dans le texte :

Attention vous allez voir ça commence à se préciser, le gouvernement italien appuie son décret sur la directive européenne 2007/65/CE qui pourrait bien donner des idées  par chez nous. Pour parfaire le tableau, rappelons que Silvio Berlusconi est le propriétaire du plus grand groupe média italien, Mediaset, et qu’il réussit là un coup double : museler l’opposition sur autorisation mnistérielle et se débarasser de la concurrence « déloyale » que représente Internet. Permettez moi d’y voir un lien assez inquiétant avec cette déclaration de Nicolas Sarkozy “ Le problème d’Internet est considérable parce que comment voulez-vous que les gens achètent leur journal en kiosque s’il est gratuit sur Internet ? ” … pourquoi ne pas interdire les blogs pour sauver la presse après tout ?

Et maintenant la très bonne nouvelle :

Avec HADOPI 1, le gouvernement français a pris une énorme claque sur le coin du nez avec la décision du Conseil Constitutionnel qui consacre Internet comme un outil indispensable à l’exercice d’un droit fondamental : la liberté d’expression. Oh ceci n’arrêtera pas Nicolas Sarkozy dans son oeuvre de filtrage et trouvera surement quelques subterfuges  pour passer outre l’avis du Conseil des Sages avec une ou deux pirouettes (comme les ordonnances pénales) ou en nous trouvant un lien de filiation entre Ossama Bin Laden et Google… mais ce sera beaucoup plus compliqué qu’en Italie !

Mais n’oublions pas :

« Quand ils sont venus chercher les communistes,
Je n’ai rien dit,
Je n’étais pas communiste.
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
Je n’ai rien dit,
Je n’étais pas syndicaliste.
Quand ils sont venus chercher les juifs,
Je n’ai pas protesté,
Je n’étais pas juif.
Quand ils sont venus chercher les catholiques,
Je n’ai pas protesté,
Je n’étais pas catholique.
Puis ils sont venus me chercher
Et il ne restait personne pour protester. »

Martin Niemöller