#PRISM : Comment passer d’un #spagrave® au #chuichoquée® en moins de 48h ? (avec du @fleurpellerin dedans)

catchlonNos politiques européens sont de très talentueux comédiens. L’indignation d’Angela Merkel, en soi, c’était déjà risible. En France, exception culturelle oblige, nous ne sommes pas les plus mauvais quand il s’agit de sortir les violons pour endormir les masses. Souffler le chaud et le froid, c’est un art. En la matière, Fleur Pellerin est loin d’être la plus mauvaise. Notre ministre, en plus d’avoir une parfaite compréhension technique de l’affaire PRISM et des différentes sources d’informations constituant le gros de la doctrine SIGINT des USA depuis les attentats du 11 septembre, connait parfaitement les dossiers relatifs à la surveillance des réseaux, attendu qu’elle s’est très probablement penchée sur la cession d’Eagle par AMESYS à AMESys (le spin-off d’Amesys domicilié aux Émirats Arabes Unis pour vendre des outils de surveillance de masse sans avoir à se soucier d’éventuelles violations des droits de l’Homme… business is business).

Souvenez vous c’était il y a 48 heures, lors de son passage sur BFM. Fleur Pellerin nous expliquait quelque chose de très surprenant… Elle mentait, à minima, par omission :

« Ce qu’on sait aujourd’hui c’est qu’un certain nombre de sites, pas tous, ont donné sur requête judiciaire ou sur requête de l’administration américaine un certain nombre d’informations (…)»
(…)
« il n’est pas question d’une surveillance généralisée des réseaux (…) »

Aujourd’hui, le Monde titre « Espionnage de la NSA : la classe politique française estomaquée ». Estomaquée… rien que ça. Et la petite perle, c’est quand même la réaction toute neuve de Fleur Pellerin, qui avant les révélations du Guardian au sujet de l’espionnage des instances européennes, minimisait la portée de PRISM… mais non en fait, pas de PRISM (qui tout seul n’est pas grand chose et dont il fait peu de sens de  dissocier du contexte global), mais bien du programme de surveillance de masse opéré par la NSA et au moins 7 pays européens partenaires de la NSA, tous bien complices, tous parfaitement au courant.

Voici la réaction toute neuve de Fleur Pellerin :

En revanche, Mme Pellerin s’est dite choquée par le « dispositif de surveillance généralisée » des populations révélé par les premières fuites d’Edward Snowden, le programme Prism. Interrogée sur l’opportunité de représailles, comme la suspension des discussions commerciales, la ministre a appelé à « ne pas mélanger les sujets à ce stade. »

Si je rejoins Fleur Pellerin sur la position à adopter face aux USA, en évitant de tout mélanger, je suis bien plus sceptique sur le message subliminal renvoyé par ce genre de revirement. Non pas de la part de Fleur Pellerin qui se dit choqué par la mise sous surveillance des citoyens, mais par les réactions de nombreux politiques, tout bords confondus, que l’on entend s’indigner pour la surveillance des institutions européennes.

Lisons entre les lignes :

  • Que la NSA viole les communications privées de tous les citoyens européens, ça, on s’en fout, c’est pas grave, on peut le minimiser, histoire de couvrir les pratiques de nos amis à gros zizi... et il faut le dire, aussi un peu peut-être nos propres pratiques.
  • Que la NSA viole les communications publiques d’une institution publique, au service du public, et financé par de l’argent public, ça c’est choquant !

Puis après tout, si l’UE n’a rien à se reprocher, c’est qu’elle n’a rien à cacher non ? Ah non ? Ça marche pas ça avec les institutions ? C’est que pour les citoyens ?

Heu … WTF ? Aurais-je loupé un épisode ?

Les inquiétants mensonges de Fleur Pellerin au sujet de PRISM

lolcat-oathOn attendait une réaction de Fleur Pellerin au sujet de PRISM un peu moins farfelue que « le cloud souverain » avec lequel elle a tenté de nous endormir la semaine passée. Nous avons failli en avoir une ce matin un peu plus sérieuse… mais non. Fleur Pellerin a décidé de récidiver et de s’enfoncer dans le mensonge.

Dormez tranquilles citoyens, la République et l’Europe veillent.

Une fois de plus, notre ministre, reçue par Jean-Jacques Bourdin sur BFM a commencé à évoquer PRISM d’une bien étrange manière. Écoutons attentivement ses propos, ils sont édifiants.

