#Cablegate : Pourquoi un tel malaise ?

info paybackWikileaks c’est énormément de bruit, beaucoup d’incertitudes, beaucoup de choses contradictoires…difficile de voir clair dans le jeux du Département d’État américain et de la justice suédoise, et bien malin celui qui peut se prononcer sur les intentions réelles (s’il y en a) de Wikileaks. La psychose est totale, elle a vite gagné les politiques américains et au fil des câbles publiés, on sent bien que même si on « apprend » rien, tout les États semblent d’accord pour couper le sifflet à Wikileaks… par tous les moyens.

  • Le calendrier de publication ainsi que le contenus de câbles n’est pas connu. On sait en revanche que la période couverte est récente et qu’elle regorge de documents très contemporains dont les acteurs sont les gouvernements toujours en place.Dans une perspective électorale proche, comme ça commence à être le cas en France, il y a de quoi en crisper plus d’un. Mais l’action est inconfortable, Eric Besson en a fait les frais. En France toujours, je ne vois pas comment nous allons échapper à quelques rafistolages de la LCEN, car là, on vient de se rendre compte qu’on ne pouvait pas simplement faire supprimer des informations publiées sur le Net. Se passer d’un juge, c’est séduisant devant un Wikileaks, c’est plus rapide, c’est plus pratique… mais pour l’instant c’est illégal. Qui peut parier que ce sera encore le cas d’ici un mois ou deux ?
  • Je me prends à rêver que nos dirigeants comprendront qu’Internet a déjà changé le monde et que les artifices législatifs de la censure ne pèseront que bien peu de chose face à la révolution culturelle qu’il permet. Chercher à faire taire Wikileaks aujourd’hui est à mon sens hors de propos. Puis ça fait tâche, ça met peu à l’aise devant son électorat de s’acharner sur un site dont on dénigrer la pertinence des contenus.
  • La traque de Julian Assange a réveillé des milliers de hackers, ou de simples internautes. Sur le « terrain » comme prévu c’est l’escalade les anonymous appellent au DDoS sur le site visa.com. L’attaque du frontal web risque plus d’indisposer les clients qu’autre chose, le site est actuellement rendu indisponible. Ce genre d’attaques peuvent relativement sérieusement perturber l’activité économique d’entreprises ou de particuliers, ça veut dire que le conflit genre radicalement et escalade en violence. Je ne suis évidemment pas pour, et une fois de plus, j’ai peur que ceci amène certaines personnes à tout mélanger. Cette confusion ne peut que nuire à Wikileaks et plus globalement au Net.
  • Les cibles des attaques de représailles peuvent se multiplier, ces attaques ont un coût financier mais elles ont aussi un coût en terme d’image. Le typhon médiatique Wikileaks, couplé à une riposte massive paralysant un service peut avoir un impact calamiteux sur l’image d’un site proposant des services financiers.
  • Comment ça se gère une infowar quand on est un dirigeant ? Est-ce qu’on y comprend quelque choses ? Est-ce qu’il est aisé de percevoir l’ampleur d’une contestation au niveau mondial ? Comment on sort d’une telle crise de communication… à l’heure ou la censure ne fonctionne plus ?

Si sur la forme je ne cautionne pas la méthode (les dénis de service), je m’explique en revanche parfaitement le fond et le Cablegate va porter sur la place publique des débats cruciaux qui auront un impact durable et significatif sur nos démocraties. Ce que j’observe depuis le débuts de ce qu’il convient bien à mon sens d’appeler une infowar, et la première de cette ampleur, c’est une mobilisation sans précédent, de toutes les communautés pour s’élever contre la censure de Wikileaks. Je ne sais pas si ça suffira pour changer le monde, en tout cas, ça ne peut qu’y concourir. Nous avons tous un choix de société à faire, mais le Net est jeune, beaucoup trop jeune, et ces débats, je ne suis pas assuré que nous soyons, nous les geeks, comme nos représentants, prêts à les avoir.

Il faut rester très vigilants, l’offensive est mondiale, le Canada devrait prochainement expérimenter une architecture DPIReady, la tentation de filtrer le Net n’a jamais été aussi forte que maintenant. En FRance, au Parlement Européen, comme dans toutes les capitales mondiales, le regard que beaucoup posent sur Internet est en train de changer, essayons juste de ne pas leur montrer les aspects les plus sombres du Net.

10 réponses sur “#Cablegate : Pourquoi un tel malaise ?”

  1. Le plus triste dans tout cela c’est que certains politiques tel que le député Tardy, ont tentés autant que possible d’alerter leurs confrères qu’Internet était un environnement complexe et que ce n’est pas en se basant uniquement sur le travail pré-maché des lobbyistes de la culture que l’on sortirait quelque chose d’efficace.

    Un excès de paresse face à un problème qui devait en dépasser plus d’un, ainsi qu’une forte envie de se faire bien voir d’un Président plus préoccupé à satisfaire son carnet d’adresse qu’à résoudre vraiment (voire anticiper) les problèmes font qu’on en est là aujourd’hui, à regarder avec crainte cette première infowar.

    Mme Michu passant encore beaucoup de temps derrière TF1, les politiques pourront sans doute sauver la face à coup de peur et de « solutions miracles » (sic) pour 2012 et ils ne se gêneront pas.