Pour notre ministre, PRISM, c’est juste l’équivalent de la PNIJ, des petites interceptions ultra ciblées qui ne concerneraient qu’une poignée de personnes, le tout sur demande d’un juge.

« Ce qu’on sait aujourd’hui c’est qu’un certain nombre de sites, pas tous, ont donné sur requête judiciaire ou sur requête de l’administration américaine un certain nombre d’informations (…)« 

Comme si l’interception de fibres sous-marines ne concernait que « quelques sites »… ahem…

L’ensemble du trafic et des communications des américains, dans la bouche de Fleur Pellerin devient donc « un certain nombre d’informations ».

« il n’est pas question d’une surveillance généralisée des réseaux (…) »

Ah… ça, c’est quand même gonflé !

De deux choses l’une, soit Fleur Pellerin est très mal informée, soit elle ment éhontément pour nous cacher quelque chose. Et comme je doute fort qu’elle soit mal informée, j’en déduis assez logiquement qu’elle nous ment avec un aplomb qui ne peut que cacher quelque chose d’inquiétant… au hasard, la complicité des autorités françaises (et européennes) sur des programmes connus de longue date, auxquels nous collaborons certainement et des écoutes hors de tout cadre juridique, opérées depuis l’étranger.

Le cabinet de Fleur Pellerin lui aurait il caché Mainway, Nucleon, Marina (…). Loin d’être comparable à un programme d’interception judiciaires, PRISM s’inscrit au sein d’un programme beaucoup plus vaste d’interceptions parfaitement massives composé de plusieurs sources de renseignement d’origine électromagnétique comprenant :

  • L’accès aux données chez de gros acteurs de la téléphonie et de l’Internet (avec stockage pour une durée indéterminée et exploitation à postériori) ;
  • L’interception massive des données au cul des câbles sous marins ;
  • Le piratage de backbones pour accéder à des masses d’informations considérables ;
  • Et probablement bien d’autres joyeusetés.

Voyons par exemple ce que dit CNet (et c’est le son de cloche dans toute la presse anglo-saxonne)

Newly disclosed classified document suggests firms allowed spy agency to access e-mail and phone call data by tapping into their « fiber-optic cables, gateway switches, and data networks. »

Fleur Pellerin, comme la commission européenne, est également étrangement silencieuse au sujet de Tempora, le programme britannique d’interceptions de masses.

D’ici à ce qu’on apprenne que la France était non seulement parfaitement au courant de Stellar Wind et fait elle même partie du dispositif, il n’y a franchement plus très loin. Mais voilà, Fleur Pellerin le sait, ce qui est à peu près accepté aux USA ne le serait probablement pas en France. Pourquoi ? Parce que contrairement aux USA, la France ne dispose pas de loi antiterroriste comme la FISA (Foreign Intelligence Surveillance Act) ou le Patriot Act permettant de violer massivement les communications de l’ensemble de la population.

Et plus le temps passe plus tout porte à croire que notre ministre allume des contre feu ridicules pour tenter d’éluder quelque chose dont elle a parfaitement conscience et qui devient particulièrement nauséabond.

Fleur… attention, ça commence à se voir.

#Prism : non @FleurPellerin, les données ne naissent pas et ne meurent pas sur des serveurs américains… elles circulent.

spy_gadget_phone_hidden_cameraJe vous donnais il y a quelques jours mon sentiment sur l’affaire Prism qui agite tant Internet, et juste Internet… Car oui au café du coin, Prism on a pas grand chose à faire. En rire ? Pas en rire ? J’ai personnellement pris le parti d’en rire. Ce n’est pas la première fois que j’explique et que j’écris noir sur blanc que Google est la première agence non gouvernementale de renseignement du monde. Ce n’est pas non plus la première fois que j’explique que l’illusion de gratuité que vous offre un Facebook ou un Google est quelque chose de dangereux. On peut me reprocher de ne pas toujours m’adresser à notre bonne vieille madame Michu sur ce blog ou sur Reflets, mais limiter à Internet ce champs d’action est hors de propos, attendu qu’il m’arrive également d’exprimer ce genre de craintes sur des médias nationaux.

Oui il est légitime de rire de ces réactions, par contre, très franchement, je commence à sérieusement m’inquiéter quand je lis les solutions avancées par certains dirigeants. Notre madame Michu, si elle se laisse bercer par les inepties du ministère du pognon des Internets… elle n’est pas sortie de l’auberge.

Dans un article publié sur 20minutes, Fleur Pellerin, notre ministre déléguée chargée des PME, de l’Innovation et de l’Économie numérique, nous avance une solution assez amusante. Le titre nous donne tout de suite le ton : « L’affaire Prism rend «pertinent» de localiser les data centers en France« . Et voici la déclaration exacte :

«L’affaire Prism, si elle est avérée, rend pertinent de localiser les data centers et des serveurs sur le territoire national afin de mieux garantir la sécurité des données».

Je ne doute pas qu’il arrive au cabinet de Fleur Pellerin de lire Reflets.info… Aziz Ridouan, si vous me lisez, c’est le moment de corriger le tir niveau communication, car notre ministre s’égare en commettant une grossière erreur technique.

Quand Fleur Pellerin parle de garantir la sécurité des données, elle omet un léger détail. Les données des citoyens français et européens, comme ceux du monde entier, ne naissent pas et ne meurent pas sur des serveurs américains. Ces données, à un moment ou à un autre, elles transitent sur le réseau Internet, un réseau public, sur lequel les agences du monde entier (je vous invite à vous rapprocher de la Direction du Renseignement Militaire pour connaitre ses pratiques en terme de renseignement d’origine électromagnétique… ou par exemple de lire cet article) s’adonnent à de l’interception. Au passage, inquiétez vous aussi du stockage de données biométriques par nos amis américains.

La pseudo nouveauté de Prism, ce n’est pas que ces données soient interceptées mais qu’elles soient, après interception, stockées pour une durée indéterminée et pour une utilisation à posteriori. Voici un petit schéma qui vous explique relativement clairement le problème de la vulnérabilité des données qui circulent en clair sur Internet :

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La grosse blague du cloud souverain

Parmi les pistes envisagées par Fleur Pellerin, il y en a une qui m’a clairement fait rire, le gogogadgetocloud©… mais un cloud « souverain ». Alors ça ressemble à quoi un « cloud souverain ». Attendu que la France, comme le monde entier est un gros consommateur d’équipements chinois et américains, la question est légitime. Le « cloud souverain français », ça ressemble à ça :

Un cloud souverain français
Un cloud souverain français

«La nécessité d’avoir un cloud souverain se pose avec beaucoup d’acuité», comme un «moyen pour des entreprises qui détiennent des informations stratégiques de protéger leurs données», a-t-elle souligné.

Le gros des interceptions se réalisent sur des points de concentration du trafic, au cul des câbles sous marins très souvent. Si une « donnée sensible » est envoyée dans un « cloud français » (PS : données sensibles, cloud ?! WTF?!) sans que l’on prenne soin de les envoyer via un VPN (un tunnel chiffré de bout en bout), ces données auront fait 4 fois le tour du monde avant d’arriver dans notre cluster de minitels ultra sécurisés (notre cloud français… cocorico). Bref si vous me suivez jusque là, vous devez déjà avoir compris que la solution avancée par Fleur Pellerin, c’est de la foutaise.

Ajoutons à ça que le principe d’un cloud sécurisé inclu la notion de résilience (DNS, connectivité, infrastructure physique, risque juridique…) et implique donc une présence dans plusieurs pays… nos datas dans notre cluster de minitels, elles circuleront de pays en pays. Ces données, mêmes chiffrées seront interceptées et stockées par la NSA. Et on se doute bien comme expliqué sur Reflets, qu’un jour où l’autre elle seront déchiffrées.

Un autre point au passage, la France n’a pas attendu les déclaration d’un ministre pour disposer de datacenters… dieu merci. Des entreprises comme Iliad, OVH, LDCom et bien d’autres ont réalisé des investissements très importants pour se doter de datacenters de qualité.

London’s loling

En allant plus avant dans la lecture de l’article de 20minutes la dépêche AFP reprise sans la moindre once de réflexion sérieuse, on se rend vite compte à quel point il est néfaste pour Internet de dépendre de Bercy. La sortie téléguidée de Fleur Pellerin s’inscrit dans la droite lignée de celle d’Arnaud Montebourg sur le Made in France. Sauf que pour le coup, les solutions évoquées en plus d’être techniquement à côté de la plaque, peuvent poser quelques problèmes d’ordre plus … subjectif ?