    La solution, si tenté qu’il y en ait une est que d’un côté, les organismes tels que RSF, la Quadrature et tous ceux qui militent pour un internet neutre arrivent à se faire entendre car c’est le moment où jamais. Nous l’avons « enfin » notre preuve grandeur nature qu’on ne peut censurer Internet du moins, pas avec les mêmes outils que pour la censure physique.
    Je pense que chez le législateur réalité du fonctionnement des échanges sur le Net commence à faire son nid, que les solutions de filtrage actuelles ne servent pas à grand chose. Pour ce qui en sortira, on a effectivement soit un éveil, soit un repli sur soit, mais ça seul l’avenir connait la réponse.

    1. Sauf que les seuls à parler d’infowar pour le moment et à être au courant sont sur le net. Pas eu le temps de regarder ce matin mais les médias « traditionnels » font plus la part belle à la neige.

      Pour ce qui est de la compétence du législateur, désolé d’être pessimiste, mais AMHA ça se passera comme d’habitude: de quelque bord qu’ils soient les députés non compétant dans un domaine écouteront ceux qui leur paraîtront compétant, soit dans 80% des cas les lobbies industriels.

      Après pour ce qui est de la censure du net, si cela continue je suis d’accord avec le maître des lieux il y aura escalade dans les moyens… mais des deux côtés.

  2. En même temps, on a déjà eu un aperçu. Lorsque le site HADOPi a été lancé, même les partis pirates avaient demandé de ne pas attaquer le site. Cela ne ferrais que leur donner raison.

    Sauf que là, c’est les gouvernements qui attaquent et donnent raison aux anonymous.

    On le sait très bien, quand on tape dans la guêpière, faut pas s’étonner que les guêpes attaquent.

    Par contre, y a t’il une raison qu’ils n’aient pas attaqué les serveurs qui sont contactés par les appareils de paiement CB ? Le préjudice n’en serait que plus notable pour la population (au même titre qu’un blocage des raffineries par exemple)

  3. Ça ne changera rien de monter une face angélique, le pouvoir veut « sécuriser » le net.
    Certaines compagnies d’informations peuvent même avoir monté des preuves bidons pour accélérer la chute de Wikileaks et justifier ainsi les actions répressives.
    PERSONNE NE SE DEMANDE POURQUOI AUCUN CÂBLE N’EST VRAIMENT PERTINENT ?

  4. Le plus gros problème de ces télégrammes à mon avis est comme tu le dit, c’est qu’ils concernent directement des gouvernements en place actuellement. Et de plus nous sommes à un an et demi d’un changement politique majeur (ou pas…). 2012 ce n’est pas seulement l’année des élections présidentielles françaises, mais aussi américaines ou russes. On a encore de la chance, en France les campagnes sont à peu près propre. Mais aux US et en Russie ?
    Il est fort à parier que la LOPPSI va s’adapter au cas Wikileaks afin de permettre au Ministre de l’Economie Numérique d’expulser les sites comme Wikileaks.
    Je trouve que la gestion de la crise est très mauvaise. Sûr qu’on va en profiter pour dire que les défenseurs de Wikileaks sont des méchants pirates qui attaquent les sites de Paypal, Mastercard etc. Ce qui tombe bien pour refoutre une loi liberticide à la con spécialement conçu pour des délits déjà existant, mais le pire reste à venir pour ceux qui veulent sucrer nos libertés.
    Wikileaks est devenu sage, voir trop pour certains. On risque de voir pulluler d’autres sites de partage de fuites ne prenant plus autant de précaution que Wikileaks. Leur gestion de la crise justifie à elle seule l’existence de tels site. Et comme le montre l’affaire des cablegate, nul ne peut empêcher une information de circuler sur Internet, c’est d’ailleurs le principe initial de ce réseau. Il y aura bel et bien un avant et un après wikileaks et les stateslogs. Pas pour leur contenus, qui sont plutôt anecdotique, mais pour la tentative de censure et sa réplique qui va changer le monde

  5. Malheureusement, je pense que faire ce genre d’attaques sert. Je suis tout à fait d’accord avec toi sur la mauvaise image de marque que les attaquants renvoient au grand public, cependant ça permet de faire comprendre qu’il ne faut pas faire n’importe quoi avec le net car il y a des risques de représailles.

    C’est comme une entreprise bénéficiaire qui délocalise, si les salariés ne prennent pas le patron en otage, il n’y a aucune raison que ça soit médiatisé.
    Une prise d’otage, et c’est toutes les caméras de télévision qui accourent.

    C’est triste, mais la société est de plus en plus violente, tout ça vient du fait qu’on n’écoute plus les arguments des autres.

    Il n’y a plus aucune justice, on décide soit même de ce qui est légal ou illégal. Après on s’étonne d’avoir de l’opposition.

    Même si je lis souvent ce blog et qu’il est très utile pour s’informer, ce matin sur France Info ils parlaient des attaques DDOS. J’attends toujours un sujet de France Info nous présentant les analyses de bluetouff…

    Il n’y a malheureusement que la violence qui mène les gens à la discussion. C’est très dommage et j’ignore où ça va nous mener…

  6. Il est aussi à noter comment « l’affaire WikiLeaks » est devenue le « Cablegate », probablement des consignes outre-atlantique pour ne plus avoir à mentionner le nom du site 🙂
    Après effectivement, il y a une vraie prise de conscience des hommes politiques : Internet ne se résume pas à fnac.com et sert pas qu’à vendre de la musique ou mater des vidéos. Le problème comme (très) souvent avec les politiques, c’est qu’ils doivent décider de tas de choses dont ils ne connaissent rien, et préfèrent s’en remettre aux lobbyistes.
    Et en prime, on « découvre » ce qu’on a au fond toujours su sans vouloir l’admettre : le citoyen, pourtant la « base » du pouvoir d’une démocratie, est loin de décider de quoi que ce soit et ne pèse rien face à « ceux qui décident »

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