Les groupes SFR et Bull (Numergy), puis Orange et Thales (Cloudwatt), ont chacun lancé fin 2012 de grands projets concurrents pour proposer aux entreprises et aux administrations françaises des solutions de «cloud computing» assurant le stockage sur le territoire national les données sensibles et qu’elles ne soient pas soumises au Patriot Act.

« Faisez confiance à Bull et Thalès qui eux au moins n’interceptent rien du tout, mettez vos données sensibles en sécurité chez les fous furieux dont l’un des coeurs de métier est … l’interception massive ou judiciaire… et qu’ils vendent à des Kadhafi« . On imagine bien nos camarades européens avoir une confiance aveugle en notre cloud souverain… particulièrement les anglais qui depuis l’UKUSA hébergent des bases d’interception du réseau Echelon sur leur territoire.

Donc oui… je le réaffirme. Nos politiques se payent joyeusement notre tête quand ils miment de découvrir que les américains ont accès à nos données, qu’ils tombent des nues en faisant mine de découvrir le Patriot Act en 2013… et ils se foutent carrément de nous quand ils nous balancent leurs solutions à 2ct.

Des milices associatives pour faire la police sur Twitter ?!

BlackTwitterIconOn se demandait ce qu’elle allait bien pouvoir nous pondre notre Fleur Pellerin. La polémique faisait rage puisqu’une poignée de gros malins a trouvé opportun de médiatiser des hashtags à caractère raciste. Du coup, des hastags dont on avait jamais entendu parler ont été relayés par toutes les chaines de télévision… tandis que ça par exemple la télé et bien elle s’en fout, tout comme Bercy d’ailleurs. Cette polémique m’agaçait déjà car elle stigmatisait Twitter. Comme si la bêtise humaine s’était donnée rendez-vous sur Twitter et nul part ailleurs.

Une fois tout ceci copieusement médiatisé, il fallait bien trouver une « solution » à un problème monté en épingle de toute pièce. Et la « solution », je la découvre sur Numérama ce matin. Mon écran et mon clavier en sont encore tout maculés de café.

Pourtant un problème, il y en a bien un. Twitter est connu pour être peu enclin à collaborer avec les autorités françaises lorsqu’il s’agit de fournir des données sur un utilisateur. Twitter se cachait derrière son petit doigt en arguant qu’elle est une entreprise américaine répondant au droit américain. Mauvaise défense… car Twitter délivre un service de communication au public tel que définit dans la loi de Juin 2004 sur la confiance en l’économie numérique (LCEN).

Mais le plus grave n’est pas là, en fait le vrai  problème, c’est la « solution » trouvée par le gouvernement. La solution, c’est donc de contraindre Twitter prioriser les demandes de retraits de contenus litigieux émanant d’associations(!). A aucun moment au gouvernement une personne ne semble avoir eu l’idée de faire appliquer la loi… tout simplement.

Des associations ? Lesquelles ? Pour des délits qui relèvent du pénal ? WTF !?

Les insultes, les injures, les incitations à la haine raciale dont des délits qui relèvent du pénal. La jurisprudence est déjà bien fournie, la justice dispose de tout les outils nécessaires pour poursuivre un internaute. Au lieu de poursuivre les personnes se rendant coupables de délits qui relèvent du pénal, le gouvernement a choisi de se masquer les yeux : la censure, le retrait de contenu. Les associations concernées (tiens lesquelles d’ailleurs ? Comment sont elles choisies ? Par qui ? Est-ce que je pourrai monter ma propre association pour dénoncer les tweets discriminants anti GNU Linux et à la gloire de Lèpre OS ? Twitter va vraiment procéder à des retraits de contenus, de la censure, sur simple dénonciation d’une association ? sans intervention d’un juge ? pour des délits relevant du pénal ?

Suis-je le seul à voir là une inquiétante dérive ? Là on ne parle pas de haute autorité avec un collège composé de magistrats. On parle de personnes qui vont « juger » au doigt mouillé les tweets, « juger » de l’opportunité d’entraver la liberté d’expression et de communication des internautes. C’est un précédant qui m’inquiète sérieusement. La régulation d’Internet se fait par les internautes, les exemples de comptes abjectes sur twitter qui disparaissent en quelque minutes sur simple signalement des utilisateurs sont légion. En quoi des associations visées et tamponnées par le gouvernement seraient elles plus aptes que les internautes eux-mêmes à signaler des contenus ?